Le Chevalier des Elfes
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Quand vint le printemps, il fallut repartir en campagne.

Glil fidèle à ses habitudes chercha à saboter le plus possible la réputation d’Arthur. Il essaya de le rendre suspect à cause du fait que son ennemi connaissait quelques rudiments de langue orque, qu’il étudia la manière de parler d’une race vue comme repoussante. Mais les atermoiements de Glil ne servirent qu’à lui valoir des commentaires défavorables. Lancelot veilla personnellement à défendre Arthur, il estimait que c’était le minimum à faire pour honorer un héros comme le fort. Le général était aussi au courant pour les manœuvres particulières auxquelles se livrait Arthur en matière de trafic. Mais Lancelot jugeait que vu le comportement souvent exemplaire sur le champ de bataille du fort, et que les soldats ne se plaignaient pas de ses tarifs et des services offerts, il n’y avait pas de motif valable de sanction.

Et puis même si Arthur manquait parfois de subtilité pour cacher ses ventes liées aux vêtements et aux couvertures de contrebande, il était vraiment inoffensif. Donc selon le général sanctionner le fort serait une démarche sadique. Même si les lois elfiques stipulaient très clairement qu’il fallait être enregistré officiellement auprès d’une guilde et payer des taxes à des organisations de marchands pour avoir le droit de fournir en matériel une armée d’elfes, Lancelot considérait d’un œil bienveillant les petits trafics du fort. Surtout que s’il fallait surtout compter sur les circuits officiels, certains des soldats du général mangeraient rarement à leur faim et grelotteraient l’hiver.

Autant les elfes étaient souvent des guerriers au talent redoutable pour tuer, autant leur intendance officielle avait souvent des ratés. Ce n’était pas tellement un problème de corruption, il existait des elfes avides au point de servir à un argent qui leur était pas destiné, mais il existait un facteur plus préoccupant, la complexité du droit.

Les elfes étaient très attachés à la notion de traditions, l’ennui venait que les coutumes orales et écrites pouvaient se contredire et gêner affreusement l’approvisionnement de certaines troupes. Par exemple le principal politique d’une ville pouvait diviser par deux le nombre de couvertures à donner, et augmenter considérablement le prix du blé vendu aux soldats au nom d’une obscure tradition protégeant son indépendance.

Même si un contrat écrit reliait Lancelot à un fournisseur, le général fut confronté plus d’une fois à des réclamations au nom du droit coutumier. Ses premières années en tant qu’officier suprême d’une armée furent cauchemardesques par moment. Il dut apprendre à négocier avec zèle pour des détails parfois insignifiants, tout cela parce qu’une vieille tradition presque oubliée lui pourrissait l’existence. Le général avait souvent envie de faire manger à certains politiques, leurs chartes coutumières. Ces recueils qui compilaient les traditions donnaient fréquemment mal à la tête à Lancelot.

Il existait dans les royaumes elfes non pas des milliers mais des millions de coutumes plus ou moins connues. Ajouté à cela qu’il y avait souvent des dissensions entre les nobles, les juges, le peuple, et le clergé sur la manière d’interpréter la loi et vous obteniez de manière fréquente un joli micmac aux allures indescriptibles.

Une transaction banale comme acheter quelques miches de pain pouvait tourner au grand n’importe quoi, si vous aviez comme interlocuteur une personne qui avait des connaissances poussées sur les coutumes elfes. Heureusement Lancelot de par un certain talent pour la négociation parvenait souvent à désamorcer les situations problématiques.

Mais il devait de temps à autre s’avouer vaincu parce qu’il affrontait un droit coutumier particulièrement complexe. Il fallait parfois des décennies d’étude pour appréhender l’étendue du droit à l’échelle d’une région, entre le droit national défendu par les rois, les prérogatives locales soutenus par les nobles, les privilèges attenant au clergé, les vieilles traditions orales non retranscrites sur le papier mais considérées comme des acquis par le peuple, il y avait vraiment de quoi faire pour un juriste. Le droit elfique donnait généralement des migraines aux plus courageux. Et les mesures pour simplifier ne servait fréquemment qu’à complexifier, une nouvelle loi c’était de nouveaux sujets d’interprétation.

