La Tour des Mondes
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Chapitre 105 – La Bataille pour le village
Chapitre 104 – Changement de plan. Menu Chapitre 106 – Chute dans les abysses.

Je passe de pierre en pierre sur la jetée alors que des archers me tirent dessus. Le petit bouclier en bois que j’ai récupéré me protège suffisamment pour que je n’aie pas à m’inquiéter, mais ça reste difficile d’esquiver et de parer tout en avançant. Sur les bateaux, je peux dénombrer une dizaine de guerriers au total à raison de trois ou quatre par navire parmi lesquels trois ont des arcs. Tant que je suis attentif et que je me protège au bon moment, il n’y a pas de risque.

Je ne pensais pas que l’entraînement avec les dalles montantes et descendantes de Nerys serait aussi pratique et à part me protéger avec un bouclier tout en avançant je fais exactement la même chose. Je n’ai juste pas de risque de tomber dans des charbons ardents… Juste de mourir ou de me faire extrêmement mal et finir à l’eau.

… Honnêtement, c’est quoi le pire ?

J’esquive une flèche d’un mouvement de la tête et continue d’avancer, il ne reste plus qu’une dizaine de mètres entre moi et le premier navire. Je demande à Juliette de jeter un coup d’œil depuis mon cou sur Icare pour savoir ce qu’il fait. Pour l’instant, il semble fatigué d’après ce que je vois. J’imagine que maîtriser la foudre n’est pas facile et qu’il a besoin de temps pour récupérer. Ça m’arrange, même s’il est capable d’utiliser cette attaque encore quelques fois de plus, il ne pourra pas le faire plus longtemps. Par moment, il tire en direction d’Emy des balles ou des éclairs, mais j’ai l’impression qu’elle a mis sa stratégie en échec en survivant jusque là.

L’océan semble s’agiter en tout cas. La fine pluie qui jusque là tombait doucement devient de plus en plus grosse à mesure que les minutes passent. Un orage arrive et soit ça aide Icare avec ses sorts de foudre, soit ça l’oblige à descendre de là-haut, ce qui est sûr c’est que les maisons en train de brûler ne seront pas complètement dévastées grâce à la pluie et les flammes auront peut être une chance de s’éteindre toutes seules.

Je finis par arriver au bout de la jetée et je peux voir que deux personnes se préparent à me recevoir. Je tire sur l’une d’elles avec mon arbalète avant de la ranger dans mon inventaire et me jette à l’intérieur du navire en esquivant l’épée du guerrier d’un mouvement sur la droite. Je tends le bras et Juliette en jaillit pour mordre au visage mon adversaire qui crie de douleur. D’un coup de pied, je le jette par-dessus bord et me tourne ensuite vers l’intérieur du navire. Je ne vois pas de corps et j’aurais peut-être dû poser la question au guerrier au lieu de le jeter à l’eau comme ça. J’esquive une autre flèche que Micha m’indique depuis son poste d’observation à l’intérieur du port et continue mon chemin.

Il y a au total quatre navires dans le port avec celui dans lequel nous sommes arrivés, sans parler des bateaux de pêche. Je me trouve actuellement sur le quatrième navire qui est à l’entrée du port et il y en a encore un à l’extérieur qui semble amarré à un rocher. Les navires sont reliés entre eux avec des sortes de passerelles en bois et sur l’une d’elles m’attend un autre guerrier qui me menace déjà avec son épée. Je décide de lui jeter mon bouclier au visage et aussitôt il pare avec le sien en se bloquant la vision et en hurlant, comme s’il avait vraiment besoin de me simplifier les choses. Je plante mon stylet dans son pied et recule. Il crie et se plaint, mais avant même qu’il n’ait pu retirer le stylet, il commence déjà à perdre l’équilibre à force de gesticuler et tombe presque de la passerelle. Je récupère mon stylet en le bousculant et continue d’avancer eeeet, bingo ! Dans le Drakkar où je saute se trouve le cor de guerre accroché à la ceinture d’un des guerriers qui m’attend.

Le cor de guerre. C’est clairement le meilleur moyen d’arrêter l’attaque. Si je sonne la retraite, les guerriers n’auront pas d’autre choix que de partir du village. Ou au moins, ils partiront dans l’autre sens en direction des navires ce qui laissera du temps aux villageois pour fuir et puis Emy pourra s’occuper de plus de monde comme ça. Le temps que la situation se clarifie, ils auront perdu du temps, des hommes et peut-être même la volonté de continuer à se battre et fuiront vraiment. Depuis le début de l’attaque le son du cor retentit à chaque fois pour signaler quelque chose, une charge, l’arrêt des tirs sur le village…

Ce plan peut marcher, mais le seul problème c’est Icare.

Si j’ai bien compris l’idée générale, les magiciens se servent de leur énergie mentale que l’on appelle mana pour créer des sorts. La plupart du temps, ils sont liés à un élément comme le feu, l’air ou la terre et dans le cas d’Icare c’est l’électricité ainsi que l’air.

Le magicien doit ensuite faire une sorte d’incantation pour créer son sort.

