Le 10 Septembre 2022. Une fête annuelle organisée par ‘Colin Furas’ et sa femme bien aimée, ‘Mona Furas’ commence dans les environs de 17h. C’est à peine plus tard qu’arrivent la famille de Deshya, ainsi que la petite Korone. Tous les quatre y vont et saluent ceux qu’ils connaissent, mais c’est à peine après qu’arrive une femme extravagante : ‘Mariah Sukeni’, la nouvelle de la police de Tetazo, une détective qui n’est vêtue que d’une combinaison qui ne cache qu’à moitié ses seins. L’homme musclé qui l’accompagne est ‘Dash Tarway’, un homme à la peau foncée qui travaille comme réceptionniste à la station de police de cette ville. Après cette entrée extravagante, Deshya et Korone ont décidé de prendre à manger… mais c’est à ce moment que Korone s’est mise à paniquer. Elle s’est d’abord figée sur place, ressentant un regard terrifiant posé sur elle, avant d’aller aux toilettes avec l’aide de Deshya pour y vomir, tellement la pression était insupportable. C’est en retournant à la fête quelques minutes plus tard qu’elle a réussi à se calmer, ainsi que manger des plats du buffet avec Deshya. Alors qu’elles discutaient avec Mariah, Dash et les parents de la fille à la robe renarde, Colin Furas, organisateur de la fête, est monté sur la scène et a expliqué qu’ils vont faire visionner un petit film de 20 minutes de leur année. Les tentures sont fermées, ne laissant passer aucun rayon de la lune, et les lumières sont éteintes : la salle est donc plongée dans un noir absolu, le projecteur n’émettant qu’une faible et insignifiante lumière. Cependant, c’est à ce même moment qu’un désastre s’est produit : un homme se fait tuer dans le fond de la salle, une balle dans le dos qui lui a transpercé le cœur, lui prenant la vie d’un coup. Avant cela, un bruit de verre brisé est entendu, suivi d’un autre bruit similaire, mais cette fois-ci causé par une brique lancée de l’intérieur. Lorsque les lumières s’allument à nouveau, la scène effraie tous les invités, mais sept d’entre eux s’enfuient sous cette vue horrible. Dash réussit à les rattraper tous les sept, aidés par deux gardes, et les ramène dans la salle. La victime est nommée ‘Georges Hedown’, un patron d’une chaîne de magasins de bonbons. Cependant, dans les quatre suspects principaux qui auraient pû jeter la brique, aucun d’entre eux ne semble avoir le moindre motif de meurtre. De plus, aucune trace de poudre n’est sur eux, ni rien d’étrange n’est trouvé dans leur sac. Bref, le meurtrier doit réellement venir de l’extérieur… Toutefois, Deshya et Mariah comprennent en même temps qui est le coupable. Quelqu’un qui vient réellement de l’intérieur de la salle, même personne qui a lancé la brique depuis la fenêtre ! Elles sont excitées d’attraper le coupable et d’expliquer la vérité de cette affaire…
Mais c’est au même moment que Korone, qui était alors aux toilettes, se fait enlever par quelqu’un ! Cette même personne passe devant le garde de l’extérieur en courant… mais le garde est actuellement faux : c’est l’autre personne qui accompagne celle qui a enlevé Korone !
**********************************
Deshya et Mariah discutent entre elles et quelques instants après, demande à Dash de ramener les invités ici en bas : elles vont expliquer la réalité de ce meurtre. Il accepte et court à l’étage, tandis qu’Annie leur demande des explications. Toutefois, elles se taisent et Mariah lui caresse la tête en levant le bras, vu qu’elle est bien plus petite qu’elle.
– Tu vas comprendre en même temps que les autres !!
– … Je vois…
Annie soupire et retire la main de la détective de sa tête.
– Vous avez une preuve concrète que le coupable est bien celui que vous croyez, j’espère ?
Deshya fait un ‘V’ de son index et majeur et sourit.
– Deux.
– Deux preuves ?
Elle acquiesce. Mariah confirme et se retourne vers les quatre suspects.
– Une qui se trouve dans leur sac. L’autre qui se trouve dans le mécanisme qui leur a permis de briser la vitre une fois. Ou plutôt…
Mariah croise les bras et sourit à pleine dent.
– La raison pour laquelle une brique a dû être jetée depuis la vitre.
CHAPITRE 42
⎾Pure Neige * Le Coup de Feu Invisible ; Nouvelle Famille⏌
– En tout cas, on a pris du temps à comprendre…” soupire Deshya.
Les invités rejoignent la salle un par un, dans le calme, sans que quiconque ne crie ou en pousse un autre. Les quatre suspects se trouvent toujours sur la scène, transpirant chacun. Le coupable des quatre grince des dents sans le faire remarquer aux autres.
– Ont-ils réellement compris que c’est moi qui ai tué ce mec ?!” se demande-t-il, un poing serré.
Il était si certain d’avoir tout préparé à la perfection. Certes, son plan n’était pas parfait, mais il avait réussi à tout exécuter sans se rater ! Alors comment sauraient-elles ? Le coupable ne peut pas le comprendre ! Il ne peut pas l’accepter !
Tous les invités arrivent enfin dans la salle et Mariah se craque la nuque en souriant.
– Allons leur expliquer ce qu’il s’est passé, Deshya !
Cependant, la fille à la robe de renard reste immobile. Mariah s’arrête après son premier pas et se tourne vers elle.
– Qu’y a-t-il ?” demande Mariah.
Deshya garde sa bouche faiblement ouverte tout en fixant quelqu’un. Cette personne discute avec une autre, un air inquiet sur son visage. Deshya s’excuse à Mariah et dit qu’elle arrive tout en courant vers eux deux. La détective se gratte les cheveux.
– C’est toi qui était excitée à raconter la vérité à tout le monde…” pense-t-elle avec ennui.
Néanmoins, elle ne réplique rien et, accompagnée de Dash, se dirige vers la scène. Deshya passe entre les nombreux invités et arrive finalement devant la femme et l’homme qui discutent ensemble.
– Que se passe-t-il, maman ?
Les deux adultes que Deshya a observé en train de discuter d’une façon inquiète sont Pera et Gatito Oveja, ses parents. La femme aux longs cheveux se retourne vers sa fille et lui attrape un main.
– Tu n’as pas vu Korone, dis ?” lui demande-t-elle avec une hâte inquiétante.
Deshya secoue la tête et Gatito claque de la langue.
– Où est-ce qu’elle est, alors… ?” se demande-t-il tout haut.
Deshya ouvre grand les yeux.
– Korone n’est plus avec vous ?!
– Je l’ai laissée aller aux toilettes seule quelques instants, mais je me suis inquiétée quand elle n’est pas revenue après cinq minutes.
– Cependant, elle n’est pas là et personne ne l’a vu venir. Même le garde dehors.
Deshya serre le poing et se mord la lèvre inférieure. Si elle n’est pas revenue des toilettes et qu’elle n’a pas été vue par le garde signifie qu’elle doit être à l’intérieur, mais pourtant, il semblerait que ses parents ne l’ont pas encore vu. Deshya demande si c’est possible qu’elle soit dans la foule d’invités dans cette salle, mais Gatito répond à la place de sa femme.
– Korone n’as pas été vu sortir des toilettes une seule fois et si elle était dans la foule, je suis certaine qu’elle serait revenue vers nous. Dans tous les cas, j’ai demandé au garde qui s’occupait du couloir et il affirme qu’il ne l’a vue nulle part.
Deshya se mordille la lèvre inférieure encore plus fortement et regarde le couloir.
– … Tu ne veux pas dire…
Deshya s’excuse et court hors de la salle pour sortir de la villa. Lorsqu’elle arrive à l’extérieur, elle scrute les environs pour trouver le garde… mais il n’est nulle part. Elle observe les environs avec plus d’attention et là—
– Q-Qu’est-ce que… ?!
Un homme dort dans les buissons, un bandeau autour de la bouche et une corde autour des poignets, ainsi que ses chevilles. Deshya ouvre grand les yeux et se met à ventiler avant de se tourner vers le parking devant elle.
– C’est pas possible… C’est pas possible, pas vrai ?!
Elle commence à paniquer et secoue la tête. Elle déglutit difficilement et frappe le sol de son pied. Deshya ressent son cœur battre à toute vitesse et ses muscles se contracter. D’yeux qui commencent presque à larmoyer, elle fonce à l’intérieur de la villa et passe rapidement à côté de ses parents. Elle passe entre les invités en les poussant et saute sur la scène. Mariah sourit en la voyant, mais cette même expression s’efface rapidement lorsqu’elle remarque celle sur le visage de Deshya.
– Quelque chose ne va pas ?” demande Mariah.
Directement, Deshya lui répond d’un air inquiet.
– Tu as vu la petite, Korone ?
– …
Mariah secoue la tête et Deshya serre les poings.
– Je vais la chercher, tu peux tout révéler sans moi !!
– A-Ah, attends !!
Mariah essaie de la rattraper, mais Deshya court dans la foule et Mariah soupire.
