La Tour des Mondes
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Chapitre 152 – Passer dans la brèche.
Chapitre 150 – Un repas digne d’un palais Menu Chapitre 151 – Un obstacle après l’autre.

Je continue d’avancer en gardant les mains en l’air, mais les soldats n’ont pas l’air de vouloir s’arrêter. Ils sont encore assez loin, mais si ça continue mon plan va tourner en bataille ouverte.

 

[Tu penses vraiment que ça va marcher ?]

S’ils discutent avec moi, je gagne du temps, pas vrai ? Je ne vois pas pourquoi je devrais en tuer autant tout seul si je peux l’éviter.

 

Les gardes continuent d’avancer et je vais devoir utiliser une autre carte pour espérer avoir une quelconque influence sur eux.

 

« Nous sommes au service de Razeno Gorgè et avons été envoyés le retrouver ! Arrêtez-vous maintenant, je veux parler à votre chef ! »

 

J’étouffe la voix de Yuu dans ma tête qui me dit que ce que je fais est complètement ridicule. Je veux juste ouvrir la discussion donc je me fiche de mentir tant qu’ils s’arrêtent. J’ai bien pensé à dire que nous étions de pauvres grimpeurs qui sont entrés dans le palais pour trouver une cachette, mais cela me semblait être une pire solution que de parler de Razeno.

 

« Halte ! Vous là, quelle est votre relation avec Sir Gorgè ? »

 

Ah, finalement, une réaction. La ligne de soldats se divise en deux et je peux voir un homme chauve qui s’avance pour me parler et qui semble porter une armure plus chère que celle des autres soldats. J’imagine que c’est le moment de mettre les formes et de gagner du temps et peut-être même des informations.

 

– Je suis au service de Sir Gorgè depuis plusieurs mois maintenant et c’est Adelina, ma maîtresse qui m’envoie trouver son père en ces temps difficiles. Nous ne voulons pas nous battre, mais juste confirmer qu’il va bien.

– Jamais entendu parler d’un grimpeur déguisé en assassin au service de Sir Gorgè. Que faites-vous devant les quartiers du Roi ? Vous avez une preuve ?

– C’est que…

– C’est probablement un espion de nos ennemis, avancez ! Pas de pitié mais ne le tuez pas ! Je veux savoir comment il a fait pour entrer ici.

– Hoh ! Attendez ! Vous avez déjà vu un espion… des manges-mots… qui parlent… Bon.

 

J’imagine que j’ai au moins grappillé quelques secondes, mais je vais devoir passer à un autre plan. Je prends mon arbalète et tire en direction de la ligne, mais le carreau se plante juste dans un bouclier sans faire de dégât. Il continue d’avancer en marchant alors que je réarme mon arbalète en me disant que je vais peut-être devoir passer au fumigène paralysant. Le problème c’est que je ne contrôle pas la fumée et qu’il y a un risque qu’elle nous atteigne. Les plantes ne seront pas suffisantes pour arrêter tout le groupe et la bombe aiguille n’aura aucun effet à cause des armures. Cette situation m’énerve. Je n’ai pas envie de me servir de mes autres atouts non plus pour m’occuper d’eux.

J’imagine que je peux me servir de l’astuce de la corde tendue et d’un fumigène pour créer une brèche dans la ligne dans laquelle je pourrais m’enfoncer pour me battre. Sauter par dessus eux me semble être une mauvaise idée à cause des épées. Je continue à passer en revue mes idées, mais je n’ai pas vraiment le choix. Histoire de gagner un peu de temps maintenant….

 

« M-M-M-Manges-mots ! Manges-mots !!! »

 

Je pointe mon doigt derrière eux en ayant l’air paniqué pendant que j’attrape un fumigène avec la main que je cache dans mon dos. Pendant quelques instants je peux lire de la confusion chez les soldats qui s’arrêtent en m’entendant et qui semblent attendre une confirmation de leur chef.

 

« Fu… Ce morveux se moque de nous ! Il n’y a absolument rien derrière nous avan-..Aaaaa… !!! »

 

Ah.

Vraiment.

Les probabilités pour que la situation se dégrade davantage était vraiment infime, mais effectivement la situation s’est vraiment bien dégradée. Comment est-ce qu’un mensonge pareil a pu vraiment se réaliser. Je me fige en voyant la situation devant moi. Derrière le groupe de soldats, je peux voir énormément d’agitation et le bruit du combat. La ligne de soldats à l’avant ne sait pas comment réagir et ils ont l’air nerveux. Au bout de quelques instants ils se retournent pour savoir ce qu’il se passe.

 

Je regarde la scène à travers les yeux de Micha sur ma tête pour gagner quelques centimètres de hauteur et me rends compte que ce sont bien des manges-mots et qu’ils sont armés de Nunchaku. Je réfléchis rapidement à la situation et décide de reculer lentement mais sûrement.

De ce que je sais, le Nunchaku est une arme qui n’est pas à prendre à la légère. Elle a plein de possibilités mais elle demande beaucoup d’entraînement et justement… Quand on sait que les manges-mot maîtrisent leurs armes parfaitement, c’est difficile de faire abstraction de l’horreur qu’ils représentent avec une telle arme.

Leur présence était à prévoir en tout cas. Ils étaient déjà présents dans les couloirs après la cuisine et puisque nous avons ouvert un chemin c’est sans doute encore plus simple pour eux d’arriver jusque là. Comme l’a dit Yuu, il y a des chances que d’ici la fin de la nuit, le palais soit à eux.

