Le Chevalier des Elfes
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Arthur était assez déçu que la corne d’abondance ne puisse pas rendre service à l’ensemble de ses troupes. Il avait de grands projets à l’égard de cette partie magique du corps d’un bélier.

Il espérait résoudre pour très longtemps la plupart des problèmes d’approvisionnements en nourriture des royaumes elfes. Certes il prit des mesures comme la stabilité obligatoire des prix alimentaires pour combattre le risque de disette. Mais cela ne suffisait pas toujours pour éviter des tragédies, les adeptes des ténèbres commettaient souvent de grands ravages et pas seulement sur les champs de bataille. Il leur arrivait aussi d’empoisonner les récoltes, ou de comploter comme affameurs pour tenter de contrôler à leur profit de grands stocks de nourriture.

Certes grâce à la magie et à une grande vigilance des autorités elfes, de nombreuses manigances étaient arrêtées avant de trop se répandre, mais par endroit le prix d’un simple morceau de pain atteignait des niveaux astronomiques, ou un peu de viande était un objet de convoitise terrible. Même si le vampire parvenait avec l’aide de ses subordonnés à empêcher quantité de désastres alimentaires, au point que son royaume passait pour idyllique comparé à certains pays gérés par des humains, il arrivait que les suivants de la ruine causent des malheurs graves sur les elfes.

Mais le haut-roi se consola en se disant que la corne pourrait peut-être sur le long terme servir ses objectifs. Ce ne serait pas le premier objet vecteur de magie noire qui finissait par aider la communauté passé un temps d’étude. Néanmoins il faudrait se montrer plutôt patient, la corne était saturée par des énergies corruptrices, il serait nécessaire d’attendre longtemps avant qu’elle ne montre une utilité réelle pour les elfes ordinaires et minces.

Durant le voyage d’Arthur, le calme ne régna pas totalement dans son royaume. En effet des gobelins tentèrent de mener une invasion. Ils étaient menés par Liloth la chef de guerre. Lancelot rassembla des troupes afin de contrer les envahisseurs. Il était en l’absence d’Arthur le responsable des questions militaires. Aussi il mobilisa une armée d’elfes dans le but de s’occuper des ennemis. Il avait assez confiance dans le résultat de la bataille. Les gobelins étaient certes plus nombreux, mais ils n’avaient pas un dixième de l’expérience des vétérans elfes. En outre en matière de magie, et d’armement ils étaient clairement dominés. Lancelot admettait que les adversaires semblaient déterminés, mais il fallait bien plus pour ébranler sa foi dans la victoire.

Les gobelins étaient des êtres à la peau verte, aux oreilles pointues, mesurant au mieux un mètre vingt, ils possédaient un nez de la taille d’une carotte. Physiquement ils arrivaient rarement à dominer les elfes, que ce soit sur le plan des réflexes, de la force, de l’endurance, ou de la vitesse de course.

Cependant Liloth croyait dans une victoire possible. Elle aligna ses troupes selon une configuration disciplinée, elle enseigna à ses subordonnés à agir avec cohésion, et esprit d’équipe. Elle n’était pas très fière de ce qu’elle faisait. Elle aurait préféré nettement commercer et entretenir des relations paisibles avec les elfes. Mais elle estimait n’avoir pas le choix, soit elle organisait un pillage à grande échelle, soit plus de la moitié de son clan ne survivrait pas au prochain hiver. Alors tant pis si elle devait affronter des adversaires redoutables, elle se battrait jusqu’au bout pour préserver les siens.

Elle connaissait le mépris souvent répandu des elfes à l’égard des gobelins, elle comptait profiter de cette caractéristique pour l’emporter. D’accord ses adversaires étaient franchement redoutables, mais Liloth conservait un certain espoir. De toute façon elle n’avait pas le choix, soit elle triomphait et apportait de quoi vivre aux enfants et aux vieillards, soit les faibles se feraient décimer par le manque de nourriture et le froid. Pendant un instant la chef pensa à négocier une reddition, mais elle avait désespérément besoin d’acquérir du butin pour les siens. Alors elle renonça très vite à l’idée de se rendre.

La bataille commença bien pour les elfes, les gobelins se repliaient dès les premiers engagements. Quelques bataillons se sacrifièrent pour retenir les troupes de Lancelot. Devant ce déroulement les elfes perdirent beaucoup de discipline, ils choisirent de foncer pour tuer un maximum d’ennemis. Lancelot eut beau crier de faire preuve de retenue, ses subordonnés agissaient avec peu de cohésion désormais. Ils cherchaient à tuer un maximum d’adversaires. Ils foncèrent ainsi tête baissée dans un piège retors.