– Bah, je dirai que c’est elle qui a trouvé en premier…
Mariah sourit et se craque la nuque. Cependant, lorsqu’elle pense à son air inquiet, que la petite fille semble avoir disparu et que Deshya s’inquiète de la sorte…
– …
Mariah fronce les sourcils, mais elle attrape simplement le microphone et préfère laisser cette ‘affaire’ à Deshya : elle doit révéler la vérité aux invités et exposer le réel coupable en face de tous. Les quatre coupables sont toujours derrière elle, tous assis sur leur chaise respective. Mariah éclaire sa voix et commence à parler sans plus attendre.
– Pardonnez-moi de l’attente !
Dash arrive sur scène et Gatito reste devant la porte, s’assurant que personne n’en sort ou n’y entre sans permission. Deshya vient de courir à côté de lui pour aller à l’extérieur, mais elle est une des seules personnes autorisées à sortir et entrer sans le demander. De plus, elle va probablement chercher Korone, bien que deux gardes ont été appelés pour les recherches. De plus, Gatito a envoyé un message à la station pour dire qu’il n’y a plus de raison de vérifier les alentours, vu que le criminel a été trouvé par Mariah. Cette dernière se met à marcher sur la scène.
– Comme vous le saviez, durant notre visionnage du film, un homme du nom de ‘Georges Hedown’ a été tué dans l’obscurité totale. Nous avons pris notre temps, mais le coupable a enfin été trouvé. Enfin identifié.
Elle agite ses cheveux et s’arrête en prenant une pose stylisée.
– Par Deshya Oveja et moi-même !
Les invités se mettent à discuter entre eux, les quatre suspects transpirant derrière la détective, surveillés par deux gardes et les deux organisateurs de la fête.
– Je vais désormais vous révéler la vérité de cette affaire et prononcer l’identité du coupable !
Elle lève un doigt vers le ciel avec un grand sourire. ‘Sally Corem’, l’une des quatre suspects, la seule jeune femme d’entre eux, se lève et agite la main d’un coup devant elle.
– Tu parles, tu parles, mais est-ce que vous connaissez vraiment la vérité ?! Vous avez galéré encore et encore et comme ça, vous trouvez la vérité ?!
Dash la force à s’asseoir sur sa chaise, lui demandant de se calmer. Elle claque de la langue et replace correctement son sac à dos sur elle avant de croiser les bras et jambes, fixant agressivement la détective sur la scène. Cette dernière acquiesce après avoir entendu la question de la suspecte.
– Bien sûr, nous savons qui est le coupable, mais nous avons aussi une — non, DEUX preuves !
Tout comme le geste qu’a fait Deshya devant Annie, Mariah lève deux doigts en forme de ‘V’ : l’index et le majeur de sa main libre, celle qui ne tient pas un micro dans sa paume. Les invités se mettent à s’agiter et s’excitent, comme si cela faisait partie de la fête elle-même.
– Vu que la fête a été gâchée par le coupable, je vais faire de mon mieux pour vous divertir en vous révélant tout sur cette affaire !
Elle lève un doigt vers le ciel, mais malheureusement, ce n’est pas la scène d’un concert : aucune lumière ne se concentre sur elle depuis le plafond. Pourtant, son air si assuré et sa beauté font que l’ambiance n’est pas du tout gênante. Mariah approche à nouveau le microphone tout près de sa bouche et continue de parler.
– Rien ne sert de faire durer le suspens, alors laissez-moi vous expliquer.
Elle s’incline poliment et pointe du doigt le fond de la salle — plus précisément, la fenêtre brisée aux tentures ouvertes.
– Comme vous le savez, un bruit de vitre brisé a été entendu au même moment qu’un homme a hurlé de douleur : la victime de cette affaire. Ensuite, un deuxième bruit de vitre a retenti, provenant de la même fenêtre. Nous avons vérifié toutes les fenêtres et autres objets dans les alentours, mais rien n’a été brisé, donc il est certain que les deux sons provenaient de la même fenêtre… mais en même temps, c’est cela qui nous a posé problème.
– Comment ça ?!” crie un invité dans la foule.
Personne ne comprend ce qu’elle signifie. En réalité, seul le coupable peut savoir de quoi parle Mariah. Cette personne serre le poing en regardant d’une façon effrayée la femme détective de petite taille en face d’elle. Elle a donc réellement compris… Ce n’est pas n’importe quoi. Ce n’est pas un mensonge.
– C’est simple,” lâche Mariah.
Elle se met à marcher lentement sur la scène, le microphone fermement tenu dans la main.
– Dans notre tête, voilà comment le crime s’est passé : une personne de l’extérieur a tiré à l’aide d’un pistolet silencieux à l’intérieur de la pièce, tuant la victime d’une balle précise dans le dos, perçant son cœur. Le bruit de la vitre qui se brise provient du moment où la balle a traversé la fenêtre. Ensuite, quelqu’un de l’intérieur, se trouvant dans le fond de la salle et possédant un sac à dos, capable de garder de nombreux objets, a lancé une brique qu’il avait à l’intérieur de celui-ci à travers la fenêtre pour une raison inconnue. C’est ce mystère qui nous a ralenti dans l’affaire, surtout que dans tous les cas, quelque chose n’allait pas.
– Quelque chose… ?” répète un autre invité, cette fois-ci un jeune homme.
Mariah acquiesce et pointe du doigt le fond de la salle à nouveau.
– Sur les tentures. Déjà, si le meurtre a réellement été commis de l’extérieur, comment est-ce que le coupable aurait pû tirer précisément alors que les tentures étaient fermées ? De plus, la pièce était si obscure qu’il n’y aurait eu aucun moyen de tirer correctement et tuer la victime.
– Pourtant, j’ai entendu dire que des traces à l’extérieur ont été trouvées, ainsi que l’arme du crime…” lâche un homme de la foule.
– C’est bien le cas. Des buissons écrasés et de l’herbe piétinée. Cependant, cela aurait pû être fait à l’avance, même durant la fête. Sortir est commun, donc cela n’aurait pas été suspicieux.
Mariah secoue la tête.
– Cependant, ces traces qui prouvent que quelqu’un était là-bas est juste un moyen de nous divertir sur la réalité.
Elle sourit.
– Que le criminel se trouve à l’intérieur !
Les invités font encore plus de bruit dans la salle. Manny et Rei tapotent leur pied sur le sol, la pression montant en eux, tandis que Sally se mord la lèvre inférieure. Antoine reste calme, mais l’ambiance l’atteint quand même et ne l’empêche pas de transpirer. Mariah marche sur la scène en gardant son sourire.
– Tout était fait pour nous faire croire que le coupable venait de l’extérieur, mais en réalité, c’est bel et bien de l’intérieur que le coupable se trouvait. Celui qui a lancé la brique, celui qui a tiré sur la victime, celui qui a jeté le pistolet à l’extérieur…
Mariah se retourne d’un coup en s’arrêtant d’un pied ferme et d’yeux plissés, elle pointe du doigt les quatre suspects derrière elle.
– Que l’un de vous quatre est le criminel !!” crie-t-elle.
Les invités continuent à s’agiter, se parlant entre eux, écoutant attentivement Mariah raconter la vérité de cette affaire. Pera tient la main de son mari fermement, regardant la scène avec attention. L’homme soupire, les paupières abaissées.
– Deshya et Mariah aiment donner leur déduction comme si c’était un spectacle ou un jeu, hein…” pense-t-il en voulant secouer la tête.
La différence entre les deux est que l’une est une réelle détective policière, tandis que l’autre n’est rien d’autre qu’une adolescente un peu plus intelligente que la normale. Pourtant, toutes deux voient les affaires presque comme de l’amusement, ce que Gatito ne peut pas comprendre.
– L’un de vous quatre a gardé la brique dans votre sac, mais c’est dans ce même sac à dos que vous aviez le pistolet silencieux qui a servi à tuer ‘Georges Hedown’, la victime,” continue Mariah.
Rei se lève et fronce les sourcils.
– Comment pouvez-vous dire cela ?!
– Il a raison, ce n’est pas car nous avons un sac à dos que nous sommes les seuls à pouvoir faire cela, n’est-ce pas ?” demande Antoine, restant sur sa chaise.
Les deux autres suspects acquiescent, mais Mariah sourit simplement.
– Il aurait virtuellement impossible pour quiconque d’emmener une brique à l’intérieur sans un sac pareil. Le coupable est quelqu’un qui était derrière la victime et vous n’étiez pas beaucoup. De plus, vous avez tous fui, donc même si trois d’entre vous ont bel et bien couru à cause de la peur, l’autre a simplement fui pour s’en débarrasser.
Mariah claque des doigts et plisse des yeux.
– Se débarrasser du pistolet.
Manny frappe sa chaise et se lève.
– Vous… Vous racontez n’importe quoi !” crie-t-il. Si personne n’avait fui, comment aurait-il fait, alors ?!
– Qu’importe. Même s’il devait être le seul à fuir, ça n’aurait absolument rien changé.
– Q-Quoi ?!
Mariah se met à marcher à nouveau.
