La Tour des Mondes
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Chapitre 247 : Une inspiration de géant
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J’esquive une autre attaque du Roi qui semble en avoir assez de frapper du vide. Plus le temps passe et plus les coups sont violents. Je n’ai pas réussi à l’empêcher de boire de l’antidote, d’ailleurs. Vu que mes attaques ne lui font rien, il ne risque pas grand-chose à m’ignorer. Il suffit qu’il pare les attaques sur ses orifices naturels pour être tranquille. Enfin, s’il est bien un Chevalier, mais je n’en suis pas encore sûr.

Cela fait bien deux minutes au final que je joue à pierre contre ciseaux. Étrangement, le Roi continue à devenir de plus en plus volumineux. Il a bien pris 30 centimètres et dix kilos depuis le début du combat et je n’ai pas l’impression qu’il ait fini. Encore quelque chose que je vais avoir bien du mal à expliquer, mais qui doit venir d’une classe que je ne connais pas.

Réfléchir à comment le blesser est difficile. Est-ce que je mets suffisamment de force dans mes attaques ? Peut-être que je prends le problème de la mauvaise façon… Ou alors comme toutes les compétences qui m’ennuient, il y a un secret que je ne connais pas.

En m’enroulant autour de son bras, je plante mon stylet dans son cou d’une main alors que j’enfonce les griffes du gantelet dans son bras. Le Roi se met alors à agiter le bras pour que j’en descende et je me laisse tomber en glissant.

Il essaye de me lancer un coup de pied, mais il n’a aucune technique de ce côté et il me suffit d’une roulade que j’effectue en bâillant pour m’écarter.

Je me redresse en regardant le résultat de mon attaque. Le roi n’a absolument rien au cou, mais mes griffes ont réussi à l’entailler légèrement.

Je me mets à sourire alors que le Roi grimace. Il a compris que j’ai compris. Par contre, je ne suis pas dupe, la première coupure, il m’a laissé la faire. Celle-ci par contre, c’est bien moi qui en suis responsable. La première entaille de Nomad était juste une façon de me dire que c’était possible de l’atteindre et m’encourager à le faire. Une façon pour lui de s’attirer les faveurs du public en montrant que ce n’est pas si facile de me battre.

Cependant, le sérieux sur son visage que je peux lire me dit que j’ai bien compris. Ça et du dégoût alors que je remets en place les os de mon corps.

La compétence de protection à sa disposition n’est pas celle des Chevaliers, mais bien quelque chose d’autre. Tant qu’il sait ou je vais frapper, il sera toujours protégé de mes attaques. Quand il ne le sait pas, par contre, c’est là que j’ai une chance.

« Bravo petit, mais je ne te laisserai pas m’avoir avec du poison. »

Le Roi prend alors une grande inspiration et il commence à grandir à nouveau. Il prend une quarantaine de centimètres en plus, ce qui fait qu’il s’approche des trois mètres de haut maintenant, et son poids semble suivre la cadence.

J’aimerais me sentir inquiet, mais ce n’est pas le cas. Une partie de moi est un serpent qui a pour habitude de s’enrouler sur des corps humains. Plus il grandira et plus je serai à l’aise pour l’escalader et le blesser. Des heures d’entraînement qui servent à ce corps humain et pas au corps reptilien qui dort dans ce corps.

J’ai l’impression qu’il me prend au sérieux maintenant, le combat n’en sera que plus amusant.

Il essaye de me frapper avec un mouvement de sa main, mais je me contente de me baisser, légèrement ennuyé par l’attaque. Il est toujours aussi rapide, mais sa taille me permet de voir les attaques venir de plus loin maintenant.

Alors que sa main passe au-dessus de moi, je tente de placer un coup de croc dans son buste tout en le frappant dans la jambe avec la lame sur la pointe de ma botte. Le croc ne pénètre pas sa peau, mais le coup de pied au tibia semble faire son effet et je peux voir un peu de sang en couler.

C’est bien sûr le moment où Korail décide d’intervenir pour la quatrième ou cinquième fois dans mon combat en feintant Tark pour pouvoir m’affronter.

C’est un peu redondant de sa part, mais je pense que je vais régler son cas moi-même pour être tranquille.

Korail envoie une série de coups de poing avec un rythme impressionnant avant de continuer à charger dans ma direction.