Les gobelins préparaient le terrain depuis des semaines. Ils emmagasinèrent une quantité invraisemblable de puissance magique grâce à une ligne de pouvoir. Ils drainèrent les forces surnaturelles contenues dans la terre pour les concentrer dans une sorte de nœud mystique. Or l’énergie accumulée s’annonçait phénoménale.

Liloth avait joué un coup de maître. Encore quelques dizaines de secondes, et elle relâcherait sur les elfes un flux magique tellement dense et destructeur, que les milliers de subalternes de Lancelot finiraient probablement à l’état de cendres. Le pire pour les ennemis de Liloth venait du fait qu’ils semblaient ignorer complètement qu’ils fonçaient tête baissée dans un traquenard vraiment dangereux. Dans moins de trente battements de cœur, un sacré spectacle verrait le jour, une armée elfe se ferait vraisemblablement carboniser par un rayon lumineux vert dévastateur. Un cône d’énergie pure allait probablement faire passer de vie à trépas des milliers de personnes.

Liloth était désolée d’arriver à cette conclusion, elle n’était pas une partisane des massacres, mais ses semblables avaient trop besoin de nourriture pour que la chef se permette de finasser sur les méthodes employées. Des conditions climatiques plus rudes que la moyenne, et les incursions guerrières d’ennemis comme le roi Hertio apportèrent à nombre de gobelins la disette. Aussi Liloth n’avait plus le choix, elle devait organiser à grande échelle du vol de nourriture pour limiter les dégâts de la malnutrition sur les siens.

Un rayon de lumière s’éleva et progressa à grande vitesse vers les elfes, mais il fut stoppé net dès que Lancelot planta son épée dans le sol. Son arme absorbait l’énergie magique projetée, elle luisait de façon prononcée, mais c’était la seule conséquence visible. La lame attirait à elle tout le pouvoir surnaturel stocké par les gobelins, elle vidait à grande vitesse les réserves mystiques entreposées dans le sol. Elle servait de réservoir à un sort d’une puissance colossale, pourtant elle ne semblait pas submerger par l’étendue de la magie attrapée. L’épée demeurait intacte, pire elle renforçait les elfes, elle leur apportait des forces supplémentaires, elle les dotait d’une efficacité guerrière accrue.

Devant ce constat Liloth choisit de déposer les armes et invita les siens à abandonner le combat. Elle misa l’essentiel de sa stratégie sur le piège d’énergie, et maintenant que ce traquenard s’avérait neutralisé, la chef perdit pratiquement tous ses espoirs de victoire. Elle considérait la partie comme perdue de manière incontestable. Elle entendit parler du pouvoir d’Excalibur, mais elle ne pensait pas que cette arme atteignait un tel niveau. Qu’une seule épée suffirait à renverser la donne, à plonger une armée entière ennemie dans le désespoir.

Cependant Lancelot n’était pas sorti complètement indemne de l’utilisation de sa lame. Physiquement il était intact, mais spirituellement il souffrait. Son arme l’invitait à verser le sang de tous les gobelins et des elfes des alentours. Elle lui chuchotait de se comporter comme un fou sanguinaire. C’était triste mais compréhensible, Excalibur n’était pas un outil de mort anodin. Elle était un mélange d’une lame sacrée et de l’épée du Néant, apportant ainsi une puissance extrême, mais aussi un trouble certain pour les personnes non habituées à son utilisation. La lame avait deux personnalités, une attachée aux elfes, et une autre voulant causer leur perte.

Cependant Lancelot parvenait progressivement à dominer son accès de fureur, il canalisait son envie de verser le sang. Il conservait un drôle de regard, toutefois il ne devrait pas commettre de gestes déplacés.

Liloth : S’il vous plaît, épargnez mes soldats, ils n’ont fait qu’obéir à mes ordres.

Lancelot : Mes conseillers me suggèrent de vous massacrer tous, mais je vais être clément. Choisissez cent otages vous inclus, et je veux bien laisser repartir l’ensemble de vos troupes.

Liloth : Merci beaucoup.

Les gobelins furent agréablement surpris par la clémence de Lancelot. Ils s’attendaient à un massacre généralisé, et pourtant la plupart d’entre eux fut libre de repartir vers leur pays. Certes ils connaîtraient des moments difficiles, mais ils ne furent pas abattus comme des bêtes dangereuses, ou emprisonnés dans des conditions ignobles. Beaucoup d’entre eux révisèrent leur opinion sur les elfes, même s’ils regrettaient que Liloth soit obligée de subir un enfermement. Ils appréciaient fortement leur chef, qui donnait beaucoup de sa personne afin de garantir le meilleur avenir qui soit à ses compatriotes.

