Après avoir fermé la porte derrière moi, je ne suis pas parti immédiatement.
Je me devais, avant mon grand départ, de dire une dernière fois au revoir à Nath.
Je suis donc allé dans le jardin de la maison qui se trouve de l’autre côté de la maison, à la lisière de la forêt.
À une dizaine de mètres du mur, se trouve la pierre tombale de mon frère, se trouvant sous un arbre, n’ayant pas l’argent ni le temps nécessaire pour aller acheter une pierre tombale en marbre, nous l’avons remplacée par une simple pierre lisse sur laquelle nous avons inscrits : “Ci gît Nath MATO, né le 08/01/487 ; mort le 01/07/499.”
Je lui fis mes adieux pour la dernière fois et repartit en direction du chemin qui menait au village de Yo, se trouvant en contrebas de la colline à plus ou moins 300 mètres de distance.
Il me fallut plus de cinq minutes pour arriver à Yo.
C’est en y arrivant que je remarquai que j’avais parcouru très peu de distance, mais que mon sac pesait déjà très lourd sur mes épaules.
Je ne m’en aperçus que quelques instants plus tard, mais c’était la première fois que je voyais autant d’agitation dans le village, même lors des jours de fête il y a moins de monde dehors.
J’en déduisis donc que l’annonce n’était pas passée inaperçue ici, ça faisait pourtant plus de 4 heures que les Grands Patriarches avaient fait leur annonce.
Je ne m’attarderai pas plus dans le village, car personne ne serait intéressé de payer une maison qui est à seulement 300 mètres de chez-eux et qui en plus est éloignée du village et en état assez pitoyable. Et de toute façon, ma destination finale est la plus grande ville des environs : Meh.
Dans mes plus lointains souvenirs, je me souviens que c’était une grande ville, d’à peu près 3 000 habitants. C’est la plus grande ville que je connaisse et que j’ai visité. Le seul problème, c’est qu’elle est à 26 km de Yo et à 31 km de Dorta où se trouve le rendez-vous que j’ai fixé avec ma famille.
C’est pour cela, qu’avant d’aller à Meh, je dois me rendre dans un autre village voisin : Taïki. Je suis obligé de faire ce petit détour de 2 km, car dans ce village, il y a un marchand qui loue des vélos pour pas très chers et en ayant calculé le nombre de jours que cela me prendra, j’en suis arrivé à la conclusion que je pouvais louer ce vélo pendant 9 jour tout en pouvant également me nourrir décemment.
Je partis donc immédiatement de Yo pour aller en direction de Taïki.
Ce simple petit voyage de 2 km m’as pris plus de 2 heures, soit une heure de plus que ce que j’avais espéré, car entre le poids de mon sac à dos, la chaleur de la fin de journée et la fatigue, ce voyage fut beaucoup plus rude que ce que je pensais.
Sans oublier les chemins dépravés qui relient les 2 villages.
En même temps, c’est normal que ces chemins soient délabrés vu que presque personne ne les utilise et cela coûterait beaucoup trop cher au roi de Karroé de les faire réparer vu les faibles revenus que ce pays produit.
Je suis donc arrivé à Taïki avec une heure de retard, je réussis à trouver assez facilement le magasin de vélo vu que c’est l’un des seuls du village, malheureusement, le magasin ferme après 19 h 30, ce qui était assez prévisible.
J’ai donc décidé de m’arrêter une nuit dans l’auberge du village.
C’était une très grande ferme, en partie rénovée pour pouvoir accueillir des clients.
Ne trouvant aucune cloche pour prévenir de ma présence, j’entrai par la porte principale.
Une fois à l’intérieur il y a 3 chose qui m’ont énormément surprise :
La 1ère, c’était la grandeur de la pièce d’entrée, elle faisait office d’accueil, de salle à manger, de cuisine et elle menait également à un escalier allant à l’étage au-dessus ma tête.
La 2ᵉ qui m’étonna était de voir que cette grande pièce de 100 m2, à mon avis, était complètement vide, mais qu’il y avait quand même une marmite et 7 assiettes remplies sur la table sur la droite de la pièce.
