Fuku No Ikari
A+ a-
Chapitre 2 – Evolution
Chapitre 1 – Douleur Menu Chapitre 3 – Renouveau

Ces mots trainent dans mon esprit.

Gros.

Obèse.

Casse-toi.

Ne t’approche pas.

Dégueu.

Mon corps se souvient encore des chocs lorsqu’il s’est écroulé, d’innombrables fois, au sol. Mais le plus marquant reste la phrase que Tsubaki m’a dite.

 

Je ne veux plus jamais te revoir.

 

[…]

 

— Maman !

— Oui, chéri ?

Je me niche dans ses bras, laisse mes larmes couler et déclare d’une voix empli de remords.

— Je ne retournerais plus en cours, je ne veux plus y aller !

Elle s’accroupit se tenant face à moi. Sa douce main remonte mon menton puis elle chuchote.

— Que s’est-il passé, Fuku ?

J’agrippe sa robe et sens un goût salé sur mes lèvres.

[…]

— Je comprends tout à fait mon chéri. Tu sais, moi je pense que les idiots resteront idiots quoi qu’il fasse ou quoi qu’ils entreprennent. Et surtout Fuku, une personne vicieuse avec autrui aura beau grandir autant qu’il le souhaite. Il ne pourra jamais revenir en arrière. La honte de t’avoir fait du mal les dévorera.

Elle m’attrape dans ses bras, et me serre d’une force surprenante, puis ajoute.

— Tu es jeune Fuku, tu as tout devant toi. Montre à tous à quel point tu es génial. Montre-leur que tu peux dépasser chacun d’entre eux. Fais-leur regretter leur parole. Deviens grand, deviens intelligent et deviens l’icône que tout le monde regarde. Et ainsi, tu les feras trembler. Ta seule présence doit les rendre dingues.

Elle lâche son emprise et termine d’une douce voix en inclinant légèrement la tête.

— Alors, fonce, mon chéri, fonce et que personne ne te dépasse !

Depuis ce jour, mon quotidien a radicalement changé. Désormais j’ai plusieurs personnes qui m’aident. Ma mère, qui tient à moi plus qu’à la prunelle de ses yeux. Katsuro-sama me donne des cours particuliers dans toutes les matières. Il ne me lâche pas. Ryoota-sama quant à lui me fait pratiquer des dizaines et des dizaines de sports. Enfin tout ça, ce n’est rien face à l’humiliation que j’ai pu vivre en classe de primaire.

— Fuku !

Je fais le salut militaire et m’incline.

— Oui, Katsuro-sama ?

Cette habitude est étrange, mais c’est notre relation professeur élèves. D’après lui, je lui dois la vie, alors il a le droit à cette petite récompense.

— Donne-moi la racine carrée de quatre-vingts plus dix-sept fois six divisée par deux.

— Dix-sept virgules zéro cinq, sensei !

— Quel âge as-tu, Fuku ?

— Dix-sept ans également, sensei !

— Parfait Fuku, parfait. Tu as réussi ce calcul de tête en quelques secondes. Ça prouve qu’une chose. Je n’ai plus rien à t’apprendre désormais. Tu n’as plus qu’à terminer ton dernier jour avec Ryoota.

— Oui, sensei !

— Ce que je veux dire Fuku, c’est que je m’en vais. Tu es quelqu’un d’assez intelligent, avec une capacité de calcul et d’analyse hors du commun !

Je… J’ai terminé ?

Après avoir remercié ma mère, je n’ai plus jamais revu ce bon vieux Katsuro-sama.

— Fuku !

— Oui, Ryoota-sama !

Le jeune homme tend son bandeau porté sur son front et le relâche d’un coup ce qui a provoqué un son semblable à une bombe. Puis, il se mit à crier.

— Cours ! Tout de suite !

— Oui !

