Il s’agissait d’un vieux livre qui pulsait comme un cœur. A chaque pulsation, des ondulations visibles à l’œil se formaient dans l’air. Si Eric avait été un cultivateur, il aurait senti qu’à chaque pulsation, les Néons aux alentours été attirés de force et révolutionnés autour du livre.
Sur la couverture, étaient dessinées trois images distinctes et réalistes, voire même animées, à semi superposées.
La première représentait une personne assise jambe croisée en station de méditation les mains posées sur les genoux.
La deuxième était une prolongation de la première, une personne debout mais moins visible que celle assise, le corps composé entièrement de particules.
La troisième était une forme nuageuse sortant du dos de la deuxième.
Eric était ébahi.
Il croyait que c’était un signe de Dieu.
Pour mieux observer l’objet, Il tourna autour plusieurs fois et par curiosité, tendit son bras pour le toucher.
Cependant, dès le contact, il ressentit une douleur insurmontable.
C’était comme si sa main brûlait.
Il voulut se dégager mais c’était impossible.
Il ne pouvait plus bouger.
Une lumière dorée commença soudainement à le couvrir en commençant par la partie qui était en contact avec le livre jusqu’à couvrir la totalité de son corps.
C’était comme si on lui brûlait la peau.
La douleur était insurmontable et Eric hurla jusqu’à perdre connaissance.
« Haaaa ».
« Eric, Eric » s’écria Ma Long en s’engageant dans la forêt, suivant le son du cri et de la lumière.
Lorsqu’il arriva sur les lieux, Eric était évanoui, les habits trempés de sueur.
La biche immolée était à côté mais le livre était nulle part.
Il se dépêcha d’attacher son ami sur son dos et souleva la biche pour sortir au plus vite de la forêt.
Ma Long était un costaud.
Il n’avait que 12 ans mais avait la taille et la force d’un adulte.
Il ramena Eric et expliqua à ses parents ce qui s’était passé.
Eric était couché sur un lit et sa condition s’était améliorée.
Cela faisait 72h qu’il dormait.
Les trois meilleurs guérisseurs du village avaient tenu le même discours : la condition de Eric était stable, il ne faisait que dormir.
Ce jour-là, madame Mo était en train de faire la chambre comme d’habitude et elle entendit un gémissement.
Elle se dépêcha de se retourner et vit que Eric s’était réveillé.
« Mon fils chéri, tu nous a foutu une peur bleue ; comment te sens-tu maintenant ?» s’inquiéta-t-elle.
« Je me sens en pleine forme » répondit Eric.
Il ne savait pas pour quelle raison mais quelque chose en lui avait changé et ce changement lui conférait un sentiment de puissance.
Après avoir demandé la position de Ma Long qui était allé à la chasse, il proposa d’aller le rejoindre mais fut face à un refus catégorique venant de la dame.
Finalement, il fut permis de se promener aux alentours du village pour se dégourdir les jambes.
Eric se dirigea vers les dunes, lieu où il avait l’habitude de venir faire ses séances d’entraînement avec Ma long.
Il voulait tester ses aptitudes après l’événement du livre sacré.
Il commença par la course de 1 500 m et le fit en 2 minutes alors que sa meilleure performance était 3min 50s. En plus, il n’était pas essoufflé.
Il souleva facilement un rocher de 350 kg sans problème.
Il était étonné et agréablement surpris mais ne comprenait pas la raison.
Il n’y avait aucun changement extérieur visible sur son corps après diagnostic.
Pour se rassurer, il fit encore plusieurs séances d’entrainement mais ses performances s’amélioraient à chaque tentative.
Après quelque temps, il rentra chez lui avec en tête plusieurs questions sans réponses.
Cette nuit-là, Eric eut une longue discussion avec Ma Long et lui avoua qu’il allait passer l’examen.
Ce dernier était ravi d’entendre la nouvelle.
Ainsi, le temps passa très vite et arriva le jour j : le jour de l’examen d’entrée.
Lorsqu’ils quittaient le village, tout le monde les accompagna et leur promulgua des conseils :
« N’oubliez pas que vous êtes des frères, il faudra vous serrer les coudes ».
« Soyez toujours justes ».
« Ne nous oubliez pas lorsque vous serez des Sage. Rappelez-vous que vous êtes de Gandon ».
« Ha ha « Tout le monde éclata de lire après cette blague.
Madame Ma a beaucoup pleuré ce jour-là. Elle regarda tendrement ses deux fils puis leur dit les larmes aux yeux « Soyez prudents et ne vous démenez pas. Il faudra toujours vous entraider et n’oubliez jamais que votre sécurité prime ».
« Ne t’inquiète pas ma chérie, nous avons bien éduqué nos fils » Réconforta Monsieur Ma.
Ma Long et Eric acquiescèrent et après avoir salué et remercié tout le monde, ils se mirent en route, direction le monde des cultivateurs.
