Arthur : Que se passe t-il Merlin ? Pourquoi Morgane doit attendre ?
Merlin : Il y a des pigeons près de moi cela me perturbe, quand j’étais enfant un pigeon faillit me crever un œil alors que je montais à un arbre.
Arthur : Je me fous de tes excuses, fais ton travail correctement ou ta mère ne ressuscitera jamais !
Merlin : Mais et votre promesse ?
Arthur : Mon serment ne concerne que le réceptacle destiné à accueillir l’âme de ta maman. Je peux détruire la plupart de ton matériel de recherche magique sans être un parjure.
Merlin : Je vais essayer de faire mieux.
Arthur : Tu as intérêt à réussir, sinon je serai sévère !
Merlin avait envie d’envoyer une baffe à distance sur Arthur, mais il se retint, il ne voulait pas être accusé d’insubordination. Alors il se força à mieux se concentrer pour concrétiser son sort de désactivation d’alarme. Au début rien ne se passa, la peur des pigeons continuait toujours à l’envahir. Mais Merlin finit par se motiver en pensant à la punition odieuse qui l’attendait en cas d’échec.
Il perçut mieux les vents de magie, et les points faibles des dispositifs surnaturels du château. Il faillit rire devant l’ancienneté de certains enchantements qui manquaient d’entretien, qui perdaient progressivement en efficacité. Mais il devait se dépêcher, il reconnaissait qu’il fit bien attendre Morgane.
Il puisa dans sa vitalité afin d’améliorer le résultat de son sort, hâter la fin de sa tâche. Et il faillit à un moment dissiper toutes les magies de protection dans un périmètre plus important que prévu. Son pouvoir aurait pu s’étendre à toute la ville, mais il contint son intervention au dernier moment. Il était franchement épuisé, il se donna à fond pour remplir ses obligations.
Mais le haut-mage ne semblait pas prêt d’oublier les menaces d’Arthur. Il conçut pendant quelques minutes un vif désir d’exercer une vengeance sanglante contre lui. Certes il était en faute sur ce coup, il agit d’une façon préjudiciable, mais Merlin ne supportait pas les gens qui menaçaient des projets personnels importants. Puis il se calma, il prêta serment de fidélité, et l’affaire ne dégénéra pas. S’il choisissait la voie de la sédition, il avait peur de subir en retour des représailles dramatiques. Alors il consentit à oublier sa colère. Mais si jamais un autre conflit grave éclatait entre lui et Arthur, ce n’était pas sûr que Merlin opte une nouvelle fois pour la patience et la raison.
Morgane cacha le livre incriminant juste à temps, car elle se fit rappeler à l’ordre pour sa lenteur par un serviteur gradé. Elle se perdit en excuses, mais le chef ne l’entendait pas de cette oreille, il voulait distribuer un blâme. Alors Morgane usa de son charme, demanda humblement au supérieur hiérarchique d’oublier l’affaire en échange de la possibilité de pouvoir lui tripoter un sein. Le gradé répondit que toucher des seins avait un effet particulier sur sa mémoire, il accepta le marché. Tandis qu’il pelotait Morgane, cette dernière affichait un grand sourire de reconnaissance. Même si elle avait envie de faire tomber une étagère sur le misérable qui la poussait à de sacrées extrémités.
Le lendemain matin une délégation d’opposants politiques au roi Louis découvrit le fameux ouvrage. Elle se vit accorder une visite du palais afin officiellement de constater l’innocence de leur souverain à l’égard d’histoires sordides. Mais ce qui devait être une formalité ayant pour but d’accroître le prestige royal, tourna au fiasco politique. Le monarque eut beau crié qu’il n’était pas au courant de l’existence du grimoire, il n’étouffa pas l’augmentation du ressentiment contre lui.