Comment dire… S’il veut faire un éclair, il doit comprendre à la perfection comment celui-ci fonctionne. Il doit l’imaginer parfaitement dans sa tête. Moins c’est clair pour lui, plus le sort lui coûtera d’énergie, sera incontrôlable, lui prendra du temps et l’obligera à répéter l’incantation jusqu’à ce que le sort ait une forme stable. À partir de là, chacun peut imaginer le sort qu’il veut, tant qu’il le maîtrise et qu’il a l’énergie pour. La complexité change selon le magicien et l’exercice le plus prisé de ce que m’a dit Emy est d’imaginer monter et démonter quelque chose comme une montre par les plus forts. La difficulté est telle que ça demande parfois des mois à certains magiciens pour maîtriser un seul sort.

En attendant, le fait qu’Icare montre de la fatigue indique bien qu’il n’est pas un Druide ou un Chaman et c’est tant mieux.

Si je pense à tout ça, c’est que pour faire court, il a sans doute le pouvoir de changer le cours des choses avec un seul sort et Emy ou moi devons faire quelque chose pour l’arrêter.

Mais revenons-en à ce qu’il se passe.

Apparemment, les guerriers sur les autres navires se sont tous rassemblés sur celui-ci pour m’empêcher d’avancer. Ils n’ont pas l’air d’avoir compris que ce qui m’intéresse c’est le cor de guerre et semblent juste vouloir me tuer. Le cor est à portée de main donc c’est une bonne chose, mais par contre ils sont trop nombreux, vraiment trop nombreux. Ils m’insultent et frappent leurs armes contre les boucliers en rythme pour se donner du courage ou me faire peur.

Derrière moi se trouve trois guerriers, devant moi j’en compte neuf. La situation est assez compliquée. Si je fais tomber la passerelle, je vais ralentir ceux qui sont derrière moi, mais les neufs devant attaqueront. Et à l’inverse si je m’occupe de ceux devant je vais juste me faire attaquer dans le dos. J’imagine que je n’ai pas le choix. Je jette une potion en direction de la ligne de guerriers devant moi en disant adieux à une pièce d’or. Je préfère encore ça au lance-flammes. La potion se brise au sol et un épais nuage pourpre se répand dans les airs tandis que je saute sur la passerelle derrière moi pour faire face au premier guerrier des trois et m’éloigner un peu du nuage.

Il m’attaque avec sa hache verticalement et je me décale sur le côté pour frapper ses côtes avec la garde du stylet et le jette ensuite dans l’eau d’un coup d’épaule. Le deuxième essaye de me transpercer avec son épée, mais j’esquive en me servant du boost. Celui-là a l’air plus rapide, mais ce n’est pas comparable à moi. Tant que c’est un duel, je ne risque pas de perdre, pas après avoir combattu un duelliste deux fois et y avoir survécu. Un coup de genou dans l’entrejambe, et je l’expédie à l’eau lui aussi. Il n’en reste plus qu’un qui tente de me tirer dessus avec son arc. J’esquive la flèche et lui attrape le bras pour lui faire une clé de bras.

À force d’affronter Nerys en duel, j’ai appris quelques techniques, même si elles n’ont jamais marché sur elle. Pendant que je l’immobilise, Juliette sort de ma manche et commence à mordre le guerrier au niveau du poignet pendant quelques secondes. D’un coup de coude au visage pour finir je m’assure qu’il ne se relèvera plus.

Je regarde en direction du nuage qui commence à se dissiper. Les guerriers sont soit à terre soit dans l’eau inconscients. J’imagine que j’ai dépensé mon argent de façon utile avec ce fumigène asphyxiant. Vu le prix, je n’ai pu en prendre qu’un, mais j’ai l’impression d’avoir fait le bon choix. Le produit bloque complètement les voies respiratoires et empêche la personne de respirer pendant quelques minutes. Ce n’est pas suffisant pour tuer dans la plupart des cas, mais ça rend inconscient. Vu le prix je ne savais pas trop quoi en penser, mais c’était moins cher qu’un fumigène somnifère.

Globalement, à part pour les fumigènes faisant juste un nuage de fumée, les autres fumigènes coûtent une somme exorbitante… mais passons.

Je m’approche une fois que je suis sûr que le produit s’est dissipé.

Je passe au-dessus des guerriers inconscients et attrape le cor de guerre. J’imagine que ça me fait un objectif sur deux de rempli. Emy sur la plage continue de se battre contre les guerriers qui sont en face d’elle et vu le nombre de corps sur la plage ou dans l’eau je dirais qu’il y en a bien une soixantaine de morts ou de blessés, si ce n’est pas plus. Il en reste au plus une vingtaine debout sur la plage éloignée les uns des autres et qui tentent de fuir dès qu’Emy approche un peu trop.

Je range le cor dans mon inventaire et tourne mon regard vers Icare, il semble avoir récupéré totalement, peut-être qu’il a pris une potion pour récupérer son mana. Difficile de savoir dans la pénombre et la pluie ainsi que les éclairs au loin.

Mais à présent, c’est à son tour d’être attaqué.



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