Fox-Eared Detective
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Chapitre 33 – Le Kidnapping du Témoin Oculaire aux Oreilles de Renard ; Suspicions et Rançon
Chapitre 32 – Le Kidnapping du Témoin Oculaire aux Oreilles de Renard ; Suspects et Alibis Menu Chapitre 34 – Le Kidnapping du Témoin Oculaire aux Oreilles de Renard ; Raiji et Korone

Alors que Deshya se trouvait au parc Linda en attendant l’arrivée de Raiji Harmony, elle a observé le meurtre d’une jeune fille dans la forêt juste à côté. Elle a attrapé son téléphone et tout en fuyant, a écrit un message et l’a envoyé à quelqu’un, mais malheureusement, elle s’est faite frappée à la tête et s’est évanouie directement, laissant son téléphone allumé et récupéré par le coupable. De plus, Deshya a été enlevé ! Quelques instants plus tard, en même temps que Raiji arrive au parc, Gatito reçoit un appel depuis le téléphone de sa fille, mais la voix n’est pas celle de Deshya : c’est celui qui a enlevé sa fille et brouille sa voix pour ne pas être reconnu directement. Une demande de rançon de 300 000 euros est proposée contre la vie de Deshya, mais ce n’est pas tout : cet argent doit lui être emmené par Raiji lui-même, tout dans un sac sans aucun transmetteur ou micro. Bien que Gatito refuse que Raiji prenne un tel risque, le garçon, se sentant coupable de cet enlèvement, accepte d’emmener l’argent avec lui et respectera les conditions. Gatito n’a pas d’autre choix que d’approuver sa demande et va chercher l’argent en laissant Sammy discuter avec les suspects. Korone et Raiji le rejoignent, tout comme une autre policière pour leur sécurité, mais le garçon doit partir après avoir discuté avec ‘Jean Boketsu’, l’ex petit-ami de la victime. Korone reste avec Sammy tout au long et essaie de les embrouiller en mentant un peu, mais vu que tous les trois réagissent étrangement à chaque fois, il est impossible de comprendre qui est le coupable de l’affaire.

‘Jean Boketsu’, l’ex petit-ami de Claire Dochamps, était dans sa chambre au moment du crime et n’aurait donc pas pû aller au parc et y revenir à temps. Il jouait sur son ordinateur et a même répondu à sa mère à un moment.

‘Adam Evans’, l’ex petit-ami de Jean, était avec ses amis quelques minutes en retard, mais il n’a ni une voiture, ni un permis de conduire. Entre le moment où il est arrivé pour discuter avec eux trois et celui où Claire a été tué, il n’aurait jamais pû revenir à temps et donc a un alibi qui semble valide.

‘Tom Loston’, le meilleur ami d’Adam Evans, est allé à la salle de sport vers 13h12 et après avoir discuté quelques instants au téléphone à l’extérieur, il est rentré et a pratiqué du sport trois quart d’heures avant de rentrer chez lui. 15 minutes est nécessaire entre le parc et la salle de sport, donc il n’aurait jamais pû commettre le crime non plus.

Bref, tous les trois semblent être innocents, mais Korone demande quelque chose d’étrange à Sammy : de retourner à la maison d’un des trois suspects pour chercher la preuve qui prouvera que ce jeune homme-là est le coupable derrière le meurtre de Claire Dochamps.

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Quelques minutes plus tôt, Raiji arrive à l’endroit où Gatito lui avait demandé de le rejoindre : le hall de sport tout près de l’école de Tetazo, à quelques minutes de marche de la gare de cette même ville. Là-bas, il se fait accueillir par Gatito et plusieurs personnes dans des tenues de tous les jours. Raiji ferme la porte derrière lui et s’arrête devant un sac rempli… de billets !!

– Il y a…

– 300 000 euros dedans, oui.

Gatito ferme le sac et se relève avant de se tourner vers une table ou plusieurs petits objets peuvent être observés. Raiji analyse les gens autour de lui, mais comme s’il pouvait lire dans son esprit, Gatito lui répond à ses questions intérieures.

– Ils sont tous membres de la police. Ils vont te suivre discrètement pour assurer ta sécurité et découvrir où se cache celui qui a enlevé Deshya. On ne compte pas simplement lui donner tout cet argent sans nous battre.

Gatito démêle certains fils et se retourne vers le garçon aux cheveux noirs.

– Surtout que même si on lui donne ce qu’il veut, il ne nous laissera pas récupérer Deshya. Pas en vie, en tout cas,” lâche-t-il avec colère.

– J’y avais pensé aussi…” avoue Raiji.

– Vu le message qu’elle t’a envoyé, elle doit savoir qui est le coupable de la mort de Claire Dochamps. S’il nous la rend, elle va nous avouer qui est cette personne et on pourra l’arrêter directement, donc ça n’a aucun sens de nous la rendre en vie. Cependant, vu qu’on ne sait pas qui est derrière tout ça, ni où elle est retenue, on est obligé de l’écouter si on veut espérer revoir Deshya en vie. Ne bouge pas, s’il te plaît.

Raiji lève les bras comme demandé et reste immobile. Un autre policier s’approche de lui et lui installe quelque chose sur lui, mais le cache pour que ce soit caché derrière ses vêtements.

– On te pose quelques microphones et capteurs pour pouvoir te repérer à tout moment et entendre ce qu’il y a autour de toi. Même si des policiers vont te suivre de près, ils ne peuvent pas trop s’approcher ou tous t’accompagner jusqu’à l’endroit où se trouve Deshya, donc ceci nous permettra de te suivre de loin tout en s’assurant qu’on ne te perd pas.