Je m’élance sur la piste, mais au fond de moi, je sais que ce n’est que le début de la torture. Mon professeur attrape tout ce qui lui passe sous la main et me les catapulte en s’exclamant d’un sourire presque moqueur.

— Esquive-moi tout ça où tu vas encore finir au sol, morveux !

Ce sport est lui aussi très étrange, mais c’est également une relation professeur élève unique, du moins, je crois. Nous faisons toujours la même chose, je cours encore et encore pendant que mon professeur me demande d’éviter les projectiles. Selon lui, ça augmenterait mes réflexes, et renforcerait davantage mes muscles.

— C’est parfait morveux, reviens là !

J’inspire et souffle un grand coup, ça fait des années que je me suis habitué à cette odeur de transpiration, et à la sueur qui coulent sur mon front.

— Présent, sensei !

— Qui t’as demandé de me répondre, morveux ?

— Pardon !

— Fuku, tu as réalisé avec succès ton examen fictif. Tu possèdes des réflexes qui dépassent mes attentes. Ton endurance est impeccable, je te félicite, gamin.

De toute mon existence, je n’avais jamais vu de larmes sur le visage de mon professeur.

— Sen… Sensei ?

— Ne te méprends pas, gamin ! J’ai juste une poussière dans l’œil !

— Bien sûr, sensei !

C’est également la dernière fois que j’ai eu la chance de contempler la tsundere qu’incarne Ryoota-sama.

 

[…]

 

Je rentre dans ma chambre, m’écroule sur mon lit et attrape une fléchette.

— J’ai réussi à changer physiquement, j’ai évolué et grandi. Et surtout, je suis devenu le meilleur dans tous les domaines que l’école dispose.

Je décoche ma flèche contre une cible accrochée à ma porte et m’écrie.

— J’ai enfin avancé sur mon premier objectif.

Je me relève, me déshabille et me contemple dans le miroir.

— Je suis grand, beau, mes cheveux ébouriffés me plaisent tellement, ça n’a rien à voir avec celui que j’étais avant. Comment ai-je fait pour survivre dans un corps qui me définissait si mal ? Je remercie ce vieux Ryoota-sama qui a fait un travail hors norme.

J’ouvre la fenêtre de ma chambre et continue mon monologue.

— J’ai couru pendant huit ans, j’ai résisté à son entrainement militaire alors que j’étais si jeune. J’avais les crocs si aiguisés que rien ne pouvait m’arrêter, j’étais presque devenu fou. Une sorte de zombie qui pense toujours à une seule chose, le programme, le programme et encore le programme.

Je m’accoude au barreau et contemple les magnifiques rayons du soleil qui réchauffe ma peau.

— Ce programme spécialement conçu pour moi. Course, quatre heures par jour, puis une heure d’abdominaux, et on enchaine avec une heure de gymnastique intense. Chaque hiver c’était natation dans une eau glaciale. Brrr, rien que repenser à la température polaire me rend nostalgique.

J’attrape le paquet de chips sur mon bureau, m’assieds et tourne en rond en savourant ma victoire.

— Merci à toi aussi, Katsuro-sama. Je ne compte plus le nombre d’exercices que j’ai réalisés ou de livres que j’ai pu étudier. Avant mon programme de sport, je devais apprendre le japonais, puis les mathématiques sans relâche. Certaines fois je rêvais de calcul mental, de fonctions ou des grands auteurs. Je redoute encore le vieux Kenzaburō Ōe. Ensuite après avoir sué une bonne partie de la journée, je devais recommencer mon labeur avec cette fois-ci l’histoire puis on terminait par l’art. Sérieusement, en y réfléchissant bien, l’homme qu’incarne Katsuro-sama est un professeur qui connait tout sur le bout des doigts, il m’impressionne.

J’inhale l’air à mon maximum, ouvre la porte de ma chambre et crie avec passion.

— Maman ! Je retourne à l’école dès demain !

 



Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 1 – Douleur Menu Chapitre 3 – Renouveau