Le livre contenait un morceau de plume d’une espèce d’oiseau, que seul le souverain d’Absolia pouvait chasser. L’ouvrage problématique était écrit dans un code mais il était aisé à déchiffrer, il véhiculait une odeur particulière de rose qui incitait à le consulter, et il agressait les sens mystiques du mage qui accompagnait la délégation. Ces trois éléments rendaient crédibles que le livre soit découvert par les opposants. Suite à cette découverte la contestation contre Louis s’amplifia.
Tenter de contrôler des esprits par l’intermédiaire de la magie y compris ceux d’animaux, était vu comme une grave infraction à la tradition par les nobles. Si les aristocrates absoliens pouvaient tolérer le viol et le meurtre sur des gens du peuple de la part de leur roi, ils voyaient comme une infamie sans précédent la possibilité que leur monarque Louis pratique la domination mentale avec un sort.
Même si les nobles absoliens toléraient beaucoup de choses, ils considéraient comme une pratique digne d’un démon particulièrement répugnant le fait de chercher à user de pouvoirs pour manipuler les esprits. Absolia connut un véritable âge des ténèbres pendant plusieurs siècles à cause de dominateurs mentaux, par conséquent les gens de ce pays éprouvaient une aversion monumentale contre les individus capables de briser les volontés au moyen de pouvoirs surnaturels.
Ainsi le nombre de puissants hostiles au roi augmenta assez rapidement. Cela plus le ressentiment des gens humbles contre les impôts souvent abusifs établis par Louis mettaient en péril son règne.
Le décès d’Intègre et les mises en scène d’Arthur mirent le feu aux poudres, ils provoquèrent une série de manifestations qui furent mal gérées. En effet le pouvoir en place au lieu de négocier avec les nobles qui demandaient des comptes, les réprima durement. Résultat ce qui était un mouvement de mécontentement pacifique, se transforma en révolution armée.
Les manifestants qui ne demandèrent au début qu’une enquête approfondie et indépendante, voulaient maintenant le départ du roi d’Absolia. Arthur était conscient qu’il était loin d’être la seule personne à avoir contribué à des mouvements de révolte, il alluma l’étincelle qui mit le feu aux poudres, mais d’autres indépendants de lui accumulèrent la poudre.
Les affameurs pullulaient à Absolia, il s’agissait de marchands qui provoquaient des disettes en s’arrangeant pour que la nourriture soit difficile d’accès à certains endroits. Certes Arthur complota, mais sans la corruption ambiante, ses manigances auraient été beaucoup moins efficaces. Il n’empêchait que la destitution du monarque Louis le gros n’était plus qu’une question de jours.
Son successeur Roland le prince héritier adorait les elfes, par conséquent il ferait le maximum pour ne pas nuire aux royaumes elfiques. Le vampire décida de rendre une visite à Louis dans son cachot, peu de temps avant que le roi ne soit déchu par la Chambre des Seigneurs. Arthur était motivé par différents buts, l’envie de contempler la débâcle d’un ennemi des elfes, et la pitié envers son adversaire.
Louis le gros : Arthur, pourquoi soutenez-vous les elfes, des ennemis de l’humanité, alors que vous êtes un homme à l’origine ?
Arthur : Par respect pour les elfes, et aussi parce que la couronne est un fardeau trop lourd pour vous. En fait je crois que personne ne peut supporter sans devenir fou ou perturbé le poids de la royauté à Absolia.
Louis : Vous racontez n’importe quoi, je suis heureux de mon sort.
Arthur : Votre père a dit «Quelle est lourde cette couronne », son prédécesseur sur son lit de mort « Quel soulagement, de ne plus régner».
Louis répondit par un silence gêné aux propos d’Arthur qui vit cela comme un signal pour continuer son argumentation.
Arthur : Il est difficile de trouver plus pitoyables que les rois d’Absolia, leur vie est infernale, ils ne se reposent pratiquement jamais. Le roi est condamné à subir une terrible solitude, un protocole très contraignant, et l’obligation de se méfier constamment de son entourage. Si j’ai choisi de contribuer à votre destitution, c’est en partie parce que vous m’inspirez une immense pitié.
