Ce matin-là, Marlon se leva et se sentit tout de suite électrisé par la journée qui l’attendait.
Deux jours auparavant il avait créé ses bouteilles de poison et ses potions de soins avec succès, et après une journée d’enseignement totalement inutile et limite hostile à son encontre de la part de l’enseignant Maleterre, il avait décidé de se diriger vers le Marché pour faire évaluer la qualité de la potion de soins, du moins une petite fiole de la solution.
Il mentirait en disant qu’il n’avait pas été déçu d’apprendre que la qualité du produit était seulement de niveau Bronze. Certes, ce n’était pas Cuivre, mais ce n’était tout de même pas le rang Argent auquel s’attendait le jeune homme, même s’il s’était ensuite estimé déjà très heureux d’avoir réussi trois fois d’affilée dans sa création alchimique.
Il avait ensuite retrouvé Palkor et Vladimir aux Délices de Sarthu pour manger avant que la nuit ne tombe sur la cité volcanique, et il en avait profité pour vider son sac, crachant sa haine du type malsain qu’était Maleterre. Palkor avait longuement acquiescé avec lui tandis que Vladimir le comparait à d’autres enseignants militaires de son cursus qui n’avaient rien à lui envier.
Il était ensuite rentré et s’était endormi directement après avoir effectué ses exercices, désireux d’être le plus en forme possible pour ce qui l’attendait.
Et il y était, enfin.
Il s’habilla, veillant scrupuleusement à ne rien oublier de son attirail de combat avant de se diriger d’un pas décidé vers l’Académie, n’attendant même pas Palkor pour faire le chemin avec lui.
Il savait précisément qui trouver et où le faire. Et pour cela, il lui fallait arriver devant les grilles de l’Institution avant qu’elles ne s’ouvrent, pour profiter de l’attroupement, de l’attention du plus de monde possible.
« Qu’est-ce que tu nous prépares, gamin ? Je te sens excité comme une puce depuis hier mais tu ne veux rien me dire. Pas même maintenant ? »
« Pas spécialement, Loki. Ce n’est pas forcément une surprise, mais c’est quelque chose que je dois faire. Que j’attends de pouvoir faire, en vrai, depuis quelques semaines. Mais je n’en avais pas les capacités. Maintenant, après l’expédition, je sais que je peux le faire. Et je ne vais pas me gêner. »
Il passa le point de contrôle des soldats et s’engouffra dans la cabine sans aucun temps mort, fermant et rouvrant les poings d’anticipation, mais prenant de grandes respirations pour s’exhorter au calme. Pour ne pas faire d’erreurs.
« Gamin, tu sais que j’ai confiance en toi…mais…ton petit problème ne serait-il pas en train de te jouer de nouveaux tours ? »
L’Ia était sincèrement inquiète que la folie de Marlon refasse son apparition dans un éclat flamboyant, tout comme leur départ forcé de Delia, et que cela ne les mette tous les deux dans un danger critique.
« Non, rien à voir, je te le promets. Tu vas voir, ça sera réglé dans quelques minutes »
En sortant de la cabine et en arrivant devant la grille, Marlon commença à sonder la foule compacte qui s’y trouvait.
Il n’avait pas été totalement honnête avec Loki. Depuis quelque temps déjà, il avait des pics de folie, mais il parvenait jusqu’à maintenant à les contrôler, à les esquiver, soit par un [Soin de l’Esprit], soit en faisant ses exercices physiques et de mana, qui étaient si demandeur qu’ils absorbaient totalement l’attention du runiste et temporisaient le problème.
Mais même en cet instant, il entendait le murmure insistant des voix dans sa tête qui le suppliait de lâcher prise, de leur donner le contrôle de son corps. Certaines se lamentaient, d’autres hurlaient, une véritable cacophonie dans sa psyché qu’il avait appris à mettre en sourdine jusqu’à un certain stade.
Il n’avait toujours pas revu l’apparition de sa mère depuis Delia, et il savait que si c’était le cas, une perte de contrôle s’ensuivrait inévitablement. Il s’y était préparé, mais ne savait pas comment cela se finirait, surtout dans la cité volcanique.
Il était cependant serein sur la journée qui s’annonçait devant lui, car il savait qu’il allait avoir de quoi calmer ces instincts dangereux, quoiqu’il advienne.
