C’est une fois arrivé dans la pièce principale de cette chambre, que je pus voir, qu’effectivement nous étions arrivés les derniers.
Et comme je m’y attendais, ni Nomiko ni ma mère n’étaient encore arrivées.
« Bon parfait, tout le monde est enfin arrivé. On va donc pouvoir mettre en commun ce que nous savons en plus. »
Ça peut sembler étrange, mais mon père qui ne prend jamais la parole dans ce genre de situation et encore moins lui qui décide de créer ce genre de discussion, fut le premier à démarrer la discussion.
Je ne sais pas si c’est le fait de retrouver ma mère et ma sœur qui le pousse à tout donner, mais c’est très rare de le voir autant impliqué dans une conversation.
« Et si on n’a aucune piste, qu’est-ce qu’on doit dire ? » ai-je demandé tout en continuant à m’avancer dans la salle.
« Si vous n’avez aucune piste, vous pouvez faire un résumé de votre journée, nous dire quelle zone vous avez visitées ainsi que le nombre approximatif de personnes que vous avez croisé. »
« Hum, okay. »
Instinctivement, ce qui m’est revenu en tête lorsque mon père a évoqué le résumé de notre journée, c’était mon baiser avec Alia.
Elle a sûrement dû penser à la même chose vu que nos regards se sont croisés au même moment pendant un court laps de temps.
Mais vu que ce n’est pas le moment de penser à ça, je me suis presque directement concentré sur la suite de sa phrase.
Alors autant je comprends l’utilité du résumé de notre journée ainsi que les endroits que nous avons visités, mais alors je ne comprends pas du tout pourquoi il veut savoir le nombre de personnes que nous avons croisées.
Et même si j’avais compris l’utilité de savoir cela, il est simplement impossible de savoir combien de personnes nous avons croisé en une journée, surtout que nous avons fait plusieurs fois chaque rue, donc nous avons possiblement croisé deux ou trois fois certaines personnes.
Si nous nous étions concentrés à compter le nombre d’habitants que nous avons vus, à deux nous aurions été capables de tenir le compte jusqu’à 200 plus ou moins et une heure grand maximum, tout en sachant qu’une marge d’erreur assez conséquente était à prévoir.
Mais dans ce cas-là, si je dis 1000, je ne pourrais même pas dire la marge d’erreur que j’ai faîtes.
Cependant, au vu de la population de Dorta, je peux dire avec certitude, que nous avons croisé au maximum 500 personnes. Car sur plus de 3000 habitants, jamais 500 d’entre elles auraient eu l’idée de sortir le même jour au même endroit.
À mon avis, le chiffre doit se situer entre 200 et 400 grands maximums.
« Bon, vu que c’est moi qui en ai eu l’idée, je vais commencer par vous dire tout ce que l’on sait en plus. » Commença à dire mon père, alors que j’étais encore perdu dans mes pensées. Je n’avais même pas eu le temps de comprendre ce qu’il venait de dire qu’il continua de plus belle.
« Alors avec Sonia nous avons cherché partout dans la rue commerçante et comme vous pouvez le voir, nous ne les avons pas trouvé. Mais nous ne sommes pas revenues bredouille non plus. Sonia a peut-être trouvé un indice pour repérer Nomiko. D’après ce qu’une dame lui a dit, une jeune fille correspondant à elle, a été aperçue ce matin très tôt. Et cerise sur le gâteau, elle semblait à la recherche de quelqu’un. Malheureusement, nous ne savons pas où elle se trouve ni l’endroit à laquelle la dame l’a vue. Mais c’est un bon indice pour nos recherches. »
Effectivement, cela semble être un bon indice, même si cela me paraît bizarre, que nous ne l’ayons pas retrouvée. La connaissant, elle serait directement allée nous chercher dans les grandes rues de la ville. Ça me paraît donc bizarre qu’aucun des trois groupes ne l’ait aperçue.
« Bon ba, je vais enchaîner. Alors, avec Shiro, nous ne les avons pas trouvés non plus. Et malheureusement, nous n’avons aucune piste supplémentaire à vous donner pour vous aider. » Continua Selstine, faisait une révérence pour montrer sa déception.
« Ne t’en fais pas, tu n’as pas besoin de t’incliner pour ça. » Lui répondit mon père, embarrassé.
