Cela faisait maintenant deux semaines que Marlon souffrait comme un martyr sous la tutelle de Jacob, le maître épéiste de rang Platine.
Il y eut de nombreux moments où il vit la mort l’approcher de près, mais loin de le démotiver cela renforça sa détermination systématiquement. En fait, à chaque fois qu’il se trouvait à terre, le souffle coupé et les lèvres en sang…
Les seuls moments de paix étaient ceux où il agonisait sur le sol, le soigneur se précipitant pour le soigner avant que les dommages ne soient mortels.
Pourtant, pas une fois il ne s’était plaint ni n’avait demandé un allègement de l’entraînement de la part de son tuteur. Et Jacob se disait alors que ce n’était pas assez dur, rajoutant encore et encore des exercices.
Vers la fin, Marlon ne dormait plus que trois heures par nuit, et chaque centimètre carré de son corps était en permanence douloureux.
L’entraînement consistait principalement en deux parties : le renforcement de son corps et le renforcement de sa compétence d’épéiste. Dans le sang, et dans la douleur. Puis dans le sang, et la sueur.
La première semaine, il s’était fait réveiller chaque nuit par des coups de gourdin en bois assénés sur ses jambes, ses côtes, ses bras. Quand il finissait avec quelques os brisés, un soigneur s’occupait de lui et le remettait instantanément sur pied. Bien souvent, Jacob était celui qui le frappait, mais il arrivait que d’autres gladiateurs soient envoyés par le géant, parfois plusieurs en même temps.
Sans aucun répit, il enchaînait avec un combat à mains nues contre Jacob, qui durait généralement une bonne heure, non sans que plusieurs de ses articulations soient déboitées et certains de ses os à nouveau brisés.
Venait enfin après cela l’entraînement à l’épée. Qui consistait basiquement à affronter tous les combattants réguliers de l’Arène dans le ring d’entraînement, puis un affrontement prolongé contre Jacob, épées réelles en main.
Cette partie se terminait toujours, absolument sans exception, très mal pour Marlon. Il arrivait à contrer quelques coups des combattants réguliers et même des fois à les faire tomber à terre, mais il ne gagnait jamais contre eux. De plus, ils lui assénaient de violents coups tout en lui prodiguant des conseils sur sa manière de se défendre ou bien comment il aurait pu contrer telle ou telle attaque. Les conseils étaient bien sûr tous enregistrés par Marlon, mais le sourire sadique présent sur le visage des guerriers rendait la leçon toujours un peu plus…douloureuse.
Le combat contre Jacob était du même acabit, si ce n’était que le jeune homme n’arrivait jamais à le toucher, ni même à le frôler, il fallait bien l’avouer. Les blessures qu’il subissait de sa part étaient toujours à deux doigts d’être létales, et bien souvent le soigneur avait fini très pâle, épuisé après avoir soigné le jeune apprenti.
Le sixième jour, il avait même eu la main droite tranchée, et il s’était plié en deux de douleur avant de se jeter sur le colosse, une rage dévorante ayant pris le contrôle de son esprit, le barrage de sa raison cédant sous le choc.
Il lui avait fallu huit côtes cassées, un nez fracturé, et deux articulations déboitées pour se calmer par évanouissement.
Après cet entraînement tout droit sorti de l’enfer, Marlon devait encore faire des exercices de renforcement physiques sortis tout droit des abysses. Il y eut de nombreux moments où il maudit l’existence de la magie de soin, car sans elle il n’aurait jamais pu enchaîner tout cela, et encore moins tenir debout.
Des pompes avec un ou plusieurs combattants frappant ses côtes à tour de rôle, ou bien avec un poids monstrueux sur le dos. Des enchaînements de combat contre des mannequins de bois, ou bien encore des postures presque impossibles à tenir sans qu’une douleur indescriptible ne brûle tous ses muscles.
Tous les exercices physiques faisables et imaginables y passaient, tous renforcés d’une part de passage à tabac, ou bien d’une difficulté qu’il n’arrivait à surmonter que de justesse, alors que sa propre vie était en jeu.