« Alors, tu oses te pointer ici le jour du Défi sans aucun de tes protecteurs, sale immigré ? Ni le fils à papa ni le colosse ne sont là pour te raisonner, pas vrai ? Il était temps qu’ils reconnaissent que tu es une tâche sur leur curriculum, rien de plus. »
Un sourire naquit sur les lèvres du runiste alors qu’il se retournait vers la personne qu’il n’avait finalement même pas eu besoin de chercher.
« Bonjour à toi aussi Romuald. Ça tombe bien que tu dises ça. Tu n’auras donc aucun souci si je te défies aujourd’hui, n’est-ce pas ? Après tout, que risquerais tu ? Ton honneur, ta fierté, ta crédibilité peut-être ? Pour les types comme toi, ce n’est rien, hahaha… »
Le jeune agressif aux cheveux châtains se figea, le visage paralysé dans un semi rictus de dérision, comme pris par surprise.
Il était venu défier l’immigré, pas se faire défier ! Ce type osait vraiment tout, il allait le démolir sans que personne ne puisse rien y faire. L’assistance autour d’eux s’était tue, la quasi-totalité des élèves de l’Académie figés dans l’attente de voir où ce défi allait les emmener.
« Tu…tu n’as peur de rien, sale…sale étranger ! Je vais me faire un plaisir de relever ton Défi ! Fixes en les règles ici et maintenant ! »
Le runiste attendait ce moment depuis un mois. Il s’était imaginé cette scène des dizaines de fois, repassé en tête tous les scénarios possibles et imaginables, et même d’autres bien plus farfelus, et enfin ce moment était arrivé.
Il ignora les voix qui lui hurlaient littéralement de se jeter sur ce fils à papa et de l’égorger à coups de dents pour se délecter du goût de sa chair et de son sang, même s’il devait avouer que l’idée était presque tentante. Non, il avait attendu trop longtemps pour se satisfaire d’une si piètre revanche.
« Un simple combat, un contre un, dans l’Arène. Les armes physiques seront les épées, et toi comme moi aurons le droit d’utiliser nos classes pour défaire notre adversaire. Le combat sera fini quand l’un de nous deux se rendra ou bien sera dans l’incapacité de combattre. Cela te convient-il ? »
Romuald éclata d’un rire immédiat qui semblait beaucoup trop forcé, tout comme deux ou trois de ses partisans les plus fidèles, comme le trio de branleurs ayant voulu s’en prendre à Palkor et qui lui emboitait le pas.
« Aucun souci ! Je t’ai déjà battu à plates coutures à l’épée, et je me rappelle encore de tes gémissements de douleur, petite catin ! Je vais me faire un plaisir de te rappeler où se situe ta place dans cette cité. Allons à l’Arène, les arbitres du jours seront déjà sur place. »
Avant de tourner le dos à Marlon, il cracha avec mépris sur le sol avant de pointer son pouce et son index vers le sol, signe contraire au salut des Forgecielois, insulte suprême, puis s’éloigna à l’intérieur de l’Académie, les grilles venant de s’ouvrir.
De nombreux murmures s’élevaient déjà, commentant le geste de Romuald et pariant sur l’issue de ce combat qui s’annonçait déjà très fort en émotions. Il était de notoriété publique que Romuald détestait le Runiste, et il s’était vanté à de multiples reprises de sa victoire sur lui.
Marlon serra les dents, une envie de violence fulgurante envahissant son esprit alors que le roquet lui tournait le dos.
Il se contenta de lui emboîter le pas et marcha d’un pas résolu en direction de l’arène dans laquelle se passaient les combats de Défi. Beaucoup d’étudiants le laissèrent passer, jetant des regards emplis de curiosité envers cet étudiant que peu avaient vu mais dont tous avaient entendus parler.
Quelques minutes plus tard, il allait franchir l’enceinte de l’édifice abritant l’arène lorsque quelqu’un lui saisit le bras.
Se retournant brusquement, il vit un Palkor inquiet, suivi de près par Vladimir qui lui était tout sourire.
« Tu es sûr de ce que tu fais, Revenge ? On a entendu ce qu’il s’est passé. Si tu veux, on… »
« Ne t’inquiète pas. Je sais exactement ce que je fais, Palkor. Laisse-moi gérer ça, s’il te plaît. Qui plus est, je connais la Classe de ce bâtard… »
Le colosse blond posa une main sur l’épaule de l’Apprenti Forgeur. Son sourire ne l’avait toujours pas quitté.
