Hertio était assez furieux, il plancha sur un moyen de retourner la situation, mais il réalisa rapidement qu’il manquait de temps et de ressources pour faire chuter à coup sûr Arthur. Il devait compter sur de nouveaux alliés pour garantir ses chances de vengeance, mais il ne voyait pas trop qui serait susceptible de l’épauler. Puis il pensa soudainement à Morgane. D’accord il négligea gravement cette elfe, il se comporta mal avec elle, en lui faisant miroiter le statut d’épouse pendant longtemps, sans se marier au final. Mais il subsistait peut-être encore des restes d’amour chez Morgane.
C’était s’aventurer sur un terrain risqué d’étudier sa fidélité. Mais Hertio s’avérait impatient de détruire Arthur, et il lui semblait que son ancienne amante serait peut-être le meilleur moyen qui soit afin de faire progresser sa cause personnelle.
Ainsi il invita Morgane à discuter dans une auberge de luxe, réputée pour la discrétion de son tenancier. Il se rendit déguisé, habillé non pas en roi mais en bourgeois afin de préserver son anonymat. Il avait un pantalon et une veste rouge de bonne facture mais ne correspondant pas à ses standards habituels de luxe, et il portait un capuchon pour dissimuler ses traits.
Morgane même si elle sentit une certaine appréhension, accepta de répondre à l’invitation de Hertio. Elle vint dans une chambre individuelle avec un seul lit, et quelques meubles, une table, une armoire et deux chaises. Le roi assez fébrile, but du vin pour se donner du courage. Il prépara tout un plan, un véritable argumentaire, mais l’ivresse l’incita à la franchise.
Hertio : Je vais être direct Morgane, il se trouve qu’Arthur m’exaspère hautement, il me rend chèvre. Si tu le trahis je te promets de t’épouser, je le jure sur mon honneur.
Morgane : Je préfère nettement travailler pour Arthur que pour vous, donc ma réponse est non.
Hertio : Et pourquoi donc ?
Morgane : Arthur respecte ses engagements, quand il fait miroiter une récompense à quelqu’un, et qu’il est content des services proposés, il donne généralement ce qu’il a promis.
Hertio : J’ai mal agi à ton égard, mais je suis prêt à me rattraper.
Morgane : Non vous voulez la vengeance contre Arthur et c’est tout. Allez au revoir votre majesté.
Hertio : Décidément tu ne vaux pas grand-chose comme outil de représailles.
Morgane (ton glacial) : Adieu Hertio.
Hertio n’était pas très content du résultat de l’entrevue, aussi il fut tenté de s’élancer pour barrer la route à Morgane. Mais le regard furieux décoché par son interlocutrice le cloua sur place. Il s’avérait assez en colère à cause des propos secs échangés par son ancienne amante. Mais il se retint finalement d’agir avec violence ou brusquerie. Il échoua à capitaliser sur l’affection de Morgane. Il fallait dire qu’il n’usa pas de sa langue de miel habituelle, il but trop, ce qui provoqua chez lui un brusque accès de franchise, diminua notablement ses capacités de manipulateur.
Il pensa même un moment informer son ancienne courtisane sur son implication avec des dieux de la destruction, comme la divinité de la luxure, essayer de la séduire avec ses soit glorieux plans de domination. Mais il se retint quand même, d’abord même si Morgane commit des choses peu glorieuses au premier abord comme coucher avec plein d’hommes différents, ce ne serait pas très prudent de chercher à la recruter sans avoir sacrément préparer le terrain.
Hertio avait sa partie audacieuse qui l’incitait à dévoiler sa véritable allégeance religieuse, mais ce qui lui restait de raisonnable hurlait qu’il commettrait une folie grave en renseignant Morgane sur ses penchants en rapport avec la damnation.
Si elle avait été ouverte à des propositions de trahison à l’égard d’Arthur, il y aurait peut-être eu moyen sans se mettre en danger de la recruter comme acolyte des forces des ténèbres. Mais elle semblait dans un état d’esprit où elle dénoncerait le maximum de choses au vampire. En fait Hertio pensait carrément qu’il serait plus sain pour lui d’étrangler Morgane, afin de minimiser les risques de représailles contre lui.
Il y avait plusieurs avantages à agir de façon meurtrière sur la séductrice. Sa mort priverait Arthur d’une précieuse alliée. Et puis cela réchaufferait le cœur de Hertio de s’occuper de quelqu’un qui le rejetait. Il n’aimait pas du tout les gens qui ne lui témoignaient pas de la flagornerie, spécialement les personnes du sexe féminin. Il pensait que les femmes qui refusaient ses propositions méritaient souvent des punitions carabinées.