Quand enfin il avait fini cette partie, il était au bout du rouleau et n’aspirait qu’à une chose : dormir.
Mais Jacob ne lui accordait pas ce repos. Il s’occupait personnellement de Marlon ensuite, lui donnant des leçons théoriques sur le maniement de l’épée, et la gestion d’un combat en général.
Ce morceau aurait pu être agréable, si Jacob ne lançait pas des attaques surprises à des moments toujours choisis, forçant Marlon à rester continuellement sur le qui-vive pour amortir la violence de l’impact. Il essaya bien d’esquiver, mais vu la rapidité de son professeur, il avait vite compris que la meilleure solution était d’encaisser du mieux possible.
C’était le menu de la première semaine uniquement.
Lorsqu’il passa le septième jour, il eut le droit à une nuit complète de repos, ainsi qu’un bain spécial aux herbes médicinales. Sa compétence nouvelle en herboristerie ne lui permit d’identifier que certaines herbes utilisées, toutes censées aider au renforcement du corps et à la récupération physique.
Il n’avait d’ailleurs pas du tout eu le temps ni l’énergie de s’entraîner à autre chose, comme sa maitrise des runes ou encore ses diverses compétences de profession.
La deuxième semaine était donc arrivée, et avec elle il pénétra dans la seconde couche des enfers. Tout devint plus brutal, plus sanglant, plus violent.
Il dut se battre pendant plus longtemps contre ses adversaires, les leçons de Jacob duraient également beaucoup plus et ses attaques s’étaient faites plus fréquentes, plus vicieuses.
Mais Marlon, malgré la douleur, sentait le progrès effectué depuis le premier jour.
Déjà, il ne se fit pas trancher la main une nouvelle fois, alors que Jacob n’avait fait qu’augmenter la violence et la fréquence de ses attaques.
Ensuite, il arrivait de temps à autre à blesser les guerriers de l’Arène, même si ce n’étaient pas des blessures graves ou effectuées avec technicité. Tous se méfiaient d’ailleurs un peu plus du jeune homme qui parait bien plus efficacement leurs coups et esquivait avec plus de régularité qu’auparavant. Leurs sourires étaient toujours présents, mais moins prononcés, et de la sueur avait commencé à couler sur leur front.
Jacob dut même intervenir lors d’un des combats.
Le douzième jour, Marlon venait d’esquiver un coup latéral balancé par un monstre de deux mètres aux cheveux rouges comme le feu, et il se jeta derrière le colosse avant de donner un coup d’estoc avec son épée et de traverser la jambe gauche de son adversaire.
Deux semaines de passage à tabac et de manque de sommeil n’avaient en aucun cas améliorés l’état mental de Marlon, et lorsqu’il vit que le colosse avait grâce à sa riposte des difficultés à se mouvoir, son sourire si effrayant refit surface et sa raison disparut alors qu’il perça la seconde jambe de son adversaire.
Il balança sa lame horizontalement et trancha net l’avant-bras gauche du guerrier, alors qu’un ricanement hystérique s’échappait de ses lèvres sans discontinuer. Le hurlement de douleur qui sortit de la bouche du géant roux ne fit qu’attiser sa folie, et il sautilla sur place pendant un très court instant avant de mettre toutes ses forces dans un coup qui l’aurait décapité net si la lame de Jacob ne s’était pas interposée entre son épée et le cou de l’autre combattant.
Il ignora le contre de Jacob et tenta à nouveau d’achever l’homme blessé, mais un coup d’une puissance incroyable s’enfonça dans ses côtes et le projeta à plusieurs mètres de là, brisant plusieurs os et réduisant en charpie quelques organes internes par la même occasion.
Il ne pouvait plus respirer, et du sang s’écoulait de sa bouche alors qu’il voyait le soigneur s’affairer sur le géant roux. Il tenta de se relever tant bien que mal, mais Jacob était sur lui, et il l’assomma d’un coup de pied brutal dans la tête.
