Le Chevalier des Elfes
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Arthur se concentra d’abord sur la possibilité de capturer un ennemi gênant, cela atténua beaucoup les signes de peur dans sa voix. Et puis il eut suffisamment son lot d’horreurs et d’autres spectacles aberrants pour arriver à garder une certaine contenance, dans une situation délicate. Il parvint à découvrir l’identité probable de son assaillant, grâce à son aura, ce mélange de haine pour les vampires associée à l’usage de la magie noire donnait un halo particulier pour les gens capables de percevoir la magie.

Glil l’ignoble eut la désagréable surprise, de savoir que sa tentative d’assassinat contre Arthur le fort avait échoué. En plus la réputation de guerrier exceptionnel d’Arthur le vampire avait augmenté, il avait réussi à mettre en déroute à lui tout seul un néphilim. Le fort avait réalisé un exploit remarquable, les néphilims étaient réputés pour être les meilleurs tueurs de vampires du monde de Gerboisia. Quand ils avaient un buveur de sang dans le collimateur ses jours étaient souvent comptés. Leur organisation était plutôt secrète, une vie pouvait être nécessaire pour récolter quelques renseignements sur eux. Les elfes pensaient que les néphilims, dit les anges exécuteurs travaillaient pour les dieux de la destruction. La majorité des humains estimait que les anges s’avéraient des champions de l’humanité.

Bref selon le camp la vision sur les néphilims était soit franchement négative, soit très positive. Une chose était cependant certaine sur les anges, ils employaient des méthodes plutôt dangereuses et polémiques pour arriver à leurs fins. Ainsi ils endoctrinaient leurs membres, et interdisaient la contestation des ordres des supérieurs hiérarchiques. Le simple fait d’émettre une opinion défavorable sur les projets d’un chef, pouvait avoir des conséquences funestes pour un néphilim.

De plus les anges n’avaient pas peur d’abuser de la magie noire pour être plus puissants. Même si cela signifiait utiliser une sorcellerie très polluante pour l’environnement. En effet les néphilims pour augmenter leurs chances de réussite lors des missions n’hésitaient pas à saccager des forêts et d’autres sites naturels.

Glil quand il retrouva l’assassin chargé de tuer Arthur, vit que le meurtrier était très pâle. Il avait réussi à se refaire pousser un bras mais il souffrait visiblement beaucoup. Glil retrouva une nouvelle fois son interlocuteur à l’auberge du cochon rôti. Il était vraiment en colère, il désirait des indemnités, en plus du remboursement de son acompte pour la tentative de meurtre sur Arthur.

Il considérait comme normal de recevoir au moins cinq cents pièces d’or en compensation pour le préjudice subi. Et puis obtenir une grosse quantité d’or était un excellent moyen d’éviter de devoir s’adonner à des ventes douloureuses comme l’épée magique de la famille pour payer les dettes contractées.

En effet Glil devait honorer des créances pressantes, et ses options en matière de paiement s’avéraient assez limitées. Alors s’il ne bénéficiait pas rapidement d’une grosse rentrée d’argent, il sera contraint d’opérer des choix peu glorieux comme vendre l’arme que se transmettaient les héritiers de sa famille depuis vingt générations de père en fils. Il s’agissait d’une épée de superbe qualité et d’un symbole familial très important. Cet outil de mort valait plusieurs fois son poids en or, il représentait beaucoup pour la famille de l’ignoble.

Malheureusement Glil devait aussi de l’argent à un usurier connu pour couper les doigts de ceux qui essayaient de négocier un délai pour les paiements. Alors comme l’ignoble tenait à conserver des mains intactes, il s’avérait contraint de songer à des solutions presque désespérées afin de garantir le fait de conserver son intégrité physique.

Néanmoins il décida de ne pas pousser sa chance trop loin, obtenir un remboursement de son acompte ne serait déjà pas si mal. Et même s’il voyait l’assassin près de lui comme un élément peu compétent, il conservait quand même de la crainte vis-à-vis des néphilims.

Glil : Je ne vous félicite pas, Arthur a survécu à votre attaque, rendez-moi ce que je vous ai versé comme acompte.

Assassin : Voilà votre argent. J’ai des torts, mais vous avez oublié de mentionner une chose très importante, que la cible était un berserker.

Glil : Qu’est-ce que cela aurait changé ?

Assassin : J’aurais pris beaucoup plus de précautions avant de m’occuper d’Arthur.

