— La cinquième et dernière épreuve de notre voyage scolaire ! crie Maeda en s’étirant.
Je me cache sous ma couette, et pense.
Une sacrée humeur matinale.
Le jeune garçon s’approche de moi et retire mon enveloppe protectrice d’un air enjoué.
— Yamazaki-kun, t’es dispo aujourd’hui ?
Ce serait peut-être pas mal que je sympathise avec les gens de ma classe, ça pourrait m’éviter de me taper Anzu à chaque travail de groupe.
— Euh… ouais sûrement, pourquoi ?
— On aimerait aller à la plage avec Yamaguchi-kun et Inoue-chan.
La plage ? C’est devenu le point de rassemblement des normies ou quoi ?
— Inoue-chan ? C’est qui ?
— Aneko Inoue, sérieux Yamazaki-kun, comment tu peux ne pas connaître l’idole des secondes ! C’est notre camarade de classe, et aussi une excellente pianiste ! Dans quel monde vis-tu, tu me dépasses, ricane-t-il.
Je me serais passé de son rire.
Elle est si importante que ça, Aneko Inoue ?
— J’sais pas. Mais ouais, je viens.
J’crois que j’dois m’intéresser aux autres personnes.
— On prévient Shimizu-chan, me dit-il en me faisant un clin d’œil.
J’ai déjà beaucoup moins envie de venir…
Nous retrouvons les filles et partons ensemble à la plage. Sur le chemin, je remarque que des groupes se sont naturellement formés, sans doute par affinité. Anzu est à côté de moi et devant nous, mes deux camarades de chambre encerclent Inoue, et lui pose des tas de questions.
Ils doivent sûrement te faire autant chier que moi…
Nous nous promenons au bord du littoral. Sous un soleil matinal, le vent effleure ma peau, sa douceur atteint lentement les poils de mes bras et me berce sensuellement.
C’est… C’est pas le vent ?! C’est Anzu qui caresse mon bras !? Mais pourquoi ?
Tout à coup, Anzu, d’un air enjoué, propose.
— On va plonger, les amis ?
Tout le monde adhère à son idée alors nous enfilons notre tenue de plage et partons nous baigner.
Au loin, je remarque que Yamaguchi et Maeda s’amusent avec Inoue.
Quelque chose cloche.
Si Anzu pouvait arrêter de m’éclabousser avec l’eau peut-être que je pourrais vous conter ma pensée.
Je simule une envie d’aller aux toilettes, pour réfléchir.
Les garçons semblent forcer Inoue à jouer avec eux. Si je le vois, tout le monde le voit. Elle a le visage neutre, ne leur adresse pas le moindre regard. D’ailleurs, ce dernier était dirigé sur moi, non ? Pourquoi elle me fixait autant ? Pourquoi me dévisage-t-elle autant ? Les relations sociales, j’y comprends rien, c’est un délire, sérieux.
Je retrouve mes camarades et analyse Inoue.
Elle a une silhouette féminine qui séduirait n’importe quel homme. Elle doit avoir le double, peut-être même le triple de la poitrine d’Anzu. Des cheveux longs, noirs et lisses. Et c’est une sorte de frange qui cache son doux visage ? Attends, mais elle sort d’un eroge cette fille ? Elle est vraiment canon.
Soudainement, ses yeux couleur noisette croisent mon regard.
Elle rougit ? Je l’intimide tant que ça ? Bordel pourquoi mon cœur bat à cette vitesse-là ?
On doit partir, on doit absolument partir, j’vais faire une crise cardiaque, c’est certain.
La fin du calvaire se rapproche, il ne restait plus que le voyage retour.
Nous montons dans le bus pour rejoindre la préfecture de Yokohama.
Dans l’autocar, Inoue s’approche de moi timidement.
— Tu eux bien, bien qu’je m’stalle côté toi, Yazaki-kun ?
Incroyable, j’ai absolument rien compris.
— Elle veut aller à côté de ce sale otaku ?
— Sérieux ? Notre idole s’abaisse à un gars pareil ?
— Impossible je peux pas y croire.
Elle veut se mettre à côté de moi ?
Je contemple son visage, et admire son sourire et ses pommettes rougeâtres.
Je me décale, et lui dis.
— Assieds-toi ici si tu veux, Inoue-chan.
Très mystérieuse cette fille… Par contre, j’ai vraiment plus de temps pour moi pour être seul.
Prise de fatigue, Inoue s’effondre brusquement sur moi.
Qui, que, quoi ? Je suis censé faire quoi là, exactement ?
Je reste immobile, ne sachant quoi dire ou quoi faire.
Son cou, si proche de mon visage, me transmet l’odeur de son parfum.
De la rose, bordel elle sent tellement bon !
— Elle dort sur l’épaule de l’otaku ?
— Impossible, elle doit sûrement se moquer de lui, c’est un crétin ce mec !