– Vu que le coupable était dans le fond, il aurait simplement pû jeter le pistolet à travers la fenêtre sans regarder, le laissant tomber dans les buissons, pour faire croire que le criminel a simplement laissé l’arme au même endroit où il a tiré, ne voulant pas être attrapé avec celui-ci dans les mains. Cependant, vu que certains d’entre vous tous ont fui, le coupable a pû vous suivre et a jeté le pistolet plus loin, ce qui nous fait dire qu’aucun d’entre vous n’aurait pû commettre le crime depuis l’intérieur, vu qu’il aurait fallu sortir de la maison après avoir tué la victime et ensuite se débarrasser de l’arme.
– Mais n’est-ce pas la même chose en fuyant ?” demande Sally, sentant l’impatience lui attraper le cœur.
– Le coupable savait très bien qu’il allait se faire arrêter par un garde ou un membre de la police, mais il n’avait pas grand-chose à faire d’autre que de jeter le pistolet à l’extérieur.
Mariah s’arrête à nouveau, se retournant vers les quatre suspects.
– Sally et Antoine sont allés à l’extérieur, donc il aurait pû être possible de jeter l’arme à feu depuis cet endroit discrètement, surtout que le pistolet se trouvait à un endroit où il est possible de balancer l’arme. Manny et Rei sont allés à l’étage et le pistolet aurait pû être jeté depuis l’une des fenêtres de l’étage, presque toutes ouvertes pour laisser l’air passer à l’intérieur.
– Ils auraient donc tous pû jeter l’arme… ?” se demande Annie.
Elle ne sait pas encore la vérité de l’affaire, contrairement à Deshya et la détective elle-même, mais l’énergie de Mariah commence à l’affecter. La docteure préférerait qu’elle dise sa déduction plus rapidement et qu’elle ne s’amuse pas sur la scène d’un meurtre, mais elle peut comprendre que cela peut bénéficier les pauvres invités qui ont dû vivre quelque chose d’aussi traumatisant.
– Même si Mariah est juste enfantine, ahah…” pense Annie d’un sourire amusé.
La détective acquiesce dans le vide, comme si elle avait entendu les pensées d’Annie.
– Maintenant, laissez-moi vous expliquer la réalité du meurtre de Georges.
Elle croise les bras et baisse doucement la tête vers le microphone, toujours dans sa main droite.
– Comme vous le savez tous, un bruit de verre brisé a été entendu en premier, suivi du cri de la victime et finalement un deuxième bruit de verre. Si nous prenons la théorie que le coupable vient de l’extérieur, alors il est facile de deviner que le premier bruit de verre provient de la balle qui traverse la fenêtre.
Mariah sourit à pleine dent.
– Mais c’est exactement parce que nous nous sommes trompés sur son origine que le mystère de la brique a persisté. Que nous ne pouvions pas comprendre POURQUOI la brique a été lancée à travers la fenêtre.
Les invités sont tous confus, mais Gatito fronce les sourcils.
– Si le coupable vient de l’intérieur… alors… !
Et là… il comprend.
– Est-ce que la brique a été lancée… ?!
S’il a raison, il ne comprend juste pas pourquoi aller aussi loin. Cependant, Mariah va confirmer ses pensées ; confirmer qu’il a pensé à la bonne théorie.
– Si le coup de feu venait de l’intérieur, alors il devrait y avoir une preuve de la balle dans la vitre, n’est-ce pas ?
Mariah hausse les épaules avant de secouer la tête, laissant ses cheveux voler dans une magnifique scène.
– Mais vu que le coup de feu vient de l’intérieur, il n’y a jamais eu de trous dans la vitre. Alors pour effacer le manque de trous, le coupable a brisé la fenêtre avec la brique… nous empêchant de comprendre que le coup de feu ne vient pas de l’extérieur.
Les quatre suspects fixent le dos de Mariah en fronçant des sourcils et le coupable entre eux claque des dents. La foule s’agite et certains se retournent vers la vitre. Annie se lève de sa chaise.
– Pourquoi aller jusqu’à jeter une brique depuis l’intérieur ?” crie-t-elle. Cela nous a fait comprendre que quelqu’un dans la foule l’a jeté.
Mariah ricane en lui disant que c’est une bonne question.
– Il fallait bien une façon de cacher le manque de trou dans la vitre d’une manière ou d’une autre, alors le coupable a choisi de lancer une brique à travers la vitre parce que ce n’est pas compliqué, que dans le noir, personne ne le verrait, et qu’il serait certain que de cette façon, il serait impossible de remarquer le manque de trou. Il aurait été plus intelligent d’utiliser un mécanisme depuis l’extérieur pour briser la vitre ou simplement trouver un autre truc… mais le plus malin aurait simplement de ne pas tuer tout court.
Mariah secoue la tête avant de reprendre.
– La raison qu’une brique a été lancé depuis l’intérieur est parce qu’il pensait que la façon allait se dérouler autrement, n’est-ce pas ?
Mariah sourit et se retourne vers les quatre suspects.
– Il a cru que la brique briserait la fenêtre, mais serait arrêtée par la tenture fermée par un cordon, alors impossible pour celle-ci de traverser la vitre.
Le coupable ouvre grand les yeux. Mariah continue directement.
– Il voulait reprendre la brique dans son sac, fuir comme prévu, se débarrasser du pistolet et cacher la brique quelque part, soit simplement la jeter à son tour. Bien que la police aurait quand même pensé que la vitre a été brisé par la brique que nous aurions retrouvé plus tard, je suppose que le coupable aurait utilisé comme excuse qu’il a couru dans la vitre à cause du noir lorsqu’il a eu peur, donc qu’il ne voyait pas où il allait, ou alors il aurait simplement rien dit et pensait que quoi qu’il advienne, jamais il n’aurait été arrêté sans preuve. Malheureusement, la vitre a bel et bien traversé la vitre, ce qui est idiot pour lui.
Mariah se craque le pouce avant de montrer ses dents.
– Enfin, c’est lui l’idiot, à utiliser une telle méthode pour le crime.
– Mais ce n’est pas possible, si ?!
Un des invités crie dans la foule. Les gens autour de lui se reculent, le laissant parler. Il se fait plus petit, ne s’attendant pas à être au milieu de l’attention de la sorte, vu qu’il a parlé sans réfléchir, mais vu que Mariah attend son explication, il prend son courage à deux mains et dit ce qu’il pense :
– Si c’est un d’eux qui a tiré, alors est-ce que le coupable n’aurait pas de poudre sur lui ? Et le tir aurait été apercevable, dans le noir, non ?!
Les gens se mettent à acquiescer et se posent tous les mêmes questions. Le coupable sourit en espérant que Mariah n’aurait pas de réponses à celles-ci, mais malheureusement pour lui—
– Je l’ai dit, non ?
La détective joue avec une mèche de ses cheveux.
– Le criminel a un sac à dos pour garder le pistolet et la brique, donc le sac à dos lui est utile.
Elle boucle ses cheveux autour de son index.
– Et c’est avec ce même sac à dos qu’il a caché le coup de feu.
Le coupable ouvre grand les yeux à nouveau, comprenant que quoi qu’il arrive, il est cuit. Bien qu’il ne sait pas encore quelle preuve ils ont trouvé contre lui, sa confiance baisse à 0. Il veut fuir d’ici, mais au même moment où il compte se lever, l’homme musclé à ses côtés va l’arrêter à coup sûr.
– Merde, merde, merde…
Un des invités demande ce que signifie Mariah et cette dernière s’explique :
– Si le tir est fait à l’intérieur du sac, il est impossible de le voir, pas vrai ?
– Hein ?! Mais vous avez trouvé un trou dans un d’nos sacs ?! Et puis, y aurait quand même de la poudre sur nos manches ou notre main !” crie Rei.
Mariah sourit.
– C’est marrant que ça soit toi qui dise ça.
Mariah serre des dents en souriant face à Rei, l’homme aux cheveux noirs et blancs.
– Est-ce que ton sac n’a pas des trous de base, Reiiii ?
Et là, le coupable sent son cœur rater un bond dans sa poitrine. Les trois autres suspects se tournent vers lui… vers Rei. Il veut répliquer, mais il ressent tous les regards fixés sur lui, même celui de Mariah. Elle continue sans attendre.
– Les trous ne sont pas très gros, mais ils sont suffisants pour faire passer une balle à travers sans abîmer le sac. En plus de ça, il y a un scratch au fond du sac, donc je suis convaincue que tu as utilisé celui-là pour commettre le crime. Tu avais sûrement la brique posée juste en-dessous de toi… Hm, avec un tel pistolet, je suppose que tu peux tirer à une main, mais c’est risqué.
Mariah se met à réfléchir, mais finit par hausser les épaules.
– Quoi qu’il advienne, d’une façon ou d’une autre, la technique reste la même.
– Mais si le pistolet sortait d’un des trous, le tir aurait quand même été observable, non ?” demande Dash.
– Il n’y a pas besoin de faire sortir le pistolet du trou, simplement s’assurer que le tir passe par le trou. Le trou est assez grand pour que la balle passe sans souci. Même dans le noir, il est facile de s’assurer sur le pistolet tir au bon endroit, même si rien ne dit qu’il n’a pas tirer d’un autre trou.
– Mais n’est-ce pas risqué ?” demande Antoine, l’un des quatre suspects. Si le sac tombe un peu et qu’il tire, la balle aurait transpercé le sac et l’astuce aurait directement été révélée.
