La Tour des Mondes
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Chapitre 53 – Premiers vols entre amis
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Après un quart d’heure a essayé de me débrouiller pour escalader le mur et n’ayant pas suffisamment confiance en mes capacités à partir de deux mètres de haut, Maliel a décidé de venir m’aider.

« Regarde. Tu plantes une des griffes dans une faille dans le mur et tu essayes de te suspendre, c’est là que tu comprendras l’utilité. »

Effectivement, elle avait raison. Je peux sentir un certain poids sur mon poignet, mais étrangement le gantelet semble me permettre de m’accrocher sans avoir besoin de forcer sur la prise. J’ai beau n’utiliser qu’une griffe elle me permet d’être complètement accroché au mur sans avoir besoin d’autre prise. Le poids semble réparti à l’intérieur du gantelet et c’est sans doute grâce aux tiges que j’ai pu sentir en le palpant.

Normalement avec un doigt je ne devrais pas pouvoir suspendre tout mon poids, mais tout semble être réparti sur le gant jusqu’au poignet. Le doigt concerné force bien sûr, mais je peux sentir le reste de ma main travailler aussi.

« Bien sûr, tu abîmes la lame en faisant ça et tu devras l’aiguiser régulièrement et fais attention à ce que le mur ne lâche pas. Maintenant, descends de là. Je dois te montrer comment on s’en sert pour voler.

La première chose à comprendre c’est que ce sont les griffes qui sont le plus utiles. Imaginons que quelqu’un ait une bourse à sa ceinture. Tu devrais normalement essayer de la détacher discrètement pour la récupérer et partir. Avec le gantelet et un peu de précision, tu peux couper la lanière et te servir des autres griffes pour accrocher la bourse sans la faire tomber ou la déchirer et répandre le contenu par terre. Chaque doigt a sa propre utilité ; avec de la pratique, tu te rendras compte que dans certaines situations tu préféreras utiliser telle ou telle partie du gant. Bien entendu, tu peux t’en servir pour fuir sur un toit et c’est ce que j’aurais fait si je l’avais eu quand tu m’as poursuivie dans la ruelle. Donc maintenant on va t’entraîner un peu pour ça. Je vais me contenter de marcher avec ma bourse et ma besace dans le dos. Tu choisis ta cible et je te donne des conseils d’accord ? Je ne m’attends pas à ce que tu sois discret de toute façon. »

*

Juliette se moque de moi très ouvertement à travers le lien. Micha est juste en train de partager ma gêne alors que je cours à toute vitesse hors de la tour des voleurs. Maliel est derrière moi avec une dague à la main et un regard furieux que je peux sentir sans avoir besoin de me retourner. L’entraînement se passait bien, enfin « bien ». C’est relatif maintenant.

Après quelques tentatives difficiles où j’avais l’impression de ne pas trop mal m’en sortir, j’ai gaffé. Enfin, je crois que c’est moi qui ai gaffé, mais je ne sais pas si ce n’est pas Juliette qui a joué sur le lien pour me faire agir comme ça. J’ai l’impression qu’elle s’est rendu compte comme moi que les excès de sentiments à travers le lien pouvaient me faire réagir différemment. Après plusieurs commentaires insultants de Maliel sur ma technique et qui avaient le dos tourné, elle a décidé de faire un commentaire sur le fait que c’était comme de toucher une fille, mais que « Oh », je n’en avais probablement jamais touché de ma vie.

J’ai fini par lui mettre une fessée… avec le gant et les griffes… parce que j’étais irrité.

Si ça avait était une « petite tape » peut-être que Maliel n’aurait pas réagi comme ça, mais c’est le genre de fessée qui résonne suffisamment pour que l’on s’en souvienne pendant longtemps sans parler des griffes.

Je soupçonne Juliette d’être responsable et vu qu’elle avait envie de se venger parce que Maliel m’a poussé tout à l’heure, ça ne serait pas étonnant que ce soit le cas.

En tout cas, j’ai l’impression que mon entraînement à la course est en train de payer puisqu’elle n’arrive pas à me rattraper dans les rues remplies de gens. Ce n’est pas exactement à ça que je m’attendais comme première course-poursuite pour ma vie.

Je bouscule la foule sans ménagement et parfois des gens tombent par terre derrière moi. Je suis même parfois obligé de me servir de mon boost d’agilité pour esquiver des groupes.

C’est là que Juliette me suggère quelque chose. Quitte à bousculer les gens autant en profiter pour voler quelque chose et effectivement je considère qu’elle n’a pas tort sur ce coup-là. J’ai toujours le gantelet et Maliel aura une raison de ne plus vouloir faire ce qu’elle a envie de faire avec cette dague. D’ailleurs, d’après ce que j’ai compris de ce qu’elle me crie, il y a un principe d’œil pour œil qu’elle souhaite appliquer.

