Néo-Life
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Chapitre 41 – Tournoi 8
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Ce fut Jacob qui vint tirer Marlon du lit ce matin-là. Il avait veillé tard, incapable de trouver le sommeil après l’excitation et l’adrénaline procurées par le combat, l’interrogatoire et tout ce qui s’en était suivi.

Ce fut donc avec les yeux lourds que le jeune homme prit son petit-déjeuner en écoutant les autres combattants autour de lui relater les évènements de la veille. Heureusement, personne n’eut le cran de venir le déranger pour lui demander ce qu’il s’était réellement passé, mais d’après ce qu’il entendait, les soldats ou même Jacob avaient dû en parler, car les récits étaient plutôt fidèles à la réalité, et il sentit le poids des regards dans son dos.

« Tu vas devenir célèbre dans tout Delia à cette allure, gamin. »

Il se retint de répondre à voix haute et se contenta de grogner, s’attirant des regards interrogateurs de la part de ses voisins de tablée.

Il était bien content de posséder un bain à disposition, et se dépêcha d’aller en prendre un après son déjeuner, incommodé par les effluves de sueur musquée qui se dégageait des combattants dans la partie commune de l’Arène.

Allez comprendre. Le sang et les viscères ne l’indisposait pas le moins du monde mais des relents corporels un peu trop puissants le dégoutaient. Il en profita pour renouveler son application du sort [Soin de l’Esprit], sentant sa psyché fragilisée par les évènements de la veille.

Le soulagement qu’il ressentît lorsque l’aura imprégna son corps n’eut pas autant d’effet qu’à l’habitude et il ne put s’empêcher de se sentir anxieux à l’idée que l’efficacité de la parade qu’il avait trouvée allait s’amenuisant.

« C’était inévitable. Je t’avais dit que cela ne serait qu’une solution temporaire. Il faudra traiter le mal à la racine même si je t’avoue ne pas bien savoir comment faire. »

« Je peux encore gagner un peu de temps en renforçant la rune grâce aux liaisons que m’a appris Djilany. Mais il va falloir que je m’entraîne. »

« Et tu gagneras combien de temps, Marlon ? Une semaine, un mois, tout au plus ? Il va falloir penser sur le plus long terme. Aller soulager ta démence contre les Nécros n’est peut-être pas une si mauvaise idée que ça. Tu gagnerais surement en expérience de combat, qui plus est… »

Marlon balaya l’air de sa main en secouant la tête, ne voulant en aucun cas perdre plusieurs semaines, juste en temps de trajet pour se rendre sur le front de guerre, surtout sans aucune promesse que cette manière de procéder ne l’aide dans son problème.

Il sortit de sa chambre et se dirigea vers la double-porte en attendant que son nom soit tiré au sort, impatient de se battre et de passer sa frustration sur son adversaire.

Ils n’étaient plus beaucoup à se tenir devant l’entrée du stade, six combattants, se jetant presque tous des regards en chien de faïence.

Marlon reconnut chacun des personnages qui lui faisait face, ayant eu plusieurs jours pour voir leur combat se dérouler et leurs victoires presque écrasantes à chaque fois.

L’un d’entre eux, l’air sombre et un sourire malsain constamment accroché au visage, était un invocateur, capable de faire venir dans le stade des créatures aux allures cauchemardesques capables de se battre à sa place pendant qu’il prenait place en arrière-plan et augmentait leurs capacités grâce à divers sortilèges tous plus efficaces les uns que les autres. Mais il ne le craignait pas, certain qu’il pourrait le défaire en combat au corps-à-corps relativement rapidement. Tout était une question d’opposition des styles de combat, après tout, et Marlon était assez polyvalent.

Un autre, fin et au regard fuyant, était plus compliqué à gérer, car il pouvait déformer la lumière et faire voir des illusions à ses adversaires avant de les poignarder au moment où ils s’y attendaient le moins du monde. Mais avec sa vision de mana, il n’en ferait qu’une bouchée. Grâce à Loki, certes, mais il n’en ferait tout de même qu’une bouchée.

Le troisième qu’il connaissait possédait une classe de Chevalier, et savait se battre au corps-à-corps, compensant son manque d’attaques à distances par le fait qu’il pouvait se soigner grâce à des sorts relativement puissants, ce qui lui avait permis de gagner contre tous les adversaires qu’il avait affronté auparavant.

Pour les autres, Marlon ne les avait pas vu combattre et ne pouvait que se poser des questions sur leurs capacités. Il pourrait demander à Jacob de plus amples informations, mais il n’en avait aucune envie.