Mariah acquiesce.
– Je suis certaine que Rei a fait attention lorsqu’il a tiré et qu’il était convaincu qu’il ne raterait pas.
– Comment a-t-il pû tirer précisément sur la victime ?!” crie un des invités.
– Nous avons demandé confirmation de la part de l’hôpital, mais il reste un peu de trace de peinture fluorescente sur l’habit de la victime, là où il s’est pris la balle.
Elle croise les bras.
– C’est une peinture fluorescente pas très forte, donc Rei, qui se concentrait sur la victime, pouvait le voir, mais ceux à côté de lui, qui visionnaient le film, n’ont pas vu ce petit point fluorescent sur le dos de la victime. Vu l’obscurité, il est clair que personne n’a pû voir le coupable lever son sac, tirer et ensuite jeter la brique. Il a évidemment remis le sac sur son dos en même temps, sans même le fermer pour s’assurer de se débarrasser du pistolet juste après,” explique-t-elle.
Le silence n’a pas sa place dans cette pièce : tout le monde se parle l’un avec l’autre, surpris de cette méthode de meurtre. Rei tremble en serrant les poings. Manny lui demande de se défendre, mais le jeune homme n’arrive pas à trouver le moindre mot. Gatito dépose son dos contre le mur à nouveau et plisse les yeux.
– Mariah !
Il crie, ce qui attire l’attention de la détective.
– Même si ce n’est pas impossible, comment ne pas avoir de poudre sur soi ? Pour que la précision du pistolet soit suffisante pour tirer à travers le trou sans endommager le sac, ainsi que toute la place à l’intérieur du sac, il aurait fallu mettre une bonne partie du bras à l’intérieur. Non seulement aucun gant n’a été trouvé, aucune trace de poudre n’était sur lui. Il aurait été impossible de se débarrasser de tout ça aussi rapidement, donc je suppose que tu as une explication ?” demande Gatito.
Mariah l’écoute attentivement, le microphone un peu plus que sa bouche, mais elle finit par sourire.
– Ah, on me le demande enfin.
Gatito fronce les sourcils, attendant sa réponse. Mariah joue avec le microphone avant de décider à se répondre.
– Un sac dans un sac.
– Hein ?
– Un sac… dans un sac ?
– Tu veux dire quoi par là, Mariah ?!” crie Gatito depuis le fond de la salle.
Mariah sourit à pleine dent.
– Si Rei avait pris le pistolet en cachant sa main de sa manche, cela serait trop compliqué pour appuyer sur la gâchette, donc il a pris avantage de quelque chose qu’on ne pourrait pas considérer autrement que normal, mais qui est en réalité important pour cette affaire,” explique-t-elle.
– Un sac… ?
Les invités ne comprennent pas, mais Mariah est là pour leur expliquer la vérité.
– Un sac en plastique autour de la main, protégeant de la moindre poudre sur les vêtements, empêchant que ses empreintes digitales se retrouvent sur l’arme.
Elle agite ses cheveux.
– Le sac en plastique de son sandwich. Aussi simple que ça.
– Je suppose que c’est une théorie qui tient la route…” pense Annie en se frottant le menton.
Manny se lève de sa chaise, accompagné par Sally.
– Si tout ce que vous dites est juste, alors quelles sont vos deux preuves ?!! En plus, comment faire pour briser la vitre une première fois, alors ?!” crie le fils de Colin et Mona.
– Cela n’est juste jamais arrivé.
Mariah secoue la tête et soupire.
– Tu ne comprends pas, Manny ?
– H-Hein ?
– Pourtant, tu as un sac assez similaire, pas vrai ? En réalité, si tu avais des trous comme le sac de Rei, j’aurais plutôt pensé que c’était toi le coupable.
– Qu’est-ce que vous racontez ?!” lâche agressivement Sally.
Mariah soupire à nouveau et claque la langue plusieurs fois contre ses dents.
– La ressemblance entre les deux sacs est simple à comprendre, non ?
Sally plisse les yeux, observant le sac à dos de Rei… avant de comprendre.
– Les… baffles ?
Mariah acquiesce.
– Un simple bruit de verre brisé suffit. Il aurait pû l’enregistrer à l’avance en brisant une fenêtre similaire ou simplement parier que personne ne verrait la différence avec une vidéo prise sur YaTube, mais dans tous les cas, c’est certain.
Rei, le soi-disant coupable de cette affaire, fixe Mariah avec un souffle court. Elle dévoile tout sans souci, comme si elle avait lu dans l’esprit de Rei. Alors qu’il avait réfléchi des nuits entières… Alors qu’il pensait avoir pensé à tout…
– Les morceaux de verre qui se trouvent devant la fenêtre, à l’intérieur, ont été mis là à l’avance, sûrement pendant le visionnage du film. Vu que peu de gens se trouvaient au fond de la salle, ça n’a pas dû être complexe.
– C’est vrai qu’un moment, tu m’as bousculé en reculant…” pense Antoine.
Rei serre les poings, ainsi que les dents. Mariah plisse les yeux.
– L’autre preuve est simple à avoir : nous avons peut-être vérifié des traces de poudre sur vos vêtements, mais nous n’avons pas vérifié à l’intérieur de vos sacs. De plus, je ne pense pas qu’il avait réellement le temps d’effacer son historique ou d’effacer l’enregistrement sur son téléphone, donc ça peut servir comme preuve,” explique la détective, terminant ainsi leur déduction, à Deshya et elle.
Le bruit reprend encore plus fort. Mariah baisse le microphone et fixe intensément Rei, ce jeune homme qui tremblote sur lui-même. Il n’arrive à rien dire, les yeux écarquillés et ses iris observant le vide. Manny lui demande si cela est vrai, mais Rei ne répond rien. Mariah va demander à Dash d’emmener son sac à dos pour vérification, ainsi que le contenu de son téléphone si Rei l’accepte, mais cela n’aura pas lieu : Rei tombe à genoux par terre et frappe le bois de la scène d’un poing violent.
– Je pensais que c’était parfait… !! Je… Je n’avais pas pensé que lorsque les tentures étaient fermées… Comment j’ai pû rater ça… !
Mariah soupire et secoue la tête.
– La brique aurait pû se bloquer sur les tentures et tu aurais peut-être pû le cacher dans ton sac, mais je suis certain que nous aurions compris quand même que quelque chose avait été lancé de l’intérieur. Quoi qu’il advienne, le simple fait que tu aies fui après le crime m’aurait semblé étrange, tout comme les trois autres à tes côtés, vu que les trois autres n’auraient jamais pû commettre quoi que ce soit de leur côté. Bref—
– Je comprends… C’est bon, c’est bon !!
Rei se met à pleurer, comprenant que son plan est tombé à l’eau et qu’il va désormais devoir faire face aux conséquences de son crime. Les trois à côté de lui n’arrivent pas à trouver des mots pour le réconforter — ou plutôt, ils n’ont pas envie de discuter avec un tueur. Dash secoue doucement la tête, n’arrivant pas à croire qu’un jeune homme comme lui a osé commettre un tel crime.
– Tu es trop jeune pour passer du temps en prison… Idiot,” pense Dash en observant le coupable.
Mariah se retourne vers la foule, mais son regard est actuellement autre part : au-delà des murs de cette villa. Elle plisse doucement les yeux.
– Deshya… où es-tu, actuellement ?” se demande-t-elle.
*********************************
Après que Korone soit sorti des toilettes, un homme l’a attrapé par derrière, une main autour de sa taille pour la porter, l’autre devant sa bouche pour l’empêcher de crier à l’aide. Il s’enfuit depuis l’entrée, mais malheureusement, le garde n’agit pas : après tout, c’est l’autre personne qui était aux côtés de celle qui vient d’enlever Korone. Cette dernière s’éloigne de la villa sans pouvoir se défendre, frappant de ses petits poings le bras de la personne qui l’enlace agressivement. La petite fille veut crier à l’aide, mais il lui est impossible d’ouvrir la bouche. Elle a beau se débattre, cela ne sert à rien. Elle s’éloigne de plus en plus loin de la villa. Elle veut pleurer, laisser les larmes couler, hurler, qu’on la lâche, mais elle reste forte. Elle essaie de trouver un plan pour s’en sortir, mais… Mais…
L’homme ne prononce pas un seul mot sur le chemin. Il continue de courir et arrive dans un bâtiment dans les bois, ressemblant à une petite réserve abandonnée. Korone suppose déjà ce qu’il va lui arriver. Pera ne va pas remarquer sa disparition avant quelques minutes, elle alertera donc Gatito et Deshya bien trop tard : Korone sera déjà morte, dans ce petit bâtiment, avant même que les secours n’arrivent. Même si elle est agile, a un certain talent avec les armes et est très intelligente, contre cette personne, elle ne pourra rien faire. De plus, elle est désormais certaine que le regard qui avait été posé sur elle durant la fête provient bien de ce quelqu’un qui vient de l’enlever.
De cet homme aux cheveux noirs.
