Malgré le fait que cette journée était très éprouvante, je ne parvins pas à trouver le sommeil tout de suite.
À la place, des tonnes de questions me virent à l’esprit sans que je puisse y répondre :
“Comment vont-ils ? Où se trouvent-ils ? Est-ce que je leur ai correctement expliqué le déroulement de mon plan ? Est-ce qu’ils réussiront à faire correctement leurs objectifs ?…”
Autant de questions auxquelles la réponse m’échappe.
Pour m’occuper pendant mon manque de sommeil, je me mis à penser à mon plan une fois que j’aurais récupéré l’argent et que je l’aurais réparti entre nous 5.
Mais même réfléchir a ça me semblait impossible à l’heure actuelle.
Je me forçais donc à fermer les yeux et à m’endormir ; ce que j’ai réussi à faire après plusieurs dizaines de minutes de somnolence.
[ Le lendemain, après avoir passé une nuit dans l’auberge de Tama et Sergio : 02/07/499 ]
Lorsque je me réveille, mon premier reflex est de regarder l’horloge en bois accroché au mur en face de moi.
Je ne sais pas si c’est à cause de l’obscurité, si c’est parce que je ne suis pas encore très bien réveillé ou si c’est parce que l’horloge est déréglée, mais lorsque je lis cette horloge, l’heure affichée dessus est 22 h 30.
Mon premier réflexe fut de me lever et d’allumer la lumière.
Je me levai et tira sur la ficelle pour allumer la lumière, aucun changement n’eut lieu pendant 10 bonnes secondes. Puis tout à coup, la lumière s’allume et ce n’était pas à cause de l’obscurité, ni parce que j’étais mal réveillé ni parce que l’horloge était en panne. Non.
J’avais belle et bien dormi pendant plus d’une journée et là tout à coup, je fus pris d’un énorme doute : “Et si j’avais dormi plus qu’un jour ?”
Rien que le fait d’imaginer cette question dans ma tête me fis apparaître des frissons dans le dos et le cou.
Je devais absolument savoir, le jour exact auquel nous étions.
Donc j’enfilai sans perdre une seconde, un jean et un tee-shirt et je suis parti à la recherche de Tama, pour pouvoir être fixé sur la date du jour.
J’ai ouvert toutes les portes et les seules choses que j’ai aperçues étaient un couple d’une trentaine d’années en train de dormir dans leur lit.
Je descendis à la hâte les grands escaliers grinçants, tout en faisant un boucan d’enfer.
Et assis sur une chaise, devant la table, j’ai trouvé Tama, en train de faire de la couture.
Cette fois, vu le bruit que j’ai fait, elle ‘avait entendue et me demanda :
« Ah c’est bon, tu es enfin réveillé ? »
« Euh oui oui. Mais je ne suis pas venue pour ça. » Lui répondis-je.
« D’accord et dans ce cas, tu es là pour quoi ? »
« Je suis ici, car je veux absolument savoir, l’heure qu’on est, le jour et ainsi que depuis quelle heure je dors. »
« Ah, c’est seulement pour ça ? Oui, pas de problèmes, je vais te le dire. »
Après avoir entendu ces mots, une vague de stress parcourt mon corps et me fit trembler.
Elle me répondit avec le plus grand calme du monde :
« Alors, il est 22 h 35, le 02/07/1999 et tu as dormi pendant 25 heures d’affilée. »
« Oh non, merde je ne vais pas avoir assez de temps pour faire tout ce que je devais faire. Je viens de perdre une journée entière de voyage. Je vais prendre trop de retard. »
« Et où voyages-tu ? Si ce n’est pas trop indiscret. » me demanda-t-elle.