Et la 3ᵉ chose qui m’a surpris était l’odeur de ragoût immonde et trop cuit, un mélange de plusieurs ingrédients que je n’ai pas réussis à discerner et de plat brûlé.
Je n’osais pas avancé plus et décida d’appeler pour voir si quelqu’un me répondait :
« Bonjour, je viens pour louer une chambre… »
Aucune réponse
Je réessayais, mais cette fois, un peu plus fort que la fois précédente :
« Bonjour, il y a quelqu’un ? Je viens pour louer une chambre… »
Encore une fois, je n’entendit aucune réponse.
Je décidais donc d’aller voir par moi-même s’il y avait quelqu’un.
Je m’avançai donc en direction de la table, se situant à droite de la pièce, et plus je m’avançais et plus l’odeur devenait forte et nauséabonde. J’ai regardé dans la casserole et j’ai tout de suite compris d’où venait cette odeur. Dans la casserole, baignant dans un bouillon visqueux orange se trouvait la carcasse d’un pigeon. Le pigeon était coupé en deux, le corps d’un côté et la tête de l’autre, mais surtout il n’était pas déplumé et il n’avait pas été entièrement éviscéré puisque j’arrivais à voir ses boyaux flottant dans cette étrange mélange orange.
En apercevant cela, j’eus un relent m’ayant presque fait vomir.
Je décidai donc de me reculer à vive allure et de continuer mes recherches.
Je parvenais maintenant au fond de la pièce ou un grand escalier en bois se trouvait devant moi.
Dès que je posais le pied sur la première marche, un grincement strident se fit entendre.
Mais cela ne m’a pas choqué plus que ça vu l’endroit où je me trouvais.
Après avoir monté une vingtaine de marches, j’arrivais sur le palier de l’étage.
Et là-devant moi se trouvait un grand couloir, étant tout aussi long que la salle au rez-de-chaussée. Mais cette fois, c’était une seule et même pièce, un couloir.
Et je pouvais compter un total de 5 portes par mur.
Je rappelle donc en espérant que quelqu’un me réponde :
« Euh, bonjour, je suis ici pour louer une chambre. »
Et cette fois, en guise de réponse, une porte grinçante s’ouvre et une petite dame en sort.
Je ne pouvais rien voir d’autre que sa silhouette, car le couloir était très sombre.
Comme elle ne me répondait pas j’ai répété ma demande :
« Bonjour, je suis ici pour louer une chambre. »
Et étonnamment, la silhouette me répondu :
« Eh !! Oh !! Pas la peine de répéter ta phrase, je ne suis pas encore sourde !! »
Complètement perturbé je répondis :
« Excusez- moi madame, je ne voulais pas vous vexer, je pensais juste que vous n’aviez pas bien entendu. »
« Oh, excuse-moi jeune homme, j’ai cru que c’était mon mari qui me répétait que le dîner était servi. »
« Oh, vous voulez parler de la marmite qui se trouve sur la table ?
Si j’étais vous, j’éviterais de la manger. »
« Oh, tu as donc vu son ragoût… » Dit-elle avec dégoût
« Oui, mais j’aurais préféré ne jamais le voir. »
« Ah, je te comprends. Enfin bon, là n’est pas le problème. Commençons d’abord par les présentations, moi, c’est Tama, je suis celle qui tient cette auberge avec Sergio, mon mari. Et si j’ai bien compris tu recherches une chambre pour la nuit, c’est ça ? »
« Ah, oui les présentations. Alors moi, je m’appelle Yùichi et oui je cherche une chambre pour la nuit. »
« Bon pas de problèmes, je te laisse la chambre, numéro 4. »
« D’accord merci, je vous dois combien ? »
« Ne t’en fais pas tu pourras me payer demain matin si tu veux, je te laisse te reposer. Et j’imagine que tu ne vas pas manger avec nous ce soir. »
« Merci beaucoup, et non désolé, mais votre ragoût m’as un petit peu coupé l’appétit. »
« Hi hi… Pas de problèmes, je te comprends. Allez passe une bonne nuit, et à demain. »
« Oui, reposez-vous bien aussi et à demain. »