Raiji se doutait aussi qu’ils allaient installer des microphones et des capteurs sur lui, mais il se demande comment Korone l’avait deviné aussi. Il observe la table et se concentre surtout sur l’un des capteurs là-bas.

Ce que m’a demandé Korone…

Il y pense à nouveau. Il comprend très bien cette proposition, mais il trouve cela étrange que ce soit une petite fille comme elle qui lui fasse une telle requête. Après que Gatito et le policier aient terminé de cacher les microphones et capteurs sous les vêtements de Raji, ce dernier se dirige vers la table et observe les capteurs avec attention avant de se retourner et admire le sac foncé avec tout l’argent qui sert de rançon. Autant d’argent en un seul endroit… Il transpire presque rien qu’en pensant qu’il va devoir transporter cela jusqu’à la personne qui a enlevé Deshya et tué Claire Dochamps. Désormais qu’il a accepté la requête de Korone et qu’il a fait en sorte que son ‘plan’ soit possible, il décide de se concentrer sur Gatito et les policiers : il ne peut pas se permettre de tout foirer.

– Raiji, je vais être très clair.

Gatito touche les deux épaules du garçon et le fixe avec une flamboyante intensité. Raiji déglutit bruyamment et les policiers ressentent la pression exercée par l’inspecteur policier.

– Quoi qu’il advienne, la priorité est de sauver Deshya, mais tu dois être aussi en sécurité. Si tu te sens en danger, alors tu abandonnes. D’accord ?” lui dit Gatito.

Raiji a ses yeux braqués sur l’homme juste en face de lui, mais il finit par sourire.

– Je vais la ramener, votre fille. Je lui permets pas d’crever tant que j’ai pas eu mon rendez-vous avec elle.

CHAPITRE 33   
Le Kidnapping du Témoin Oculaire aux Oreilles de Renard ; Suspicions et Rançon
(Case 6)


– Parfait, alors.

Gatito lâche Raiji et regarde sa montre.

– On a encore du temps avant que l’heure de leur appel n’arrive, mais ne tardons pas. Avant d’aller à la gare, je t’explique rapidement ce que tu dois faire, Raiji.

L’inspecteur aux cheveux roux tourne son corps entier vers lui et range ses mains dans ses poches.

– Le sac que tu vas leur apporter est bel et bien sans aucun microphone, ni de capteur, vu que tout se trouve sur toi. Lorsque tu rencontreras la personne qui a enlevé Deshya, ne joue pas les héros : tu demandes une confirmation que Deshya est bien encore en vie et en sécurité, mais s’il force pour recevoir l’argent, tu acceptes que tu le voies armé ou non. Peut-être cache-t-il une arme sur lui, tu ne veux pas risquer ta vie en essayant de fuir et te faire tirer dessus pendant que tu lui tournes le dos,” explique-t-il.

– Même si nous ne sommes pas certains que Deshya va bien, je lui passe le sac avec l’argent… ?” demande Raiji, surpris.

– C’est bien ça. Nous allons te surveiller, donc il n’aura nulle part où fuir. Il y a plus de chance qu’il baisse sa garde après avoir reçu l’argent et devra retourner voir Deshya un moment ou à un autre. C’est à ce moment-là que nous, la police, agirons.

Raiji porte le sac en fermant un œil : il est plus lourd que prévu. D’un côté, il n’est pas réellement surpris : 300 000 euros en liquide, cela fait énormément de billets. Un des policiers lui demande si ça ira, mais Raiji arrive à porter le sac et dépose la lanière sur son épaule droite en souriant à pleine dent.

– Moins lourd que mon cartable d’école !

Il montre son pouce, ce qui fait rire le policier. Gatito lâche un son amusé, mais il reprend son sérieux directement après.

– Je ne sais pas si tu es comme ma famille, mais je préfère te le rappeler au cas où : ceci est la vraie vie. Ce n’est pas une histoire de fiction où tu peux t’amuser comme tu veux et espérer t’en sortir. Quoi qu’il advienne, je suis sérieux, mais ta sécurité est—

– Je le sais. Je ne suis pas si stupide. Je promets que je ferai tout pour sortir Deshya de cette situation.

Le garçon aux cheveux décoiffés tourne uniquement le regard vers l’homme policier et son expression montre une détermination embrasée.

– Je ne laisserai pas la meilleure amie de ma meilleure amie mourir. Jamais.

Gatito s’approche de lui et tapote son épaule.

– On compte sur toi.

– Bien sûr.

L’inspecteur se retourne vers les policiers déguisés en habitants normaux. Certains d’entre eux sont des hommes, d’autres des femmes, et leurs vêtements sont tous différents, bien que la plupart ont une casquette sur la tête.

– Je vais à la gare de Tetazo avec Raiji directement, mais venez petit à petit. Vous êtes cinq, donc l’un d’entre vous arrivera quelques minutes plus tard, ensuite deux d’entre vous et encore deux après. Il est plausible que le suspect nous surveille, il est donc préférable de prendre nos précautions.

– Oui !

Les cinq policiers répondent en même temps et Raiji tient le sac sur son épaule avec attention. Il devrait pouvoir courir en le portant, mais il n’arrivera jamais à être aussi rapide que d’habitude. Il doit aussi rester sur ses gardes au cas où quelqu’un chercherait à voler son sac… Il doute que quiconque pourrait s’échapper avec autant d’argent, surtout que la police va le surveiller, mais il ne veut pas produire la moindre erreur sur le chemin. Gatito lui fait signe qu’ils partent directement et il acquiesce. Raiji suit donc l’inspecteur de police en dehors du bâtiment et sort en plein jour.

