Fuku No Ikari
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Chapitre 3 – Renouveau
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Mes lourdes paupières se soulèvent petit à petit et j’observe les doux rayons du soleil matinal frotter le sol de ma chambre. Je m’étire et murmure.

— C’est le grand jour, rien ne peut gâcher ce nouveau départ.

Après avoir pris un petit-déjeuner, préparé par ma mère, bien trop copieux pour moi,

j’enfile mes chaussures et me dirige sur le chemin de mon lycée.

— C’est le fameux lycée Shōyō, le tremplin de ma nouvelle vie ! Je ferais tout pour me faire des tonnes d’amis. Faire des choses que je n’ai jamais faites. J’en tremble d’impatience !

Par chance, l’établissement se trouve à quelques pas du domicile familial. Après mes tourments à l’école primaire nous avons déménagé passant de la campagne de Kurashiki à l’immense préfecture de Kagoshima. D’après ma mère c’était quelque chose de nécessaire pour ne pas retrouver mes anciens camarades de classe lorsque je faisais du sport en extérieur avec mon sensei.

— Je n’ai jamais visité le coin, mais c’est super ici ! Les couleurs des cerisiers réchauffent mon cœur. C’est certain !

Le sourire aux lèvres, je traverse les quelques ponts qui me séparent du lycée. Le chant des oiseaux est presque envoûtant, il est en harmonie parfaite avec le son de l’eau ruisselante. Les arbres fleuris s’accommodent à merveille avec ce ciel dégagé et limpide. Cependant, le stress est la faiblesse de l’homme que peu peuvent contrôler. Ma gorge se resserre, tout autant que ma poitrine. La moindre bourrasque est à deux doigts de me faire paniquer, car devant moi.

— Voilà le fameux lycée Shōyō !

Des centaines d’étudiants qui portent tous mon uniforme entrent en groupe dans ce lycée, je suis presque à m’en demander si c’est vraiment la rentrée des classes.

Après tout, j’en ai vécu très peu de ces choses-là. C’est peut-être normal qu’ils se connaissent déjà presque tous.

La peur ne cesse point, au contraire elle est croissante dès lors que j’ai constaté que la plupart des regards rivés sur ma personne. Pour tenter de me rassurer, je décide de chuchoter quelques mots de courage.

— J’ai suivi les entraînements de Katsuro-sama et de Ryoota-sama. Je suis capable de détruire cette peur, j’en suis capable !

À pas de loup, je réussis à traverser le mur en pierre qui sépare le portail du lycée de la route principale.

J’inspire un grand coup en fermant les yeux.

J’ai besoin de davantage de courage.

C’est à ce moment-là que je repense aux terribles mots qui pesaient sur mon être.

Dégueu.

Je réalise le premier pas vers le panneau d’affichage des classes.

Sale obèse

Puis, un second.

Ne t’approche pas, casse-toi !

Je serre les poings, jusqu’à en faire craquer mes doigts. Je ne me focalise sur rien d’autre que mon objectif. La tête des étudiants forme des sortes de personnages si secondaires qu’au sein de mon esprit ils n’existent pas.

Fuku Sayuri en classe de seconde sept, on m’attend en salle 304.

— J’ai réussi, j’ai vraiment réussi à aller voir le panneau !

Sur le chemin pour rejoindre mes camarades, je commence à me questionner.

Je ne comprends simplement pas pourquoi toutes les filles m’observent le sourire aux lèvres. Pourquoi rougissent-elles ? Pourquoi font-elles semblant de cacher leur gêne ?Les regards perçants des garçons me font flipper à un niveau extrême.

J’y suis arrivé. J’ai réussi à me présenter ici. Et cette fois-ci, tout se passera à merveille. Face à moi se dresse une immense porte, l’entrée de ma nouvelle vie.

L’un des étudiants l’ouvre et me demande.

— Tu es en seconde sept aussi ?

Je fais le salut militaire et m’incline.

— Oui, sensei !

Le jeune homme fronce des sourcils et plisse légèrement les yeux avant de s’exclamer.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Et c’est quoi ça ? Je suis un élève comme toi tu sais. Je m’appelle Shuichi Tanaka et toi ?