Quand il se réveilla, il avait été soigné et Jacob était présent dans la pièce. Il ne dit rien et se leva, invitant d’un signe Marlon à le suivre, et ils continuèrent leur routine.
La troisième semaine avait alors commencé. L’incident avec le géant roux ne fut jamais évoqué, ni la réaction du jeune homme, mais il ne se battit plus contre les autres guerriers de l’Arène. Uniquement contre Jacob. Et il pénétra ainsi dans le troisième cercle des enfers.
Les sessions d’entraînement avec les autres combattants furent remplacées par des sessions douloureuses de renforcement physique qui s’ajoutèrent aux autres, et les combats contre Jacob devenaient plus intenses, mais également bien plus intéressants.
Marlon ne se faisait plus coucher au bout de deux ou trois passes d’armes. Il arrivait à parer, esquiver, même contre-attaquer à certains moments, touchant presque son instructeur.
Il se doutait bien que Jacob n’y allait pas à fond, mais il sentait la progression constante qu’il avait faite depuis le premier jour.
Un soir, avant de profiter du sommeil bien trop court mais tout de même réparateur dont on le laissait jouir, Marlon jeta un coup d’œil à son statut, histoire de quantifier plus précisément ses progrès.
Revenge Drelor : Niveau 8
Runiste des Temps Anciens : Niveau 3 (maîtrise débutant)
Force :44
Agilité :31
Intelligence :16
Réflexes :21
Constitution :23
HP : 700
Mana : 90
Charisme : 11
Influence : 31
Chance : 12
Familiers :
Chimère Féline (niveau 1), évolution possible, ????, ????
Loki (niveau 1), évolution possible, Dieu, Transcendant
Maitrise de l’épée : Apprenti
Pêche : Débutant
Herboristerie : Débutant
Cuisine : Débutant
Alchimie : Débutant
Chasse : Débutant
Survie : Apprenti
Le jeune homme fut choqué par ce qu’il vit, et surtout les percées qu’il avait eu dans différentes stats.
Il avait gagné vingt points de force et quinze d’agilité ! Huit points de réflexes, et dix en constitution ! Son charisme n’était monté que de deux points, mais ses points de vie avaient pris trois cent points supplémentaires !
Qui plus est, sa maitrise de l’épée était passée du rang Débutant à celui d’Apprenti !
A peu près trois semaines de souffrance absolue, de tabassage en règle et d’exercices tous plus inhumains les uns que les autres. Mais les résultats étaient bien au-dessus de ses espérances !
Cela remonta le moral de Marlon qui commençait à être en berne ? Mais il y avait un autre problème dont seul lui et Loki étaient conscients. Sa folie meurtrière se faisait de plus en plus pressante, et il avait une difficulté croissante à combattre ses pulsions.
Il ne se battait plus contre les autres guerriers, mais quand il les croisait dans les couloirs, une envie presque irrépressible de leur sauter à la gorge l’envahissait. Cela devait se voir dans son regard, car tous évitaient de passer trop près de lui, et même Jacob semblait sur ses gardes lorsqu’il y avait d’autres personnes présentes près d’eux.
Le matin après qu’il ait confirmé son augmentation de stats, son instructeur vint le voir au réveil, dans sa chambre de soin qui était devenu sa résidence temporaire au sein de l’arène.
« Salut, Revenge. Faut qu’on parle tous les deux. »
Le ton de l’homme était sombre mais il semblait plutôt détendu en s’adressant au jeune homme.
Marlon s’assit sur sa couche, Luna venant se placer à ses pieds et ronronnant dans l’espoir d’une caresse.
« Tu as fait des gros progrès, depuis trois semaines, et honnêtement, je ne pensais pas que tu tiendrais ne serait-ce que la moitié de ce temps. Même moi tu m’as impressionné. Tu as presque atteint le rang de Bronze, et ce n’est pas un mince exploit en ce laps de temps ! »
Marlon sentait que le géant avait autre chose qu’il voulait lui dire, aussi ne se gêna-t-il pas pour lui dire :
« Il y a un ‘mais’, n’est-ce pas ? »
Le colosse hocha la tête et le regarda avec une lueur étrange dans le regard.