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Bien plus tard, à 14h18, Raiji attend patiemment à la gare, surveillé par les cinq policiers qui sont déguisés en habitants normaux autour de lui, mais éparpillés dans tous les sens pour que le coupable ne se doute de rien au cas où il surveille le garçon aux cheveux noirs décoiffés. Gatito, de son côté, vérifie la position de Raiji et écoute à travers son casque, là où il peut entendre à travers les microphones cachés sur le garçon. Un des cinq agents de police qui surveillent Raiji de plus près possède une oreillette qui peut entendre depuis le deuxième microphone : il va se trouver un peu plus loin du garçon et au cas où ils perdent sa trace pour une raison ou une autre, il pourra toujours savoir ce qui est dit à travers son oreillette. D’autres habitants de Tetazo et d’autres villes annexes attendent leurs trains. Ils se trouvent sur la voie 2, mais en réalité, Raiji et la police n’ont pas connaissance de l’endroit exact où ils doivent aller, vu que le kidnappeur a simplement ordonné que Raiji vienne à la gare, et non une place précise.

Dans une minute, il va m’appeler et me donner des instructions…” pense Raiji.

Il ressent de l’angoisse, que cela soit pour lui-même ou Deshya, mais aussi une certaine excitation qu’il ne peut pas s’empêcher d’aimer. Il se trouve dans une situation peut-être complexe et dangereuse, mais c’est ce qu’il apprécie bizarrement. Il aurait préféré que cela n’arrive pas, mais vu qu’il n’a pas vraiment le choix que d’aider Deshya, il accepte grandement d’être celui sur le devant de la scène.

Par contre, je me demande si le coupable est Jean, l’ex copain de Claire… Je n’ai pas pû rencontrer les deux autres, mais Sammy et Korone devraient connaître leurs alibis, maintenant. J’espère qu’ils ont trouvé quelque chose.

Il est inquiet pour Deshya et bien qu’il aime être celui qui va offrir la rançon à cette personne, il espère de tout cœur qu’ils attraperont le coupable avant qu’il ne soit trop tard. Si Deshya vient à être gravement blessée ou même à mourir aujourd’hui, il ne pourra jamais se le pardonner. Il n’arrivera jamais à penser que c’est de sa faute qu’elle est morte. Que s’il n’avait pas souhaité la rencontrer simplement pour qu’ils deviennent amis, Deshya aurait pû continuer à vivre. Même s’il doit sacrifier sa sécurité pour celle de Deshya, il la sauvera. Il acceptera de prendre la place de la fille et assumera les conséquences de ses actes.

Désolé, papa de Deshya. J’ai promis que je ferai tout pour être en sécurité, mais j’irai jusqu’à me sacrifier pour sauver votre fille. Ma vie ne vaut pas la sienne.

Il est déterminé à la sauver coûte que coûte. C’est lorsqu’il est dans ses pensées que le téléphone qu’il a sur lui se met à sonner. Il l’attrape et répond directement.

– Il appelle !” crie Gatito depuis sa pièce.

Il a donné son téléphone à Raiji pour qu’il puisse recevoir l’appel tout seul et économiser du temps : ils sont certains que si la police était restée aux côtés du garçon, le kidnappeur leur aurait demandé de s’éloigner de Raiji. Ce dernier met le téléphone à côté de son oreille.

– Allô ?

– Ah, Raiji. La police n’est pas à tes côtés, n’est-ce pas ?

– Gatito m’a offert le sac avec 300 000 euros dedans et je suis arrivé à la gare comme prévu. Je suis à la voie 2.

– Si vous me mentez, vous savez ce qui arrive à Deshya.

– Je ne mens pas. Tu pourras vérifier le sac si tu veux, ça m’est égal. Je veux juste retrouver Deshya.

La personne de l’autre côté du fil ricane, ce qui agace Raiji. Cependant, il garde son calme et ne discute pas trop pour ne pas faire la moindre erreur. Il hésite à expliquer au kidnappeur qu’aucun microphone ou capteur n’a été mis dans le sac, ce qui est vrai, mais il décide rapidement de ne rien dire : il ne veut pas que ces mots paraissent être un moyen de rassurer plutôt que la vérité.

– J’t’aime bien. Passe à la voie 3 et rentre dans le train qui va vers Izambar et a comme dernier arrêt Bexel,” lui ordonne la personne de l’autre côté du fil.

Bexel… La capitale ?” se demande intérieurement Raiji.

Izambar est la ville annexe de Tetazo, juste au nord. Bexel est encore bien plus au nord, proche de la frontière, un peu plus bas que Floria. Raiji accepte et le téléphone se coupe. Il part donc vers la voie 3 tout en chuchotant aux microphones cachés sur lui ce qu’il doit faire et Gatito ordonne aux cinq policiers qui sont proches de Raiji de le suivre discrètement à la voie d’à côté. Heureusement pour eux, cela n’est pas compliqué : la voie 3 est juste à côté de la voie 2, donc ils n’ont même pas à descendre les escalators et faire tout un trajet. Gatito attrape son propre téléphone et appelle un certain numéro.

– … Ah, c’est toi. Pardon, mais pourrais-tu faire attention au train qui part de Tetazo vers Bexel ? Nous faisons une transaction de rançon avec une personne qui a enlevé ma fille. Il parle d’aller jusqu’à Bexel, donc il est possible que le coupable se dirige là-bas. Aussi, pourrais-tu prévenir la police d’Izambar ? Le fait que la personne ait mentionné le nom de cette ville m’indique qu’il est possible que Raiji doive descendre à Izambar. Je vois. Merci de ta coopération et excuse-moi pour ce dérangement. Merci.