Il entre dans la réserve et ferme la porte derrière elle sans la claquer. Korone scrute rapidement les alentours, mais il ne reste presque plus rien à l’intérieur de cet endroit. Des caisses en bois par-ci et par-là, moins grandes que celles dans l’entrepôt où ils ont secouru Deshya, mais aucun étage ou troncs. Le sol est poussiéreux et même dans cette obscurité, certaines toiles d’araignées qui pendent au plafond et entre les différentes caisses abandonnées sont visibles. Korone ne se débat plus depuis qu’elle a vu cette réserve, puisque quoi qu’il advienne, elle n’a pas assez de force pour s’échapper. Si le but de cet homme est de la tuer, alors elle ne peut qu’accepter le destin. Néanmoins, même si elle doit mourir, alors—
Avant qu’elle ne puisse terminer sa pensée intérieure, l’homme court vers le milieu de la pièce avant de la lâcher par terre. Ses deux pieds atterrissent sur le sol bétonné de la réserve et de la poussière vole autour d’elle. Elle tousse et recule, mais l’homme lui attrape une épaule. Korone ouvre un œil et l’observe, mais cette pression oppressante revient. Elle se tient la poitrine et recule d’un autre pas, toussant avec de petites larmes dans les yeux. En remarquant l’expression de la petite, l’homme recule d’un pas.
– Tu es bien Korone, n’est-ce pas ?” demande-t-il.
Dans cette obscurité, Korone ne peut pas bien remarquer ses attributs physiques, surtout qu’il possède un chapeau foncé sur la tête, probablement pour empêcher quiconque de le reconnaître. Ses vêtements, eux aussi, sont très foncés et recouvrent tout son corps. La seule chose que Korone a pû remarquer, ce sont la couleur de ses cheveux lorsqu’elle a levé les yeux, quand elle venait à peine d’être enlevée : des cheveux noirs, même couleur que sa barbe qui n’a pas été rasée depuis au moins trois, voire quatre semaines.
– Cheveux blancs purs comme la neige, gros yeux mauves, petite taille, petite fille.
Il continue de parler, mais Korone ne peut rien répondre : son cœur bat le plus rapidement qu’il peut, la pression de l’homme continue de lui écraser la poitrine, l’empêchant de bien respirer. Elle a l’impression qu’on tente d’aplatir son tronc entier, de réduire en poudre sa cage thoracique. Une sensation désagréable et douloureuse, l’une que ne peut malheureusement pas faire taire Korone. L’homme soupire lorsqu’il remarque que la petite fille ne semble pas vouloir répondre — ou plutôt, elle ne semble pas le pouvoir. Il s’avance d’un pas vers elle, mais Korone recule, des yeux brillants dans le peu de rayons lunaires qui traversent les trous de la réserve. Cependant, une petite bosse dans le béton est touchée par son pied et elle tombe par terre… avant que l’homme l’attrape le bras, empêchant son dos et ses fesses de toucher le sol.
– Si tu tombes, tu vas salir tes vêtements,” lâche-t-il.
– H-Hein ?
La personne en face d’elle la relève et s’accroupit en face de Korone.
– Je me répète : tu es bien Korone, n’est-ce pas ? Bien que je connais déjà la réponse et que même si tu ne me réponds pas, je suis assuré que tu es bien ma cible, je veux une confirmation de ta part.
La fille cligne des yeux, incertaine de comprendre ce qu’il veut réellement. Néanmoins, ne voulant pas énerver cet homme barbu, elle décide d’acquiescer, les mots ne réussissant pas à sortir de sa bouche. L’expression de la personne en face de Korone est impossible à voir dans l’obscurité de la réserve, mais il semble à la petite fille qu’elle puisse voir un sourire… étrange. Comme malicieux, mais—
– Korone, hein. Celle qui a failli être tuée, mais dont la tâche n’a pas été exécutée.
Il secoue la tête, comme déçu. Korone ressent ses propres mains trembler, ses yeux hésitant à lâcher les larmes ou les garder, son cœur battre toujours aussi rapidement. La voix calme de l’homme et les battements de son cœur : ce sont les deux seuls sons qu’elle peut entendre. Même pas un oiseau, même pas un animal qui bruite dans la nuit. La brise nocturne ne produit aucun bruit, la réserve en piteux état où ils se trouvent n’émet pas la moindre lamentation.
– Tu as une nouvelle famille, n’est-ce pas ?
Une question qui immobilise Korone. Elle se fige sur place, ses mains arrêtent de trembler, mais son cœur ne bat pas moins rapidement. L’homme en face d’elle attend simplement une réponse, accroupi et les avant-bras sur les genoux, mais le silence continue. Il soupire… mais c’est à ce moment-là précis que Korone ouvre enfin la bouche. Sa voix retentit enfin, faisant écho sur les façades de la réserve.
– Ne… Ne les tuez pas !
L’homme cligne des yeux. Korone ose enfin avancer d’un pas, ses yeux décidant enfin quoi faire.
Des larmes coulent sur ses joues et des gouttes tombent sur le sol poussiéreux.
– Ils… Ils n’ont rien fait ! Ils…
Korone s’avance d’un autre pas, se trouvant à peine à quelques centimètres de l’homme.
– Je ne veux pas qu’ils meurent ! Ils ne savent rien, ils ne savent rien du tout !!
Korone renifle et ouvre la bouche, mais rien ne sort. L’homme fronce les sourcils et soupire à nouveau avant de mettre la main dans son manteau. Le corps entier de Korone lui hurle de fuir, son cœur bat à toute vitesse, ses bras tremblent encore plus qu’auparavant. Sa voix se bloque dans sa gorge, mais elle grince des dents et les larmes affluent plus abondamment dans ses yeux brillants, tandis qu’elle agite la tête par colère — par détermination.
– NE LES TUEZ PAS, JE VOUS EN SUPPLIE !!!!
L’homme s’arrête et l’admire. Il a attrapé l’objet dans son manteau, mais il ne le sort pas encore. Korone tombe sur ses genoux, incapable de rester sur ses pieds.
– Ils… Ils n’ont rien fait !! Ils m’ont simplement… Ils m’ont simplement recueilli par gentillesse !! C’est moi qui ai demandé… C’est moi qui ai voulu être avec eux, pas l’inverse !! S’il vous plaît, je les adore… Je ne veux pas qu’ils meurent ou qu’ils souffrent…
Korone lève le visage vers l’homme, lui montrant une expression absolument terrifiée, apeurée, mais aussi désespérée. Le chagrin qu’elle ressent est mélangé à un autre sentiment encore plus puissant :
De l’amour.
– Tuez-moi… mais pas eux. Je veux bien faire ce que vous voulez… mais ne les embêtez… embêtez paaaas…
Korone tombe à quatre pattes et renifle en lâchant des cris de peine, de douleur mentale. Ses bras tremblent violemment, menaçant de laisser Korone tomber entièrement par terre. L’homme reste silencieux en face d’elle, sortant désormais ce qu’il a dans la poche et pointe Korone. Cette dernière hurle une dernière fois :
– NE TUEZ PAS MA NOUVELLE FAMILLE, JE VOUS EN SUPPLIE !!!
Le silence brisé par son chagrin. La brise qui souffle dans les arbres et dans les nombreux trous de la réserve. Korone ne bouge pas, acceptant entièrement son destin. Même si elle doit souffrir, elle refuse que des gens aussi gentils et bons qu’eux viennent à connaître son sort simplement pour l’avoir accueillie. Elle se fiche que sa vie se termine ici, mais avant de partir, elle veut tout faire pour les protéger. Elle veut qu’ils vivent heureux. L’homme approche l’objet dans les mains de la tête de Korone…
– Désolée, Deshya… Désolée… Gran—
Avant qu’elle puisse terminer cette pensée, sa tête est levée par la main de l’homme.
Et il sèche ses larmes d’un mouchoir blanc, couleur pure comme la neige.
– Allons, allons.
Korone ne cligne même pas des yeux. Ils restent grand ouverts, tout comme sa bouche, et la petite fille ne bouge plus. Ses bras tremblent ne s’arrêtent pas, tandis qu’elle n’arrive même plus à savoir ce dont elle pense.
– Ta nouvelle famille, tu dis ?
L’homme range le mouchoir dans la poche de son manteau et cette fois-ci—
Sourit d’une belle façon.
– Tu as osé leur dire tes sentiments ? Ce que tu ressens envers eux ?
– … H-Hein… ?
Korone peut enfin lâcher son premier mot. L’homme garde le sourire et aide la petite fille à se relever.
– Exprimer ce que tu ressens est important. Quoi qu’il advienne.
Korone est à nouveau debout. Les larmes dans yeux se sont arrêtées, mais ses joues sont encore mouillées. La personne en face d’elle tapote dans ses mains, comme s’il allait se mettre à applaudir, mais il s’arrête directement.
– Tu t’es crue en danger et pourtant, dans tes derniers instants, tu m’as supplié de ne pas les tuer.
L’homme pouffe doucement, mais il reprend son sérieux rapidement. Néanmoins, son sourire s’agrandit et ses paupières s’abaissent doucement, mais son expression n’est pas l’une de folie ou étrange : mais l’une qui est heureuse, rassurée, réconfortée.
– Tu es forte, Korone. Je te félicite,” lâche-t-il honnêtement.
La fille reste immobile en face de lui, la bouche bée. Elle n’arrive pas à savoir si elle rêve ou non.
