Kirameku Sukafu [Terminé]
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Chapitre 3 – Recontre avec ma gêne.
Chapitre 2 – Rencontre avec la présidente du club. Menu Chapitre 4 – Rencontre avec une otaku déguisée.

Ça fait déjà une semaine que je n’ai pas revu Shimizu.

La veille, Chizu s’était endormie tard et était nichée dans son lit. Seul, dans cette maison silencieuse, je contemple les nuages à travers la fenêtre et me demande.

L’héroïne des normies sera présente, aujourd’hui ?

Devant le portail de mon établissement, je balaie d’un coup d’œil la cour à la recherche de ma camarade de classe et la découvre à côté d’un cerisier. Elle accourt à toute vitesse dans ma direction et laisse son écharpe s’onduler.

Un cerisier… cette écharpe, c’est quoi ce sentiment bizarre ?

Elle s’arrête devant moi. Sans aucune force, elle pose son poing sur mon front, par peur, je ferme les yeux.

— Ne me fais plus jamais une chose pareille !

J’ouvre les paupières, devant moi se dresse cette normie. Des larmes coulent lentement sur ses joues.

Chizu m’a dit que pour retirer nos regrets, les excuses suffisent. C’est bien ça, sœurette ?

J’écoute son conseil et m’incline pour me faire gracier.

— Désolé, Shimizu-chan.

Elle se retourne, et précise.

— On va être en retard si on reste ici, idiot.

T’as pas tort.

Je relève la tête et découvre un sourire à la place de ses larmes.

Les conseils de ma sœur fonctionnent si bien ?

Elle attrape ma main et me traîne jusqu’à notre salle de classe.

Quelle douceur dans le toucher… Ses doigts sont si fins… C’est aussi agréable que ça, le monde en 3D ?

Après m’être assis, obsédé par le fait de suivre les conseils de ma sœur, je réfléchis à un moyen de me faire davantage pardonner.

Même si je suis un solitaire ou un idiot, cette fille fait partie de mon club. Elle est censée venir chez moi pour travailler sur notre journal. Je dois à tout prix trouver quelque chose pour qu’elle m’excuse entièrement.

J’ai peut-être la solution ! Notre jeu, celui dans lequel nous transmettons des messages par le biais de petits bouts de papier, était ma réponse.

Avec conviction, j’ai sorti mon carnet et ai écrit : que puis-je faire pour que tu me pardonnes ?

Je déchire un morceau, et le pose sur la table de Shimizu, à ma droite. Elle le récupère, puis le lis.

Là, j’ai fait une action de normie, ça va lui plaire.

La jeune fille lève les yeux au ciel, sourit, puis recopie quelque chose avant de me le rendre.

C’est quoi cette réaction ? Positif ? Négatif ?

Je le rattrape, et consulte.

Tu n’as qu’à m’emmener à la plage, idiot.

Le dernier mot était obligatoire ?

À la plage, comme Ôta-senpai…

C’est ça que ma sœurette appelait « jalousie » ?

Je tends mon pouce en l’air pour acquiescer.

Le soir même, notre professeure principale m’a rappelé que sa fille passerait chez moi après les cours, pour mes leçons.

Moi aussi j’dois bosser, j’veux pas décevoir Ôta-senpai !

J’attends Shimizu au portail de notre lycée, pour aller à la plage.

— Yamazaki-kun !

Ne crie pas mon nom si fort !

Elle s’approche de moi.

— Je suis trop contente que tu m’aies invitée !

J’ai pas eu le choix.

Sur notre chemin, nous avons discuté des cours, du club de littérature et de tout ce qu’ils nous passaient par la tête. Elle rit, s’amuse et son sourire signifie sans doute qu’elle apprécie le moment.

C’est ça l’univers de la 3D ? C’est bizarre comme quotidien, non ?

Nous étions assis sur une butte, non loin de la plage.

— L’horizon est magnifique, tu ne trouves pas ?

Magnifique ?

Sans doute, oui.

Elle retire son écharpe et l’enroule autour de mon cou. Affligé subitement par sa douceur, je n’ai pas réussi à retenir mes semblants d’émotions qui évoluent sur mon visage.

Tu es beaucoup trop près de moi… ton odeur est si prenante…

— Cadeau, me chuchote-t-elle timidement.

Je ressens des frissons inexplicables qui parcourent mon corps.

J’ai baissé ma garde face à cette héroïne de shōjo.

Mais pourquoi elle m’offre son écharpe ? Dans quel but ? Elle ne la quittait jamais.

La nuit tombe.

La jeune fille pose sa tête contre mon épaule et pointe du doigt les étoiles.

— Elles sont jolies, non ?

— Euh… oui, sans doute.

— Elles semblent si lointaines et pourtant, je rêverais de pouvoir les toucher un jour, murmure-t-elle.

Un rêve ?

Shimizu me remercie, et repart à toute vitesse sans même que je puisse lui rendre son écharpe ni que je puisse lui dire quoi que ce soit d’ailleurs.

Qu’est-ce que je fous là, moi ?

Je contemple l’horizon, et m’écrie.

— Moi aussi je trouverais un rêve qui ne sera rien qu’à moi !

Allez, je rentre, ça caille.

De retour à mon sanctuaire, Chizu, curieuse, me demande.

— Pourquoi t’as ce visage débile, grand frère ?