Il raccroche et se mord le pouce. Raiji est désormais dans le train, assis sur un des nombreux sièges vides du véhicule. Il dépose le sac à ses côtés et souffle.

J’ai fini ce que je devais faire pour Korone… J’espère que ça aura le moindre intérêt.

Il s’étire et se craque l’épaule avant de laisser sa tête tomber contre le dos sur siège. Le train partira dans 2 minutes, mais il se demande où il va réellement aller… Si le coupable de la mort de Claire Dochamps est l’un des trois suspects que les parents de la victime ont dit, irait-il réellement aussi loin ? S’il disparaît de sa maison, cela sera très simple de découvrir son identité. Raiji bouge doucement sa langue, ressentant un léger désagrément. Il réfléchit à ce qu’il va se passer, mais ses pensées sont rapidement coupées : le téléphone sonne à nouveau. Il l’attrape et répond à l’appel provenant du téléphone de Deshya.

– Je suis dans le train, qu’y a-t-il ?

– Je te préviens juste que je vais t’appeler à nouveau au prochain arrêt pour t’expliquer où tu dois descendre. Si je ne vois pas l’argent avec toi, je n’hésiterai pas à tuer Deshya sur le champ,” lui répond la voix.

Raiji a envie de lui hurler dessus, lui demandant d’arrêter de parler de mettre fin aux jours de Deshya, mais l’énerver serait une grossière erreur. Il approuve et la personne raccroche directement. Raiji chuchote à nouveau ce qui a été raconté et Gatito croise les jambes depuis la pièce où il se trouve.

Raiji va sûrement être demandé de sortir discrètement à un certain arrêt sur la route, probablement à Izambar qui n’est pas trop loin d’ici,” pense-t-il.

Si c’est le cas, ils n’ont besoin que de trois ou quatre policiers qui le suivent. En pensant à cela, Gatito appelle Sammy et tourne doucement sa chaise à roulettes. Quelques secondes passent avant que le détective policier réponde enfin.

– Allô ?” lâche Sammy.

– Oh, Sammy. Je viens prendre de vos nouvelles.

– Je vois. Nous avons fini d’interroger les trois suspects et nous nous dirigeons vers la gare de Tetazo pour l’instant.

– La gare… ? Pourquoi donc ?

– Korone m’a demandé d’aller chercher quelque chose qu’elle pense avoir oublié là-bas, mais ensuite, on retourne à la maison d’un des trois suspects.

– Korone… ? Mais, elle n’est jamais allée à la gare.

– Cela serait Raiji qui aurait quelque chose sur lui qui appartiendrait à Korone. S’il l’a remarqué à temps, il l’a sûrement laissé à la gare, donc elle veut vérifier si elle peut le récupérer à temps. Dans tous les cas, c’est un détour rapide.

– Pas de problème. Pour les suspects, si vous retournez à la maison de l’un, est-ce que cela signifie que vous avez un potentiel coupable ?

– Tous les trois ont un alibi qui tient la route, mais tous trois ont aussi eu un comportement un peu étrange quand nous avons parlé de Claire ou même de Deshya. C’est donc impossible de déterminer quoi que ce soit de leurs réactions, cependant, Korone m’a dit qu’elle sait qui était le criminel.

Gatito fronce les sourcils et relève son corps.

– Korone le sait… ?

Sammy passe le téléphone à la petite-fille qui le tient à deux mains.

– Saluuuuut !

– Korone, c’est vrai ce que Sammy vient de dire ?

– Je peux pas encore le prouver, mais on va à sa maison pour vérifier si j’ai raison, hihi !

– Qui est-ce ?

– Avant tout, Raiji est déjà parti ? Quelle voiiie ?

– Hein… ? Oui, il est déjà dans le train, il est partie voie 3 pour aller vers Bexel. Qui est le coupable, Korone ?

– Je préfère pas dire, sinon on va vous déranger. Ah ! On est arrivé ! Au revoiiiir !!

– Ko—

Avant qu’il ne puisse l’appeler, la petite-fille quitte l’appel et laisse l’inspecteur de police bouche bée. Korone rend le téléphone au conducteur qui claque des dents.

– Tu-Tu as raccroché au nez de l’inspecteur ?!” s’écrie Sammy en rangeant son téléphone dans la poche de son pantalon.

– On va arriver et on a pas le temps de papoter !

– Mais—

– Silence, chauffeur !

– Hein ?!

Korone se met à rire, mais elle reprend rapidement un air sérieux et plisse les yeux.

Si j’avoue à Gatito qui je pense être le criminel, j’ai peur que ça gâche tout. Quitte à me faire engueuler après, je dois garder ça secret, excepté à Sammy…” se dit-elle.

Sammy arrête la voiture devant la gare et Korone se défait de sa ceinture avant de sortir hâtivement. L’homme aux courts cheveux bruns lui demande de revenir rapidement, ce qu’elle promet de faire. La petite fille se met à courir entre les gens de la foule, espérant de tout cœur que Raiji ait fait ce qu’elle avait demandé. Ce n’est pas trop grave si ce n’est pas le cas, mais les chances de réussite descendront grandement sans cela. Korone se fait pousser par un jeune adulte qui se presse entre les gens, mais elle se rattrape sur la jambe d’une femme et s’excuse. Elle continue sa course avant d’arriver à la voie 3, celle où Raiji a pris le train vers Bexel. S’il a respecté leur arrangement, alors elle devrait pouvoir trouver ce qu’elle cherche sous l’un des bancs. Elle cherche attentivement et le trouve rapidement. La petite fille l’attrape et sourit en l’admirant. Korone le serre fort dans sa main et tourne les talons pour courir en dehors de la gare, retournant ainsi à la voiture du détective policier. Sammy lui ouvre la portière et elle le remercie avec un magnifique sourire.

