Fuku No Ikari
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Du coin de l’œil, je repère une silhouette d’une femme séduisante. Elle dresse une longue chevelure blonde et des yeux semblables à du quartz. Une bourrasque souffle et me hérisse les poils. Cette sensation-là, je l’ai déjà ressentie. C’est l’intuition qui m’indique qu’une horreur va faire chavirer mon plan.

— Fuku !

Je me retourne et prends peur face aux salutations que la jeune fille m’adresse au loin. Je remarque que sa silhouette se rapproche en courant. Ses joues rouges me rendent mal à l’aise, car devant moi se présente mon unique problématique.

— Takagi-chan ?

— Tu peux m’appeler par mon prénom ! Alors où vas-tu ?

— Je comptais faire un tour au café.

— D’accord !

Je démarre la marche et entends un bruit lourd derrière moi.

— Pourquoi as-tu décidé de me suivre ?

— Parce que j’irais où tu iras !

Takagi Ayame est une serveuse dont j’ignore sans doute tout d’elle. C’est comme si je plongeais dans un monde inconnu. J’ai toujours planifié chacune de mes actions pour ne commettre aucune erreur. C’est une menace pour mon courroux, un réel souci que je dois éliminer très rapidement.

Est-ce qu’un antivirus existe pour les problèmes de la vie ?

— Mais c’est Keshi Kotone là-bas, non ?

— Oui, je souhaitais la rejoindre.

— Je vois, dans ce cas, je m’incruste, s’écrie-t-elle en entrant dans le café.

— Qui est cette fille ?

— Kotone-chan, je te présente Takagi Ayame, elle est serveuse à mi-temps au bowling et elle est également dans notre classe.

— Ce n’est pas vraiment ce que je voulais savoir, marmonne-t-elle.

Les deux étudiantes s’observent avec leurs yeux globuleux. Si elle pouvait obtenir une loupe pour analyser chaque recoin de leur visage, elle le ferait sans aucun doute. Leurs regards sont angoissants. Au fond de moi, j’ai conscience qu’amener Takagi dans cet endroit est une erreur.

— On va s’assoir ?

— Oui, disent-elles avec harmonie.

Après avoir commandé nos glaces, un silence s’installe autour de moi. Aucune parole ne sort de leurs lèvres.

— Pourquoi voulais-tu rejoindre Kotone-chan ?

— Et toi, pourquoi t’incrustes-tu dans notre jardin secret, réplique-t-elle frénétiquement.

— Parce que j’ai échangé mon premier baiser avec Fuku, dit Takagi en fronçant les sourcils avant de frotter sa poitrine contre mon bras.

— Stop, hurle la jeune harpiste.

J’ai longuement analysé chaque facette de Kotone. Je suis capable de prédire chacune de ses actions. Devant moi, elle n’est qu’un livre ouvert dans lequel je peux lire ses pensées, ses sentiments. Mais cette fois-ci, c’est impossible. Je n’ai rien pu déceler d’elle.

Kotone se mord les lèvres, serre les poings et plisse légèrement ses yeux avant d’ajouter.

— C’est votre histoire ça ! Je n’en ai rien à faire. Moi, tout ce que je souhaitais c’était de ne pas être dérangé pendant mon rencard avec l’unique garçon auquel je porte de l’importance. Sayuri-kun est mon oxygène, j’ai besoin de lui continuellement pour pouvoir vivre !

De ces mots, je me souviens alors d’une conversation que nous avons entretenue au parc quelques jours plus tôt. Elle n’a pas cessé de me demander si j’arrivais à respirer. Au départ, j’ai pensé qu’elle se moquait de moi. Mais cette phrase qui vient de sortir ressemble à une déclaration.

Je n’ai pu retenir mon visage surpris qui s’est rapidement transformé en une expression de bonheur. C’est comme si je pouvais attraper les morceaux de douceur qu’elle me transmet et que je les garde pour moi. Takagi, sans doute embarrassée par les paroles de Kotone, reste silencieuse et sirote sa boisson.