Ils devaient parcourir 100 km à l’Est, vers les Montagnes des 7 Sommets : L’Ouragan sacré avait été bâti au sommet de cette rangée de montagnes.
Le voyage se passa sans encombre.
Avec leurs capacités physiques, ils purent atteindre leur destination en moins de 3 heures.
Contrairement à ce que l’appellation semble suggérer, Les montagnes des 7 sommets n’étaient pas seulement composées de 7 montagnes mais d’une rangée de plusieurs centaines de montagnes dont 7 étaient les plus imposantes.
Ces Sept étaient au centre et étaient mystérieusement entourées par les montagnes de plus petites tailles, comme des chevaliers qui faisaient allégeance à leur seigneur.
Leur sommet était dans les nuages: l’Ouragan Sacré trônait sur ces Sept Éminences.
Eric et Ma Long étaient dépassés par la vue.
Ils n’auraient jamais pu imaginer que des montagnes pouvaient avoir de telles dimensions.
Lorsqu’ils sont arrivés, il y avait déjà aux périphéries cinq longues files composées de plusieurs milliers de personnes venues des villages et cités alentours pour passer le test, tous d’âge compris entre 12 ans et 15 ans, la tranche d’âge éligible pour les examens d’entrée.
Cinq grosses boules bleues avec deux creux étaient déposées devant la foule et chaque aspirant devait insérer ses deux mains à l’intérieur.
Suivant le nombre d’âge, la boule virait au vert ou au rouge qui signifiait que le candidat avait dépassé 15 ans.
Un jeune homme de 18 ans était chargé de la supervision de l’examen.
C’était sa cinquième année dans la secte et il avait une certaine réputation.
Il prit la parole.
« Je me nomme Tiger et je suis chargé de superviser l’examen. Vous allez passer un par un et insérer vos mains à l’intérieur des boules que voici pour que nous puissions déterminer si vous êtes éligibles ou pas » dit-il.
Chaque année, c’étaient les anciens disciples qui étaient chargés de la supervision et cette fois, c’était le tour de Tiger.
Il était aidé dans sa tâche par 5 autres jeunes hommes.
Chacun d’eux se tenait devant une boule et faisait l’appel
« Avancez et insérez vos deux mains à l’intérieur ».
Les candidats avancèrent un à un et le test commença.
« 14 ans – passe ».
Suivant la densité de la couleur, les superviseurs pouvaient connaître l’âge exact des candidats.
« 15 ans – passe »
« 14 ans »
« 14 ans -passe »
…
…
Quand ce fut le tour d’Eric, il se rapprocha et inséra ses deux mains.
Le superviseur regarda la boule puis fixa Eric d’un regard évaluateur pour ensuite crier « 12 ans-passe ».
Tous les candidats présents se tournèrent vers lui en le regardant avec mépris.
En effet, la raison pour laquelle la majorité des candidats étaient âgés de 14 ou 15 ans était due au fait qu’il était très difficile de passer l’examen.
En plus étant donné que tout aspirant n’avait droit qu’à deux tentatives, d’habitude les candidats attendaient d’avoir 14 et 15 ans pour mettre toutes les chances de leur côté.
Ceux qui avaient le talent pour passer le test à bas âges provenaient la plupart du temps de familles aristocratiques et par conséquent avaient droit à des quotas directs.
Donc, voyant l’âge de Eric et les vêtements qu’il portait, ils en avaient tous conclu qu’il était un “Come on Town”, c’est-à-dire une personne qui vient tout juste d’arriver en ville. Pour dire qu’il n’avait aucune information sur le comment du déroulement des épreuves.
La même chose se produisit lorsque Ma Long passa son tour mais avec un peu de retenue du fait de son gabarit.
Quant à Eric et Ma Long, ils se regroupèrent et ignorèrent les regards narquois et les commentaires venimeux : ils étaient jeunes mais matures.
Au total, tout le monde avait respecté la limite d’âge cette année.A part Eric et Ma Long, il y’avait également une fille d’une beauté inégalable (d’après Eric) qui avait 12 ans.
La secte Ouragan Sacrée était très adulée dans cette zone.
Ils régnaient d’une main de fer et il y avait une centaine de villes environnantes sous leur juridiction.
Parmi celles-ci, il y en avait qui produisaient chaque année de talentueux disciples contrairement au village de Gandon qui n’a jamais eu de ressortissant ayant été admis.
Il y’en avait même qui sont devenus des sous-branches de la secte et l’Ouragan Sacré leur avait octroyé des quotas de candidats qui pouvaient directement entrer dans la secte.
Après avoir terminé la première phase de test, les candidats furent dirigés sur une autre parcelle.
« Sénior Brother TIGER, cette année 5 326 candidats se sont présentés » reporta un des cinq superviseurs.
Tiger acquiesça.