– Tu as récupéré ce que tu devais ?” lui demande l’homme.

– Oui !

– On va chez lui, alors. T’es certaine que c’est le coupable ?

La petite fille ferme la portière passagère et attache sa ceinture en rangeant ce qu’elle est venu récupérer dans le pli de sa robe. Elle tourne le visage vers l’homme.

– J’en suis convaincue !

– … D’abord, une fille de 16 ans trouve le coupable avant moi, maintenant une de 8 ans…

Sammy soupire tout en démarrant la voiture. La petite Korone lui tapote gentiment l’épaule droite en ricanant. Ils partent donc vers la maison d’un des trois suspects, celui que Korone pense être le suspect. De plus…

Si j’ai raison sur la façon dont il a fabriqué son alibi, alors… Alors…

Ils arrivent enfin à leur destination et Korone sort de la voiture en premier. Sammy éteint le contact et suit la petite fille, mais celle-ci se retourne et lui demande de bien l’écouter. L’homme s’abaisse pour entendre les chuchotements de la petite. Lorsqu’elle a terminé, Sammy accepte de suivre son plan, tout en espérant que cela va mener à quelque chose. Korone le remercie et se met à courir vers la porte d’entrée. Sammy reste dehors et caché derrière sa voiture. Elle toque la porte, incapable d’atteindre la sonnette, et attend patiemment. Deux secondes plus tard, un jeune homme vient lui ouvrir.

– Hein ? Ah, t’es la p’tite.

– Hihi, bonjour !

– Tu veux quoi, p’tite ?

– J’ai perdu mon petit jouet quand je suis venu ! Je peux le récupérer ?

– Heiiin ?

Le jeune homme se frotte les cheveux noirs et se met à râler. Korone lui offre une expression de chien battu, les yeux grands ouverts et la lèvre inférieure tirée vers le bas. La personne en face d’elle est un des trois suspects… Jean Boketsu. L’ex petit-ami de Claire Dochamps, la victime d’un meurtre dans la forêt juste à côté du parc Linda.

– Raaah, fais vite, alors,” lui répond Jean.

– Merciii !

Jean se pousse légèrement vers la droite et observe la petite-fille courir dans la salle à manger, même pièce où Sammy l’a intérrogé. Là-bas, elle retrouve les deux parents de Jean qui regardent la télévision l’un à côté de l’autre. Korone ne les dérange pas et fait semblant de chercher son ‘petit jouet’. Quelques secondes passent quand Korone sourit et se retourne. Elle marche doucement dans la salle à manger et retourne à la porte entre cette pièce et le hall d’entrée. Korone voit au bout de ce dernier que Jean est en train de discuter… avec Sammy.

Parfait !

Comme prévu, il l’a bien écouté et agit comme elle le souhaitait. Grâce à cette opportunité, Korone se faufile dans le hall d’entrée et monte les escaliers avec le moins de bruit possible. Elle arrive au premier étage sans être repérée.

Son alibi est qu’il était dans sa chambre lorsque le crime a été commis. Alors, si je veux une preuve qu’il soit le coupable…

La première porte qu’elle ouvre est étrangement la même pièce qu’elle cherche : la chambre de Jean Boketsu. Elle est convaincue que celle-ci et non celle de ses parents, vu le manque de propreté et l’ordinateur très récent sur le grand bureau. Korone se demande où elle doit commencer par chercher, mais lorsqu’elle y réfléchit, elle pense savoir où se trouve une des preuves de son mensonge.

Il ne doit pas se douter que je viendrai jusqu’ici pour chercher une preuve et cela ne fait que peu de temps depuis qu’on l’a interrogé. S’il pense que tout va bien pour lui…

Elle ouvre l’un des tiroirs de son bureau, mais ne trouve rien d’intéressant. Convaincue qu’un tel objet doit se trouver dans sa chambre, elle n’arrête pas sa fouille dans les tiroirs. Celui qui se trouve tout en bas, à gauche de la chaise de bureau, ne cache pas le trésor en son sein. Korone attrape l’objet et comprend rapidement comment il fonctionne. Elle appuie dessus et sourit lorsqu’elle entend ce son.

J’avais raison… Alors, ce dont j’ai pensé…

Korone se retourne et observe la fenêtre de la chambre de Jean. Elle s’y dirige et saute sur le lit avant de regarder l’extérieur depuis la vitre. La petite fille s’abaisse et remarque une trace sur le bas de la fenêtre. Elle plisse les yeux, mais elle ne touche à rien. Elle regarde ce qu’elle a volé du tiroir de Jean et se demande si elle doit l’amener à Sammy…

– … Je dois retourner en bas, vite.

Korone retourne au bureau de la chambre et ouvre le tiroir du bas tout en remettant l’objet à l’intérieur. Elle court dans le couloir et descend les marches rapidement, sans pour autant faire le moindre bruit, et fonce dans le couloir en sautillant.

– J’ai retrouvé mon jouet, merci, monsieur !!!

Korone passe à côté de Jean et retourne aux côtés de Sammy. Ce dernier baisse le regard et admire la petite fille.

– C’est bon, alors ?” demande-t-il.

– Mui !

Korone se tourne vers le jeune homme aux cheveux noirs et agite la main gauche.

– Au revoir, monsieur !! Oh, aussi !!

Elle place les deux mains derrière son dos.

– Si vous voyez Deshyshy, enfin, Deshya, vous pouvez lui dire de revenir à la maisoooon ?” demande-t-elle.