Le temps passa et au bout de quelques mois, une situation de blocage se présenta pour l’armée elfique à laquelle appartenait le fort. En effet même si Lancelot le général avait une réputation de grand stratège, était appelé par de nombreuses personnes l’elfe victoire, il éprouvait des difficultés à faire traverser à ses troupes un pont. Il plaçait de grands espoirs en Arthur, et il avait une grande confiance dans la majorité de ses subordonnés. Mais il craignait que même les éléments les plus prometteurs de son armée ne soient pas suffisants pour remporter la victoire cette fois-ci.

Lancelot avait un seul ennemi gênant à affronter. L’adversaire semblait relativement inoffensif, vu qu’il mesurait une taille franchement petite comparé à un elfe. Il ne payait pas de mine, mais il empêchait les troupes du général de passer un pont stratégique. Un détour aurait été possible mais il demanderait sans doute de nombreux sacrifices, ou du moins une grosse perte de temps.

Il exigerait des semaines de marche dans une région hostile tenue par des créatures redoutables. En effet si les elfes choisissaient l’option du détour, ils seraient confrontés à des dragons plutôt voraces qui n’hésiteraient pas à les attaquer, ou du moins à exiger des tributs importants pour les laisser passer.

Lancelot échoua à chaque fois à déplacer ses troupes sur le pont, bien qu’il essaya des tactiques variées pour se débarrasser du seul adversaire du pont, un individu ressemblant à un enfant humain hormis la présence d’oreilles pointues. L’envoi de flèches par des centaines d’archers ne conduisit qu’à gaspiller des munitions, la charge de cavalerie se termina en désastre, le recours à des sorts dévastateurs se résuma à une perte pure d’énergie. En désespoir de cause le général convia les guerriers les plus réputés de son armée pour discuter stratégie.

Il ne parlait pas bataille dans sa tente personnelle, mais dans une tente appelée l’antre des stratégies. Elle se caractérisait par sa grande taille qui lui permettait de contenir des dizaines de personnes, et une quantité impressionnantes de livres en rapport avec des tactiques guerrières et des cartes de différentes régions du monde. Cette tente contenait une véritable petite bibliothèque sur l’art militaire.

Lancelot : Messieurs vous n’êtes pas sans savoir que le hobbit Stamoc nous pose de gros problèmes. L’ennui vient du fait que même en l’attaquant à mille contre un, il est capable de l’emporter. Il nous pose un défi, si l’un d’entre vous gagne contre lui, il se constituera prisonnier.

Affronter au un contre un Stamoc paraissait suicidaire, il y eut donc un moment de flottement chez les elfes. Ce qui permit à Arthur d’être le premier à se présenter comme candidat à l’affrontement.

Arthur : Je suis volontaire pour affronter Stamoc.

Lancelot : Sergent Arthur je te remercie de ta bravoure. Autrement je voudrais que tu viennes me parler de ton plan de bataille dans ma tente.

Arthur : Bien mon général.

Lancelot le général s’interrogeait sur le fait d’interdire ou non à Arthur de combattre, il aimait bien son subordonné, et surtout il voulait préserver le moral de ses troupes. Si une légende guerrière comme Arthur se faisait battre facilement, cela inciterait les elfes sous les ordres de Lancelot à considérer leur cause comme perdue.

Le général savait que le défaitisme était une clé pour la débâcle cuisante, et qu’il fallait essayer de voir le côté positif de chaque situation, néanmoins il peinait à trouver un côté favorable à l’existence de Stamoc qui constituait une véritable plaie. Heureusement que cet adversaire par principe moral ou peut-être orgueil se contentait d’affronter les ennemis qui le défiaient, sinon une bonne partie de l’armée de Lancelot se serait retrouvée au cimetière.

En effet Stamoc méritait allègrement son titre de fléau des elfes, il envoya sans trop se fatiguer des milliers d’entre eux dans l’au-delà. Il reçut des centaines de coups d’épée, il encaissa une multitude de sorts offensifs comme des boules de feu, pourtant son corps n’arborait aucune cicatrice. D’après la rumeur Stamoc ne perdit même pas une seule goutte de sang au cours de sa vie, il passait pour invulnérable et invincible.

