« Ça y est, on a retrouvé Nomiko. »
Je n’ai même pas eu le temps de réellement comprendre sa phrase que je l’ai directement senti s’accrocher de nouveau à mon cou.
Et inconsciemment, j’ai senti des larmes couler le long de mes joues.
Je ne sais pas si c’est le fait de voir Shiro en train de pleurer tout en étant heureuse à la fois, qui me fait cet effet-là, mais effectivement je pleurais. Sans réussir à me contenir.
Mais sans que je m’y attende, j’ai senti une deuxième personne s’accrocher autour de moi.
Cette fois, c’était Alia qui, elle aussi, semblait émue, alors qu’elle ne l’a connaissait même pas.
Nous sommes restés comme ça tous les trois pendant quelques secondes avant que je sente Alia, reculer.
« Vous l’avez trouvée où ? » ai-je demandé à Shiro tout en séchant mes larmes.
« En fait, c’est elle qui nous a trouvé, nous cherchions sur la place du marché et c’est elle qui nous a appelé lorsqu’elle m’a aperçue. »
« Il faut croire que tes cheveux blancs sont utiles. »
À la suite de ma phrase, elle ne me répondit pas vraiment, à la place, elle émit un petit rire tout en se touchant les cheveux.
« Tu nous conduis jusqu’à elle ? »
« Oui suivez-moi. »
Nous sommes arrivés sur la place du marché en trois petites minutes.
Et tout en suivant Shiro, qui continuait à avancer, je scrutais nerveusement les alentours à la recherche de Nomiko.
« Calme-toi, tu pourras bientôt la voir. »
« Oui tu as raison, mais je ne peux pas m’empêcher de la chercher. »
Je ne pensais pas que c’était autant visible que je la cherchais.
Mais que ce soit Alia qui le remarque, ça ne m’étonnait pas du tout, je ne sais pas comment elle arrive à savoir, mais elle est très forte pour détecter les comportements physiques des humains. Et cette fois encore, elle a su déceler les miens.
« Regarde, je pense que c’est elle à côté de Selstine. » Répondit-elle
Effectivement, elle avait vu juste, au côté de Selstine se tenait Nomiko, qui, elle aussi, cherchait tout autour d’elle.
Je l’ai regardé pendant une seule petite seconde avant qu’elle aussi me remarque, comme si elle avait su où je me trouvais.
Lorsqu’elle m’aperçut, elle courut dans ma direction et elle aussi, à son tour s’accrocha à mon cou.
Ça doit être un réflexe de famille de s’accrocher au cou des personnes que l’on retrouve, car Shiro avait fait la même chose deux jours plus tôt.
Mais bon, je ne vais pas me plaindre, je venais enfin de la retrouver, ce qui veut dire qu’il ne reste plus que ma mère à retrouver. Mon premier objectif arrivait enfin à grand pas.
« Je t’ai manqué, avoue. » C’est la seule phrase qui me soit venue à l’esprit lorsqu’elle se serra contre moi.
Et alors que je m’attendais à un refus catégorique de sa part, elle répondit une phrase que je ne m’attendais pas du tout à entendre sortir de sa bouche.
« Oui, une semaine sans te voir, c’est bizarre. »
J’avoue que je ne sais pas trop comment le prendre, soit ça veut dire qu’elle apprécie ma présence à ses côtés, soit je suis étrange. Un drôle de dilemme.
« Une semaine sans te voir, ça m’a également fait bizarre. »
Me rendant compte de la façon dont je venais de tourner cette phrase, cela pouvait porter à confusion.
Apparemment, Nomiko eut la même impression, car elle me relâcha et me fixa droit dans les yeux, s’apprêtant à dire quelque chose.
Mais au moment de parler, elle aperçut Alia derrière moi, ce qui la fit changer d’expression faciale.
« La fille derrière, c’est ta copine ? »
Pourquoi est-ce que à chaque fois c’est la première question qu’on me pose.
Une première fois Shiro, mais ça peut se comprendre vu son jeune âge.
Mais Nomiko, devrait être un peu plus mature et devrait éviter de poser ce genre de question à voix haute devant tout le monde.
« Elle s’appelle Alia et nan, ce n’est pas ma copine. »
« Oh je vois, enchanté Alia, moi, c’est Nomiko. »
« Oui je suis également ravie de te rencontrer, Yùichi m’a beaucoup parlé de toi. »
« Et qu’est-ce qu’il t’a dit à mon sujet ? » Répondit Nomiko tout en prenant le bras d’Alia.
« Que des choses positives, si tu veux je te raconte. » lui répondit Alia tout en me lâchant un regard moqueur.