– Deshya ? A-Ah, d’accord, si je la vois.

– Merci !

Korone s’incline poliment et tourne les talons pour retourner à la voiture de Sammy. L’homme imite la petite fille et Jean les dévisage en serrant la mâchoire. Il ferme violemment la porte derrière lui. Korone s’arrête devant le véhicule.

– Tu as trouvé ce que tu cherchais ?” le questionne Sammy.

La petite fille se met à réfléchir, ce qui intrigue Sammy. Elle finit par lever le regard vers lui.

– Si tu vas dans sa chambre et regarde le tiroir du bas, tout à gauche, tu trouveras quelque chose qui prouve que son alibi a été fabriqué,” avoue-t-elle.

Sammy se retourne vers la maison.

– Alors—

– Attends.

Sammy s’arrête et admire Korone. Celle-ci lui offre un regard sérieux. L’un qu’une petite fille ne devrait pas pouvoir montrer.

– Tu veux bien m’écouter à nouveau ?

Korone est convaincue que son raisonnement est le bon : bref, elle sait qui est celui qui a tué Claire Dochamps, ainsi que celui qui a enlevé Deshya. Elle sait très bien comment son alibi a été fabriqué, mais il y a toujours un mystère : où se trouve donc Deshya ?

– La vie de Deshya est en jeu,” lâche Korone.

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De son côté, Raiji se trouve toujours dans le train qui a comme dernier arrêt Bexel, la capitale de Belium. Assis à côté de son sac rempli d’argent, il se rapproche du premier arrêt, à la frontière entre Tetazo et Izambar. Il n’a aucune idée de ce qu’on va lui demander, mais il est prêt à exécuter les ordres de celui qui a enlevé Deshya à tout moment. Il regarde autour de lui : il peut voir deux des cinq policiers qui l’ont suivi dans le train. Il y a peu de chances que le coupable de cette affaire sache qu’il est suivi de telles personnes, sinon…

– Oh, on est déjà au premier arrêt ?” pense Raiji tout haut.

En effet, le train freine de plus en plus et s’arrête quelques instants plus tard. Les portes s’ouvrent et certains voyageurs sortent les uns après les autres. Il touche le casque qui repose autour de son cou et souffle, la pression commençant à jouer sur lui.

Et là, le téléphone dans sa poche sonne.

Les policiers autour de lui tournent tous leur attention vers Raiji. L’adolescent attrape le téléphone et répond à l’appel tout en gardant une main sur le sac à ses côtés.

– Qu’y a-t-il ?

– Tu vas sortir de ce train juste avant que les portes se ferment et fuir jusqu’au champ un peu plus bas.

Raiji fronce les sourcils. Avant même qu’il ne puisse prononcer le moindre mot, la personne de l’autre côté du fil lui demande de se taire, sinon, il annule le deal. Raiji ferme donc sa bouche et accepte de ne rien dire.

– Je vois que tu ne réponds rien, parfait. Lorsque le train va partir, tu sors au dernier moment pour que les policiers qui te suivent ne puissent plus te suivre.

Il sait qu’il y a des policiers avec moi ?!” s’écrie intérieurement Raiji.

– Tu vas voir un grand champ un peu plus bas. Tu t’y rends le plus rapidement possible et tu vas voir un petit cabanon un peu plus loin. C’est là où tu vas te rendre et sans rien dire. Si quelqu’un te suit, c’est fini.

Raiji répond d’un simple ‘D’accord’, mais ne dit rien d’autre. La personne raccroche et Raiji range son téléphone. En y réfléchissant, le fait que le coupable sache pour les policiers n’est pas si étonnant que cela : c’est même logique. Quiconque penserait à cette probabilité et souhaiterait trouver un moyen de contourner la police. Raiji n’était pas si loin de la porte du train, mais s’il voulait s’enfuir au dernier moment comme l’a ordonné celui qui a enlevé Deshya, il doit se lever dès maintenant, le sac sur l’épaule. Il l’attrape et le porte en bougeant de son siège.

– Je vais rapidement aux toilettes,” chuchote Raiji.

Il pourrait avouer l’ordre qu’il vient de recevoir au téléphone, mais il ne sait pas s’il est surveillé de près ou non : s’il ose avouer la vérité et que le coupable l’entend, alors Deshya sera en grand danger. Il préfère donc ne rien dire et avance lentement dans le wagon, le train fermant ses portes dans quelques instants. Raiji n’a pas forcément peur de ce qu’il va arriver : il y a toujours des microphones et capteurs sur lui. Lorsqu’ils vont remarquer qu’il a fui, ils comprendront que c’est ce qu’on lui a ordonné et d’autres policiers vont venir à sa recherche.

C’est donc dans un petit cabanon au bord d’un champ où il se trouve… Je vois,” pense Raiji.

Raiji arrive devant les toilettes, tout près d’une des portes du train. Il attend quelques instants et fait semblant d’y rentrer, mais là—

Il se retourne d’un coup et s’échappe du train au même moment que les portes se ferment.

Il jette le sac devant lui et roule sur le sol, mais il se relève d’un coup en attrapant le récipient des 300 000 euros. Il se met à courir hors du train, les policiers l’observant par la fenêtre avec des expressions choquées.

– Raiji vient de fuir !” crie l’un d’eux.

– Inspecteur !

– Du calme !” crie Gatito. C’est sûrement l’ordre que lui a donné l’homme qui a enlevé Deshya. La police d’Izambar est déjà prévenue, donc je vais simplement appeler un ami de là-bas et donner la position de Raiji en temps réel. Sortez au prochain arrêt et revenez le plus rapidement possible.