— Je vais devoir y aller, à demain, Fuku !

— Salut, Takagi-chan.

La jeune serveuse se lève et sort du café. Kotone souffle et détend ses épaules, avant de m’adresser un sourire.

— Que faisait-elle avec toi, Sayuri-kun ?

— Je crois qu’elle m’a suivi.

— Une plaie, cette fille. Elle t’a réellement em… embrassé, bégaie-t-elle avec inquiétude.

— Oui. Mais j’essaie de ne pas y penser.

— Hé, je ne suis pas humaine. Vraiment, je suis désolée. Mais je suis conçu pour y ressembler. Alors on se trompe souvent, chantonne-t-elle en me taquinant.

— Kotone, on devrait s’en aller. Regarde, la nuit commence déjà à tomber.

— Oui ! Tu as raison, Sayuri-kun.

Nous empruntons une ruelle sombre, illuminée par les quelques lampadaires. Sous cette ambiance, Kotone attrape ma main et me demande.

— Ne me lâche pas, j’ai peur !

Je serre sa paume, assez pour qu’elle ne souffre pas, mais suffisamment afin qu’elle se sente en sécurité.

— Je suis là, ne t’inquiète pas, Kotone-chan.

— Tu t’en sors avec la fête d’intégration ?

— J’ai encore quelques préparatifs à régler. Mais ça devrait le faire.

— Je vois, tant mieux, alors.

— On pourra se retrouver demain au café, j’ai quelque chose d’important à te dire.

La jeune harpiste ravale sa salive et me regarde avec appréhension.

— D’important, bégaie-t-elle.

Elle monte les marches de son domicile et me salue de la main en criant.

— À plus, Sayuri-kun !

Je prends exemple sur elle et décide donc d’en faire de même.

— Oui, à plus.

Je reprends le chemin de la maison en contemplant la lune.

Kotone ressemble à cette planète. Lorsqu’on l’admire de très loin, on observe que son extérieur est sombre. Mais, ce point lumineux appelé Lune est son intérieur. Chaque jour j’ai découvert un nouvel attrait de Kotone. Mais, quand je pensais tout connaître d’elle, j’ai attrapé un télescope pour analyser de plus près sa nature. C’est dans ces recherches-là que j’ai compris que Kotone a une personnalité que je ne soupçonnais pas. Après tout, chaque être a une face cachée invisible, exactement comme la Lune.

Je traverse un pont et repère Takagi accoudée au rebord. Sa jupe se relève due au vent et sa queue de cheval s’agite comme les aiguilles du temps.

— Takagi-chan ?

— Fuku !

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— J’avais besoin d’être en extérieur.

Je m’assieds sur un banc et la regarde s’installer à mes côtés. Elle penche sa tête, ébouriffe l’une de ses mèches et me demande.

— Tu as un rêve, Fuku ?

— Oui, mais je ne peux pas le dévoiler, malheureusement. Et toi ?

— J’en ai un aussi.

Je contemple le ciel et questionne ma camarade.

— Lequel ?

— De gagner suffisamment d’argent.

— Pourquoi ?

Takagi Ayame s’approche de moi et dépose son index sur ses lèvres. Ces dernières atteignent mon oreille. Mes yeux fixent les douces étoiles. Chacune d’elle est une source de bonheur. La beauté de cet horizon n’est comparable à aucune autre. C’est certain. Mes muscles se tendent et mes poils se hérissent. Je reste toujours tant envouté par son odeur légèrement fruitée. La proximité de son cou me rend complètement dingue et sa peau semble si fragile.

Aurais-je eu des sentiments pour toi, si je n’étais pas sous l’influence de ma vengeance ?

— Car si je n’en ai pas assez, je serais, à jamais, seule, me murmure-t-elle.



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