— C’est clair, toucher une merde comme lui ce serait un supplice pour elle.
Sacrée ambiance dans ce bus.
Yamaguchi et Maeda remarquent eux aussi Inoue, nichée sur mon épaule, et en profitent pour se moquer.
— Yamazaki-kun le tombeur, Yamazaki-kun le tombeur, chantonnent mes deux anciens camarades de classe.
J’vais avoir une de ses réputations, ça va être horrible. Adieu, courte vie.
J’ai deux khukuris au besoin, me souffle Kinari énervé.
Tais-toi, le psychopathe.
Anzu, silencieuse, semblait agacée lorsqu’elle a entendu la chanson des deux garçons.
Je veux rentrer chez moi, tout de suite.. Mon sanctuaire me manque.
Arrivés à la gare de Yokohama, le bus s’arrête. Je réveille Inoue en secouant son bras.
— Où suis-je ?
Là, t’es sur mon épaule…
Elle se frotte les yeux, puis s’écrie.
— Sorry, Yazaki-kun ! Je voulais m’domir sous toi.
Elle fait une erreur sur mon nom de famille, mélange l’accent de l’Hokkaido et l’anglais, c’est quoi cette tarée encore ?
— Oups, souffle-t-elle en cachant son visage.
Quelle idiote.
— C’est pas grave, Inoue-chan.
Elle retire ses mains de ses yeux.
— Tu… tu connais mon nom ?
— C’est Maeda-san et Yamaguchi-san qui me l’ont donné.
Elle détourne le regard, puis nous sortons du bus.
Tu en fais beaucoup trop, répète sans cesse, Kinari blasé.
Tu n’as pas tort, vieux frère.
Je rentre à mon appartement et observe Chizu qui accourt vers moi avant de sauter dans mes bras.
— Grand frère, tu m’as tellement manqué !
— Toi aussi Chizu, tu vas bien ?
— Oui, merci ! D’ailleurs grand frère, t’as une surprise dans ta chambre !
Une surprise ?
— Ah ? Je vais voir ça.
Avec appréhension, j’ouvre la porte puis sursaute en criant de toute mon âme
— Yui Yuigahama est réelle !?
C’est ça mon cadeau ?
Je me frotte les yeux, et regarde de nouveau.
— Ah c’est toi, Ôta-senpai, tu m’as fait flippé !
Ôta est assise sur mon lit, un livre à la main.
Notre présidente se lève timidement, pose ses mains contre ses pommettes, et me confie d’une voix sensuelle.
— Désolée de t’avoir fait peur, j’avais simplement envie de te retrouver, aujourd’hui Ki-na-ri.
— Kinari ? Tu m’appelles par mon prénom ?
Quand est-ce que ce bordel va se terminer ? J’en peux plus, sérieux, j’suis claqué !
— Shimizu-chan le fait, elle… je n’ai pas le droit, moi ?
Chizu m’a souvent expliqué ce qu’est la jalousie. J’avais qu’un vague souvenir de cette leçon, mais c’est sans doute ça que ressens Ôta-senpai.
Masuko attrape mon bras, pose son regard sur le mien, puis me murmure d’une douce voix.
Cette proximité, j’vais faire une crise cardiaque.
— Tu me manquais, Kinari.
— Quoi ?
— Tu m’as manqué, imbécile !
Le manque ? J’vais tomber dans les pommes.
Bouleversé, je ressens une sorte d’électrochoc en moi. Mes poils se hérissent, et mon visage ne sait plus quelle expression adopter.
Je garde le silence.
Elle retire doucement son emprise, me regarde avec ses yeux bleus, me salue de la main, puis s’en va.
Je m’étale dans mon lit, et déclare.
— J’étais à deux doigts de faire une crise cardiaque, là. Bordel, elle a toujours été aussi adorable cette fille ?
Chizu m’appelle pour le dîner.
Quel délice, c’est mon plat préféré, le curry accompagné d’un peu de riz, un régal.
Après le repas, Chizu s’approche silencieusement et me demande.
— Ferme les yeux, grand frère.
Que souhaite-t-elle ?
C’est étrange, mais je peux lui faire confiance, alors je l’écoute.
Je sens Chizu qui m’étreint avant de m’avouer d’un ton plein de sincérité et d’amour.
— Je t’aime, grand frère !
Chizu est vraiment attentionnée en tant que sœur. Elle n’a pourtant que quatorze ans, mais sa maturité démontre qu’elle a une sagesse que je ne possède pas, et que je ne posséderait jamais.
Je lui réponds, le sourire aux lèvres.
— Moi aussi je t’aime, Chizu.
Chizu est la seule personne, jusqu’à maintenant, à qui j’ai prononcé ces mots.
Eroge : Jeux à choix érotiques japonais.
Yui Yuigahama : Waifu du triangle amoureux d’Oregairu.