Gatito se penche sur sa chaise : il s’était douté d’un tel scénario, c’est pour cette raison qu’ils ont tant installé de capteurs et microphones sur le garçon. Désormais, ils n’ont qu’à trouver l’endroit où est gardé Deshya et arrêter le criminel. Il se demande si l’enquête de Sammy a bien avancé, il l’appelle donc sur son portable… mais le détective ne répond pas.

C’est rare…” pense Gatito.

Il range son téléphone et décide de ne pas s’inquiéter : il doit être en train de chercher une piste. Korone est toujours à ses côtés, mais après qu’ils aient récupéré Deshya, Gatito ira la chercher directement. Bien qu’elle ait le droit de sortir tant qu’elle est avec quelqu’un, il a peur pour sa sécurité. Elle a été la cible d’un sniper, après tout.

De plus…

Il ferme les yeux et respire lentement. Il doit d’abord se concentrer sur l’enlèvement de sa fille.

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C’est ici, je suppose…

Raiji regarde le cabanon qui se trouve tout près du champ. Il court avec son sac en main, espérant que tout va bien se passer pour lui lorsqu’il arrivera là-bas. Le poids de l’argent se ressent de plus en plus, mais il est loin d’être fatigué. Lorsqu’il arrive au cabanon, il ouvre la porte et remarque qu’il n’y a presque rien à l’intérieur, excepté une petite table avec des habits.

Et là, le téléphone que Raiji a emprunté sonne à nouveau.

– Allô ?

Le garçon y répond rapidement. L’appel vient du téléphone de Deshya, mais il est certain que c’est à nouveau celui qui a enlevé cette fille-là qui est de l’autre côté du fil.

– Tu es bien arrivé au cabanon, pas vrai ?

– C’est bien le cas. Comment le sais-tu ?

– Tu vas te déshabiller totalement et ensuite te changer dans les vêtements qui sont devant toi. Je parie qu’il y a des microphones et des capteurs sur toi, donc tu vas rapidement le faire et retourner à la gare, voie 12.

Raiji fronce les sourcils et analyse rapidement la pièce. Il remarque que dans l’un des coins du plafond, une petite webcam filme l’intérieur du cabanon en étant maladroitement cachée.

Donc il me regarde de cette façon… Dans le train, il est possible qu’il était un des passagers qui me suivaient aussi,” pense Raiji.

Cependant, le garçon se posait une question qui n’arrivait pas à le quitter : comment a-t-il prévu autant ? Des vêtements dans ce cabanon, une webcam pour vérifier que Raiji respecte les ordres, un plan si minutieux pour recevoir la rançon… Si Deshya était prévue d’être enlevée depuis le début, alors il comprendrait, mais ce n’est qu’un hasard : elle a vu le criminel et a voulu fuir la scène en révélant qui était derrière le meurtre de Claire Dochamps, mais a été rattrapé à temps. C’est pour cela que Raiji a reçu cet étrange message, le « Tueur lune ».

Alors comment ont-ils prévu autant ? Même s’ils ont pensé à ce plan juste après avoir enlevé Deshya, venir à Izambar en voiture depuis Tetazo prendrait au moins trente minutes. Ou alors…

– Arrête de réfléchir et enfile les habits !! Même ton caleçon !!

– Me regarder me mettre à nu… Pervers d’merde.

– Parle encore une fois et je—

– Et tu tues Deshya, je sais. J’exécute les ordres, pardon.

– Je préfère ça. Je peux t’entendre depuis la webcam, donc si je te vois essayer d’expliquer ce qu’il se passe aux microphones sur toi, j’annule le deal. Tu vas à la voie 12 et tu prends le train qui revient vers Tetazo. Tu as environ 15 minutes devant toi. Ne te foires pas.

La personne raccroche et Raiji soupire en regardant les habits en face de lui. Il pense savoir qui est la personne qui a tué Claire Dochamps, mais même s’il a raison, il ne voit pas comment il a fabriqué son alibi, ni la façon dont il a prévu autant d’éléments. De plus, le message envoyé par Deshya…

Quel rapport avec un coupable et une lune ?

Il dépose le sac par terre et se déshabille le plus rapidement, devant rattraper le train de la voie 12 pour retourner à Tetazo. Il ne comprend pas l’intérêt de venir à Izambar pour se changer et revenir directement d’où il vient, mais il suppose que c’est un plan pour fuir la police.

Si compliqué pour rien…” soupire-t-il intérieurement.

Néanmoins, il n’a pas le choix s’il veut secourir Deshya. Il est fort probable que le criminel décide de ne pas laisser la fille partir tant qu’il n’est pas convaincu qu’il peut fuir avec l’argent, mais au moins, ses chances de survie ne seront pas nulles. Il doit simplement espérer.

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Le temps passe et la police arrive au cabanon environ à la même heure que Raiji prend le train pour revenir à Tetazo. Une casquette sur la tête qui cache ses cheveux et des habits colorés, ce qui ne lui ressemble pas vraiment, il attend patiemment dans le train avec son sac dans les mains. Le téléphone est devant lui, sur la petite table. Raiji attend un nouvel appel du ravisseur, mais en même temps, il écoute. De son côté, Gatito reçoit un appel de la police d’Izambar qui lui explique la situation. L’inspecteur policier frappe le bureau en face de lui et sort de la pièce en s’énervant. Il remercie son ami et raccroche tout en rejoignant sa voiture. Il n’a toujours aucune réponse de la part de Sammy et Raiji vient de disparaître avec l’argent. Bien que Gatito est convaincu que ce sont les ordres du ravisseur, il avait demandé au garçon de ne pas se mettre en danger… ! Maintenant, ils ne savent pas où il se dirige et donc où se trouve Deshya ! Il va appeler un membre de la police de Tetazo quand son téléphone retentit. Il prend l’appel hâtivement.