« Un gros, en plus. Tu es trop sanguin, la rage te monte au cerveau et tu ne la contrôle absolument pas. Si je n’avais pas été là, tu serais soit mort à cause de tes actions, soit tu aurais tué un de tes adversaires alors que ce n’est qu’un entraînement. Je ne te reprocherais pas ta soif de sang si tu la contrôlais, mais ce n’est absolument pas le cas… »
Jacob s’interrompit quelques secondes, et il fixa intensément le jeune homme avant de lui demander :
« Qui as-tu perdu ? »
Le choc de la question fit pâlir le jeune homme et il se retrouva instantanément projeté sur la scène du meurtre de sa mère, revoyant chaque détail, sentant chaque odeur. Il suffoqua presque alors qu’une sorte d’angoisse étreignait son cœur.
« Ce type est bien plus doué que les autres. Ça va aller, gamin. Souffle un coup. »
Loki n’en dit pas plus, car même pour lui la folie de plus en plus incontrôlable de Marlon devenait doucement mais surement un problème. Il suffirait de le provoquer adroitement et il perdrait toute raison, devenant une cible facile. Jacob pourrait peut-être l’aider à canaliser cela.
« Tu sais quoi ? Ne réponds pas si tu ne te sens pas prêt. Mais vu ta réaction, je pense avoir touché une corde sensible. Je vais être franc avec toi. J’ai traversé quelque chose de semblable à toi, et si tu continues sur ce chemin, tu vas finir tué, ou alors tu perdras le peu qu’il te reste. Et crois-moi, il reste toujours quelque chose, même si tu crois le contraire. »
D’une voix rauque, Marlon finit par lui répondre.
« Ma mère…ils ont tué ma mère sans que je ne puisse rien y faire, sous mes yeux. »
Sa voix s’était fait sifflante, la soif de sang ayant refait surface alors qu’il exprimait pour la première fois dans ce monde son désir de vengeance. Ses poings s’étaient serrés et son corps avait commencé à trembler à l’évocation de ce moment.
Jacob hocha la tête et le regarda avec ce qu’il n’avait jamais vu dans le regard du guerrier : de la compassion.
Marlon continua alors sur sa lancée, voulant vider son cœur alors qu’il rencontrait pour la première fois quelqu’un qui semblait à même de le comprendre.
« Je me fous totalement de mourir, si je peux mener ma vengeance à terme. Et…je ne contrôle rien. Cette soif m’envahit et semer la mort la satisfait ! Alors tant que cela m’aide à avancer, pourquoi est-ce que je me gênerais, pourquoi est-ce que je me battrais contre mes pulsions ? »
Le jeune homme comprenait bien entendu ce que Jacob voulait dire, mais il n’était en aucun cas prêt à l’accepter. Une part de lui-même prenait plaisir aux massacres, à cette soif inextinguible de sang et la folie qui l’accompagnait. Mais il ne le dirait jamais à voix haute. Il ne le pouvait pas. Ce serait rejeter totalement ce qui faisait encore de lui un humain, et il n’y était pas prêt, pas encore.
Jacob leva les deux mains en signe d’apaisement alors que l’agressivité montait dans la voix du jeune homme.
« Je ne te juges pas. Je n’en ai nullement le droit. Et je vois que tu n’es pas prêt à m’écouter…mais si un jour tu changes d’avis, dis-le-moi. J’ai réussi à canaliser ma rage et à en prendre le contrôle. Crois-moi, c’est encore plus jouissif que de se laisser diriger par ses pulsions. »
Il se leva brusquement et fit un grand sourire à l’intention de Marlon.
« Bon, t’as cru que c’était les vacances ? L’entraînement n’est pas fini ! Il te reste encore une semaine d’enfer à traverser, et on va varier les plaisirs ! Il te manque encore quelque chose pour être un bon guerrier, tu sais ce que c’est ? »
Le jeune homme fut stupéfait par le changement de sujet et cela désamorça totalement la colère qui montait en lui. Il secoua la tête en signe de dénégation.