Dé… Débile ?

— J’en sais rien.

— T’es bête. J’ai préparé le repas, t’as faim ?

— Ouais.

Nous mangeons tous les deux et Chizu m’a rappelé.

— Oublie pas ton cours particulier, c’est demain, grand frère.

J’ai la flemme…

Tout au long de la journée, dès que je croisais Shimizu, elle souriait puis m’esquivait.

Le retour à la solitude, c’est sûrement mieux comme ça.

Malgré tout, l’harmonieux arôme de menthe se dégageait de son écharpe, m’enchantait, et se débarrassait de toutes mes questions.

Quelle douceur irrésistible !

Ça ne me ressemble pas d’être sous l’emprise d’une simple odeur…

Après que la sonnerie ait retenti, Shimizu a accouru vers moi.

Que dois-je faire ?

Je suis paralysé, mes pieds sont enracinés dans le béton.

— T’as un cours particulier ce soir, Yamazaki-kun ?

Je hoche de la tête.

Et je vais tout donner pour ne pas décevoir Ôta-senpai.

Elle reprend son souffle et ajoute.

— Notre professeure principale m’a inscrite avec toi.

Pas d’explication, rien du tout ?

Attends, mais elle va entrer dans ma chambre ? Sérieux ? Je suis absolument pas préparé à ça !

Arrivés à mon sanctuaire, j’attrape la poignée de l’entrée et entends des rires à l’intérieur qui m’ont coupé dans mon élan.

— C’est… c’est ton appartement ?

— Ouais, je vis avec ma sœur depuis que nos parents nous ont abandonnés.

— À… abandonner ?

La porte s’ouvre brusquement.

— Grand frère, t’es rentré !

Derrière Chizu, je découvre notre présidente du club qui me salue de la main timidement.

Qu’est-ce qu’il se passe ici ?

J’inspecte les lieux et tente de comprendre la situation.

La cuisine était en désordre, de la farine étalée sur le plancher, des coquille d’œuf et des saladiers formaient une sorte de sculpture dans l’évier.

Elles essayent de faire un gâteau ?

— C’est elle qui s’occupera de tes leçons, grand frère.

Je m’approche d’Ôta et garde le silence.

— Désolé, Yamazaki-kun, je ne t’ai pas prévenu, mais Tamura-sensei est ma génitrice.

Pourquoi elle utilise toujours des mots incompréhensibles ? Ça me rend fou !

Attends, génitrice, c’est pas quelqu’un du style… sa mère ?

— T’es… t’es sa fille ?

Je ne veux plus faire de cours particulier.

— Oui t’es perspicace, toi, s’écrie-t-elle en ricanant, Shimizu-chan est là aussi ?

— Elle est derrière moi.

Je me retourne et observe Shimizu qui esquive mon regard.

Chizu saute et s’accroche à moi comme un koala s’agrippe à une branche. Elle lève la tête et m’explique.

— J’ai croisé Ôta-senpai devant notre appartement, alors je l’ai invité à rentrer, c’est pas grave, hein, grand frère ?

Un ange, cette sœur. Il lui manque juste une simple auréole.

— Suivez-moi, on va aller dans ma chambre.

Quelle plaie !

Je m’agenouille et constate que les deux filles m’encerclent.

Notre présidente tousse et commence nos leçons.

Je hais les cours. Les racines carrées, les théorèmes et les textes bien trop philosophiques pour moi, une vraie galère…

— Ne fais pas cette tête ! Tu vas réussir, je crois en toi Yamazaki-kun, me confie notre professeure.

T’es bien la seule.

Chizu entre dans la chambre et demande.

— Ôta-senpai tu peux m’aider pour mes devoirs ?

Quelle sotte. Demander de l’aide à une invitée. Je dois sérieusement m’occuper de son éducation délaissée par nos parents.

— J’arrive, Chizu. Vous deux, là, terminez vos exercices avant que je revienne.

Sacrée ambiance, ici.

Seul avec Shimizu, la gêne s’amplifie dans un silence presque effrayant.

Cette maladroite a fait tomber son crayon. Je me suis penché pour le ramasser et ai ressenti au même moment, une chaleur glissée délicatement sur ma main. Du coin de l’œil, j’observe ses doigts croiser les miens. Alors que je relève la tête, son visage, si proche du mien, s’empourpre. Notre embarras cesse lorsque la porte de ma chambre s’ouvre de nouveau. Nous remarquons Chizu et Ôta qui sont devenus témoins de la scène.

— Grand frère, c’est… c’est ta copine ?

Elle se rend compte que ce qu’elle raconte est impossible ?

— Dis pas n’importe quoi !

Shimizu retire sa main et se retourne.

Première chose à faire, dissiper la confusion.

— C’est un malentendu !

Quel calvaire, sérieux !

Ma sœur semblait comprendre mon désespoir, elle me fixait, et m’a fait un signe du pouce. 

— Vous voulez manger ? Vous devez être crevés !

Merci, Chizu.

Nous nous sommes assis autour de la table et avons dégusté muettement ces ramens d’une saveur délicieuse.

C’est aussi résonnant qu’au chapitre 383 du tome 42 de mon manga favori.

Les filles semblaient toutes focaliser sur leurs assiettes. Seul le bruit des baguettes et le son lorsque nous sirotons notre bouillon, brisent quelque peu ce silence si pesant. 

 

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