— Fuku Sayuri, enchanté.

— Bien, bien maintenant que les présentations sont faites, on devrait entrer et s’installer, Sayuri-kun.

— Oui !

Je pose le pied délicatement dans la salle et ressens au même instant des tremblotements sur le long de mon corps. L’angoisse paralyse presque mes bras.

Étrangement, je médite aux quelques mots que m’a transmis Katsuro-sama durant nos cours.

L’angoisse n’est que de la psychologie, alors elle ne peut être combattue que par le meilleur des adversaires, ton cerveau. Fuku, écoute bien la citation de Comte-Sponville. L’angoisse est imaginaire, l’antidote est le réel. Donc, arrête de penser et fonce.

— Il a tellement raison que ça devient frustrant que je sois si bête.

— Qu’est-ce que tu racontes, Sayuri-kun ?

— Rien, rien.

Je n’ai pas l’habitude d’être en groupe, je ne peux plus parler seul si je veux faire bonne figure.

Je me tiens au rebord de la fenêtre et cherche des formes dans les nuages tandis que notre professeur entre dans la salle.

— Bien, bien les gamins, s’exclame-t-il en tapant dans ses mains plusieurs fois.

Je me retourne et contemple la douce silhouette de mon ainé avant de crier à l’intérieur de ma tête.

Katsuro-sama ! C’est irréel ? Mais qui a bien pu me maudire à ce point ! Je vais encore être torturé sur mes trois prochaines années, c’est certain !

— Prenez les places que vous voulez, je m’en tape.

On s’assied tous dans un silence effrayant. Dans ce silence, je remarque que les regards de mes camarades restent inchangés. Je suis à deux doigts de croire que ma tête ne leur revient pas du tout.

— Bien. On va démarrer par les présentations, les gamins. Toi, la binoclarde, tu commences.

— Oui. Je me prénomme Shiori Arai, dit-elle en remontant ses lunettes avec son index. J’apprécie la littérature, l’histoire et les mathématiques. Je passe mon temps libre à la bibliothèque. Je compte sur votre bonté pour m’accepter au mieux parmi vous.

— Continuez de faire connaissance, les gamins. Moi je roupille.

— Shuichi Tanaka ! Je suis ravi de faire partie de cette classe. Je suis un passionné de sport et j’adore tout particulièrement le basketball !

Après la présentation de Tanaka, des chuchotements se sont fait entendre aux quatre coins de la salle.

— Il est beau, non ?

— Oui, mais tu as vu l’autre garçon ? Celui dont tout le monde parle !

— J’ai hâte de pouvoir connaître son nom, il est tellement craquant !

C’est à mon tour, je me lève de ma chaise et me tiens droit les deux mains à plat contre mon corps. Mon regard se dresse sur le plafond humide de notre salle et m’écrie.

— Enchanté, Fuku Sayuri ! Je n’ai jamais eu d’amis alors j’espère en avoir dans cette classe. Les études et le sport sont ma seule passion. Je suis parfait dans tous les domaines et souhaite donc devenir ami avec vous tous !

J’ai honte.

Le temps s’est presque arrêté, personne n’ose parler. Une camarade tombe de sa chaise, mais personne ne réagit. Puis, quelques minutes plus tard.

— Je n’en reviens pas, il a un nom tellement chou !

— Et sa voix, tu t’en rends compte ? On a pu entendre la voix de ce garçon, elle est magique !

Je passe la main dans mes cheveux et observe au même moment Tanaka qui lui, détourne le regard.

L’une des filles croise les bras et fronce légèrement les sourcils.

— Keshi Kotone. Je suis une harpiste. J’adore la musique et sortir avec mes amis. J’espère intégrer une école de musique à la remise de mon diplôme.

Kotone ? Sa longue coiffure et lisse sont plus sombres que la nuit. Mais ses yeux couleur noisette lui ravivent un petit peu ce côté sinistre.

La fille, écroulée au sol, se relève, se rattache les cheveux et prend la parole.

— Tsubaki Ai, j’adore le cinéma, le jeu d’acteur et je souhaiterais en faire mon métier. Mon rêve serait de jouer une vraie scène d’amour, j’en serais très heureuse !




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