Cela faciliterait bien trop son combat, et il aimait se sentir en danger. Il aimait le frisson qui le parcourait lorsqu’il se tenait sur un fil, en équilibre entre la vie et la mort et riant de ce qui pourrait bien lui arriver, savourant chaque seconde passée dans cet état second qui lui faisait oublier tout le reste.

Il n’aurait jamais imaginé devenir comme cela dans son ancienne vie, mais après tout, il n’aurait jamais imaginé tant de choses jusqu’à ce que sa mère ne soit abattue devant lui…

Un ancien proverbe sur terre disait ‘A toute chose malheur est bon’, signifiant qu’il y avait toujours du positif à récupérer des évènements tragiques. Il commençait à comprendre. Il ne l’acceptait pas, et il ne savait pas si cela viendrait un jour à cause de sa folie et de tout ce que cela impliquait, mais il comprenait.

Il laissa ses pensées voguer librement autour de sa condition et de ce qui l’attendait, un des rares moments d’introspection qu’il s’autorisait, peu enthousiaste envers les explorations intérieures et personnelles.

Il n’en sortit qu’au moment où il entendit les clameurs habituelles provenant du stade et que la maintenant familière voix du présentateur retentit dans l’Arène avec force et puissance.

Ses yeux se firent alors attentifs et il attendit avec impatience que son nom soit appelé pour se battre à mort, ignorant la voix doucereuse qui chuchotait à son oreille et les senteurs flottant autour de lui, lui rappelant son enfance.

**

« Cher public, j’ai une grande annonce à vous faire avant que les combats ne commencent ! Nous avons gardé cette affaire secrète, mais maintenant qu’elle est résolue, nous tenons à en partager l’accomplissement avec vous ! »

L’homme en rouge paradait au milieu du stade devant un public qui se tenait pendu à ses lèvres, buvant chacune de ses paroles.

« L’Ordre de l’œil Draconique cherchait maintenant depuis quelques jours un hérétique qui sévissait au sein de l’Arène et voulait mettre à bas les valeurs portées par ce Tournoi, organisé par notre bienveillant Empereur ! »

Les huées du public couvrirent le son de la voix du présentateur, qui joua de l’effet et attendit quelques instants avant de reprendre de plus belle.

« Ils l’ont trouvé ! Ils ont déjoué un assassinat qui a bien failli réussir contre l’un de nos combattants, ceux-là même qui jouent leur vie pour vous divertir, et remporter le prix bien entendu ! Avant de partir, l’Ordre a donc voulu nous offrir la tête de cette personne, pour nous rappeler à tous que l’Empire nous protège, et qu’il châtiera sans aucune pitié ceux qui s’en prendront à ses fondements. »

Dans un geste théâtral, il se tourna vers un des murs de soutien principaux de l’Arène, et tout le public put admirer une tête, plantée sur une pique en métal, une expression d’effroi plaqué sur le visage du crâne de Palnia.

Malgré la distance, Niclos reconnut le visage de son lieutenant et abattit son poing avec colère sur l’accoudoir du fauteuil sur lequel il était installé, dans l’une des loges privatives de l’arène, brisant la pièce de bois et s’attirant le regard de quelques personnes installées dans les loges voisines.

A ses côtés se tenaient Dejros, Aguénor et Kallum, et tous leurs visages étaient sombres, fermés et emplis de colère mal contenue.

Il se retint de crier de frustration, ne voulant pas attirer davantage l’attention sur lui.

Bien entendu, il n’accordait pas une importance démesurée à Palnia. Non, ce qui le dérangeait plus, c’était qu’elle se soit faite démasquée. La cible était peut-être maintenant sur ses gardes, et il avait perdu un pion de valeur. Les compétences de Palnia pour les assassinassions discrètes étaient précieuses, et il était dorénavant privé de cet avantage.

La colère qu’il ressentait était froide, calculatrice, et il fomenta un piège immédiatement contre la cible que Palnia avait échoué à éliminer.

« Ce Revenge va quitter l’Arène, à un moment ou à un autre. Je veux que vous vous postiez tous les trois à la sortie du stade et que vous guettiez ses allées et venues. Quand vous le verrez, suivez-le, traquez-le, et ne le lâchez pas d’une semelle. Il a beau être doué, il ne pourra rien faire contre vous trois réunis. »

Niclos sortit d’une besace posée au sol trois morceaux de parchemins gravés d’une rune sombre et tendit à chacun de ses lieutenants un de ces bouts de vélin.

