La Tour des Mondes
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Chapitre 172 : Le dernier au pied de la tour
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Je me réveille lentement sans savoir où je suis. J’ai un peu mal, mais ça a l’air d’aller. Je suis encore un peu confus et j’essaye rapidement de retrouver le fil de mes idées. Je me suis fait enlever. Maliel. Où est-ce que je suis ?

J’ouvre les yeux en grand et regarde le plafond au-dessus de ma tête, rien de particulier. Je tourne ensuite la tête et je peux voir… Fae qui m’observe ? Je suis dans l’aile des dresseurs ? En sécurité donc… ?

Je soupire de soulagement et referme les yeux quelques instants. J’ai réussi à m’en sortir… mais ce n’est pas le moment de se reposer. Maliel…

Je me redresse en jaugeant l’état de mon corps. Je peux probablement marcher, mais utiliser le boost d’agilité semble encore impossible. Je dois m’assurer qu’elle va bien. Je jette un coup d’œil en direction de la sortie et Fae réagit aussitôt.

« Oh non, tu ne bouges pas d’ici tant qu’on n’aura pas discuté un peu.»

Fae me regarde en ayant l’air très en colère contre moi… C’est à cause de l’état dans lequel j’ai dû arriver ici ? C’est sans doute elle qui m’a soigné et il faudra que je trouve un moyen de lui rendre la pareille. Je regarde dans la direction de Fae qui a les bras croisés et semble vraiment en pétard contre moi, et qui n’a pas l’air de vouloir me laisser partir. Cependant, je n’ai pas le temps pour ça. Il faut que je m’assure que Maliel va bien.

Alors que j’essaye de me lever, Fae s’approche rapidement de moi et me gifle assez fort pour que je ne sache pas comment réagir.

– Qu’est-ce que je viens de te dire ? Tu restes là où tu es !

– Écoute… je dois m’assurer que Maliel va bien. Elle était gravement blessée quand je suis revenu du premier monde.

– Tu dors depuis cinq jours. Elle est dans la tour des prêtres et se fait soigner. Et en plus de cela, tu es nu et je préfère éviter de voir ce qu’il y a sous la couverture.

Ah.

Maliel va bien alors ?

J’ai pratiquement envie de retomber dans le lit tellement ça me soulage. Je ne suis définitivement pas en état d’aller jusqu’à la tour des prêtres en vérité.

Je regarde dans la pièce et me rends compte que Micha ainsi que Yuu vont bien et qu’ils sont installés à la table où Fae était probablement avant que je me réveille. Il y a aussi une autre femme assise et on dirait qu’avant mon réveil elles étaient toutes les deux en train de boire le thé. La femme porte des chaussons, un sweater et un jogging, et elle a des cheveux noirs extrêmement longs qui lui arrivent jusqu’aux cuisses. Son apparence semble plutôt banale à part pour ses cheveux très longs, mais sinon je n’ai aucune idée de qui elle est. Une nouvelle dresseuse peut-être ?

Sans vraiment me préoccuper d’elle, je décide d’utiliser le lien pour voir si tout le monde va bien. Micha est sur le point de sauter de la table pour venir me rejoindre, mais je lui dis de se calmer. Yuu a l’air encore un peu fatigué, mais il me rassure rapidement. Il ne reste que Juliette que je ne vois pas… Elle a l’air d’être en train de dormir, mais tout va bien d’après le lien.

« Je suis arrivé ici comment ? »

Dès que j’ai posé ma question, Fae soupire comme si la réponse était évidente. Pendant ce temps la femme assise à table étouffe un ricanement. J’ai raté quelque chose ? La dernière chose dont je me souviens… c’est du somnifère qu’on m’a forcé à boire. C’est un peu confus…

– Ce n’est pas drôle !

– Il ne sait même pas ce qu’il a fait, tu ne vas quand même pas le punir sans lui expliquer ?

– J-Je devrais lui interdire de revenir ici !

– … Et ainsi disparut le dernier dresseur…

– Arrête de te moquer. Tu as bien vu ce qu’il se passe dehors à cause de ce qu’il a fait, non ?

– Oui, oui, et c’est plutôt amusant quand on te connaît. Je n’aurais pas cru que tu condamnerais les portes pour un seul élève. Ta classe redevient populaire, ça pourrait être pire.

-…

– Ne fais pas l’enfant. La situation n’est pas si grave que ça. Moi j’aime bien en tout cas.

Sans ajouter un mot, elle amène la tasse jusqu’à ses lèvres et semble vraiment satisfaite. Je ne sais absolument pas de quoi elles parlent toutes les deux, mais j’ai bien compris que j’en suis le responsable.

– Tu dis ça juste parce que ça ne t’arrive pas à toi. Mais j’ai bien compris que tu étais là pour te moquer. J’aurais ton ego, moi aussi je prendrais ça à la légère.

– Écoute la naine, commence pas à me chercher alors que c’est lui le responsable, pas moi. Je suis juste venu te voir… amicalement.