Louis : Les rois font rêver, des milliers de personnes sont fascinées par la vie que je mène.
Arthur : Une vie terrible, un enfer quand on en connaît les détails. La cour royale d’Absolia est un nid de vipères, où règnent le désespoir et la paranoïa.
Louis : La cour royale n’a rien d’un enfer, j’ai passé une enfance très heureuse avec les enfants des courtisans.
Arthur : Vous avez été choyé, c’est vrai mais cela ne change pas les règles du jeu dans la cour royale. Pour obtenir la faveur du roi ou d’un de ses proches parents, il faut passer des années voire des décennies d’efforts à comploter, tout en déjouant les plans de dizaines de rivaux qui n’ont pas peur de recourir à la calomnie, voire à l’assassinat.
Louis : Vous dressez un tableau bien noir de la cour, pourtant vous n’y avez jamais vécu. Et d’après mes souvenirs vous ne connaissez aucun courtisan. Je parie que vous ne faites que répéter la propagande des antiroyalistes.
Arthur : Je ne suis pas un antiroyaliste, je soutiens les rois des communautés elfiques. Et j’ai d’autres sources de renseignements que les rebelles d’Absolia.
Louis : Peuh ! Je vous souhaite tout le malheur du monde.
Arthur ne se formalisa pas des mots haineux de son interlocuteur, déjà il pensait que son ennemi méritait une destitution vu les outrages extrêmes qu’il autorisait sur les elfes et les esclaves. Et puis il jugeait que Louis était tout sauf un monarque compétent, il aurait pu avoir une carrière brillante en tant que jardinier, mais selon Arthur il ne valait rien en tant que dirigeant. Il était doué pour avoir un sourire chaleureux et susciter de la compassion, mais ses capacités de gestionnaire étaient déplorables.
De plus ses facultés à ruser avec les diplomates étrangers ne valaient pas grand-chose. Le vampire considérait que les sujets d’Absolia gagneraient beaucoup au change sans un souverain comme Louis.
Il concédait à au monarque une bonne connaissance des traditions et du protocole, mais vu que le roi s’appuyait sur des coutumes souvent nuisibles pour sa gloire et son efficacité, il aurait mieux fait de chercher à passer davantage de temps à réformer plutôt qu’à entretenir des vestiges gênants du passé.
Cependant il demeurait que la flotte militaire et les armées terrestres d’Absolia constituaient un danger certain pour les elfes. Autant le roi avait un côté risible et pitoyable autant ses troupes s’annonçaient redoutables. Elles bénéficiaient d’un rapport très supérieur sur le nombre par rapport aux elfes, et surtout d’une tendance à polluer avec la magie noire assez prononcée.
Quand les absoliens s’en prenaient à des elfes, et que la victoire paraissait sur le point de leur échapper, ils n’hésitaient pas à user d’une sorcellerie pernicieuse qui détruisait pour des siècles la fertilité de la terre et empoisonnaient gravement leurs ennemis, les animaux et les plantes.
Louis manquait d’efficacité mais il déléguait beaucoup du point de vue du commandement des armées. Ainsi il profitait de la présence de généraux compétents et surtout assez libres en matière d’initiative. Il existait un proverbe sur Absolia contenant les mots «Une armée aussi efficace que la cour royale est ridicule». La devise se référait à la vérité, autant le roi et beaucoup des flagorneurs professionnels l’entourant avaient fréquemment des idées étranges et loufoques, autant ses troupes manifestaient un comportement dévastateur sur les adversaires d’Absolia.
Par contre les civils avaient un avenir souvent misérable dans le pays de Louis. Ceux qui refusaient la voie du crime, et naissaient en bas de l’échelle sociale étaient presque automatiquement condamnés à une vie de pauvreté.
Les dépenses inappropriées du roi et le fait que le budget militaire engloutisse de très grosses sommes, étaient synonymes d’impôts écrasants sur les gens pauvres ou issus des classes moyennes.