– Allô, Sammy ?!

Il écoute ce qu’on lui dit et ouvre grand les yeux.

– T-Tu es… !

Pendant que Gatito reçoit l’appel, Raiji en a aussi reçu un de la part de celui qui a enlevé Deshya.

– Dès que le train s’arrête au premier arrêt, à Tetazo, tu vas t’enfuir de la gare sans te faire remarquer par quiconque de la police. Ensuite, tu vas aller dans la rue qui longe le parc et te diriger vers l’entrepôt abandonné un peu plus loin.

– L’entrepôt qui va être détruit la semaine prochaine ?” demande Raiji.

– Exactement,” confirme-t-il.

Le garçon accepte et l’autre personne raccroche. Raiji range le téléphone dans la poche du pantalon un peu trop serré et soupire. Cette situation lui donne de l’adrénaline, mais maintenant que la police n’est plus sur ses traces, il commence à ressentir une réelle frayeur : pour lui et pour Deshya. Néanmoins, il sait désormais comment le coupable a réussi à créer son alibi, ainsi que la personne qui a tué Claire Dochamps. Il a connaissance de la situation entière et sourit.

Je ne te laisserai pas tuer Deshya. Jamais de la vie.


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Comme ordonné, Raiji s’enfuit de la gare en évitant d’être vu par quiconque, mais il a conscience que sa façon de courir avec un sac si gros paraît suspicieux. Il a pû se reposer dans le train, donc il réussit à courir jusqu’à l’entrepôt abandonné et y arrive 20 minutes plus tard. Il va bientôt être 16h et Raiji a reçu plusieurs appels de sa mère. Il lui a envoyé un message en promettant qu’il allait bien : s’il lui répondait, il avait peur que le ravisseur se mette en colère et pense qu’il est en train de coopérer avec la police depuis son propre téléphone. Raiji admire celui de Gatito qu’il a dans les mains et le range en soufflant.

J’y crois pas qu’il m’ait laissé son téléphone personnel, en tout cas… Il aurait juste pû transférer mon numéro au ravisseur,” se dit-il.

Toutefois, il n’a pas le temps de réfléchir à tout cela et décide donc d’avancer dans la cour de l’entrepôt. Comme il s’en doutait, cette place est très silencieuse et sort tout droit d’un film. Cet endroit va être détruit et rénové pour un grand supermarché, ce qui ne plaît pas aux voisins, mais ils n’ont malheureusement rien à dire sur la situation déjà choisie par la mairie. Raiji rentre dans le bâtiment principal depuis la porte entrouverte et admire l’intérieur. Des grosses caisses sont encore dans certains recoins de l’entrepôt, dont des morceaux de bois qui serviront sûrement à des futures constructions. Vers sa gauche, un escalier en métal lui permettrait de monter assez haut, là où une grande plateforme offre une vue sur tout l’intérieur. Une porte y est aussi visible, mais Raiji n’a aucune idée de ce qu’il se trouve là-bas. Il n’est jamais venu dans cet entrepôt et se fiche de connaître la réponse : il veut simplement retrouver Deshya. Il continue d’avancer dans la pièce plutôt sombre, illuminée uniquement par les quelques faibles rayons de soleil qui proviennent de l’extérieur grâce aux fenêtres brisées.

– … Hm ?

Raiji s’arrête en voyant quelqu’un sortir de sa cachette, derrière l’une des grosses caisses de l’entrepôt.

– Je ne vois aucun policier dans les alentours… Je suppose que tu as réellement respecté notre arrangement, Raiji Harmony.

– Tu connais même mon nom de famille ? Je ne suis là que pour te donner la rançon, rien de plus, ne vient pas m’attaquer.

Raiji sourit.

– Alors baisse ce pistolet que tu as dans la main, veux-tu ?

Le jeune homme en face de lui, dont la tête est cachée par une capuche ample et foncée, tient une arme dans sa main, pointant le corps de Raiji. Il sourit à son tour et même ricane.

– Me parler de la sorte alors que je pourrai te tirer dessus et fuir, quel garçon étrange.

Raiji hausse les épaules et lève le sac qu’il tient toujours dans ses mains.

– J’ai les 300 000 euros en liquide juste ici. Tu peux vérifier qu’il n’y a aucun capteur dedans sans problème.

– Déposes-moi ce sac un peu plus proche de moi et ensuite, tu vas reculer. Quand j’ai vérifié que tout est en ordre, je te dirai où se trouve Deshya et on ne se verra plus jamais.

– C’est toi l’chef…

Raiji avance d’un pas et montre ses dents.

– … Jean Boketsu.

Le jeune homme en face plisse les yeux et Raiji s’arrête après quelques pas. Il dépose le sac par terre et souffle.

– Quel sac lourd—

– Comment tu sais que c’est moi ?

Jean retire sa capuche, mais continue de pointer l’arme chargée vers Raiji.

– Pourtant, je sais bien changer ma voix,” avoue le ravisseur.

Raiji recule d’un pas et se touche le bord de sa casquette.

– Je sais que c’est toi qui a tué Claire Dochamps et je sais même comment tu as fabriqué ton alibi. Je sais que le coupable, c’est toi.

Raiji sourit à nouveau et lève le regard vers Jean, ses yeux illuminés par le peu de rayons qui entrent dans l’entrepôt.

– Ou plutôt que vous êtes LES coupables.



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