– Peuh. Tu savais juste que ce serait intéressant de venir. J’imagine que du haut de ta classe, tu dois vraiment t’ennuyer pour rendre visite à la pauvre gardienne des dresseurs.

– Grr…

– Et ensuite tu vas dire que c’est le destin qui t’a amené ici à cet instant précis. Comme si j’allais gober ce que tu sors aux touristes. Laisse tomber et ne dis rien d’accord.

Fae se retourne vers moi et nerveusement, me refrappe la tête. Je ne pensais pas que j’aurais le droit à un tel traitement dès mon réveil. Enfin c’est mieux que d’être avec Charade, mais je ne comprends pas tout ce qu’il se passe.

– Bon, c’est quoi le dernier truc donc tu te souviens ?

– J’étais sur le point de me faire enlever par trois grimpeurs–

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’elle me frappe à nouveau plus fort que les autres fois.

– Donc tu as utilisé la pierre parce que tu étais sur le point de te faire enlever par trois grimpeurs.

– La pierre ? Quoi ?

Comme pour répondre à ma phrase, elle me frappe à nouveau.

– Tu t’es servi d’un artefact capable de détruire des armées pour trois grimpeurs.

– Mais qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ? J’allais perdre connaissance et je ne me souviens pas très bien…

Elle me frappe à nouveau et cette fois-ci je décide de m’éloigner un peu en gardant la couverture pour qu’elle ne puisse plus me frapper. Pendant ce temps, la femme à table se contente de tourner la tête vers le mur en étouffant encore des ricanements.

Fae me regarde comme si elle allait se jeter sur moi pour continuer à me frapper, mais avec les poings cette fois-ci. Dans ma tête Yuu commence à m’expliquer ce qu’il s’est produit pour que j’arrête de passer pour un idiot. À mesure qu’il me parle, je sens graduellement le sang quitter mon visage. De son côté il ponctue la fin de son explication en disant qu’il y a des centaines de grimpeurs qui sont devant les portes de la classe des dresseurs pour poser des questions.

– Ah… Euh… Je…

– Regarde Fae, je crois qu’il a compris et qu’il essaye de dire quelque chose !

Je ne sais pas quoi dire. Même avec les explications de Yuu, j’ai du mal à imaginer autant d’animaux venir à mon secours. Alors que j’ai probablement l’air perdu, Fae se rapproche de moi et me frappe l’épaule en se retenant clairement de me punir plus sévèrement. Je me souviens vaguement d’avoir donné à Micha la pierre, maintenant. Je ne sais même pas comment j’ai fait pour penser à ça. Ça a marché, mais beaucoup trop. Je pensais que ce n’était qu’une sorte de gadget magique quand elle me l’a donné. Mais maintenant, elle me parle de détruire des armées et de contrôler des milliers d’animaux.

– Je n’avais pas le choix…

– Oh, je me doutais que tu dirais ça. J’ai aussi pensé que tu ferais porter le chapeau à ta souris, ou que tu dirais que je n’avais pas à te donner la pierre dans ce cas. J’ai eu le temps de réfléchir à tout ça pendant que tu dormais.

À présent, elle se mord la lèvre comme pour se retenir de me frapper à nouveau. Dans ma tête Yuu essaye de me faire comprendre que quoi que je dise, ça ne sert à rien.

– Qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ?

– Les portes de la classe vont rester fermées jusqu’à ce que la situation se calme. Tu as beaucoup trop fait parler de toi au pied de la tour. Entre cette histoire de guilde qui a mis une récompense pour ta tête et le soulèvement des animaux, tout le monde veut connaître le « dernier dresseur ». Ce qui restera ton surnom jusqu’à ce que je décide de rouvrir les portes.

– Le dernier dresseur ? La classe est fermée… ?

Cette fois-ci elle me frappe bien plus fort, au point que je manque de trébucher sur la couverture et de tomber.

« Bien sûr que non ! C’est devenu ton surnom à cause de ce que tu as fait, j’espère que tu es content parce que maintenant, c’est clair qu’il n’y aura pas d’autres dresseurs avant un moment. Quand je pense que j’avais repris espoir quand tu es arrivé… mais maintenant je vais tout le temps avoir une armée de guignols devant ma porte à cause de ce que tu as fait… »

Elle me frappe à nouveau et ça commence à être difficile d’arrêter ses coups en tenant la couverture.

Je ne me souviens de rien, mais j’ai bien compris que j’étais responsable de la situation.

– Ce n’est pas si grave. Tu en fais des tonnes, Fae.

– Tu veux qu’on parle de ce que pensent les autres Gardiens peut-être ? Ils pensent tous probablement que c’était juste un coup de publicité pour rendre ma classe populaire…

– Personne n’est mort et il n’y aura pas de sanction. Même la Tour n’a pas réagi.

Fae ne semble pas avoir envie de répondre, mais elle me frappe au bras quand même. Bon, j’ai peu de chance d’avoir des bleus vu sa force, mais ce n’est pas agréable. Bien sûr, ça ne semble pas être terminé vu le regard que la femme installée à table me jette et bien sûr, Fae reprend la parole.