« Une arme à distance, tiens ! Manier l’épée est vital, mais dans certaines situations tu devras te défendre contre des ennemis qui seront inatteignables avec ta lame. Alors on va t’apprendre les rudiments du maniement de l’arc ! Et aussi deux ou trois autres détails, hahaha ! »
Lors de la partie des ‘détails’, le regard du colosse se fit malicieux, et Marlon était prêt à jurer qu’il y prenait un malin plaisir.
N’empêche, il appréciait vraiment cette brute épaisse. C’était un instructeur de génie, et il ne le jugeait pas, malgré ses pulsions meurtrières.
Il se dépêcha de le suivre, Luna restant dans la pièce et lui jetant un regard indifférent en se léchant tranquillement les pattes.
C’est alors, en suivant Jacob, que le jeune homme remarqua le calme inhabituel qui régnait dans les coulisses de l’Arène. Pas de clameurs, pas de sifflements, même pas de combattants dans les vestiaires qui s’entrainaient. Lorsqu’il demanda à Jacob ce qu’il se passait, ce dernier lui répondit dans un sourire :
« On a de la chance ! Des travaux sont effectués dans l’Arène pendant quatre jours. Un combat contre des bêtes démons qui s’est déroulé pendant que tu étais inconscient hier a détruit une bonne partie des garde-fous du pan Sud. Ce qui tombe parfaitement bien avec notre petite affaire. »
Ils étaient arrivés devant la double-porte massive en bois qui menait au centre de l’Arène, la zone où tous les combats se déroulaient.
Jacob poussa avec force les deux battants et ils s’ouvrirent lentement, dévoilant enfin à Marlon une vision complète de l’arène, la vraie.
Tout d’abord dans l’ensemble, c’était une vision à couper le souffle. La zone de combat était immense, faisant au bas mot une centaine de mètres de rayon, et recouverte entièrement de sable. Au centre se trouvait une tour de pierre massive qui surplombait tout et en haut de laquelle on pouvait apercevoir des loges luxueuses qui devaient être réservées aux élites ou aux très bons payeurs. Le soleil n’était pas encore à son zénith, aussi l’air était-il frais et agréable à respirer.
Ensuite les gradins. Ils s’élevaient tout autour de l’arène, des bancs de pierre innombrables alignés parfaitement comme des dominos, dessinant des lignes quasiment parfaites tout autour de l’arène. Le fait qu’ils soient tous vides donnait une impression étrange, comme si le temps s’était figé.
Aux quatre points cardinaux, des tunnels d’accès donnant sur des escaliers menant vers l’extérieur semblaient être autant de bouches géantes prêtes à vomir leur flot de spectateur avide de sang et de combat.
La zone de combat était, elle, encerclée par des barrières épaisses de bois qui faisaient facilement plus de trois mètres de hauteur et délimitaient le début des gradins qui les surplombaient quelque peu.
Marlon vit clairement la zone où ces barrières avaient été détruites et ne put s’empêcher de revoir le taureau gigantesque qu’il avait aperçu en pénétrant dans la cité de Delia. Une bête pareille pourrait faire des dégâts identiques, mais qui serait assez fou pour l’affronter en face à face ?!?
Jacob posa sa main sur l’épaule du jeune homme et l’entraîna plus en avant dans l’arène.
« Sympa, comme spectacle, pas vrai ? Bon, maintenant que tu as bien profité de la vue, on va passer aux choses sérieuses. »
Il siffla avec force et soudainement, une vingtaine de guerriers sortit des tunnels d’accès et s’installa sur les gradins, tout autour du jeune homme. Tous avaient un arc en main et un carquois sanglé dans le dos.
