Les humains oubliaient vite, malgré les revers cuisants infligés par les elfes et leurs alliés les hommes étaient de plus en plus tentés de repartir en guerre. Quelques années suffisaient pour atténuer les souvenirs d’une défaite notoire. Les hommes se croyaient évolués, mais beaucoup d’entre eux vénéraient la guerre. Bien sûr il existait des humains défendant la paix, mais d’un autre côté des millions d’hommes présentaient la guerre comme une solution acceptable pour défendre les intérêts de maîtres puissants. Beaucoup de politiques qui se paraient de la défense de la liberté et de la sécurité de leurs citoyens, ne faisaient qu’œuvrer pour des personnes fortunées.
Bien sûr il était illusoire de penser que les elfes et les membres des races intelligentes non-humaines, ne se battaient pas de temps à autre en ayant comme raison principale la cupidité. Toutefois il fallait quand même admettre que de nombreux humains influents allaient très loin quand ils voulaient se battre, et qu’ils avaient un manque évident de franchise.
Ils n’avaient pas peur de monter des complots meurtriers, à tuer des milliers de leurs semblables, juste pour gagner de l’argent. Pour de nombreux hommes la vie d’un semblable valait moins que de la monnaie, de la terre ou qu’une œuvre d’art célèbre. Dans certains pays dirigés par des humains, quand la majorité de la population crevait de faim, l’essentiel du budget de l’état s’avérait alloué à la guerre.
Beaucoup d’hommes et de femmes prenaient un plaisir immense quand un ennemi mourrait. Une multitude d’humains et d’humaines saluaient et applaudissaient quand les adversaires de leur nation perdaient la vie. Arthur savait qu’il n’y aurait aucune miséricorde à attendre des hommes qui étaient devenus hargneux suite à leur défaite contre les elfes.
Certains politiques humains étaient attachés à la paix, mais les voix qui appelaient directement au massacre des elfes se faisaient chaque jour plus nombreuses. Aussi Arthur le haut-roi avec ses conseillers, tentaient de trouver une solution durable pour stopper les ambitions des humains.
Encore une fois la tente des complots fut choisie pour parler à cause de ses vertus anti-espionnage.
Arthur : Les humains belliqueux constituent un danger pour les elfes. Les accrochages militaires sont passés d’occasionnels à fréquents. J’ai besoin d’un moyen de calmer pour longtemps les hommes.
Lancelot : On pourrait obliger les mages elfes à enseigner gratuitement aux militaires des sorts offensifs.
Arthur : J’y ai pensé Lancelot mais les mages sont très unis. Si je suis trop exigeant, les royaumes elfiques risquent de subir une guerre dévastatrice avec les magiciens.
Lancelot : Vous êtes le haut-roi des elfes tout de même, le politique le plus influent de ce monde.
Arthur : Même un roi respecté par la majorité de ses sujets est contraint par moment de faire preuve de modération, voire d’humilité, quand il fait face à certaines factions très puissantes.
Morgane : Je pourrais essayer de voler le secret des armes runiques des nains, afin de permettre une production en masse de ces armes pour l’instant rares.
Arthur : Morgane, le haut-roi des nains Karak ne me pardonnera pas le vol des secrets de fabrication des armes runiques.
Morgane : Je peux m’arranger pour désigner un bouc émissaire humain, afin de désorienter les enquêteurs nains.
Arthur : C’est une bonne idée, cependant ta suggestion sera un recours que l’on utilisera qu’en dernière extrémité. Sans les nains, les elfes finiront balayés par les humains, par conséquent il faut faire le maximum pour éviter de mettre en colère les nains.
Merlin : Après de longues recherches, je suis tombé sur quelque chose de très intéressant, l’emplacement des reliques du Néant, des objets animés par une magie qui effraie les rois-démons.
Arthur : Merlin si les démons ont peur des reliques du Néant, cela veut dire qu’elles sont très dangereuses pour leur propriétaire.
Merlin : Peut-être, mais mon projet a le mérite de ne fâcher personne d’influent chez les elfes ou les nains.
Arthur : Mh il vaut mieux éviter de fâcher des alliés en ces temps précaires, et dans le pire des cas détruire les reliques sera toujours possible. Tu sais où exactement chercher ces objets magiques redoutables ?
Merlin : Je dispose d’une carte très précise, par contre il faudra surmonter de nombreux dangers.