C’est à ce moment-là que le Roi décide de l’attraper par un morceau de sa toge avec deux doigts pour le soulever sans ménagement.

— Laisse-moi le battre !

— Écoute, je suis fatigué par ton comportement. Si tu continues à interrompre mon combat, je m’occupe de toi et plus de lui.

— Je me moque de tout ça !

— Tu me fatigues.

Sans ménagement, le Roi jette Korail qui finit dans un mur, comme j’ai pu l’être tout à l’heure. Je regarde Tark rapidement et il se contente de hausser les épaules.

« Le Roi est à moi ! »

Bien sûr, c’est à ce moment-là que la fille descend de la colline en courant vers le Roi.

« Mais qu’est-ce que vous avez tous aujourd’hui !? Un duel tranquille avec le Dresseur, c’est possible ?! »

La fille se jette sur le Roi qui semble en avoir marre que le combat soit gêné par deux personnes. Des sortes de lames d’énergie violette sortent des mains de la fille. Bien sûr, je suis sur son trajet, mais elle ne regarde que le Roi, comme si je n’existais pas.

« Très bien. Puisque tout le monde décide de faire les choses à sa manière, je vais prouver une bonne fois pour toutes que dans cette arène, JE — SUIS — LE — ROI ! »

Le Roi prend une inspiration encore plus grande que les précédentes et sa taille continue d’augmenter. Il vient en quelques secondes de dépasser les trois mètres de haut et il est encore plus imposant qu’avant.

En se servant de sa main ouverte et de sa force surhumaine, il lance une attaque dans le vide qui répand la poussière dans les airs et bloque ma vision.

« Puisque les débutants veulent se battre, vous n’avez qu’à tous vous en prendre à moi avant que je ne vous écrase ! »

À travers le nuage de poussière, je peux entendre le Roi prendre une nouvelle inspiration encore plus grande et plus longue que les autres. Sa silhouette devient de plus en plus grande et dépasse probablement les cinq mètres maintenant.

« Ça ne m’empêchera pas de te battre ! »

Malgré la réplique de la fille, le Roi se met à rire et continue de grossir. Par réflexe, je décide de m’éloigner pour mieux voir la taille de ce monstre. Je peux l’entendre continuer d’inspirer de plus en plus fort à un point où l’air aspiré dans sa direction crée une sorte de brise.

— C’est un Gargantua ! Une autre version de la classe Ogre ! Il peut grandir autant qu’il veut tant qu’il peut manger !

— Et qu’est ce porc mange exactement ?

— De l’air… Il mange l’air autour de nous !

Alors que Tark répond à ma question, je peux entendre la fille se mettre à insulter le Roi violemment. Korail, du coin de l’œil, semble se redresser et sortir lentement du mur. On dirait qu’il l’a “mieux pris” que moi, mais son état n’est pas terrible.

Sans vraiment faire attention à eux, je décide que c’est le moment de faire quelque chose. C’est à moi de le battre après tout et je n’ai pas envie que l’idée de faire équipe germe dans la tête des trois autres. Je fais déjà une équipe à moi tout seul. Pas besoin d’ajouter les deux personnes qui veulent m’affronter et une fille qui semble fixée sur l’idée de battre le Roi et qui veut probablement me faire la peau.

C’est donc à moi de jouer.

Je fixe le Roi silencieusement qui continue donc à dévorer de l’air pour grandir encore plus. Il a déjà dépassé les cinq mètres et ça commence à devenir ridicule. À ce rythme, mes armes seront des cure-dents pour lui.

« Cette arène m’appartient ! Que peuvent faire quatre débutants contre moi ! »

Et nous retournons à la partie théâtrale. C’est malaisant. Moins que si l’on pouvait mourir, mais quand je vois ce qu’il veut faire avec ce combat, j’ai envie de partir. Ce n’est pas parce que l’on est 4 grimpeurs devant lui qu’il peut suggérer de faire des équipes.

Alors que la fumée se dissipe un peu, le Roi lance un coup de pied qui fait la taille d’une voiture à Korail… probablement dans le but de l’achever. Celui-ci se sert de ses trois bras pour bloquer l’attaque, mais finit quand même par retourner dans le mur qu’il venait de quitter. Vu l’explosion, je ne suis pas sûr qu’il se relève.

Sans vraiment m’y intéresser davantage, je cours en direction du Roi alors que la fille fait pareil. C’est le moment de passer à l’escalade.



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