« Palkor, après ce que tu as vu dans les Souterrains et connaissant Romuald, qui crois-tu va gagner ce Défi ? »
Un éclair de compréhension traversa les yeux du jeune Apprenti et sa bouche s’ouvrit sur un ‘o’ silencieux, avant qu’il ne hoche la tête en s’écartant pour laisser passer Marlon.
« Merci, Vladimir. Merci, Palkor. Profitez bien du spectacle. »
Le colosse interpella une dernière fois Marlon avant que celui-ci ne franchisse la porte de l’édifice.
« N’oublie pas, pas d’incapacité et de blessure mortelles, Revenge, tu te retrouverais dans un sacré merdier si c’était le cas. »
Le runiste stoppa ses pas et hocha la tête solennellement devant Vladimir pour lui faire comprendre qu’il avait compris. Puis il franchit la porte, entrant dans ce qui était la copie miniature de l’Arène, le terrain de combat recouvert de sable lui faisant face, un flot d’élèves presque ininterrompu passant à côté de lui pour prendre place dans les gradins et assister à ce premier défi de la journée.
Il se rappelait très bien le Défi de Vladimir et du spectacle auquel il avait eu le droit. Aujourd’hui, c’était son tour…
Au-dessus de l’arène, trois enseignants se tenaient assis, vêtus de blanc, les trois juges qui décideraient de qui seraient les vainqueurs et de qui seraient les perdants.
Marlon reconnut Kelko, qui le salua d’un signe de tête infime, à peine visible. A Côté de lui se tenait un homme grisonnant qu’il ne reconnut pas et qui resta de marbre à la vue du jeune homme.
Et le cœur de Marlon faillit louper un battement quand il reconnut un troisième et dernier juge.
Maleterre, celui qui le détestait cordialement et lui avait encore fait passer une horrible journée la veille, le provoquant à la moindre occasion et le rabaissant constamment, se trouvait également là, et il ne se donna même pas la peine de cacher son dégoût et son mépris envers Marlon, le fixant avec animosité.
Romuald, lui attendait de l’autre côté de l’arène, et ce fut Kelko, le premier juge, qui prit la parole, une fois que tous les spectateurs furent assis et que le silence venait s’inviter sur les lieux.
« Que le lanceur du Défi statue les règles de l’affrontement. »
Marlon, pris de court, ne se laissa pas démonter et leva la tête vers les trois juges, répétant les conditions de son défi envers Romuald.
« Je défie Romuald en combat singulier. Sont autorisées les épées et les compétences de classe personnelles. Le premier à se rendre ou à ne plus pouvoir combattre a perdu. »
Le silence s’abattit totalement sur l’Arène, même les murmures ayant cessé, jusqu’à ce que Kelko réponde à l’annonce du duel.
« Très bien. Ce duel est considéré comme valide et nous allons pouvoir commencer le combat. Mettez-vous tous en place… »
Marlon s’avança vers un râtelier qui était posé contre l’un des murs séparant l’arène des gradins, y prenant une épée qui semblait neuve et faisant quelques moulinets avec pour s’habituer à son poids. Il se prépara également mentalement, se calmant et recentrant son être pour pouvoir invoquer à lui l’état d’esprit nécessaire pour la Forme de l’Eau.
Il se remémora également précisément les parchemins qu’il avait emmenés avec lui et il ne put s’empêcher d’apprécier l’adrénaline commençant à pomper dans ses veines et la sensation du combat imminent.
Il se mit en place face à son adversaire, à peu près à un mètre, qui s’était également armé et prit la posture de la Forme de l’Eau, tout comme Romuald qui ne souriait plus du tout mais semblait très concentré sur l’affrontement à venir.
« Combattez ! »
Les deux combattants se jetèrent l’un sur l’autre, Marlon abattant sa lame de haut en bas avec l’intention de trancher son adversaire alors que Romuald lançait un coup montant, le visage déformé par la haine.
Des étincelles jaillirent immédiatement alors que les lames des deux opposants se rencontraient et s’entrechoquèrent dans un crissement métallique strident qui arracha des grimaces à plusieurs des spectateurs.
