Ce long périple appelé le festival sportif touche à sa fin, c’est aujourd’hui, notre dernière épreuve. Notre professeur d’EPS nous a indiqué la veille que cette épreuve était un match de softball en équipe.
En équipe, encore, marmonne Kinari blasé.
Nous nous préparons pour commencer l’épreuve.
Tout se passait à merveille, ma réputation de mauvais athlète m’a automatiquement placé sur le banc des remplaçants.
J’analyse notre formation et ris intérieurement.
Un sportif typique, fier de ses muscles, sans doute le capitaine. Un homme rond, gentil, mais loin d’être utile. Le stratège avec un cerveau hallucinant, aussi hallucinant que son orgueil. Le déterminé, et le gars trop violent.
Sérieusement, c’est quoi ce cliché ? Ils ont regardé un manga de sport avant de concevoir l’équipe ?
Anzu se positionne sur le monticule.
Elle est la lanceuse ?
Je suis censé l’encourager ? Bon, pourquoi pas.
Je positionne mes doigts sur mes tempes et tente de lui transmettre, grâce à mes pouvoirs télépathiques inexistants.
Bon courage !
Anzu effectue une projection plongeante.
— Incroyable !
Mais où a-t-elle appris une chose si fantastique ?
Elle a symbolisé la fierté de notre équipe durant un instant. La rencontre était à son apothéose. Nous en sommes à la balle de match et c’est à ce moment-là que le capitaine s’est approché de moi.
— Yamazaki-kun, cette balle, elle est pour toi, t’es notre unique espoir de remporter ce match.
Bordel, ce cliché…
L’homme sur le banc des remplaçants, respecté autant qu’un héros, mais qui par une chance inestimable fera gagner son équipe, voilà qui je suis.
Cette pensée m’offre une confiance prodigieuse, je me positionne dans le carré du frappeur et tiens ma batte avec force.
Ce ne sera pas moi qui renverrai cette balle, ce sera ma fierté qui le fera.
Elle sera mon tremplin vers un monde où je ne serais plus considéré comme un otaku lugubre.
Parfait, concentre-toi, concentre-toi…
Mon regard fixe l’objectif, je n’ose même plus cligner des yeux. L’adversaire en face de moi est l’un des meilleurs lanceurs du lycée.
À moi les filles en 3D ! rêve Kinari amoureux.
J’ai pris une telle confiance en moi, qu’aucune peur ne pouvait me vaincre.
Je n’aurais qu’une demi-seconde pour la frapper.
Il projette la balle d’une puissance et d’une finesse extraordinaire. J’analyse dans un premier temps le vent, puis la trajectoire.
Cent cinquante kilomètres-heure vers l’ouest, quatre-vingts centimètres au-dessus du sol.
Je l’ai, je vais l’avoir.
Elle se rapproche à vive allure… à vive allure.
Maintenant !
Je me prépare à élancer ma batte en direction de mon objectif. Mais je n’ai pas eu le temps de faire le moindre mouvement : la balle m’a frappé en pleine tête.
Game Over, ricane Kinari blasé.
Je m’écroule au sol, laissant le sang couler sur mon visage.
Bordel, j’ai tellement mal.
Anzu accourt vers moi.
— Je l’emmène à l’infirmerie, vous inquiétez pas.
Nous ne sommes finalement pas dans un manga de sport. Je n’ai aucune compétence. Ce ne sont pas mes muscles inexistants qui vont faire la différence. C’est par mon excès de confiance que nous avons perdu ce match.
J’suis loin du talent de Tomohito Sugino*, très loin.
Nous rentrons dans l’infirmerie, mais la docteure n’était pas présente.
— Tu peux t’asseoir ici, Kinari ? J’vais panser ta plaie.
Elle récupère le désinfectant pendant que je me prépare mentalement à ne pas hurler à cause des picotements de l’alcool sur ma blessure.
— T’es prêt, Kinari ?
C’est… c’est quoi ce sourire malsain ? Elle aime me voir souffrir ?
J’acquiesce d’un hochement de la tête avec appréhension.
Je peux la faire souffrir, si tu le souhaites…
Tais-toi, le psychopathe.
Elle commence par éparpiller le désinfectant sur ma plaie. Son regard était terrifiant, autant que celui de Ryūji Takasu*, et aussi sadique que celui de Sakuranomiya Maika.*
Bordel, retiens tes cris, retiens tes cris… Tu m’taquineras pas davantage sur mes faiblesses. Je vais te montrer à quel point les otakus sont résistants !
Ses douces mains progressent autour de mon visage.
— Bouge pas, Kinari, je vais mettre des bandages pour éviter que ça saigne encore.
Son visage, si proche du mien…
Bordel, elle a failli m’avoir ! J’étais à deux doigts de baisser ma garde, là !
La porte de l’infirmerie s’ouvre brusquement. Dans la panique, Anzu s’est écroulée sur moi.
— Qu’est-ce que vous foutez là tous les deux !? s’écrient Masuko, Aneko et Yoshida avec curiosité.
— Je prenais soin de… de Kinari.
Prendre soin ? Avoue-leur plutôt que t’as des tendances sadiques.
Aneko s’avance et me demande.
— Tu vas bien, chéri ?
— Je… je crois. Je me suis blessé pendant le match de softball. Anzu m’a désinfecté et elle vient de terminer son bandage.
Cette sensation… Cette électricité dans l’air… Elles vont toutes exploser de jalousie ?
— Anzu ! Kinari et mon chéri, l’colle pô comme ça !
Dans le mille, je commence à en avoir l’habitude.
— Désolée Aneko, vous m’avez fait flippé et j’suis tombée sur lui !
— Comment ça ton chéri ? Il ne t’appartient pas Aneko ! C’est mon darling !
— Enlevez vos sales pattes de mon sensei !
Je déteste ce harem.
Elles se ressaisissent puis Anzu s’approche de moi, et me demande.
— Kinari, tu veux te reposer où ça ira ?
— Nan, t’inquiète ça va mieux.
Nous sortons de l’infirmerie pour rejoindre le rang des spectateurs.
Je découvre les résultats des équipes et remarque que nous sommes premiers. Masuko et Aneko sont deuxièmes. Et en dernier, on retrouve l’escouade de bras cassé, Yamaguchi et Maeda.
— Bravo, Anzu, bravo Kinari !
Ouais… bravo… youpi.
Les enceintes s’activent et nous entendons crier.
— Veuillez rejoindre le gymnase et alignez-vous par bataillon pour le discours de fin.
Il est à l’ouest ce prof..
Nous regagnons le centre physique et observons l’instructeur d’EPS avancer vers le microphone.
Le discours de fin, quel bonheur. C’est la seule chose que j’attendais.
— Ce festival sportif est désormais terminé. Nous allons fêter ça ! N’oubliez pas que nous organisons un feu de camp dès demain. L’uniforme n’est pas obligatoire. Nous aurions également besoin de vous après une nuit de repos pour effectuer les préparatifs de cet événement. Ces épreuves étaient fortes en émotion, j’espère qu’elles auront créé des liens puissants et uniques entre vous. Je vous remercie d’avoir participé. On se retrouve demain et félicitations à l’équipe blanche pour sa victoire.
Des liens puissants et uniques… très optimiste ce prof…
Tomohito Sugino : Personnage talentueux dans le softball. ( Assasination Classroom )
Sakuranomiya Maika : Personnage principal ayant un regard et un comportement sadique ( Blend-S )
Ryūji Takasu : Personnage principal ayant un regard horrifiant. ( Toradora )