Néanmoins Hertio fut refroidi dans sa soif d’assassinat par un élément troublant. Morgane vint dans la chambre avec de quoi lutter contre des ennemis, elle s’équipa de plusieurs dagues avec une grande puissance magique. Hertio sentait l’aura surnaturelle des outils de mort de son ennemie. S’il tentait quelque chose, il faudrait qu’il agisse avec une grande célérité, sinon il risquait fortement une riposte dangereuse.
Sa tendance téméraire fustigea son manque de courage, il fit alors deux pas en direction de Morgane. Mais il fut arrêté par un regard brûlant d’hostilité. Les yeux de son adversaire signifiaient que s’il continuait à avancer, il encaisserait une violente attaque. Or Hertio avait beau avoir l’esprit embrumé, cela faisait très longtemps qu’il ne participa pas directement à un meurtre. Il perdit depuis longtemps l’habitude de perpétrer des mauvaises actions sans l’appui de plusieurs complices. Son côté méchant le traita de peureux, mais il n’arrivait pas contenir toute son angoisse. Ajouté à cela que Morgane ne se limita pas à jeter un regard haineux, mais qu’elle dégaina une dague, et qu’elle fit une démonstration d’un pouvoir redoutable dans le sens que son arme envoya un éclair qui laissa un joli trou dans le sol de pierre.
Alors Hertio perdit une bonne partie de son courage, il ne trembla pas grâce à sa bonne maîtrise de soi, mais il dégrisa suffisamment pour admettre que l’assaut frontal serait une mauvaise idée. Même s’il ressentait l’envie de se venger immédiatement pour le fait d’avoir été menacé de manière franche, il songeait qu’il valait mieux ne pas essayer de commettre de crime sur la séductrice pour le moment.
De son côté Morgane était partagée par diverses émotions, son ressentiment l’incitait à envoyer des éclairs sur Hertio. Mais elle se disait que ce serait s’abaisser au niveau d’un mufle ignoble que de le tuer brutalement. Même si elle n’abandonnait pas complètement l’idée de sanctions contre lui, elle estimait que massacrer Hertio serait une belle compromission morale, et puis il prit peut-être des précautions pour exercer une vengeance si les choses tournaient mal pour lui dans l’auberge.
Il était généralement un conspirateur prudent. Donc Morgane se limita à s’en aller tout en brandissant une dague et en arborant un air teigneux. Elle dédommagea l’aubergiste pour les dégâts causés avec quelques pièces d’argent.
L’entretien raté aurait potentiellement des conséquences négatives pour Hertio. Il se trouvait que Morgane n’avait pas du tout apprécié la conversation avec lui. Elle avait gardé l’espoir secret que ce souverain manifesta dans le passé un certain amour à son égard. Mais sa dernière entrevue avec Hertio amenuisa cette espérance, et réveilla un élan de haine dans le cœur de Morgane.
Aussi cette dernière rendit visite à Merlin afin de concocter une vengeance. Elle pénétra dans le laboratoire des malédictions, un lieu dévolu à l’étude des sorts néfastes sur autrui. Il s’agissait d’un endroit avec une atmosphère lourde, il y avait beaucoup de cages de métal contenant des animaux, notamment des chiens et des singes, en plus des grimoires et des étagères bourrées d’ingrédients utiles pour des rituels magiques. Merlin utilisait des bêtes afin de jeter des maléfices dessus, et de perfectionner les sorts contrant les enchantements négatifs.
Merlin : Que veux-tu Morgane ?
Morgane : J’aimerai que tu enlaidisses le roi Hertio, que son visage se couvre en moins d’un an de nombreuses rides disgracieuses.
Merlin : Je doute qu’Arthur apprécie ce geste.
Morgane : Ce sera notre petit secret, et si tu m’aides, je te soutiendrais dans tes recherches magiques.
Merlin : Arthur a laissé des consignes très claires, toute tentative d’un membre de son organisation de nuire à Hertio doit être validée par lui.
Morgane : Je ne souhaite quand même pas la mort d’Hertio.
Merlin : Désolé mais même si c’est tentant, je n’ai pas envie de braver un ordre direct d’Arthur sans une puissante justification.
