Le Chevalier des Elfes
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Merlin le haut-mage n’aimait pas les échecs, ainsi il n’aurait pas été contre recourir à un sort de domination sur le roi Hertio pour le contraindre à donner le tableau. De plus le souverain faisait partie des ennemis prioritaires sur la liste noire de la ligue des protecteurs, l’organisation pour laquelle travaillait Merlin. Seulement le haut-mage craignait de commettre un impair, en tentant d’exercer un contrôle mental sur le monarque. Arthur le vampire, son chef suprême le chargea seulement de négocier, pas d’user de sort magique pour obtenir satisfaction.

Il pouvait pardonner facilement les échecs, mais il n’aimait pas du tout les subalternes qui prenaient de grandes libertés avec ses ordres. En effet Arthur considérait l’indiscipline comme un grave manquement dans son organisation. Il ne censurait pas systématiquement les initiatives, et il appréciait les sbires faisant preuve de créativité. Mais il détestait les subordonnés qui outrepassaient de manière notable ses directives. Si Arthur veillait à ce que ses agents soient souvent récompensés généreusement, d’un autre côté il sanctionnait lourdement les subalternes qui transgressaient sans raison valable les ordres de leur hiérarchie.

En prime Merlin malgré sa tendance arrogante apprit à redouter les colères d’Arthur. Quand le vampire exprimait un niveau profond d’hostilité contre quelqu’un, cela signifiait dans beaucoup de cas des ennuis pour l’ennemi. Il fallait des contraintes puissantes pour qu’Arthur ne cherche pas à nuire gravement aux gens qu’il jugeait comme des ennemis dangereux. Il retrouva Merlin dans la tente des complots.

Arthur : Merlin comment se sont passées les négociations pour l’acquisition du tableau ?

Merlin : Elles sont un échec, sa majesté Hertio refuse de me céder le portrait de Thérésa.

Arthur : Très bien dans ce cas, tu voleras discrètement le tableau, et tu essayeras de trouver un moyen de pression contre Hertio pour l’empêcher de repeindre.

Merlin : Si je me fais prendre, j’aurai de gros ennuis qui se répercuteront sur vous, votre haute-majesté.

Arthur : Je te fais confiance pour ne pas être pris par les gardes du palais d’Hertio.

Merlin le haut-mage, pénétra dans le palais de l’angoisse, un endroit qui devait son surnom au sentiment de peur qui tiraillait certains serviteurs. Les domestiques qui se montraient trop curieux étaient souvent retrouvés morts. Le lieu était assez beau, un trésor d’architecture, il ne manquait pas de panache, mais de sinistres histoires circulaient dessus, notamment sur les étages supérieurs. Cependant Merlin était assez audacieux pour ignorer les ragots, et jouer les voleurs sans ressentir de la peur.

Alors il s’avança résolument, une fois qu’il endormit l’ensemble des gardes elfes du palais avec des sorts de sommeil, mais il ne neutralisa pas les gardiens les plus dangereux du palais. En fait il se mit même dans une situation très problématique, car il s’attira le courroux de surveillants très puissants. Les sentinelles restantes après un dialogue rapide optèrent pour jouer avec le haut-magicien. Ce n’était pas tous les jours qu’il y avait une proie capable de leur résister décemment, qui pénétrait dans leur territoire.

Merlin s’étonnait de sa progression apparemment facile dans le palais, il entendit dire que la résidence royale constituait un véritable tombeau pour les voleurs. Pourtant il ne rencontrait pas de résistance spécifique, il se dit que les ragots devaient avoir été colportés par des gens qui souhaitaient décourager le vol dans le palais. Cependant une partie du haut-mage, restait aux aguets, lui soufflait de continuer à faire très attention. Que des ennuis puissants allaient bientôt lui tomber dessus.

Néanmoins Merlin parcourut des dizaines de couloirs et de salles sans rencontrer autre chose que des soldats et des serviteurs endormis. Il se dit que son intuition était un peu détraquée, qu’il devenait pessimiste avec l’âge.

Toutefois le sixième sens du haut-magicien se révéla judicieux, au détour d’un couloir désert, il rencontra deux golems de pierre fermement décidés à le tuer. Les golems étaient des statues animées par magie, qui avaient une apparence d’elfes. La première sculpture ennemie, demanda à son homologue de la laisser se charger de Merlin, elle obtint la permission d’agir à sa guise.

Le haut-mage au prix d’efforts titanesques réussit à éliminer son assaillant avec un enchantement de ténèbres offensives, un sort qui invoquait une obscurité surnaturelle qui anéantissait la vie et la matière. Mais il restait un deuxième adversaire qui ne ressentait pas les effets de la fatigue.

Merlin savait que s’il attaquait frontalement le golem restant, il n’aurait aucune chance de l’emporter. Alors il employa une stratégie déconcertante, il se mit à danser, chanter et jongler. La statue intacte ne comprenait rien à ce qui se passait, le comportement incohérent de son adversaire la poussa à réfléchir intensément. Malheureusement elle ne supporta pas sa concentration importante, résultat sa tête implosa et le dernier golem fut hors service. Les sens magiques du haut-mage l’informèrent qu’un de ses ennemis surnaturels était en fin de cycle, avait besoin de réparations au niveau du système cérébral. Cela incita Merlin à mettre à rude épreuve les capacités de réflexion, d’une des statues animées. Le haut-mage dénicha assez facilement la peinture à prendre dans l’atelier d’Hertio.