Romuald repartit à l’assaut directement et Marlon savait pertinemment que la puissance purement physique de son adversaire était toujours supérieure à la sienne. Il ne suffisait pas d’un seul mois pour rattraper des années d’entrainement intensifs de Forgeciel. Pas pour le combat armé en tout cas.
Mais il en était autrement pour ce qui était des Postures Astrales. Grâce à sa classe unique, Marlon avait la possibilité d’acquérir une maitrise dont peu pouvaient se targuer dans la cité volcanique.
Aussi quand le Runiste esquiva la lame qui vint le frôler si près qu’elle trancha quelques-uns de ses cheveux, Romuald eut les yeux qui s’agrandirent furtivement sous l’effet de la surprise. Il ne s’arrêta pas et continua ses attaques sans discontinuer.
Un coup il visait la nuque, l’autre l’entrejambe, enfin le cœur, que des coups qui se seraient avéré fatals s’ils avaient atteint leur cible.
Mais Marlon était un fleuve imperturbable. Il contournait une attaque tout en se rapprochant de son ennemi pour pouvoir donner un coup sec, avant de se retirer et de recommencer, frappant toujours dans un endroit différent, mais toujours un endroit très sensible, qui arrachait des grognements de douleur à Romuald, malgré son corps forgé par les années d’entrainement.
Il se fit entailler à quelques reprises et le sang coula sur le sable de l’arène, Marlon ignorant totalement la douleur des blessures causées par son adversaire. Il laissa son adversaire croire qu’il avait un avantage sur lui en le laissant frapper juste de temps en temps, pendant quelques secondes seulement.
C’était comme un ballet totalement maitrisé par le runiste, qui se laissait porter par la Posture de la Forme de l’Eau, attendant le moment propice pour affaiblir doucement son adversaire.
Cette stratégie commença à porter ses fruits au bout de quelques minutes. Marlon ignora l’épuisement qui commençait à se faire ressentir dans son corps, ses muscles commençant à se raidir de plus en plus, et alors que Romuald tentait un coup d’estoc au niveau de son plexus solaire, il s’abaissa, laissant la lame frôler son épaule, et se redressa en portant au menton du Forgecielois un uppercut solide et contenant toute sa rage, tout son désir de vengeance.
Contrairement à l’époque d’Akranio ou son uppercut n’avait fait que sonner légèrement Selia, ce coup-ci fractura clairement la mâchoire de Romuald, le runiste sentant l’os exploser sous son coup alors que les pieds de son adversaire quittaient le sol et qu’il s’écrasait au sol dans une parabole magnifique.
Le sang coulait abondamment des multiples entailles qu’avait réussi à lui infliger Romuald, mais tout cela n’était rien face au désir de vengeance qu’il ressentait et à la joie primitive qui l’envahissait grâce au combat.
Profitant du répit infime que cette chute lui procura, Marlon activa d’une main un [Soin] rangé dans sa tunique, et de l’autre il lança un [Vol de Vie] sur Romuald, l’aura pourpre volant vers le guerrier et absorbant une partie de sa vitalité.
Les deux sorts de soin combinés résultèrent en un excès d’énergie vitale qui envahit le runiste et lui fit l’effet d’une piqûre concentré de caféine, d’adrénaline et de cocaïne, mélangées et à haute dose.
Romuald se releva en criant de douleur mais refusant de renoncer, activant la Sangsue de soin à son doigt, ce qui permit à sa mâchoire de récupérer, les os se remettant en place à vue d’œil.
Mais alors qu’il faisait cela, Marlon était déjà repassé à l’offensive.
Il feinta avec une attaque de sa lame par la droite, que Romuald para de son épée, puis quasi simultanément, enfonça son poing dans les côtes flottantes de son adversaire, un craquement très audible par toute l’assistance résonnant dans l’Arène.
Sous l’effet de l’impact, Romuald recula de quelque pas, grimaçant à cause de la douleur mais ne perdant pas des yeux Marlon qui s’avançait déjà sur lui pour renouveler sa tactique. Le runiste ne pouvait pas se permettre que l’affrontement s’éternise. Sa maitrise de la Posture était supérieure à celle de Romuald, mais son corps n’était toujours pas assez solide pour en supporter un usage prolongé.