C’est sûr ces paroles qu’elles se sont éloignées à quelques mètres de nous, de sorte que leurs voix soient mêlées dans le bruit ambiant et que je n’entende pas ce qu’elles disent.
Ne voulant pas le déranger, je suis allé voir Selstine et Shiro qui étaient restées toutes les deux aux mêmes endroits.
« Elle était toute seule quand vous l’avez retrouvée ? »
« Oui messieurs, personne ne l’accompagnait. »
Je pensais pourtant avoir été clair et leur avoir demandé d’arrêter de me vouvoyer et de m’appeler messieurs, mais apparemment, elles n’avaient pas encore changé d’avis sur ce sujet.
« Arrête de me vouvoyer, je te l’ai déjà dit. Et sinon, vous avez prévenu mon père et Sonia. »
« Non pas encore, nous attendions que vous reveniez pour aller prévenir votre père. Si messieurs me l’autorise, je pars de ce pas les prévenir. »
Bon je pense que je vais devoir m’y faire puisqu’elles ne changent absolument pas d’avis et continuent à m’appeler messieurs.
« Attendons qu’elles reviennent toutes les deux et on ira tous ensemble les retrouver. »
« Très bien messieurs. »
Heureusement, nous n’avons pas eu à attendre longtemps puisqu’elles sont revenues très peu de temps après.
Mais dès qu’elles se sont approchées de nous, l’ambiance a légèrement changé, leurs deux regards étaient tournés dans ma direction et annonçaient sûrement quelque chose de peu positif pour ma part.
« Ça va, tu as de la chance, elle est sympa, tu as le droit. » Me dit Nomiko tout en me regardant avec un air suspect.
Bon, il faut dire que je m’attendais à une réponse de ce style-là, mais je ne pensais pas qu’elle allait être aussi explicite.
« Donc c’est toi qui décides les personnes avec qui j’ai le droit d’être ? »
« Nan, je n’ai jamais dit ça, j’ai simplement dit qu’elle est sympa. » me répondit-elle avec un grand sourire moqueur.
« Sinon, tu es prête, on va voir papa ? »
« Oui bien sûr, c’est bon. »
« Bon, Selstine, je te laisse nous guider. »
« Comme bon vous semble, messieurs. » dit-elle, en s’exécutant immédiatement.
« Attends deux secondes Yùichi. Elle vient de te vouvoyer et de t’appeler messieurs ? » Rétorqua Nomiko surprise.
« Oui, ça me fait un peu bizarre qu’on m’appelle comme ça, mais au bout d’un moment, on finit vite par s’y habituer. »
« Oui certes, mais comment tu as fait ? »
« Eh bien, je n’en sais rien. Papa leur a parlé de moi et depuis notre première rencontre, elles me vouvoient. Si tu en as envie, je peux leur dire de te vouvoyer toi aussi. »
« Nan, mais moi je m’en fiche d’être vouvoyée. C’est juste que c’est assez déstabilisant de l’entendre. »
« Ne t’en fais pas, pour moi aussi, ça a été quelque peu bizarre. Mais tu verras, à force on n’y fait plus trop attention. »
« Ouai, si tu le dis. »
Durant le peu du voyage qu’ils nous restaient à faire, j’ai raconté, sans trop rentrer dans les détails, comment nous avons retrouvé notre père et Shiro et ce que nous avons fait hier.
Mais je n’ai pas eu le temps de tout lui expliquer vu que nous avons trouvé, notre père et Sonia très rapidement.
« Oh Nomiko, tu vas bien ? » Cria mon père à l’autre bout de la rue.
Puis en 10 secondes, il a eu le temps de faire les 100 mètres qui nous séparaient et de venir enlacer Nomiko.
« Oui je vais bien. Mais tu me serres un peu fort. »
« Excuse-moi, mais j’étais content de te voir. »
C’est incroyable à quel point ces relations sont différentes entre Nomiko, Shiro et moi-même.
Avec Shiro, il va être très protecteur, voire beaucoup trop. C’est bien pour ça que je trouvais ça étrange qu’il la laisse seule avec Selstine.
Ensuite avec Nomiko, il va devenir très enfantin et complètement oublié son rôle de père.
Et pour finir, avec moi, il est très arrogant et il adore me taquiner, même si certaines fois cela ressemble plus à de la dénigration.
Bref, il est très différent en fonction de la personne avec qui il parle.
« Bon, vu qu’on a retrouvé Nomiko, je vous propose d’arrêter les recherches pour aujourd’hui. » Continua mon père.
« Mais et maman ? » rétorqua Shiro.
« Ne t’en fais pas pour elle, on la trouvera demain. »