« … Mes amis peuvent être maladroits et seraient capables de te tuer donc ne te retiens pas.. »
D’un mouvement de la main, il fait approcher deux hommes encapuchonnés au visage masqué.
Je n’aurais jamais dû m’éloigner de la route principale, mais comment est ce qu’en un jour j’ai pu finir dans une embuscade comme ça ? Charade m’avait parlé d’une semaine pas d’un jour. Mais peut-être que ça faisait partie de son plan de me faire croire que j’avais plus de temps. Le blond est là pour me tester en tout cas.
Ils font vraiment tout ça pour Léon ? Pour cet homme de main de bas étage ?
Si je joue le rôle du dresseur que j’ai montré dans l’arène ils me laisseront peut-être en vie, mais je n’en sortirai pas indemne. Je me moque d’être passé à tabac et de jouer au pleurnichard pour survivre, mais j’ai mes animaux avec moi et ils peuvent les tuer. Il me reste donc la fuite et le combat comme option. Je n’ai aucune chance de gagner contre autant de personnes. Pas d’information, pas de plan. Il faut que je trouve un moyen de sortir d’ici. Dans ma tête, je pense très fort à Cyrus comme je l’avais fait la dernière fois en gardant le mot « Danger » bien en tête, je ne sais pas comment fonctionne l’espèce de télépathie que j’ai avec lui, mais s’il vient avec des gardes rapidement j’ai une chance de m’en sortir si la fuite est impossible. En attendant, une chose est sûre, je ne vais plus pouvoir jouer la comédie.
Le blond a l’air d’être le chef du groupe et même s’il a l’air relativement jeune, je sais que ça ne veut pas dire grand-chose depuis que j’ai rencontré Falco qui a plus de quarante ans et le corps de quelqu’un qui en a 20.
Les deux hommes derrière lui s’approchent petit à petit et finissent par le dépasser. L’un sort une épée de sous sa cape et avance plus rapidement dans ma direction. Mes stylets sont à portée de main dans mon dos et sont recouverts du poison de Juliette, mais la meilleure chose à faire serait d’utiliser mon arbalète pour faire pleuvoir des aiguilles empoisonnées sur eux. Cependant, elle n’est chargée que d’un carreau simple et j’ai peu de chances de l’armer en plein combat contre deux personnes.
Je dégaine un stylet que je pointe dans la direction de l’épéiste en face de moi tout en me préparant à ce qu’il me charge. Juliette est déjà prête sur mon bras et Micha va devoir rester dans sa poche en cuir pour ne pas prendre de risque. Difficile de lui faire prendre le rôle de vigie si je dois fuir.
Le grimpeur fait un bond en avant et je lui jette un fumigène au visage. Il tombe alors par terre en hurlant et en se tenant la tête tandis que le fumigène continue de se répandre dans les airs. Le produit dans le fumigène n’est pas mortel, mais brûle une fois en contact avec de l’air. En avoir sur le visage n’est donc pas la sensation la plus agréable.
D’un coup d’œil, je regarde le deuxième homme capuchonné qui lui me met en joue avec un vieux fusil. Le blond de son côté ne bouge pas et continue de sourire en me fixant du regard, j’ai bien l’impression qu’il ne participera pas au combat, sans doute qu’il se prend pour le boss de fin.
Je me baisse aussitôt pour éviter un éventuel coup de feu et profite de la fumée pour me cacher.
L’homme au fusil, lui, ne peut pas me voir, mais il a une idée d’où je me trouve et moi aussi. J’attrape mon arbalète et vise l’endroit où il était avant que je ne le perde de vue tout en me déplaçant dans le nuage.
Au moment où je presse la détente de l’arbalète, je peux entendre un coup de feu et un sifflement dans les airs. La balle ne me touche pas et de très loin, mais de mon côté je peux entendre un « Ha ! » suivi d’un gémissement de douleur.
J’approche ensuite de l’épéiste qui est toujours par terre et lui met un coup de pied dans les parties génitales pour m’assurer qu’il ne bougera plus et qu’il arrête de crier.
Le fumigène ne fera plus effet dans peu de temps et je vais en profiter pour réarmer mon arbalète. Je n’ai pas le temps de m’assurer qu’ils ne se relèveront pas. Le carreau était enduit avec du poison et d’ici peu, il sera incapable de faire quoi que ce soit… Sans parler de la blessure qu’il a reçue en se faisant toucher par le carreau.
Vu la vitesse à laquelle je me suis débarrassé des deux premiers, ils ne doivent pas être très forts, mais les autres ne vont pas tarder à me charger en voyant l’état de mes deux premiers adversaires. Le blond est celui qui m’inspire le plus la crainte, mais tant qu’il reste immobile, j’ai sans doute encore une chance. Je n’ai pas vraiment le temps de faire autre chose que de penser à ma survie de toute façon donc reprenons.