– Tu peux être fière de qui tu es. De ta force. Cependant, tu dois leur avouer.
De son index, il touche la poitrine gauche de Korone en souriant.
– Dans ton cœur, il est clair que tu les vois comme une nouvelle famille. Tu ne dois pas avoir peur, Korone : ils te protégeront. Tu les protégeras. Vous vous protégerez les uns les autres, comme une réelle famille.
Korone écarquille encore plus ses yeux… et sa bouche tremblote en se fermant. Les larmes reviennent et l’homme lui caresse doucement les cheveux de sa main gantée. Alors que le silence règne entre eux deux—
– Korone !!
Un cri retentit depuis l’extérieur. L’homme plisse les yeux avant de se relever et arrête de sourire.
– On dirait qu’il est temps pour moi de partir,” murmure-t-il.
Sa voix est si basse que Korone ne l’entend pas. Cependant, avant que l’homme ne vienne à fuir, il se retourne une dernière fois vers la petite fille aux magnifique cheveux couleur neige et lui dit :
– Dis-lui ce que tu ressens vraiment. C’est une fille qui était destinée à te rencontrer.
Sur ces mots, l’homme salue Korone et s’enfuit en sautant sur les caisses, sortant de la réserve par le toit abimé. Elle l’observe partir, mais c’est quelques secondes ensuite que la porte de la réserve s’ouvre d’un coup sec. Une fille montre le bout de son nez et remarque directement que celle qu’elle cherche, Korone, se trouve au milieu de la réserve abandonnée. Deshya court vers elle et lui demande si elle va bien. La petite fille ne répond pas directement, observant Deshya avec de grands yeux.
– Hey, Korone ? Korone ?
Deshya remarque ensuite les joues mouillées de la fille, ainsi que ses yeux où des larmes sont formées, mais qui ne coulent pas encore. Deshya se calme et s’abaisse en face d’elle.
– Korone, que se passe-t-il ?
La petite fille ferme la bouche avant de l’ouvrir à nouveau, doucement, lentement.
– Un… homme…
Deshya fronce les sourcils.
– Un homme… ?
Korone abaisse ses paupières.
– J’ai… Il m’a emmené ici… mais…
– … Mais… ?
– … J’ai…
Korone déglutit bruyamment, comme si elle tentait d’avaler la boule qui s’est formée dans sa gorge. Elle repense aux mots de l’homme et agrippe la robe de Deshya. Et là—
– … J’ai… J’ai eu tellement peur…
Korone tremble à nouveau. Deshya ouvre grand les yeux. La petite fille continue de parler, les larmes menaçant de couler à nouveau.
– J’ai cru… qu’il allait vous tuer… Qu’il allait me tuer moi et puis… et puis venir vous tuer vous…
Bien qu’elle s’inclut dans les victimes potentielles de cet homme, il est clair aux oreilles de renard de Deshya qu’elle pense surtout à ses parents et elle, et non Korone elle-même. Tout en serrant fermement la robe renarde de Deshya, elle lève la tête et montre ses joues où coule sa tristesse.
– Je ne sais pas… Je ne comprends pas… Je ne sais pas pourquoi il m’a emmené ici, mais j’ai eu peur… J’ai cru… J’ai…
Korone n’arrive pas à organiser ses mots, tout comme ses pensées. Elle a du mal à prononcer la moindre phrase en entier, la boule dans sa gorge est une gêne presque douloureuse et les battements de son cœur sont peut-être calmés, ce qu’elle a ressenti ne peut sortir de son esprit. Elle a non seulement cru qu’elle allait mourir dans cette réserve, sans pouvoir dire adieu à quiconque, mais elle a aussi pensé qu’elle allait causer la mort de gens. Qu’elle allait être la raison de la perte de gens si incroyables.
– Il… Je—
Avant même que Korone ne puisse terminer sa phrase, Deshya l’attrape dans ses bras et ferme les yeux.
– Désolée. Désolée, Korone.
La petite fille garde ses yeux grand ouverts. Deshya grince des dents.
– Nous avons promis de te protéger et pourtant, on t’a laissée être enlevée. Non, c’est de ma faute. J’aurais dû mieux te surveiller. Pardon. Pardon.
– De… Non… Ce… Non…
Korone secoue doucement la tête, refusant de laisser Deshya prendre toute la faute sur elle. Korone n’en veut même pas à Pera, vu qu’elle n’a jamais réellement avoué ce qu’il se passait. Que la raison qu’elle se sentait si mal était à cause de la présence de quelqu’un à l’intérieur de la fête.
– Promis, Korone, même lorsqu’on sera séparé, je te protégerai. Je ne te laisserai pas perdre quelqu’un d’autre.
Des mots qui viennent du cœur. Même si elles ne se connaissent pas depuis longtemps, même si Deshya ne sait rien sur Korone, que Korone ne sait presque rien sur Deshya, un réel lien s’est formé entre elles. Que cela soit l’un formé par le destin, l’un créé par un passé similaire ou l’un provoqué par de réels sentiments, cela n’a pas la moindre importance pour elles : ce qui compte est qu’elles s’adorent vraiment. Que même si cela n’est que le début d’une relation, l’amour qu’elle ressent l’une pour l’autre est réel. C’est tout ce qui compte pour elles. Savoir POURQUOI n’a aucune importance.
– J’ai eu peur pour toi, Korone,” avoue finalement Deshya.
Sa queue de renard bouge doucement derrière elle. Deshya est rassurée de savoir que Korone n’est ni morte, ni blessée. Ses vêtements sont salis au niveau des genoux et ses mains sont poussiéreuses, mais rien de plus. Aucune blessure ne semble parcourir son corps, mais peut-être que son cœur vient de recevoir une cicatrice. Par la peur. Par un traumatisme. Par le chagrin. En tenant fermement Deshya, elle ouvre la bouche. D’abord, rien n’y sort, mais les mots de l’homme — pour être plus exact, les derniers de celui-ci — reviennent dans son esprit. Elle a eu peur, tellement peur. Elle a cru qu’elle avait encore mis en danger des gens qu’elle aime et pourtant, cet homme l’a laissé tranquille. Il a séché ses larmes, lui a parlé amicalement, a souri honnêtement. Il ne présentait aucun danger pour elle et pourtant, Korone est certaine que c’était lui, le regard horrible qui s’est posé sur elle. Aurait-elle mal compris ? Est-ce qu’il a réellement un rapport avec son passé ? Peut-être…
Néanmoins, Korone a compris quelque chose. Non, elle le savait déjà, mais c’est justement parce qu’elle a eu si peur qu’elle peut le dire — qu’elle veut le dire. Si elle continue d’être effrayée de la sorte, si elle garde tout dans son cœur, alors rien ne changera. Elle ne veut pas que sa vie continue comme ça, même si elle vient à être courte. Alors elle ouvre la bouche en grand.
– G-G…
Alors elle doit accepter que c’est ce qu’elle souhaite. Même s’ils refusent…
– ……
Elle veut au moins avouer ce qu’elle ressent.
– Grande-sœur…
Et elle ose le dire. Deshya ouvre grand les yeux et tourne doucement le regard vers Korone, cette dernière désormais câlinant Deshya à son tour tout en pleurant à larmes salées.
– Grande-sœur… Grande-sœur…
– K-Korone… ?
– Je veux… Je ne veux pas partir… Je ne veux pas qu’on se sépare…
– …
– Je ne veux pas me séparer de vous, je veux…
– ……
– Je veux rester avec vous… Vous êtes si gentils avec moi et… Et je ne pourrai pas supporter de partir… Même avec une autre famille… Je ne veux pas d’une autre famille… Je… Je…
C’est ici la limite de Korone. Elle n’arrive pas à arrêter ses sanglots, elle continue de pleurer et de pleurer, la boule dans sa gorge bien trop grosse, bien trop forte. Elle tient fermement Deshya, celle qu’elle a enfin osé appeler ‘grande-sœur’, et laisse sa peur, sa tristesse, sa frayeur couler sur ses joues, toucher la robe de Deshya. Elle ose laisser son cœur s’ouvrir honnêtement. La fille rousse à côté d’elle se relève en gardant Korone dans ses bras. Elle baisse la tête et observe le sol avec des yeux… émus. Elle finit par sourire et caresse doucement les cheveux de la petite fille.
– Je vois.
Deshya veut pouffer, mais elle n’y arrive pas. Avec de petites larmes dans les yeux, Deshya laisse la petite fille s’exprimer et pleurer sur elle.
– Je suis heureuse que tu penses comme moi, alors…” avoue-t-elle.
Korone ouvre doucement les yeux, pleurant toujours. Deshya lève la tête et observe le bout de ciel qu’elle peut observer depuis les trous du toit.
– Moi aussi, je ne veux pas qu’on se sépare. En réalité, j’étais triste rien que d’y penser, mais je ne pouvais pas laisser mon égoïsme parler. Mais tu es une mignonne, intelligente et spéciale petite fille. En plus…
Deshya arrête de caresser les cheveux de Korone et la serre encore plus dans ses bras.
– J’ai toujours voulu une petite-sœur. Tu es la petite-sœur parfaite, celle dont j’ai toujours rêvé d’avoir.