« Tu vas apprendre à manier l’arc, mais avant, il va falloir que tu comprennes comment bien esquiver. C’est même la base la plus importante. Ne t’inquiète pas, les têtes de flèches sont rondes et ne te blesseront pas gravement. Sauf si elles te touchent à la tête, bien sûr, mais chacun ses problèmes, n’est-ce pas ? »
Et c’est ainsi que débuta la dernière phase infernale.
La matinée, Marlon faisait de son mieux pour esquiver des dizaines de traits de flèches arrondis projetés vers lui. Quand un os se brisait où qu’il s’évanouissait dû à un choc crânien, le soigneur apparaissait comme par magie puis repartait après l’avoir guéri, le laissant subir le reste de l’entrainement.
L’après-midi, il devait s’entraîner à tirer des flèches avec un arc en bois simple que Jacob lui confia. Tout d’abord, c’était sur cible fixe. Puis, quand au bout de trois jours, il parvint à toucher systématiquement les cibles fixes, des guerriers mouvants prirent leur place alors que d’autre tiraient depuis les gradins.
Puis le soir, avant de se reposer, il devait répéter continuellement les mêmes exercices de posture à l’épée afin de ne pas rouiller.
Marlon était persuadé que Jacob forçait les travaux à s’éterniser, car ce n’est qu’au bout du septième jour que les réparations furent terminées et que son calvaire se termina. Mais comme d’habitude, il avait énormément progressé grâce au colosse, et seul un entraînement de barbare tel que celui-ci pouvait permettre à quelqu’un de progresser aussi rapidement.
Quand il vit que son niveau de maitrise à l’arc était passé de débutant à apprenti, il fut sidéré, et c’était le soir du dernier jour de son entrainement.
Jacob vint le voir dans sa chambre et lui tapa dans le dos amicalement, ce qui faillit lui tordre deux vertèbres de plus.
« Félicitations, Revenge. Je dois t’annoncer officiellement que tu viens de passer rang Bronze en maitrise de l’épée ! J’estime que tu n’es plus un bleu et que tu pourras te défendre bien mieux maintenant ! Je pense que Rastan te l’avait déjà dit, mais ne loupe pas une seule journée d’entraînement, c’est important si tu veux continuer à progresser ! »
Marlon ressentait un mélange d’excitation et de regret à cette annonce.
« Est-il possible de continuer l’entraînement pour progresser plus ? Jusqu’au rang Argent, par exemple ? »
Jacob secoua la tête en expliquant au jeune homme :
« Pas pour le moment. Il faut déjà que tu assimiles ce que je t’ai appris, pendant quelques mois. Ou quelques semaines dans ton cas, tu apprends vite. Et il faut surtout que tu combattes. Beaucoup. Rien ne vaut la mise en situation réelle pour progresser. Mais il va falloir que tu sois prudent avec ton…problème. »
Le jeune homme réfléchit et décida de tenter le tout pour le tout.
« Nous sommes dans une arène, non ? N’y a-t-il pas des combats organisés ? Est-ce que je pourrais participer ? »
Les yeux de Jacob se mirent à luire avec férocité et un grand sourire apparut sur son visage.
« Si tu es vraiment motivé, dans trois mois un grand tournoi est organisé. Il faut être minimum Rang Cuivre et au maximum Rang Argent. Il y aura toutes sortes de participants, dont énormément d’aventuriers relativement nouveaux en ville. Le prix du tournoi est très attractif. Dix Amecareth d’or, et quelques autres objets intéressant ! »
Marlon sourit alors à son tour en entendant le colosse parler du tournoi. C’est tout à fait ce qu’il lui fallait ! Et d’ici trois mois, il aurait le temps de se préparer de diverses manières, peut-être même de monter ses niveaux de profession.
« Inscrivez-moi, s’il-vous-plait, je veux y participer ! »
« Je me doutais que tu dirais cela. Une dernière chose, non des moindres : ce sera des combats à mort… »
Le sourire de Marlon devint bien plus froid, ses yeux s’agitèrent sous l’effet de l’adrénaline qu’il ressentit à ce moment. Et c’est avec une excitation mal camouflée qu’il répondit :
« Je n’en attendais pas moins, haha ! »