Je lève mon arbalète en direction du ciel et tire le projectile avant de me mettre à courir pour me mettre en sécurité.
En sortant de la fumée, je peux voir que le blond est toujours en train de sourire et me fixe. Les mains sur les hanches. Il ne me quitte pas du regard et se met à siffler. Du coin de l’œil, je peux voir plusieurs personnes se mettre en mouvement. Cette fois-ci, ils sont quatre à courir dans ma direction et certains tournent la tête en direction du ciel pour savoir ce que j’y ai lancé.
Intérieurement, je compte le temps qu’il me reste avant que la sphère n’explose. Je dois garder le doute sur ce que je viens de faire pour m’assurer qu’ils ne puissent pas se mettre à couvert. D’un seul coup, la sphère explose avec un léger « Plop » qui résonne dans le ciel et je me jette derrière un arbre. Aussitôt, des aiguilles commencent à pleuvoir sur le groupe et autour de moi. Je regarde le blond qui n’a pas bougé et qui s’est contenté de mettre une main devant le visage pour se protéger. Il ne semble pas plus inquiet que ça alors que je peux voir des personnes qui se cachent comme moi derrière des arbres ou qui se roulent en boule par terre faute de protection. Une fois la pluie terminée je me mets à courir pour fuir. Je n’aurai pas le temps de réarmer l’arbalète maintenant à moins de me servir d’un fumigène, mais je ne suis pas sûr que ça marche deux fois avec eux. J’ai plus de monde derrière moi puisqu’ils ont compris que j’essaye de fuir.
En face de moi, je peux voir un homme attraper un bouclier et brandir une lance dans ma direction. Si je rate mon coup, je finis embroché et je ne vais même pas prendre le risque. J’ai beau avoir la compétence « Parade », je n’ai pas encore eu le temps de la tester à l’entraînement et ce serait trop risqué de faire ça maintenant.
Je change de direction en me servant du boost d’agilité. Micha m’envoie alors un signal depuis ma nuque et en activant immédiatement le partage de vision je peux voir qu’elle a les yeux fixés sur le blond qui braque un pistolet vers moi.
Je décide aussitôt de m’arrêter derrière un arbre pour me protéger, mais le coup de feu n’arrive pas. L’homme à la lance en profite alors et s’approche de moi pour m’attaquer. J’esquive en activant le boost et décide d’utiliser un autre de mes atouts. J’attrape une fiole de ronce et lui jette au visage en la débouchant. Il bloque avec son bouclier et la fiole se brise dessus, mais les ronces sont déjà en train de se propager dessus, l’obligeant à le lâcher. Je profite de sa surprise et me remets à courir en passant d’arbre en arbre pour m’éloigner.
Micha, de son côté, s’est déplacée dans ma nuque pour me permettre de voir derrière moi et je peux voir et entendre le blond qui me tire dessus.
Les balles passent entre les arbres et frappent les troncs. Je n’ai aucune chance de m’en sortir si jamais je me fais toucher, mais j’ai suffisamment d’endroits où je peux me cacher pour m’en sortir et il ne tardera pas à avoir à recharger.
Du coin de l’œil, je peux voir que le lancier est à ma poursuite ainsi que les autres de ce côté de la zone d’encerclement de la dizaine d’autres constituant le reste de l’embuscade.
Le blond finit de vider le chargeur de son arme et aussitôt qu’il commence à recharger je décide de courir et cette fois-ci je n’ai pas l’intention de m’arrêter.
Je saute au-dessus des racines en maintenant le boost actif et cours comme un dératé pour ma vie. Une flèche finit cependant par m’atteindre à l’épaule que je ne peux pas esquiver et tout en serrant les dents je continue ma course.
— On le poursuit ?
— Pas la peine. C’est assez clair qu’il n’est pas juste Dresseur. En ce qui me concerne, j’ai ma réponse.
— Certains sont dans un sale état…
— La faute à qui ? Tu diras à ceux qui se plaignent qu’ils n’avaient qu’à faire attention. Je ne donnerai pas une pièce du contrat à ces abrutis. Perdre face à un gamin… J’irai dire au client qu’il a trouvé son meurtrier. En attendant je veux plus voir l’équipe que tu as ramener, débrouille-toi.
— J’ai promis de l’argent à ces gars.
— Et moi tu m’avais promis des vétérans, on n’a pas toujours ce qu’on veut. Si certains font les difficiles tu n’as qu’à leur dire que le marché aux esclaves n’est jamais fermé.
Je regarde la silhouette de Nomad disparaître derrière les arbres. Ce gamin ne risque pas de s’en sortir de toute façon. Pas avec quelqu’un comme Charade.