Elle se caractérisait par un profond altruisme à l’égard de ses semblables. Elle travaillait avec énergie pour combattre la faim et la pauvreté des siens. D’ailleurs elle ne prit pas de gaieté de cœur la décision de mener des pillages contre des elfes, mais elle ne voyait que ce moyen afin de parvenir à empêcher une disette de se transformer en famine. Liloth comptait davantage sur l’agriculture et le commerce pour nourrir les gobelins en temps normal. Mais le roi Hertio mena une série de raids qui aboutirent à la dévastation de régions entières. Alors la chef n’eut pas d’autre option que de prendre des mesures drastiques. Elle ne prenait pas de plaisir à participer à une guerre, mais elle jugeait qu’une situation désespérée méritait des agissements d’exception.

Lutter contre Hertio aurait été tentant mais le roi déploya un vaste dispositif défensif dans le but de préserver ses terres. Aussi Liloth fut contrainte d’orienter son armée contre d’autres cibles. Elle entendit parler de l’absence d’Arthur et des récoltes exceptionnelles de son royaume, alors elle jugea comme une bonne opportunité de viser les domaines du vampire.

Cependant cette stratégie aboutit à un échec monumental, désormais la chef était prisonnière et son armée même si elle était relativement intacte pour le moment, souffrirait bientôt de sévères problèmes d’approvisionnement en nourriture. Alors Liloth résolut de supplier Lancelot d’échanger de la nourriture avec ses semblables.

Liloth : Lancelot, je vous implore de vendre de la nourriture à mon peuple.

Lancelot : Votre peuple n’a pas grand-chose à offrir au mien, et beaucoup des vôtres ont tué des elfes.

Liloth : C’était un agissement désespéré, notre seule parade efficace contre la famine.

Lancelot : Je compatis, mais je ne peux rien faire. Seul Arthur ou le Haut-Parlement est à même de sauver votre peuple.

Lancelot était impressionné par Liloth, cette dernière s’inquiétait sincèrement pour les siens. Elle ne demandait pas d’amélioration de sa condition de prisonnière ou de moyen pour obtenir sa libération. Elle s’inquiétait surtout pour les gobelins sous son autorité. Cependant la chef avait beau manifester un comportement altruiste, elle ne faisait pas avancer beaucoup sa cause. Seul Lancelot et quelques autres elfes lui manifestaient du respect. Tandis que beaucoup de personnes comme Hertio exigeaient la mise à mort de Liloth.

Ainsi la chef passait ses journées à lire ou à faire de temps en temps des parties d’échecs contre Lancelot. Pourtant la situation devenait urgente, chaque jour qui passait apportait son lot de nouvelles préoccupantes. De nombreux gobelins périssaient sous les assauts de la famine ou de la répression de Hertio. Mais Liloth était réduite à l’impuissance, elle n’arrivait pas à défendre son peuple. Elle devait contempler son incapacité à protéger ses semblables du courroux du fer, ou des affres du manque de nourriture.

Alors la chef se mit à prier les dieux gobelins d’apporter un miracle, puis passé une semaine d’absence de réponse, elle se tourna vers d’autres divinités, celles des humains et des elfes. Mais il n’y avait toujours aucun résultat tangible. Alors en désespoir de cause elle implora le Néant. Et là elle reçut une réponse, la formule magique pour concevoir le plus puissant philtre d’amour du monde.

Cependant Liloth hésitait à concrétiser jusqu’au bout la conception de la boisson surnaturelle créant des sentiments. Elle avait peut-être un excellent moyen à sa disposition de retrouver la liberté, et de contribuer à agir pour son peuple. Mais elle savait qu’en matière de magie liée au Néant, il y avait souvent un prix lourd à payer. La chef entendit suffisamment de récits pour savoir que coopérer avec les forces des ténèbres pouvait engendrer des catastrophes. Elle sollicita alors une entrevue de la dernière chance avec Lancelot.

Lancelot : Je suis désolé Liloth mais ta libération n’est pas à l’ordre du jour, et je ne peux pas protéger ton peuple.

Liloth : D’accord, j’ai besoin d’un remontant et d’un peu de compagnie pour tenir le coup, tu veux bien boire du vin avec moi ?

Lancelot : Aucun problème.

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