– J’ai repris la pierre. Il suffirait que tu t’en serves à nouveau pour que j’aie vraiment des problèmes.

– D’accord.

– De plus, je suis à deux doigts de te bannir de la classe. La prochaine fois que tu te fais remarquer en tant que dresseur sera la dernière.

– D’accord.

– Tu es le seul dresseur au pied de la tour, tu devrais au moins faire en sorte de ne pas me mettre dans l’embarras.

Je réfléchis quelques instants en me mettant à la place de Fae. Si elle m’a donné la pierre, c’était pour me protéger. Mais la pierre est peut-être trop puissante pour ça, un dixième de sa puissance aurait largement suffi. Alors, pourquoi me donner un objet aussi puissant ?

Je me demande si l’objectif n’était pas effectivement de faire un coup de pub à la classe des dresseurs. Fae ne l’admettra pas, mais elle veut sans doute voir apparaître d’autres dresseurs, et je suis sa meilleure chance pour cela.

Le problème, c’est que j’en ai clairement trop fait en utilisant la pierre au pied de la tour, et que les répercussions sont beaucoup trop grandes. S’il y a effectivement des centaines de grimpeurs devant les portes de la classe, c’est impossible qu’elle puisse s’en occuper seule. En plus de cela, il faudra faire le tri entre les curieux et les gens qui veulent devenir Dresseurs en voulant tout de suite le pouvoir que j’ai montré, et qui ne m’appartient même pas.

Et puis commencer par une souris va refroidir beaucoup de monde… Sans parler des effets négatifs du lien… S’il n’y a personne dans la classe, ce n’est pas pour rien après tout.

Nerys me l’avait déjà montré en attrapant Juliette et en serrant suffisamment fort pour me rendre incapable de faire quoi que ce soit pendant un combat. Personne ne s’en est servi contre moi jusqu’à maintenant, mais ça risque d’arriver si je dois me battre contre des grimpeurs.

Tout ça pour dire que recruter des dresseurs débutants est très difficile et qu’à cause de ce qu’il vient de se produire, elle va attirer trop de personnes qui ne sont pas vraiment motivées ou prêtes à vraiment s’investir dans la classe. Ce qui revient à une énorme perte de temps pour elle.

Du coup je vais probablement garder le surnom de « dernier dresseur » pendant encore quelque temps…

Pendant quelques instants, j’essaye de calmer Micha qui, à travers le lien, essaye de me raconter ce qu’elle a fait. Mais c’est difficile de vraiment verbaliser ce qu’elle veut raconter. Elle est très fière en tout cas, mais même si je la remercie pour ça, je ne sais pas vraiment ce que je dois en penser. Je soupire rapidement avant de me rendre compte que je suis « rentré ».

– Je suis content de te revoir. Ça faisait un bail.

– Mouais.

Fae ne me répond pas vraiment et fait mine de taper quelque chose avec son pied. Elle jette ensuite un coup d’œil en direction de la table et de Yuu, puis se tourne à nouveau vers moi en le pointant du doigt.

– Maintenant tu vas me dire comment tu as fait pour dresser un animal pareil !

– Quoi ?

La femme à table semble s’étouffer avec son thé en l’entendant repartir de plus belle. Je ne sais toujours pas qui elle est, mais j’imagine que c’est une amie de Fae ?

Je regarde en direction de Yuu, mais il se contente de soupirer télépathiquement.

J’ai encore raté quelque chose ?

[J’ai essayé de lui expliquer que ce n’était rien de grave, mais elle a du mal à l’accepter. Du coup elle exagère.]

Tu peux développer ?

[C’est très simple, je suis plus intelligent que toi et je maîtrise mieux l’utilisation du lien. Du coup j’inverse un peu le fonctionnement quand je le souhaite. Enfin, à cause de ça et de la fusion avec Juliette, elle a du mal à admettre que je t’accompagne.]

C’est si étrange que ça ?

[Écoute, si tu ne peux pas lire dans mes pensées c’est parce que je bloque le lien. Si tu as fusionné, c’est aussi grâce à moi. J’ai également diminué le niveau du lien, échangé nos corps et ainsi de suite. Pour faire simple, c’est normalement impossible que tu puisses me dresser puisque je suis un être clairement supérieur à toi. Du coup elle a l’impression que tu es mon serviteur. Bien sûr je n’allais pas lui dire le contraire.]

Je vois.

– C’est bien moi qui l’ai dressé, il est juste trop imbu de lui-même pour l’admettre.

[Hey!]

– Je vais avoir du mal à le croire vu toutes les conversations que j’ai eu le temps d’avoir avec lui, sur le fait que tu sois stupide.

– Hey !

« Va t’habiller. On a d’autres choses dont il faut qu’on discute. Tu vérifieras tes compétences en même temps, ça nous évitera de perdre du temps. »

À travers le lien, je peux entendre Micha qui me dit que tout ira bien, mais au même moment, je peux voir dans les yeux de Fae qu’elle semble amusée.



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