Arthur le vampire lorsqu’il vit le tableau ne put réprimer un sifflement d’admiration. Thérésa était une superbe elfe, cette rousse aux yeux verts se caractérisait par une poitrine généreuse, un corps musclé mais néanmoins gracieux, des jambes longues et fines. Le haut-roi comprenait pourquoi Hertio ne voulait pas vendre son tableau. Lorsqu’Arthur remit le portrait à Thérésa son amie, il en profita pour avoir une discussion avec elle dans la tente des complots.

Arthur : Thérésa, pourquoi veux-tu garder le tableau la bellissima, au lieu de le détruire ? En conservant ce tableau, tu t’exposes à te faire accuser de vol.

Thérésa : Ne vous en faites pas votre haute-majesté, je connais une cachette très sûre. Et puis même si ce portrait me gêne j’ai envie de le conserver, détruire une œuvre d’Hertio me chagrinerait beaucoup. Celui que vous avez envoyé voler le tableau n’est pas blessé ?

Arthur : Il est fatigué mais autrement sa santé s’avère très bonne. Mon voleur a été efficace, personne n’a détecté sa présence.

Thérésa : Cela me rassure, je m’en voudrais terriblement si vous aviez des ennuis à cause de moi, votre haute-majesté.

Hertio fut énervé de prime abord par le vol de son tableau, mais il se remit rapidement de cette contrariété. Il s’estimait assez bon peintre pour refaire de manière rapide son œuvre. En outre il disposait d’indices qui mettaient en cause Merlin le haut-mage. Il s’agissait de preuves indirectes qui ne suffiraient pas à déclencher un procès, mais quand même suffisantes pour attirer de la suspicion sur Merlin, et le discréditer.

Or Hertio détestait franchement le haut-mage, il le voyait comme un des principaux artisans de certains déboires notables, comme l’accession sociale prodigieuse d’Arthur le vampire. Il pensait que Merlin était indispensable à ses ennemis, que sans lui ses adversaires seraient nettement démunis. Le souverain s’imaginait que Merlin réfléchissait jour et nuit à des moyens de lui nuire.

Problème, il déraillait. Merlin n’aurait pas été contre transformer Hertio en une marionnette sans volonté. Mais Arthur interdit formellement ce type d’action au haut-mage, il voulait battre légalement le roi, triompher de lui sur le terrain de la politique et de la rhétorique. Même si le vampire ressentait parfois une envie puissante de détruire l’esprit du monarque, il désirait qu’Hertio conserve toute sa tête et son libre-arbitre.

Arthur distribua l’ordre de ne pas chercher à affaiblir ou à maudire le roi en usant de magie. Il souhaitait une victoire nette, franche, et loyale sur le souverain. De son côté Hertio ne put résister à l’envie de narguer Merlin. Il l’invita à venir dans son palais pour discuter en audience privée au sein de la salle du trône.

Hertio : Je vous soupçonne d’avoir volé un de mes tableaux, mais ce n’est pas grave, je n’ai qu’à le repeindre pour réparer mon préjudice.

Merlin : À votre place je ne ferai pas cela.

Hertio : Et pourquoi donc ?

Merlin : Il se trouve que je suis au courant des activités d’un personnage qui aime copuler avec des vaches.

Hertio : Subitement je manque d’inspiration artistique.

Thérésa, malgré son amitié pour Arthur, allait se retrouver impliquée dans un complot contre son ami. Orunaé pensait que l’heure d’abattre certaines cartes étaient venues. Qu’il était temps d’informer Asi le procureur et fournisseur principal de dose de substance à Thérésa de passer à l’action ; de vérifier que les témoins étaient bien prêts à réciter leur texte de façon cohérente ; que les fausses preuves avaient une apparence suffisamment véridique ; et que les sbires corrompus s’annonçaient bien préparés pour causer un scandale monumental contre Arthur sans laisser de piste à remonter.

Orunaé le tressé agissait d’une façon à préserver avec efficacité son anonymat, il mettait souvent un masque lors des réunions avec ses sbires. Et quand il communiquait à visage découvert, il truquait son apparence au moyen de sorts d’illusion. Il croyait d’ailleurs que quand Thérésa aurait rempli son rôle dans la chute d’Arthur, ce serait une simple formalité de la transformer en esclave sexuelle.

Encore un peu de patience, et les scrupules moraux de Thérésa seraient complètement de l’histoire ancienne. Elle pourrait aussi entrer dans les rangs des initiés du Néant. Orunaé avait un désir ardent de compter sur elle pour améliorer son œuvre et former une héritière afin de reprendre le flambeau en cas de mort imprévue. Orunaé était un poids lourd en matière de complots, mais il se sentait plutôt seul, il recherchait donc une compagnie. Et il jugeait que Thérésa serait bientôt le meilleur choix disponible. Déjà même si le tressé blinda son cœur, essaya d’oublier complètement son amour pour elle, il ne parvint pas à étouffer complètement les braises de sa passion.

Et puis il connaissait peu de personnes d’après lui qui méritaient le titre de rivaux intellectuels. Orunaé estimait que les elfes capables de produire une argumentation meilleure que lui se comptaient sur les doigts d’une main. Et la seule personne qui travaillait pour les intérêts du Néant et à avoir le titre d’égal intellectuel s’avérait Thérésa. Ainsi il pensait qu’elle était une perle rare à chérir de manière prononcée. Encore quelques jours et elle devrait être complètement à point, et accepter son amour au lieu de le rejeter.

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