« Oui bien sur je peux vous le dire. Je compte me rendre dans la ville de Meh. »
« Meh ? Ce n’est pas la porte d’à côté, cette ville. Et tu comptes t’y rendre à pied ? »
« Oui, je sais que ça fait un sacré chemin depuis Taïki mais je suis obligé d’y aller, et de toute façon je compte louer un vélo, donc ça serait bien plus rapide. »
« Ah, tu veux parler de Kary, le gérant du magasin de vélo ? »
« Oui, sûrement. »
« Un conseil, dis- lui que tu viens de ma part, comme ça il ne t’arnaquera pas sur ces prix exorbitants. »
« Merci beaucoup du conseil Tama. »
« De rien, c’est normal. Fais bon voyage jusqu’à Meh et surtout fais tout pour survivre. »
« Merci, vous aussi ne vous faîtes pas tuer. Au revoir. »
À la fin de cette discussion, un bruit de porte se fit entendre quand je poussais la grande porte d’entrée de l’auberge.
Malgré l’heure très tardive, le fait que le vendeur de vélo soit fermé et que l’auberge m’ait coûté bien plus cher que prévu, je ne pouvais me permettre de dormir une 2ᵉ nuit dans cette auberge.
Sur les 130 euros que j’avais emmenés, il ne m’en restait déjà plus que 90. Soit 10 de moins que ce que j’avais prévu et de surcroît, j’ai perdu une journée entière à dormir, ce qui veut dire qu’il me reste tout au plus 5 jours pour atteindre la ville de Meh, mettre notre maison en gage et retourner à Dorta pour retrouver ma famille.
Faire tout ça en si peu de temps était presque mission impossible, mais je me devais de le faire, car toute ma famille compte sur moi pour survivre à cette guerre.
Mais avant de penser à les retrouver, il faut que je trouve un endroit calme et à l’abri pour m’endormir, car à cette heure-là il fait nuit noire, je ne peux donc rien faire si ce n’est que dormir.
Tout en restant sur place, je scrutais de l’œil des endroits pour m’endormir et j’en aperçu un, qui se trouvait à quelque maison de moi.
C’était une entrée ou se trouvait une petite terrasse surélevée, à l’abri des regards et au sec, c’était même mieux que ce que j’espérais.
J’enfilais le plus d’habits possible et me mis en boule contre le mur, et m’endormi dans cette position, sans aucune pensée négative pour troubler mon sommeil ce soir-là.
[ Le lendemain, 03/07/499 ]
Je fus levé bien plus tôt que la veille.
À en juger par le ciel et par la température, ça ne faisait pas longtemps que le soleil venait de se lever, j’en déduisis donc qu’il devait être entre 6 heures et 7 heures du matin.
Je ne pouvais pas espérer mieux comme réveille, car c’est à 7 heures que le loueur de vélo ouvre son magasin.
J’ai donc fait le peu de chemin que j’avais à faire et j’arrivais devant le magasin qui venait d’ouvrir.
Je poussai la porte et un son de cloche et ressorti :
Ding
Ce bruit alerta tout de suite le vendeur qui se regarda vers l’entrée de son magasin avec un grand sourire :
« Bonjour jeune homme, puis-je vous aider ? »
Surpris qu’il me demande directement ce que je veux, je prends quelques secondes avant de pouvoir parler distinctement.
«Bonjour, je suis là car je voudrais louer un vélo. »
« Oh oui pas de problème, avez-vous une préférence dans les marques ? »
« Nan, pas réellement, je veux juste celui qui coûte le moins cher. »
« D’accord je vois, alors il y a ce vélo que je propose à 25 euros la journée, ça te convient ? »
« Ah c’est vrai, j’ai oublié de préciser que je venais de la part de Tama. »
« Oh vraiment. Toutes mes excuses jeune homme, je n’avais aucunement l’intention de vous arnaquer. Tenez pour vous montrer ma bonne foi, je vous offre ce vélo. »
« Sérieusement ? »
« Oui bien sûr, il est à vous, prenez le. »
« D’accord merci beaucoup, vous me sauvez la vie. »
« Aucun problème, si je peux vous être utile. Ah et pendant qu’on y est, je vous offre ceci. »
Kary, le gérant du magasin, me tendit un bout de papier plié, mais on pouvait tout de même apercevoir des traces de graisses et des plis irréguliers.
Et il continua de plus belle :
« Bon c’est vrai qu’il est un peu usé, mais je suis certain que cela pourrais vous aider durant cette guerre. »
Je n’ai même pas prêté attention à la carte, car toute mon attention avait été attirée par ce seul mot ” Guerre “.