À bord du bateau le Néré, Arthur et ses conseillers embarquèrent pour l’île de Morteau, le lieu où se trouvaient les reliques du Néant. Malheureusement les périls à affronter étaient plus grands que prévu. En effet un homme impitoyable et cruel à l’égard des elfes barrait la route. Il se rendit coupable de d’actes de barbarie innommables contre eux, et il faisait concurrence à Erèbe en matière de cruauté. Ainsi il obligea un elfe à faire un drapeau avec la peau de ses parents. Barbeorange, dit le fléau des mers, était un pirate qui cherchait à marquer les esprits, à s’illustrer comme le plus grand tueur et tortionnaire d’elfes de l’histoire.
Les raisons qui poussèrent le pirate à jouer les sadiques n’étaient pas clairement définies. Certains hommes murmuraient que le fléau exerçait une vengeance juste. Dans le sens que toute sa famille fut tuée par des elfes, et que ceux-ci envoyèrent en prison Barbeorange pour une durée de dix ans, pour un crime purement imaginaire. Le fléau devint un pirate par la faute des circonstances d’après ses défenseurs. Si des elfes n’avaient pas commis la sottise de bousiller son existence, Barbeorange se serait contenté de mener une vie tranquille.
Pour les elfes leur version du passé du fléau était assez différente de celle des humains. Ainsi le seul et unique responsable de la mort de la famille du pirate était Barberorange qui tua pour une sordide histoire de gros sous, ses frères, sœurs, oncles, tantes, son père et sa mère. Il était un monstre d’égoïsme qui ne pensait qu’à sa petite personne. La vérité était sans doute un compromis entre la version des elfes et celle des hommes. Les humains avaient tendance à couvrir exagérément de gloire le fléau, tandis que les elfes se vengeaient en parant le pirate de tous les défauts possibles et imaginables.
Lancelot ne partageait pas l’enthousiasme de ses compagnons pour cette aventure. Plus il réfléchissait plus il considérait comme une folie répréhensible le fait de se diriger vers Morteau. Il pensa dans un premier temps que le périple était risqué mais gérable. Mais il perdit beaucoup d’assurance suite à une discussion avec quelques marins elfes qui livrèrent des batailles contre Barbeorange. Ainsi Lancelot apprit des choses effrayantes comme quoi le pirate avait promis de de se faire une tapisserie avec la peau d’Arthur.
Même si les elfes aimaient répandre des rumeurs très désobligeantes sur Barbeorange, il n’empêchait que la cruauté du pirate n’était pas un mythe mais une triste réalité. Et surtout cet ennemi des elfes avait de sérieux moyens de carnage, sa flotte passait pour une des plus grandes des forbans des mers. Lancelot avait toutefois une voix intérieure qui l’incitait à ne pas chercher à dissuader son haut-roi de tenter l’aventure. Il ressentait la peur de passer pour un couard aux yeux du vampire, s’il insistait avec trop d’énergie afin de convaincre Arthur.
Mais il repoussa assez rapidement ce type de pensées. Il était de son devoir d’œuvrer à protéger son haut-roi. Et même s’il risquait de causer du déplaisir visible chez le vampire, il pensait qu’il fallait qu’il l’informe de choses importantes.
Lancelot : Je pense qu’il faudrait abandonner pour cette fois notre périple, et revenir à la tête d’une puissante flotte. L’île de Morteau est devenue un repaire de pirates.
Arthur : Merlin est un haut-mage si les pirates ne sont pas plus de mille, ils ne représentent pas un réel danger.
Lancelot : Le problème est qu’il doit y avoir au moins trois mille pirates sur Morteau, d’après les habitations que j’ai recensées avec ma longue-vue magique.
Arthur : Qui est le chef pirate qui domine Morteau d’après toi, Lancelot ?
Lancelot : Je pense que c’est le tristement célèbre Barbeorange, le pirate qui adore violer les elfes de sexe masculin comme féminin.
Arthur : Par les enfers ! Barbeorange est réputé pour avoir plus de cent navires sous ses ordres, et comme mes informations datent, il se peut que les effectifs à la disposition du pirate soient beaucoup plus importants que ce que je dis.
Lancelot : C’est le cas, Barbeorange a agrandi récemment sa flotte en battant lors d’une grande bataille des rivaux. Je vous conseille très vivement de renoncer votre haute-majesté.
Arthur : Si Barbeorange découvre les reliques du Néant, les elfes auront des ennuis monstres, il faut tenter maintenant de se les approprier. Merlin peux-tu rendre une équipe d’explorateurs invisibles ?
Merlin : Sans problème, mais j’ai besoin de rester à proximité pour que le sort demeure actif.
Arthur : Très bien il me faudrait deux autres personnes pour l’expédition sur Morteau.
Lancelot : Je suis volontaire votre haute-majesté.
Morgane : Moi aussi.
Arthur : Votre dévotion me fait chaud au cœur, je veillerai à ce que vous soyez récompensés tous les trois.