Je me dirige vers Maliel en demandant à Micha de garder un œil sur les soldats.

 

– Maliel faut vraiment qu’on y aille…

– Tu as trouvé quoi pour les distraire ?

– Des manges-mots ?

– Aha, sympa comme idée…. Tu te fous de moi ?

– Ils sont cinq ou six contre les soldats. Ils ont des Nunchakus.

-…

-…

-… Ok je me dépêche. Garde un œil sur eux. Qu’ils n’approchent surtout pas.

 

J’ai l’impression que Maliel partage mon inquiétude. Ce qui veut dire que l’on a probablement vu les mêmes vidéos ou films sur terre pour savoir qu’il ne faut jamais s’approcher de quelqu’un qui a un Nunchaku et qui sait s’en servir. Les manges-mot en tiennent deux chacun et c’est probablement un modèle renforcé pour le combat.

Le danger vient aussi du fait que nous n’ayons pas d’armure lourde comme les gardes. Un coup et c’est probablement un os de brisé sans la protection adéquate. Ils ont l’air de tenir le coup, mais je ne suis pas sûr que cela dure longtemps. Je m’approche graduellement de Maliel en espérant qu’elle va finir par ouvrir la porte puisque c’est la seule sortie possible maintenant qu’un groupe de soldats et de manges-mot bloque le seul accès.

 

Maliel finit par se redresser et pousse la porte des deux mains. Alors que celle-ci s’ouvre lentement je peux voir que les manges-mots de l’autre côté semblent avoir percé la première ligne de soldat ce qui n’est pas bon signe.

Je donne un coup de main à Maliel et nous passons la porte, et avant qu’elle ne décide de la refermer aussitôt je passe ma tête pour voir ce qu’il en est des soldats. Ils tiennent bon, mais cela ne durera pas à mon avis.

 

« HEY ! Si vous voulez vous repliez, c’est maintenant ! Par ici ! »

 

A peine ai-je parlé que Maliel me frappe l’arrière de la tête en me disant que je suis complètement stupide. Je peux comprendre sa réaction mais ça ne vaut pas mieux de les sauver ? Je ne compte toujours pas prendre parti dans la guerre, mais si quelqu’un est en danger je ne vais pas rester à rien faire, surtout si ce quelqu’un n’est pas dangereux pour moi ou Maliel, ou notre plan. Il suffira de les assommer si jamais ils sont problématiques. C’est une bonne action, mais au pire nous perdrons juste quelques minutes s’ils deviennent agressifs.

 

Je peux finalement voir le chef des soldats qui semble inquiet de la situation. Il me regarde en se demandant s’il peut me faire confiance. Je me contente de crier que c’est à lui de voir alors que Maliel qui n’est vraiment pas contente de mes actions continue d’essayer de fermer la porte quitte à me couper en deux dans le processus.

 

– T’es sérieux ? On est pas là pour faire dans l’humanitaire, tu as conscience qu’on est là pour piquer l’argent de leur patron ?

– Et alors ? Tu veux les laisser crever ? Si je peux en sauver au moins un, c’est mieux que rien.

– A quoi ça te sert ? C’est un risque inutile !!

– C’est pas parce que tu en vois pas l’utilité que laisser crever quelqu’un c’est bien !!! Me griffe pas !

 

Étrangement j’arrive à sentir que Maliel n’est pas aussi catégorique que d’habitude. Si vraiment elle avait voulu fermer la porte je pense que je n’aurais pas réussi à l’en empêcher.

 

Je pense faire le bon choix.

Pendant que Maliel et moi continuons notre « discussion » sur l’ouverture et la fermeture de cette fichue porte, il semble que le chef des soldats ait décidé de faire un repli stratégique dans notre direction. Même si cela prend du temps, ils finissent un par un à passer de notre côté jusqu’à ce que ce soit les manges-mots les plus proches qui décident d’essayer de rentrer à leur tour en se frayant un chemin à l’aide des Nunchakus.

Les gardes, après nous avoir pratiquement poussé par terre Maliel et moi, poussent la porte pour essayer de la fermer, mais avant que celle-ci ne le soit complètement un mange-mot arrive à passer en sautant du dos d’un de ses collègues. Cependant au lieu de s’arrêter pour ouvrir la porte ou se battre il se précipite en avant et traverse l’endroit pour se diriger vers le grand escalier du hall derrière nous.

Le chef en le voyant faire hurle de ne pas le laisser passer, mais il est déjà trop tard.

 

Maliel ne sait pas trop comment réagir devant les soldats qui se jettent en direction des escaliers et du mange-mot qui se met à fuir. Même pour moi c’est allé un peu vite entre les bousculades des gardes et les acrobaties du mange-mot. C’est comme si les gardes avaient complètement oublié notre existence et dans une telle situation, impossible de l’arrêter alors que les soldats s’agitent dans tous les sens. Le chef des gardes nous regarde alors complètement paniqué et balbutie quelques mots qui ressemble à un merci extrêmement taciturne, puis se racle la gorge.

 

« Grimpeurs, il faut tuer le mange-mot qui vient de passer, mes soldats n’arriveront jamais à le rattraper… S’il arrive jusqu’au Roi… Je vous donnerai ce que vous voulez Grimpeurs, mais remplissez cette mission. »

 



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