Se tournant vers les aspirants, il expliqua « Bon je serais honnête avec vous. Le monde de la cultivation est un monde de compétition. Raison pour laquelle ce n’est pas donné à tout le monde. En ce sens, chaque année, l’Ouragan Sacré ne recrute au plus que 300 disciples si on ne tient pas compte des quotas alloués aux cités et principautés qui sont directement sous notre aile. »
Il continua « Malheureusement, ces cités envoient en même temps certains de leurs disciples passés l’examen. Donc, les mêmes familles et les mêmes villes monopolisent les places. Avoir un bon background est également un avantage. Bref, nous allons passer à l’évaluation de la force. La machine que voici est appelé Dollter. Elle permet de mesurer la force de frappe et a une limite de 100 Dolls ».
Arrivé à ce stade, un sourire commença à se tracer sur le visage de Tiger.
« Certains d’entre vous ne le savent pas encore mais le Doll est la plus petite mesure pour estimer la force d’un individu dans le monde des cultivateurs. Une personne ayant la force d’un Doll peut soulever un poids de 250 kg chez les mortels ».
Dès qu’il termina cette phrase, des plaintes étouffées se ressentirent dans le public.
« 250 kg, qui parmi nous peut le soulever » rouspéta quelqu’un à voix basse.
« Ils ne veulent tout simplement pas nous recruter et nous donner notre chance ».
Ceux-ci n’avaient aucune idée du pourquoi ni du comment des pratiques de l’examen d’entrée : ils étaient purement et simplement “des come on Town”.
« Silence » cria un des cinq superviseurs.
Il s’agissait de William, un jeune homme au cheveux blond et aux yeux bleus qui pouvait être considéré comme l’adjoint d’Eric.
Il haussa le ton « Comme vous l’a expliqué Sénior Brother Tiger, nous évoluons dans un monde de concurrence. Même si nous vous laissons tous passer, vous allez tous mourir ».
Il se déshabilla pour montrer son torse.
Il avait une vilaine cicatrice au niveau de la poitrine.
« Nous ne sommes pas dans un terrain de jeu. Ceux qui auront la chance d’être pris devront se surpasser ne serait-ce que pour survivre » dit-il d’un ton menaçant.
« Hey Hey William, ne fait pas peur au jeunot » Coupa Tiger.
« Les blessures de combat nous apprennent des leçons et nous rendent plus fort ». dit-il, pausant quelques secondes en regardant au loin.
Sa posture, son regard et l’éclat qui apparut brièvement dans ses yeux était la preuve vivante de sa mentalité de guerrier.
C’était comme s’il se remémorait un événement lointain.
Après quelques secondes de silence, il poursuivit : «Cependant, frère William a raison. Notre monde est dangereux et sans pitié. » dit-t-il tristement avant de continuer.
« Avancez un par un et frappez de toutes vos forces la partie réservée pour au niveau du Dollter. Le petit écran en haut indiquera votre score. Vous avez deux tentatives et ceux dont la force a atteint le Doll pourront passer à l’étape suivante. Pour le reste, je suis désolé » il termina et se rangea à côté de la machine, ses 5 sbires derrière lui.
Les candidats hésitèrent un peu.
Ne voyant personne se proposer, après quelques secondes d’hésitation, un jeune gaillard se gratta la tête et avança en ricanant « la force c’est mon point fort ».
Il était costaud et très musclé.
Il prit son élan et frappa de toutes ses forces.
« Gong » il y eut un bruit sourd.
Il recula pour bien voir son score mais eut là bouche bée.
L’écran affichait le chiffre 0 .
« Quoi » il renfrogna son visage et s’écria.
Il n’était pas du tout convaincu.
Pour sa deuxième et dernière chance, il inspira longuement et se concentra.
« Gong » le coup partit.
Malheureusement, il n’y eut aucun changement.
« Eliminé » annonça William sans broncher.
« Laisse la place aux autres ».
« Non, c’est impossible » s’écria le jeune homme en donnant un coup de pied à la machine.
« Je me suis tué à l’entraînement ».
Il retenta deux fois de suite mais sans succès.
« Je ne peux pas l’accepter. La machine ne fonctionne plus ». C’était comme s’il avait perdu la raison.
Il se tourna vers Tiger d’un regard meurtrier.
« Vous ne savait pas à qui vous avez affaire »
« Laissez-moi passer où vous allez avoir des problèmes » menaça-t-il en se dirigeant vers Tiger.
Mais avant même qu’il eut le temps de faire 3 pas, une fine lance jaune traversa son crâne.
William le pointait du doigt en répétant « Nous ne sommes pas dans un terrain de jeu ».
Une sorte de lance sortait de son index et avait pénétré la tête du jeune homme pile entre ses yeux.
Ce jeune homme n’aurait jamais pu imaginer sa fin si proche : tel était le monde des cultivateurs.
Il avait les yeux grands ouverts, pleins de regrets mais exempts de toute vie.
William remis ses mains naturellement derrière son dos comme si de rien n’était et le corps sans vie s’affaissa au sol.