Le général savait que les rumeurs exagéraient souvent, mais il devait admettre que cette fois ci, les ragots semblaient véridiques. Lancelot vit de ses propres yeux Stamoc mettre en pièces un bataillon complet sans ressentir de fatigue, sans même verser en apparence de la sueur. Le fléau mourrait peut-être un jour, mais le général doutait énormément de voir ce genre d’événement arriver au cours d’un combat armé.

À moins d’user d’une stratégie particulière comme embaucher un dragon, plus Lancelot réfléchissait plus il voyait la solution de recruter un dragon comme le meilleur choix. Il admettait que recourir aux services d’une créature de plusieurs dizaines de mètres de longueur contre un adversaire mesurant la taille d’un enfant humain paraissait assez exagéré. Néanmoins il fallait aussi reconnaître que Stamoc était un sacré morceau. Bien sûr il faudrait que les troupes se serrent la ceinture pendant des mois pour supporter le coût de l’embauche d’un dragon. Mais Lancelot trouvait des arguments pour justifier son acte.

D’abord négocier avec un dragon serait nettement moins coûteux que l’obligation d’en payer plusieurs. Or si les troupes du général choisissaient de ne pas passer par le pont gardé par Stamoc, il faudrait qu’elles déboursent vraiment beaucoup d’argent, et abandonnent de nombreux trésors pour satisfaire les exigences des dragons dont elles traverseraient le territoire.

Ensuite Lancelot ne voulait pas avoir la mort d’Arthur sur la conscience, il reconnaissait que son subordonné faisait preuve d’un grand courage, mais il jugeait aussi qu’Arthur était trop présomptueux. Certes il savait généralement ce qu’il faisait, et il ferait sans doute un jour un officier très compétent. De plus il avait reçu des bénédictions divines renforçant ses aptitudes martiales. Mais le général pensait que combattre au un contre un Stamoc méritait le titre de folie.

Cependant l’air décidé de son subalterne fit un peu vaciller les certitudes de Lancelot. Même si Arthur refusa l’appui d’une arme magique puissante pour se contenter d’une épée solide mais sans propriété surnaturelle.

Lancelot : As-tu bien réfléchi aux conséquences de ton engagement ? Stamoc est un adversaire terrible, il a vaincu facilement un archimage elfe très expérimenté en matière de magie de combat.

Arthur : Je sais que je risque ma vie, mais j’ai la foi. Proélium. Mon dieu m’a envoyé un songe où je triomphais de Stamoc.

Lancelot : À part un rêve, as-tu un stratagème qui te permettrait de triompher de Stamoc ?

Arthur : Oui et j’ai confiance en Proélium, quand j’aurai besoin de son aide, il m’enverra un signe.

Lancelot : Je pense que Proélium est une réalité, mais qu’il aime imposer par moment des épreuves presque impossibles à ceux qui le vénèrent. À ta place je serais méfiant, quand il t’envoie un songe.

Arthur : Pour beaucoup d’elfes Proélium est un dieu impitoyable, mais les faits sont différents, c’est une divinité qui aime sincèrement les berserkers.

Lancelot : Je doute que sa bénédiction suffise à t’apporter la victoire.

Arthur : Vous avez votre opinion, et je la respecte, mais la mienne est différente. Pour moi Proélium est solidaire et généreux avec ceux qui croient sincèrement en lui. Même s’il existe d’autres dieux dignes de confiance.

Lancelot : Libre à toi d’avoir de la piété, cela donne un but dans la vie et aide à tenir dans les moments difficiles. Mais je suis convaincu que tu fais preuve de témérité, pour ne pas dire d’inconscience en voulant affronter Stamoc.

Arthur : On verra, je sais que le défi est difficile, cependant je ne pense pas qu’il soit insurmontable.

Lancelot : Je l’espère de tout cœur pour toi. Tu as beau être humain, tu comptes beaucoup pour les soldats elfes que tu commandes.

Arthur : Personne n’est invincible dans ce monde. Des êtres ayant une puissance supérieure à Stamoc ont été vaincus par des guerriers elfes ou humains.

Lancelot : Peux-tu me décrire ton plan ?

Arthur : Voilà ….

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