Des mots totalement sincères.
– Je n’osais juste pas le dire parce que je trouvais cela trop égoïste. Tu viens de perdre tes parents adoptifs et nous nous connaissons depuis peu, mais…
– Je sais. Je sais…
Korone la coupe dans sa phrase et lui enlace le cou en souriant, ses larmes désormais aussi bien salées que sucrées.
– Ils me manquent et ils me manqueront toujours, mais je ne peux rien y faire,” avoue Korone. Alors j’aimerai au moins… être ta petite-sœur.
– … Tu es certaine ?” demande Deshya.
Korone ne répond pas de sa voix, mais d’un acquiescement empli d’assurance. Un réel ‘oui’ qui est plus fort que la moindre confirmation vocale. Deshya sourit à nouveau et se retourne vers l’entrée de la réserve, la porte toujours ouverte.
– Alors je ferai tout pour qu’on reste ensemble, petite-sœur.
Korone la remercie encore et encore, tandis que les deux filles, toutes les deux des larmes dans les yeux, sortent de la réserve et s’éloignent. Elles ont pû s’exprimer honnêtement l’une à l’autre. Peut-être que leurs mots n’étaient pas parfaits, peut-être qu’elles ne s’étaient pas exprimées de la façon la plus juste, mais cela n’avait aucune importance pour elles : parce qu’elles se sont comprises. Parce que même si elles ne se connaissent depuis qu’une semaine, ce sont les sentiments qui battent dans leur cœur. Elles tiennent l’une à l’autre et lorsque Korone a fait son apparition dans la famille Oveja, même si cela n’était que pour sa protection, un lien s’est formé. Non seulement entre Korone et Deshya, mais aussi entre Korone et Gatito, entre Korone et Pera. Cependant, ce sont les deux filles, celles qui marchent en direction de la villa, qui ont le lien le plus fort.
Un début d’amour fraternel.
Depuis l’obscurité de la nuit, deux personnes les regardent. L’une des deux est l’homme qui a discuté avec Korone, l’autre est celle qui a fait semblant d’être un garde. L’homme sourit et se retourne.
– Profite de ta nouvelle famille. Je sais que tu as peur qu’ils soient en danger de ta faute, Korone… mais ne t’inquiètes pas.
L’homme s’éloigne, les mains en poche, admirant la lune au-dessus de lui.
– Avec cette p’tite renarde, tu ne risques rien.
La personne derrière lui plisse les yeux en observant Deshya partir avec cette petite-fille, alors il attrape son téléphone et appelle quelqu’un. Avant que la personne de l’autre côté du fil réponde, elle plisse les yeux en observant l’homme devant elle.
– Tu es certain que tu ne veux rien m’expliquer ? C’est la petite fille qui a failli mourir dans le bus, non ? Alors pourquoi est-ce que tu l’as enlevé ?
L’homme sourit, mais la personne derrière lui ne peut pas le voir.
– Parce qu’en les observant, j’ai compris.
L’homme retire son chapeau et laisse ses longs cheveux noirs flotter dans la douce brise de la nuit.
– Qu’elle avait simplement peur de les mettre en danger à leur tour.
La personne de l’autre côté du fil répond et l’autre personne, celle derrière l’homme s’excuse pour lui parler.
– Oui, c’est moi. Il est fort probable que la p’tite rejoigne la famille de Deshya. Oui. Non, elles ne se connaissaient pas avant, elles se sont rencontrées dans le bus. Oui. Oui, cela ne fait qu’une semaine, mais il semblerait qu’elles se soient déjà attachées l’une à l’autre. Oui. Cela n’est pas un problème ? D’accord.
La personne raccroche et range son téléphone avant de s’avancer aux côtés de l’homme.
– On dirait que cela la rend heureuse, alors qu’importe.
La personne hausse les épaules et avec l’homme, ils partent bien plus loin que la villa. Cependant, l’homme barbu observe une dernière fois la villa derrière lui.
– Elles doivent le savoir l’une et l’autre. Qu’elles sont liées. C’est peut-être pour ça qu’elles se sont attachées aussi rapidement…
Il sourit et se retourne pour regarder ce qu’il se trouve devant lui.
– Mais je sais qu’elles s’adorent vraiment. Alors restez ensemble, voici mon vœu… en tant que personne qui sait qui tu es réellement, Korone—
Et sur ses pensées, ces deux personnes disparurent dans l’obscurité de la nuit.
*************************************
De retour dans la villa, Deshya garde toujours Korone dans ses bras et passe dans l’entrée sans garde, celui-ci dormant trop profondément. Deshya n’avait pas essayé de le réveiller, vu qu’elle a couru le plus rapidement possible pour retrouver Korone, mais elle compte prévenir son père et les autres gardes : peut-être qu’ils auront plus d’informations sur ce qu’il s’est passé. Dans tous les cas, Deshya serre fermement Korone dans ses bras, s’assurant qu’elle ne tombe pas. Elle a bien pleuré et sur le chemin, elle s’est mise à s’endormir, même si le bruit à l’intérieur de la salle va probablement la réveiller. Néanmoins, elle entre et est accueilli d’une femme aux cheveux de la même couleur que les siens.
– Chérie !! Tu as trouvé—
– Chut, elle s’est endormie.
Pera place deux mains devant la bouche et Deshya sourit en se tournant, laissant le visage de Korone être vu par sa mère.
– Je vous raconterai rapidement ce qu’il s’est passé plus tard. Est-ce que Mariah en a terminé avec sa déduction ?
Pera lui propose de venir voir et Deshya accepte. Les portes de la salle sont ouvertes et la fille à la robe de renard remarque que les invités font beaucoup de bruit. Mariah approche le microphone de sa bouche.
– Pourquoi l’avoir tué, cependant ?” demande-t-elle en fixant Rei, le coupable de cette affaire.
Deshya admire la scène, mais son attention est rapidement détournée vers l’inspecteur de police qui s’approche d’elle hâtivement.
– Tu as retrouvé Korone, on dirait. Tant mieux, je m’étais inquiété,” avoue Gatito.
– Je vous raconterai après. Est-ce que ‘Rei Polley’ est bel et bien le coupable ?” demande Deshya.
L’homme musclé acquiesce.
– Vous aviez raison sur toute la ligne. Je ne sais pas comment vous faites.
– Lorsque j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de trou dans les tentures, je me suis dit que ce n’était pas possible d’avoir commis le meurtre depuis l’extérieur. Les morceaux de verre à l’intérieur nous ont bien embêtés, cependant…
Deshya soupire, mais sourit en regardant Mariah.
– Bah, tant qu’on attrape le criminel, qu’importe, pas vrai ?
Ses deux parents se regardent l’un l’autre avant de pencher la tête en admirant leur fille.
– Tu as l’air bizarrement… heureuse ?
Ils le disent en chœur et Deshya cligne des yeux avant de rire. Gatito et Pera ne comprennent pas ce qu’il s’est passé, mais ils n’ont pas le temps de le demander : le coupable se lève et serre un poing avant d’hurler :
– Ce mec… Ce mec me suivait !! Il me menaçait !!
Même sans parler dans le microphone, tout le monde pouvait l’entendre, même au fond de la salle. Les invités se turent tous et seul Rei pouvait être entendu.
– Il venait me voir discrètement à l’école, caché dans sa voiture !! Je ne l’avais jamais remarqué avant… Avant que je passe dans le parking à côté, de là où ils pouvaient bien m’observer sans qu’j’le remarque ! Mais j’ai reconnu sa voiture, ahah. Ahah, il me… Il me stalkait !!
Il frappe le sol de son pied, grinçant les dents.
– Il est même venu jusqu’à demander à mes grand-parents d’me laisser tomber !!! Alors que j’ai perdu mes parents jeune et qu’ils sont ma seule famille, il a osé d’mander un tel truc… ‘Tain !!
Il se met à pleurer à nouveau, la tête baissée.
– Je n’osais même plus sortir de l’école, vu que j’me sentais observé… Il m’harcelait en m’disant que j’n’aurai plus besoin de travailler à mon misérable job, alors j’l’ai tué durant la fête qu’il aime tant, ici !! Comme ça, il regrette bien d’avoir osé me suivre comme ça ! Comme ça il regrette, il regrette !!
Rei se met à rire et Mariah le regarde avec des yeux ennuyés. Dash va aller le calmer quand Antoine, l’homme le plus âgé des quatre suspects, se lève.
– De quoi tu parles ?!!” hurle-t-il.
Rei ouvre grand les yeux et se retourne vers lui. D’un sourire à pleine dent, Rei répond :
– T’étais son pote, donc tu sais sûrement rien, mais—
– Mais t’es complétement con !!
Antoine frappe Rei en plein visage avant d’être rattrapé par Dash, le forçant à s’immobiliser. Antoine, des larmes dans les yeux, continue d’hurler.
– S’il te surveillait à l’école, c’est car il a appris qu’on t’harcelait là-bas !!! Il voulait juste voir si t’allais bien !!!
Rei se fige.
– Il t’adorait et il était ami avec tes parents, donc il voulait qu’tu vives une meilleure vie !! Il a demandé à tes grand-parents qu’ils te lâchent un peu dans la nature à la place d’te laisser vivre toujours au même endroit, car il voulait bien que tu vives dans une de ses maisons !! Il voulait bien te garder sous sa tutelle !!!” continue Antoine.