Romuald, voyant le coup venir, para cette fois le coup d’épée et tendit son deuxième bras libre pour contrer le coup de poing du runiste, mais celui-ci ne vint pas.
Non, au lieu, d’une attaque physique, Marlon choisit cette fois-ci une Rune, activant un parchemin de [Mur de Terre], tracé celui-ci sur un morceau de chitine d’Achaien avec un peu de sang de Mecar. Il avait expérimenté et découvert que la combinaison du catalyseur et du support donnait un surcroit de puissance incroyable. Mais la ressource était rare et il n’avait que quelques parchemins gravés avec pour le moment.
Il modifia également légèrement son intention, visualisant un mur sortant en diagonale du sol, comme un pilier destiné à contrer une cavalerie passant à la charge.
Tout ne prit qu’une fraction de seconde, et alors que les yeux de Romuald s’écarquillaient d’étonnement devant la stratégie de Marlon, le pilier sortit de Terre et vint s’enfoncer à une vitesse fulgurante dans le ventre de l’étudiant, lui faisant cracher du sang et le projetant à plusieurs mètres de là, brisant au passage plusieurs côtes et abîmant sévèrement quelques organes internes.
Mais Romuald refusait de s’avouer vaincu.
Des larmes de douleur coulaient le long de ses joues, mais il parvint tout de même à se redresser, tentant d’activer une nouvelle fois sa Sangsue de Soin.
Mais Marlon connaissait maintenant les avantages et les inconvénients de cette Sangsue, et alors que Romuald tendait la main pour l’activer, le jeune homme était déjà sur lui et avait attrapé son poignet, tournoyant sur lui-même en gardant le membre de son adversaire coincé dans l’étau de sa poigne.
Quand il eut fait presque un tour sur lui-même, il entendit distinctement l’articulation céder dans un craquement qui arracha un cri de colère à quelques étudiants dans les gradins. La concentration de Romuald fut brisée et il n’activa pas sa Sangsue, donnant quelques secondes supplémentaires à Marlon, qu’il mit à contribution à très bon escient.
Il lâcha le poignet du Forgecielois et effectua un balayage avec sa jambe droite. Romuald l’aurait évité avec facilité en temps normal, mais avec plusieurs os brisés, des organes abîmés et une fierté blessée, il ne fut pas aussi réactif qu’il aurait du l’être.
Sa Forme de l’Eau n’était déjà plus en usage, brisée par le manque de rigueur mentale et les coups répétés de Marlon. Ce dernier n’était plus très loin de sa limite d’endurance quant à l’usage de la Posture Astrale, aussi malgré le plaisir qu’il ressentait décida-t-il de mettre un terme rapide à l’afffrontement.
Tombant sur le dos, l’air fut expulsé des poumons de Romuald et du sang se mit à couler de la commissure de ses lèvres.
Le runiste glissa tel une vague au-dessus de Romuald, ses muscles commençant à brûler sérieusement à cause de l’usage prolongé de la Forme de l’Eau, et il frappa de toutes ses forces dans les côtes de Romuald avec sa jambe droite, sentant clairement les os se briser et s’enfoncer sous son coup, les yeux de l’étudiant sortant de leurs orbites et un flot de sang jaillissant de sa bouche.
Un sourire sadique avait pris place sur le visage du runiste et la domination qu’il avait sur celui qui l’avait ridiculisé lui procurait un plaisir jouissif qui en était presque sexuel tellement il était intense.
Il contrôla ses pulsions, celles qui lui hurlaient de l’achever, de le trancher en deux ou bien de le bruler vif, tant de fantasmes qu’il aurait adoré mettre à exécution. Mais il se retint, une part de son esprit encore lucide hurlant que s’il faisait cela, il serait mis à mort dans l’heure.
Même Loki l’exhortait à la retenue, sans que Marlon y prête une attention particulière. Il savait qu’il paierait la frustration de ne pas l’avoir tué, mais à la place, il fit quelque chose de beaucoup plus humiliant pour Romuald.
Se rappelant parfaitement sa défaite précédente, il plaça son épée sur la gorge de l’étudiant et appuya suffisamment pour que le sang se mette à poindre. Puis d’un ton supérieur et d’un volume élevé, pour que tous dans l’arène l’entende, il lui demanda, le sourire démoniaque toujours accroché sur les lèvres :
« Alors, tu te rends, amateur ? »