« Ceci est une rune de communication. Vous n’avez qu’à injecter une pointe de mana à l’intérieur et cela vous permettra d’entrer en contact avec la personne souhaitée, c’est-à-dire moi. Dès qu’il sort, utilisez-la, je créerai une diversion pour attirer les gardes vers une autre partie de la ville avant de vous rejoindre et de vous aider à éliminer cette raclure. Et soyez prudents, c’est à usage unique… »

Les trois lieutenants hochèrent la tête et se levèrent à l’unisson, prenant le parchemin que leur tendit Niclos et gardant une mine impassible tout en jetant un dernier regard à la tête sans vie suspendue aux parois de l’arène.

Entre ses dents serrées au point que cela lui en faisait mal, Niclos leur rappela une dernière fois les conséquences d’un échec.

« N’oubliez pas que la même chose peut vous arriver. Ne vous loupez pas, ne le sous-estimez pas, et surtout prévenez moi. Il serait bien plus dommageable pour nous de nous faire attraper par la garde ou bien par l’Ordre que de se faire repérer par notre cible. »

Même si l’avertissement de Niclos était redondant de par la nature de leur mission, ils ne dirent rien, repensant à l’échec cuisant de Palnia dont l’assassinat était pourtant la spécialité.

Leur chef se tourna alors vers l’Arène alors que le présentateur tirait les noms au hasard des deux prochains combattants. Un rugissement de joie retentit dans l’Arène alors qu’il annonçait les deux prochains adversaires à pénétrer sur le terrain.

« Nos deux prochains combattants sont donc Revenge, le runiste, et Tarnos, le Mangesprit ! Messieurs, veuillez vous avancer vers moi, votre affrontement va commencer dans peu de temps. »

Entendant le nom de celui qu’il voulait éliminer, les yeux de Niclos s’étrécirent et une rage sans nom devint visible dans son regard, alors que ses trois lieutenants étaient déjà partis se poster face à la sortie de l’arène. Il était enragé, mais patient.

Il saurait attendre le moment opportun, et avec un peu de chance, Tarnos mettrait fin à son existence sans qu’il n’ait besoin de lever le petit doigt.

**

Marlon faisait face a Tarnos sur le sable chaud de l’arène, dont le décor n’avait pas été modifié pour cet affrontement. Il était prêt à faire déferler sur son adversaire une pluie de sorts plus offensifs les unes que les autres pour en finir rapidement. Lorsque le présentateur avait annoncé la classe de son opposant, il avait perdu la confiance qu’il ressentait avant de pénétrer dans l’Arène.

Après tout, l’esprit était bien l’une des faiblesses majeures de Marlon, et il l’avait prouvé à de nombreuses reprises.

« Tu as raison, ne lui laisse pas le temps de réagir. Inonde le pour qu’il soit obligé de se défendre et qu’il n’ait pas le temps de t’attaquer. Sinon, je ne sais pas ce qu’il arrivera à faire, et je n’aime pas autant que toi les risques. »

Pour une fois qu’il ne trouvait rien à redire aux conseils de Loki…

L’homme en rouge, comme à son habitude, alla se mettre à l’abri, et Marlon profita de ce court répit avant le commencement du combat pour jauger son adversaire du regard.

Il n’était pas grand, et un certain embonpoint lui donnait une allure qui ne collait pas avec l’idée que l’on se faisait d’un combattant d’Arène. Mais cette impression s’effaçait lorsque l’on regardait dans les yeux de l’homme, qui ne reflétaient qu’une chose : de la cruauté.

Un sourire sadique n’avait pas quitté son visage depuis son entrée dans l’Arène, et dans ses yeux flottait une lueur sadique. De temps à autre, il se léchait lentement les lèvres en passant son pouce sous sa gorge lentement, mimant l’égorgement qu’il voulait sûrement faire subir à Marlon.

D’un côté à l’autre du visage, des points étaient tatoués et formaient comme une constellation sur ses joues se reliant par l’arête de son nez.

Quand il vit le regard que lui jetait Marlon, il ne lui adressa qu’une seule phrase, sa voix rauque traversant la distance et jurant avec son physique tout autant que son regard.

« Chaque point est une de mes victimes. Ils m’accompagnent à chaque instant. Dans quelques secondes, je dévorerais ton esprit également et tu feras partie de moi, m’accompagnant à chaque instant. Hahaha… »

« Flippant. On dirait presque toi, mais en moins attirant…plus sérieusement, fais attention, gamin. Ça me décevrait beaucoup d’assister à ta mort face à un tel individu. »

« Merci pour l’encouragement… »

L’homme en rouge déclencha alors le combat comme à son habitude et Marlon sortit immédiatement une ribambelle de parchemins de ses poches en commençant à injecter du mana dans plusieurs d’entre eux.