– Tu… Tu mens…
Rei secoue la tête. Antoine se frappe la tête contre le sol de la scène en sanglotant.
– Il voulait que tu travailles chez lui, vu que tu aimes tant les friandises, c’est pour ça qu’il t’avait dit que tu n’aurais plus besoin de ton travail… mais il avait besoin de terminer son prochain magasin avant de te le proposer… Et toi… et toi…
– C’est bon,” lui dit Dash.
Antoine se tut donc, laissant un Rei paralysé sur la scène, entre Mariah et Antoine.
– Tu… mens…
Manny se gratte la nuque.
– Il dit la vérité,” avoue-t-il. Il m’a proposé un travail là-bas avec toi, mais vu que j’ai refusé, je ne voyais pas l’intérêt de t’en parler…
Rei observe ses propres mains, les yeux écarquillés à leur maximum. Ses bras commencent à trembler et il secoue plusieurs fois la tête de gauche à droite, comme s’il refusait de croire ce qu’il avait fait.
– Vous… Je… G… Georges…
Rei se frappe la tête contre le sol en hurlant de rage. Un des gardes arrive pour l’arrêter, tandis que Mariah coupe le microphone et le remet à sa place.
– QU’EST-CE QUE J’AI FAIT ?! QU’EST-CE QUE J’AI FAIT ?! QU’EST-CE QUE J’AI FAIT ?! QU’EST-CE QUE J’AI FAIT ?!!!!!!
Les larmes de Rei s’éclatèrent contre la scène, tandis que le garde et Dash vinrent l’arrêter de se frapper la tête contre le bois. Mariah s’approche d’eux et claque la langue.
– Je suis content que Georges ne t’ait jamais pris sous son aile, alors.
Elle secoue la tête une seule fois et, avec un air colérique sur le visage, elle finit sa phrase.
– Un tueur comme toi ne mérite pas un homme attentionné comme lui.
Sur ses mots, elle passe à côté de lui et part de la scène, son cœur battant à la chamade par la rage causée par ce qu’elle vient d’entendre. La foule d’invités crée un bruit d’enfer et Deshya prend un air attristé sur son visage. Gatito touche l’épaule de sa fille.
– Ce n’est pas la première fois que je vois un coupable tuer à cause d’un malentendu. Aussi triste que cela soit, ce n’est pas rare.
– Pas assez rare,” avoue Annie.
Gatito acquiesce et Deshya sourit faiblement.
– Je suppose qu’il y a des tueurs de toutes les sortes, dans ce monde…” chuchote-t-elle.
Seul Gatito pu l’entendre, mais il ne réagit pas. Sur cette scène triste, les invités partirent un par un.
Alors que ce samedi 10 Septembre aurait dû être un jour de fête incroyable, elle se termine en un tel désastre.
Cependant, tout ne se termine pas de la pire façon. Colin et Mona ont proposé aux invités de revenir demain pour une réelle fête et s’assureront qu’aucun meurtre ne soit commis. Bien que tous les invités n’acceptèrent pas, la plupart reviennent, même la famille de Deshya. Cette fois-ci, la fête se passe sans le moindre souci et dure encore plus longtemps que d’habitude, commençant plus tôt que les autres fois. À la grande surprise des organisateurs, à part treize invités, tout le monde revint s’amuser et profiter de leur anniversaire. Même si Deshya, Annie, dont Mariah et Dash se trouvent là-bas, rien de mal ne se passe. Tout le monde a pu rire, s’amuser et profiter d’un magnifique buffet. La fenêtre a été réparée rapidement et vers 22h, la famille Oveja rentre chez elle, heure similaire que la plupart des invités : après tout, Deshya a école, demain. Cependant, avant de rentrer réellement chez eux—
– Êtes-vous certaine ?
Un homme âgé, dans la soixantaine, se trouve sur une chaise, en face de quatre personnes. La petite fille acquiesce et lève les bras.
– Je suis certaine !!
L’homme se tourne vers les deux adultes.
– Vous avez au moins 25 ans, vous possédez au moins 15 ans de plus que la fille et vous êtes tous deux consentants. Tout me semble en ordre, mais—
– Cela prend environ 4 mois, n’est-ce pas ?
L’homme est coupé par l’autre fille, celle à la robe renard.
– La préparation se déroule environ sur un tiers de l’année, tandis qu’une enquête sociale doit être réalisée dans les 2 mois après le jugement. Après tout, un tel procédé ne peut pas se faire en seulement une signature.
Le notaire soupire et Gatito agite doucement les mains.
– Ne faites pas attention à elle…” lâche-t-il.
– Elle n’a pas tort, cependant. Est-ce qu’elle s’est renseignée à l’avance ?
Deshya acquiesce, mais en réalité, elle le sait depuis longtemps. La petite fille à ses côtés, celle aux magnifiques cheveux blancs, sourit.
– Grande-sœur sait beaucoup de choses !
Korone pouffe et Deshya se gratte la joue.
– Pardon, je suis excitée, ahah…
– Je peux comprendre. Cependant, j’ai entendu de la part du chef de votre station de police que vous protégez aussi la petite, n’est-ce pas ?” demande le notaire.
Gatito acquiesce et explique rapidement la situation. Après les avoir écouté, l’homme en face d’eux sourit et range un certain papier.
– Bien. Comme votre fille vient de le dire, la préparation dure 4 mois et est obligatoire. Cependant, je ne pense guère avoir besoin d’entrer dans les détails, vu que vous semblez connaître les procédés. La partie collective dure environ 20 heures en tout, mais la partie individuelle est totalement facultative, donc c’est votre décision.
Le notaire baisse la tête et cherche quelque chose dans ses tiroirs.
– Vous aurez ensuite le jugement d’aptitude et l’apparentement, pour finir la reconnaissance d’adoption. Je vous offre des papiers qui expliquent tout cela, mais revenez me voir dans les jours à venir avec la petite pour en discuter.
Il offre des papiers aux parents de Deshya et dépose ensuite les épaules sur le bureau avant de regarder Korone avec un sourire.
– Laisse-moi te le demander à nouveau.
La petite acquiesce.
– Tu es certaine de vouloir être adoptée par Gatito et Pera Oveja, devenant ainsi la petite-sœur de Deshya Oveja ?
Korone lâche un gigantesque sourire et répond :
– Vuii !!
Elle saute ensuite dans les bras de ses futurs parents et le notaire pouffe.
– Vu qu’elle était anciennement adoptée par ‘Roger Taketa’ et sa femme, ‘Maurine’, nous aurons l’une ou l’autre chose à faire supplémentaire, mais nous en parlerons la prochaine fois.
Il range d’autres papiers et forme une boule de ses deux mains, juste devant lui, posée sur le bureau, tout en souriant faiblement.
– Bien qu’elle ne soit pas officiellement adoptée par vous encore maintenant, vu qu’elle n’a nulle part d’autre où aller et qu’elle est sous votre protection, vous la police, nous vous autorisons à déjà l’appeler ‘Korone Oveja’ si l’adoptée en est consentante.
Korone acquiesce à nouveau et saute ensuite sur Deshya.
– Korone Oveja, c’est trop mimi !!” dit la petite. Le nom que grande-sœur !!
– Calme, calme, ahah !!” rigole Deshya.
Le notaire discute encore quelques paroles avec les deux parents avant qu’ils se lèvent tous les cinq. Gatito et Pera le remercient avant de prendre la main de leur fille — ou plutôt, de leur deux nouvelles filles. En sortant de la salle, Pera se sèche les yeux.
– On dirait qu’on peut enfin avoir une nouvelle fille, hein…” lâche-t-elle.
– Même si ton corps ne l’accepte pas, on dirait bien qu’on a enfin eu le courage d’adopter,” sourit Gatito.
Pera regarde son ventre et plisse les yeux, mais à la place d’avoir son air déprimé, elle sourit.
– Deux filles… C’est toujours ce qu’on a souhaité.
Gatito acquiesce et Korone lâche leur main en leur proposant la course jusqu’à la voiture. Deshya croise les bras en disant que cela sera trop simple pour elle, vu ses attributs de renard. Korone tire la langue et dit qu’elle a le droit de prendre l’ascenseur avec ses parents, mais Deshya doit descendre les quatre étages par les escaliers. Elle va râler quand Gatito prend Korone sur ses épaules et fonce dans l’ascenseur avec la petite et sa femme. Deshya s’agite avant de commencer à courir en râlant, tandis que Korone rigole. Néanmoins, c’est bel et bien Deshya qui arrive en première et Korone fait la moue, mais, sous la pluie nocturne, ils rigolent tous les quatre avant d’entrer dans la voiture et rentrent chez eux.
Et arrivés à la maison, Deshya et Korone vont dormir ensemble. Avant de fermer les yeux, elles se souhaitent bonne nuit en même temps :
– Dors bien, grande-sœur.
– Fais de beaux rêves, petite-sœur.
Et après tout ce temps, enfin le rêve de la famille Oveja se réalise.
D’avoir une deuxième fille.
D’avoir une petite-sœur.