Glil : Avez-vous un spadassin plus renommé que vous à me recommander ?

Assassin : Je suis sans doute le meilleur assassin du pays. Autrement je tiens à vous prévenir, ce n’est pas la peine de contacter un autre membre de mon organisation, les néphilims. Notre code de l’honneur nous interdit de tenter de tuer pendant cent ans, une cible qui a survécu à une attaque.

Glil : Même quand la cible est un vampire ?

Assassin : La règle que je viens d’énoncer s’applique aussi aux immondes buveurs de sang.

Les néphilims dit les anges exécuteurs obéissaient à des règles complexes. Par exemple ils évitaient de tuer quelqu’un le jour anniversaire de la fondation de leur organisation, y compris si les circonstances étaient très favorables pour un meurtre. Une autre directive répandue chez les néphilims était l’interdiction formelle de manger de la viande, sous quel prétexte que ce soit. En tout il y avait un millier d’interdits et de lois qui régissaient le comportement des anges.

Glil l’ignoble dormit très mal les jours qui suivirent sa tentative de meurtre, il s’imaginait que l’incompétence de l’assassin qu’il avait embauché allait le conduire en prison pour plusieurs décennies. Glil était connu pour son hostilité envers Arthur, alors il figurait en bonne place sur la liste des suspects.

Toutefois l’ignoble réussit à se composer un masque d’impassibilité, malgré la tension qu’il ressentait. Il n’avait aucun remords pour avoir voulu mettre fin à la vie du fort, mais il était quand même très tendu. Chaque fois que Glil croisait un visage inconnu, il s’imaginait qu’il s’agissait d’une personne chargée de l’arrêter.

Il pensa plusieurs fois se suicider, puis il reprit peu à peu contenance et confiance en lui à mesure que le temps passait. Il dépensa une fortune pour se prémunir des investigations magiques des enquêteurs. Ce serait dommage de tomber à cause d’une attitude suspecte. L’ignoble ressentit une immense joie, quand il apprit que tous les soupçons des enquêteurs officiels à son égard étaient levés.

Toutefois Arthur refusait de croire que Glil s’avérait innocent. Il n’aurait pas été contre secouer très violemment l’ignoble, lui infliger un sévère interrogatoire assorti de coups de poing. Son sixième sens hurlait que son interlocuteur était le commanditaire de la tentative d’assassinat contre lui. D’ailleurs en enquêtant il décela des témoignages prouvant que Glil dépensa beaucoup d’argent.

Certes il présenta un rapport convaincant pour justifier ses paiements, et il pouvait compter sur des témoins pour corroborer ses dires. Néanmoins avec le pouvoir de l’argent, ou un bon niveau de manipulateur, il était facile de pousser à mentir, ou de faire croire qu’un bobard était la vérité. Entendu Arthur n’arrivait pas à faire plonger l’ignoble, à déclencher contre lui un procès. Mais il refusait d’abandonner la riposte. D’accord des enquêteurs expérimentés ne parvinrent pas à démontrer de façon explicite la culpabilité de Glil, mais cela ne voulait pas dire avec certitude que l’ignoble s’avérait innocent.

De son côté Arthur était certain que son ennemi était coupable d’une tentative d’assassinat, il avait beaucoup de haine en lui, et surtout il avait eu une expression particulière quand il apprit que les accusations contre lui s’annonçaient levées. Arthur décela du soulagement, mais aussi un profond contentement, une sorte de bonheur malsain chez Glil qui ne résista pas pendant une brève seconde à arborer un sourire mauvais, une grimace de comploteur.

Alors Arthur s’enquit auprès du général Lancelot pour une poursuite des investigations contre l’ignoble. Il pénétra dans la tente de son supérieur hiérarchique afin que l’enquête sur Glil continue. Avant de parler il remarqua une nouvelle arme bien voyante dans la collection du général, une lance avec un manche en bois noir et une pointe de métal rouge.

Arthur : J’ai une faveur à vous demander mon général. J’aimerai que vous jetiez un sort de vérité sur le lieutenant Glil, pour savoir s’il a conspiré pour m’assassiner.

Lancelot : Le lieutenant Glil a subi un interrogatoire surnaturel qui a déterminé son innocence.

Arthur : J’ai senti une aura liée au Néant émaner de Glil. Je crois qu’il bénéficie d’une aide divine qui lui a permis de camoufler ses intentions.