Mais avant qu’il n’ait pu finir quoi que ce soit, Tarnos leva la main vers lui, et une lance argentée n’ayant pas de consistance physique vint transpercer son crâne à une vitesse stupéfiante sans qu’il ne puisse rien faire pour l’en empêcher.

La lance avait été aussi rapide qu’une pensée, et Marlon ne ressentit aucune douleur. Non. A la place, une grande peine l’envahit, une souffrance psychique comme il n’en avait pas ressenti depuis qu’il avait assisté à la scène de la mort de sa mère.

Ses yeux se voilèrent et il entendit une voix dans les tréfonds de son esprit, une voix qui ressemblait étrangement à la sienne.

L’arène ne disparut pas tout à fait. Elle fut enveloppée par un brouillard cotonneux qui semblait ralentir ses pensées et ses réactions, comme s’il voyait tout au ralenti.

Il vit Tarnos commencer à marcher vers lui d’un pas assuré, la main toujours levée vers lui, sans qu’il ne puisse commander à son esprit de riposter.

Non, il semblait pris dans ce tourbillon de désespoir et de souffrance mentale, revoyant tous les évènements tragiques de sa vie.

La première fois où il vit des clients molester sa mère avant de la violer dans la pièce d’à côté, sans qu’ils ne soient conscient de ce qui se passait. Seule sa mère avait jeté un regard vers lui, des larmes coulant le long de ses joues alors que son corps était secoué par les assauts des énergumènes…

La fois où il resta prostré à terre pendant des heures, son corps infirme n’ayant pas la force de se relever et son cœur sur le point de s’arrêter sans que personne ne puisse entendre les cris faiblards qu’il poussait, ressemblant plus à des murmures qu’à quoi que ce soit d’autre…

Finalement la fois où sa mère prit une rafale énergétique dans la tête et que sa boîte crânienne explosa en milles morceaux, aspergeant le décor de morceaux de cervelle et d’os mêlés et lui attaché dans la cabine d’injection, trop drogué et trop faible pour faire quoi que ce soit, incapable de se battre ou de venger celle qui l’avait mis au monde. Il entendit encore ses derniers mots et sembla vivre en boucle cette scène, la plus traumatisante de toutes.

Entre deux visions, il voyait toujours Tarnos qui se rapprochait, maintenant à quatre ou cinq mètres de lui, ce sourire sadique toujours accroché sur le visage et la main dressée vers lui sans qu’il ne puisse y faire quoi que ce soit.

La vision de sa mère se superposait à la réalité, comme si un filtre visuel était appliqué à la réalité.

Il entendit de nouveau la voix, plus nette, plus forte, et une odeur de cacao extrêmement puissante envahit son esprit, comme s’il venait de plonger dans une baignoire emplie de ces fèves séchées aux effluves prenantes.

« Laisse-moi t’aider…je peux le faire, laisse-toi juste aller… »

Il se tourna vers la voix et fut surpris de voir une réplique de lui-même, en plus sombre.

Ses yeux pleuraient des larmes de sang, et un sourire triste ornait le visage de l’apparition, qui tendait une main décharnée vers lui. Au travers de sa main l’on pouvait voir les os et divers tendons et ligaments apparaître et jouer sous la peau.

Tarnos n’était plus qu’à deux mètres maintenant, et sa deuxième main se dressait vers lui, une dague en acier noir dans la main prête à plonger vers son cœur, prête à lui ôter la vie.

« Laisse-nous gagner, Marlon. Accepte cette force que je peux te procurer. Je suis celui qui acceptera de faire ce que tu te refuses, celui qui prends plaisir à boire le sang de ses ennemis et à les déchiqueter sans aucune pitié. Celui qui aurait pu défendre Mère. Celui qui t’emmènes ta libération sur un plateau. »

Alors il fit la seule chose qu’il pouvait encore faire.

Il accepta. Non pas qu’il croyait les mots de l’apparition ou qu’il croyait que c’était une bonne solution. Mais c’était la seule. Son esprit paralysé par les visions qu’il revivait comme si elles se déroulaient devant ses yeux l’empêchait de réagir, et il finirait mort dans quelques secondes s’il ne faisait rien.

Il sentit son esprit se scinder encore plus qu’il ne l’était, comme si une lame déchirait son cerveau en deux, partageant sa personnalité en deux parties distinctes et posant un mur fin de papier entre elles.

Aussitôt sa perception se fit plus passive et il devint spectateur de son propre corps, comme si quelqu’un d’autre avait pris le contrôle de son corps. C’était une des crises de folie dont il avait été victime de nombreuses fois, mais cette fois il était conscient de ce qui se passait, pleinement.