Morgane avait très envie de passer par un autre mage que Merlin afin de concrétiser son fantasme de nuisance contre Hertio. Elle était assez remontée en terme de ressentiment. Mais elle s’avérait aussi une personne loyale. Ainsi même si elle éprouvait le désir ardent de causer un vif déplaisir à son ancien amant, elle maîtrisa ses pulsions. Elle ne voulait pas être victime d’une réprimande sévère. D’ailleurs elle jugeait sage de ne pas insister car elle était peut-être en ce moment surveillée au moyen d’un dispositif magique comme par exemple une boule de cristal.
Elle entendit dire que les agents d’Arthur qui attiraient sur eux la suspicion, pouvaient avoir leurs faits et gestes espionnés continuellement. Et il y avait une probabilité que Merlin l’ait dénoncé à la hiérarchie, donc Morgane estimait qu’il serait plus prudent de ne pas faire la maligne, de se comporter comme une personne respectueuse des consignes pendant au moins quelques temps.
Puis elle eut une idée, elle pourrait peut-être user de ses facultés de séduction afin de convaincre Merlin de lui apporter ce qu’elle voulait. Même si sa cible était une personne connue davantage pour son goût de la recherche magique que son appétit sexuel, il n’en demeurait pas une personne avec une libido.
D’accord Merlin se consacrait souvent corps et âme à ses études et à d’autres expériences, mais cela ne voulait pas dire qu’il rejetterait forcément les avances sexuelles de quelqu’un. Morgane avait d’ailleurs un désir d’ajouter Merlin à son tableau de chasse. Elle aimait bien les défis difficiles, et elle tirerait sans doute un grand profit à nouer une relation avec sa proie potentielle. Bien sûr il faudrait déjà arriver à le séduire mais Morgane ne voyait pas du tout cette tâche comme insurmontable. Elle remarqua qu’elle provoquait déjà un certain effet sur Merlin. Elle décela un intérêt chez sa cible pour ses décolletés plongeants.
Certes il faudrait faire autre chose que de mettre en valeur sa poitrine pour convaincre sa proie de faire une transgression au règlement de son organisation. Mais Morgane se sentait assez tentée de se plonger dans une opération de séduction. En plus mettre Merlin de son côté pourrait apporter un avantage décisif dans la chaîne de commandement, ainsi elle deviendrait en faisant du haut-mage son amant, la véritable éminence grise de l’organisation la ligue des protecteurs. Bien sûr Arthur demeurait le chef suprême, cependant il avait tellement de sujets à traiter, et de combats à livrer qu’il déléguait beaucoup. Donc Morgane considérait que si elle parvenait à amadouer Merlin, le responsable des questions en rapport avec la magie de la ligue, elle obtiendrait une promotion officieuse, mais quand même une belle élévation hiérarchique.
Cependant il était nécessaire de se livrer à une préparation minutieuse avant de réaliser un objectif ambitieux. Aussi Morgane prit le temps de se renseigner sur sa proie, elle passa une journée entière à étudier des rapports de ses espions sur Merlin. En tant que responsable en chef des opérations de séduction de la ligue, elle ne manquait de renseignements sur nombre de personnalités importantes.
Elle apprit ainsi des informations intéressantes pour attirer dans ses filets Merlin. Elle se vêtit ainsi d’une robe somptueuse avec un décolleté vraiment apparent, une tenue qui laissa bien voir ses épaules, et qui donna un bel aperçu de son ventre, dos et de sa poitrine. Elle s’équipa d’une tenue avec quantité de rubans roses, et un ton rouge dominant. Apparemment Merlin avait un faible pour le rouge et les habits féminins assez suggestifs, qui révélaient une grande quantité de peau. Morgane avait d’autres renseignements, mais elle choisit de ne pas trop tenter sa chance. Elle savait que sa proie était une personne connaissant les fonctions de beaucoup de personnes dans la ligue. Donc si la séductrice tirait trop parti des informations à sa disposition, cela aurait un rôle contre-productif.
Il fallait donc y aller doucement, compter surtout sur sa langue, ses manières et son éloquence pour amener Merlin dans une nasse amoureuse. Après s’être maquillée de façon légère et s’être parfumée, Morgane rencontra encore une fois sa cible, dans le laboratoire surnaturel lié à l’étude des malédictions.
Merlin : Morgane je suis occupé en ce moment, et je n’ai pas l’habitude de changer souvent d’avis.
Morgane : Réfléchis bien Merlin, je me montrerais très reconnaissante si tu accèdes à ma demande concernant Hertio.
Merlin (concentré) : De quelle façon exactement ?
Morgane : Si tu rends laid Hertio, je suis d’accord pour t’offrir une nuit inoubliable.