Lancelot : Des personnes plus compétentes que moi pour détecter le mensonge ont scruté Glil. Je ne pense pas qu’une intervention de ma part te soit profitable, capitaine Arthur.

Arthur : Dans ce cas-là il ne me reste plus qu’une chose à faire.

Lancelot : Capitaine, je sais que Glil a été ignoble avec toi dans le passé, mais ce n’est pas une raison pour entreprendre une action illégale.

Arthur : Ne vous en faites pas, je vais respecter la loi.

Lancelot : Tu me rassures capitaine, pendant un moment j’ai cru que tu allais faire quelque chose d’extrême.

Arthur le fort eut un comportement plutôt déconcertant, il se mit à marcher à quatre pattes, et à renifler par terre. Il suivit une piste basée sur les odeurs grâce à ses sens vampiriques. Heureusement il avait pris comme précautions de mettre un masque, et de se vêtir d’habits de mendiant pour passer inaperçu.

Les gens prirent le fort pour une des nombreuses victimes pauvres de la guerre. En effet dans la région où se trouvait Arthur, il y avait beaucoup de cas de folie. Les ennemis des elfes abusèrent de la magie noire pour essayer de l’emporter. Or ce type de puissance surnaturelle avait comme propriété d’altérer durablement le corps et l’esprit. Quand un pays était confronté à un conflit où des mages noirs intervenaient, le nombre de cas de folie à l’intérieur de la nation pouvait être décuplé.

Arthur se déplaça pendant des heures, les réactions des gens étaient variables. Certains le prenaient en pitié, et lui donnaient une ou deux pièces, d’autres le méprisaient, quelques-uns furent même tentés de lui lancer des pierres. Toutefois le fort réussit à dissuader les individus mauvais de lui jeter des cailloux, en montrant ses crocs, et en émettant une aura lumineuse de couleur rouge.

Arthur par dignité refusait de ramasser les pièces qu’on lui donnait, mais il se montrait reconnaissant et disait merci aux gens gentils. Un groupe de bourgeois voulut s’amuser avec le fort, en lui ôtant ses vêtements, et l’attachant à une croix.

Arthur donna à ceux qui essayèrent de le tourmenter une raclée mémorable, il s’arrangea toutefois pour moduler sa force, ainsi il ne tua personne. Même si l’envie était puissante de mettre à mort les imbéciles qui s’en étaient pris à lui. Le fort arrêta de renifler quand il aperçut l’auberge du cochon rôti, le tenancier le regarda avec suspicion, mais comme Arthur paya tout de suite une bière avec des pièces de bronze, le propriétaire de l’auberge le laissa s’installer à une table.

La salle ne comportait qu’un autre client à part le fort. Ce qui favorisait le recours à une approche directe et frontale, du type aller voir l’individu suspect et lui soutirer des informations. Cependant une stratégie trop audacieuse risquait de produire des effets préjudiciables, d’attirer de manière gênante l’attention. Arthur pourrait toujours essayer d’acheter le silence de l’aubergiste auprès des autorités avec de l’or.

Mais même s’il obtenait gain de cause avec le propriétaire de l’établissement, il se priverait peut-être d’une bonne occasion de nuire aux néphilims s’il choisissait d’approcher tout de suite l’autre client. Il serait probablement plus sage d’organiser une filature, de suivre de loin son interlocuteur, de se faire un maximum discret, et de frapper seulement quand une cachette contenant plusieurs néphilims serait repérée.

La prise de renseignements cela demandait du doigté et de la patience. Néanmoins Arthur était peu disposé à attendre, sa haine contre son agresseur le consumait. Il avait beau tenté de se raisonner, de s’inciter à agir avec retenue, il ne s’avérait pas porter à privilégier une démarche raisonnable. Il ne digérait pas le fait d’avoir été l’objet d’une tentative assassinat, et surtout s’il se montrait trop patient, il pourrait perdre une piste chaude pour inculper Glil.

Or il supporterait mal de perdre un moyen d’exercer des représailles contre une personne qui essaya de le dégrader, le renvoyer de l’armée et de lui infliger des dizaines de fois des humiliations retentissantes. Arthur estimait que le client était l’assassin embauché par Glil pour le tuer à cause de son odeur caractéristique de lilas. Peu d’hommes se parfumaient avec cette flagrance de fleur. Certes cela paraissait léger d’identifier une proie à l’odorat, mais le fort pouvait avoir des sens dignes d’un chien grâce à sa nature vampirique.

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