De l’extérieur, le changement fut également brutal.

Les yeux de Marlon se firent encore plus froids qu’à l’habitude, et un sourire bien plus effrayant que celui de Tarnos fit son apparition sur son visage. Le runiste qui était tombé à genoux sous l’emprise du Mangesprit, se redressa et attrapa la main de Tarnos qui allait s’abattre sur lui.

En éclatant d’un rire aigu, il retourna son poignet, savourant le bruit des os qui craquèrent sous la torsion aiguë que leur fit subir Marlon, perçant la peau pour apparaître au jour, arrachant par la même un hurlement de douleur à son propriétaire.

Il tenta vainement de se dégager, mais la poigne de celui qui n’était plus vraiment Marlon était décuplée par sa folie et rien n’aurait pu le faire lâcher.

« ARRRRGGGGHHHH…ce n’est…ce n’est pas possible !!!! Ma maitrise de l’esprit ne peut… »

Lâchant le poignet brisé de l’homme, Marlon envoya un uppercut sec sous son menton, fermant brutalement la bouche de l’homme et tranchant par la même occasion sa langue qui tomba sur le sol alors qu’une gerbe de sang jaillissait de la plaie.

« Chuuuuut, tout va bien aller…on ne peut briser un esprit déjà morcelé, ne le saviez-vous pas ? Hahaha »

Il caressa presque tendrement les cheveux de Tarnos, le regardant avec une émotion étrange dans les yeux, comme une certaine compréhension qui dépassait le royaume humain.

Dégainant son épée, il tournoya sur lui-même et profitant de l’élan que lui prodigua son mouvement, il trancha les deux jambes de l’homme à hauteur de genoux, qui hurla dans un gargouillis confus de douleur et de terreur. Ayant la langue tranchée, il ne pouvait abdiquer et par conséquent stopper le combat.

C’était d’ailleurs la véritable raison qui se cachait derrière le geste de Marlon. Il ne voulait pas gagner, pas forcément. Non, ce qu’il voulait, maintenant, c’était le faire souffrir. Voir la douleur dans son regard, jusqu’au moment où ses yeux brilleraient d’une lueur de reconnaissance lorsqu’il le libérerait enfin de cette peine.

Un monde meilleur l‘attendait, et il se ferait un plaisir de l’envoyer là-bas.

Tarnos était maintenant sur le dos, et une mare de sang s’étendait en-dessous de lui. Il ne criait plus, se contentant de s’étrangler avec son propre sang alors que Marlon, ou plutôt la chose qui avait pris la place de Marlon, se positionna au-dessus de lui et d’un geste sans aucune fioriture, planta sa lame dans la poitrine du Mangesprit, là où se trouvait le cœur de son adversaire.

Tout en le faisant, il tourna son regard vers le présentateur, et alors que Tarnos poussait son dernier souffle, il fixa l’homme en rouge dans les yeux et tourna la lame dans le corps du papillon qu’il venait de planter au sol, sentant le plaisir quasi sexuel remonter dans tout son être.

Le combat n’avait duré que quelques minutes, à peine, et la foule était sidérée du retournement de situation. Un silence presque assourdissant s’était abattu sur l’Arène, et lorsque le public se rendit compte que le combat était terminé, et que Revenge, l’Outsider de ce Tournoi, avait encore déjoué les pronostics, ils se dressèrent sur leurs sièges, hurlant leur joie et leur excitation alors que le sable autour de Marlon était sombre et poisseux d’avoir absorbé tant de sang. La clameur de leurs mains qui applaudissaient résonnait tel un tremblement de terre dans l’Arène et mit quelques minutes à s’éteindre.

Aussi brusquement que Marlon avait senti le contrôle de son corps lui échapper, il lui revint, comme un simple claquement de doigt. Sa conscience revint au premier plan et il ne fut plus le spectateur de ses propres actions.

La sensation était proche du vertige que l’on peut ressentir lorsque l’on chute d’une grande hauteur, ce terrifiant moment où l’on sent que l’on va s’écraser sans rien pouvoir faire et que notre cerveau hurle sa peur.

Son dos se courba sous l’impact, puis il se redressa, prenant une grande inspiration et regardant autour de lui en étant étonné de cette expérience.

Il entendit une voix s’éloigner et s’adressant à lui :

« N’oublie pas de m’appeler si tu en as besoin, haha…après tout, nous ne faisons plus qu’un…l’ombre et les ténèbres dans un ballet mortel… »

L’écho du rire résonna pendant de longues secondes dans son esprit avant qu’une voix plus familière ne résonne en lui.

« C’était quoi ce bordel ?!?! »

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