Ok. Très bien, j’ai besoin d’une pièce de toute façon, pourquoi pas l’obtenir maintenant ? Je demande à Juliette de se tenir prête au cas où j’aurais besoin d’elle. Micha, elle, doit surveiller où se trouve Maliel et je lui demande de passer à l’arrière dans la besace pour me tenir au courant.

*

À grand renfort de boost d’agilité je frôle les gens et en me servant du gantelet, j’arrive à prendre trois colliers avec une pièce chacun au total, mais je ne dois pas être très précis puisqu’aussitôt que je m’éloigne en courant les gens me poursuivent à mon tour et maintenant j’ai quatre personnes qui souhaitent me rattraper. J’ai d’ailleurs perdu Maliel de vue, mais je suis sûr qu’elle n’est pas loin. Ça fait 15 minutes que ça dure et même si le rythme est moins difficile qu’avec Nerys je vais finir par me faire attraper surtout si je prends en compte que je vais finir par sortir du quartier des voleurs si je continue comme ça.

Après un long sprint, je décide d’utiliser mon avance pour escalader un mur dans une ruelle tout en étant à bout de souffle. Le mur que j’ai choisi fait partie d’une maison à deux étages et petit à petit je me rapproche du sommet. Bien sûr, la chute ne sera pas agréable, mais je pense que je m’en sortirai correctement vu que le mur est recouvert de prises en tout genre et que j’ai le gantelet de félin ainsi que mon boost d’agilité.

Je finis par atteindre le sommet vivant. En dessous de moi, les derniers poursuivants me jettent des pierres tout en restant en bas. Je peux entendre leurs insultes, mais je n’y fais pas attention. Je me hisse le plus vite possible en me remerciant moi-même d’avoir acheté une protection dorsale qui me protège des pierres.

Je m’effondre alors sur le toit et tente de reprendre mon souffle après avoir fini de m’y hisser. L’utilisation du boost est vraiment exténuante. C’est à ce moment-là que la silhouette de Maliel se découpe au-dessus de moi. Par réflexe, j’active une dernière fois le boost pour esquiver et le poignard qu’elle avait dans les mains se retrouve planté là où était ma tête.

Bien entendu, c’était la fois de trop et tous les muscles de mon corps m’implorent de ne plus me servir du boost pendant quelque temps. Je pourrais y remédier avec une potion de vitalité, mais je ne pense pas qu’elle me laisse le temps de le faire.

— Je suis désolé, ok !? Je ne voulais pas faire ça alors ne me tue pas ! Regarde j’ai récupéré quelques trucs pendant que je courais !

— Tu te rends compte de ce que tu as fait j’espère ? Non seulement après m’avoir demandé mon aide tu te comportes comme ça, mais tu vas réussir à nous mettre à dos tous les voleurs de la ville, tu le sais ça ?

— Q-quoi ?

— Tu crois que normalement les vols sont comme ça et attirent autant d’attention ? Tu dois te servir de discrétion ! Pas couper la gorge des gens pour récupérer un collier avec une pièce. Ne recommence jamais ça où tu te feras tabasser dans les ruelles voire pire.

— J-je, d’accord…

— Pour ce qui est de ce que tu as osé me faire…

Maliel avant de finir sa phrase me frappe le visage du poing et me brise le nez alors que je suis paralysé par la fatigue.

« On va dire que nous sommes quittes pour l’instant, maintenant donne-moi les pièces. »

Je lui tends ce que j’ai réussi à récupérer en me redressant tandis que du sang coule de mon nez en grande quantité et tache un peu plus ma chemise. Elle attrape les pièces et m’en jette une au visage sans ménagement en me disant que le compte n’y est pas et que j’ai intérêt à faire mieux que ça la prochaine fois.

Je ne suis pas vraiment en colère pour ça. Bon en temps normal j’aurais rompu les ponts directement si quelqu’un m’avait frappé, mais j’ai besoin d’elle et elle le sait. J’ai joué au voleur cet après-midi et clairement j’ai fait n’importe quoi, sans parler de la fessée qui n’était pas « nécessaire », même si ça valait le coup avec le recul, puisque moi aussi j’avais envie de me venger… mais pas comme ça. Je n’aurai qu’à punir Juliette plus tard.

Maliel sort alors un large collier de pièces de sa besace et rajoute les deux pièces ainsi qu’une vingtaine d’autres. Elle remarque alors mon regard surpris.

« Quoi ? Tu penses vraiment que j’allais te poursuivre et ne pas profiter de la zizanie que tu as mise ? Quitte à ce que tu risques de me faire une mauvaise réputation autant que ce soit pour plus que ce que tu as ramassé. Toi de ton côté, les gens vont finir par t’appeler le dresseur fou si tu continues comme ça donc tiens-toi à carreau jusqu’à demain. Je vais essayer de parler aux autres pour arranger les choses, mais ça devrait aller. Tu n’es pas le premier bleu à faire un coup de ce genre. »



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