« Je crois que c’est mon tour. Alors, avec Alia, nous avons cherché sur la place centrale et les petites rues alentour, nous les avons visitées plusieurs fois et nous n’avons vu aucune personne ne connaissant, ou ayant aperçue de près ou de loin Nomiko et Kana. Nous ne vous seront d’aucune utilité aujourd’hui. »
Bon oui, j’ai dû mentir.
À aucun moment, nous avons pensé demander de l’aide au passant, j’avoue que c’est une erreur de notre part, car cela aurait pu grandement nous aider dans nos recherches.
Mais, au moins demain nous penserons à leur demander de l’aide, en espérant qu’ils savent quelque chose.
« Je vous remercie, toutes et tous pour avoir recherché et maintenant que tout le monde a les mêmes informations, vous pouvez faire ce que vous voulez pendant un petit temps. Je vous rappellerai lorsqu’il sera l’heure de manger. » a fini par dire mon père après mon discours très peu constructif.
Dès qu’il eut fini, je suis parti directement en direction de ma chambre sans parler une seule fois à Alia, de peur qu’ils découvrent quelque chose.
Ça peut sembler bizarre. Mais c’est toujours lorsqu’on a quelque chose à cacher à une ou plusieurs personnes que les choses finissent par se savoir.
Mais ceci à une explication logique.
Lorsque vous souhaitez cacher quelque chose, vous voulez faire croire que tout est normal, alors vous allez donc faire style de rien. Mais pour la plupart des gens cela se verra, car nos habitudes et nos réflexes seront modifiés. Ce sont le genre de personnes qui sont dignes de confiance, mais incapable de se retenir, puisqu’à un moment la vérité finira par sortir de leurs bouches.
Par contre, certaines personnes seront capables de tenir ce secret sans le moindre problème. Mais malheureusement, si vous faîtes partis du deuxième groupe, ce n’est pas bon signe, puisque cela signifie soit que vous êtes un très bon acteur capable de cacher vos émotions, soit que vous êtes un menteur hors pair et vous arrivez à mentir sans aucun scrupule à votre entourage.
Pour ma part, je serais incapable de me situer dans une de ces deux cases, car je sais que je suis capable de mentir, sans aucuns problèmes. Mais je suis incapable de cacher mes émotions lorsque celles-ci sont trop fortes. Du coup par déduction, je dirais que je suis un menteur émotif.
Ce qui n’est ni une bonne chose ni une mauvaise puisque cela prouve que j’ai encore des émotions propres, mais à contrario, je suis capable de mentir tant que je garde l’esprit froid. Je peux donc me comparer à une lame à double tranchant. Utile d’un côté, mais meurtrier de l’autre.
Et c’est donc pour éviter de mentir à tout le monde que je suis parti me réfugier, seul dans ma chambre.
Malheureusement, je me souviens très peu de la suite, puisque qu’une fois que je me suis posé dans mon lit, je me suis endormi presque instantanément.
[ 07/07/499 15 h 50 ]
[ Les recherches reprirent le lendemain matin sans grand changement significatif ]
Cela faisait déjà plus de trois heures que nous recherchions de nouveau au même endroit, les groupes étaient les mêmes. Et apparemment les résultats n’avaient absolument pas changé : aucun groupe n’avait eu de nouvelle de Nomiko ou de ma mère.
Je m’attendais à ce que l’ambiance entre Alia et moi soit bizarre, mais tout semble bien se passer. On arrivait à parler sans être gêné dès qu’on se regardait et aucun de nous deux n’avait tenté d’embrasser l’autre, pour le moment.
Et aujourd’hui, nous avons pensé à demander de l’aide aux passants, malheureusement personne ne les avait vues.
Ce qui semblait étrange, c’est que nous croisons énormément de gens, et même en essayant de reconnaître certains visages de temps en temps, à chaque coin de rues j’avais l’impression de découvrir de nouvelles personnes à chaque fois. Comme si, les personnes que nous croisions changeaient de visage à chaque rue.
J’avais déjà remarqué cela hier, mais pas à ce point. Je pense que l’effet semble décuplé, car aujourd’hui j’essaye de mémoriser la plupart des visages croisés.
Ce qui malheureusement pour nous, ne marche pas et semble être seulement du temps perdu.
C’est donc sur cet insuccès que nous avons continué désespérément à les chercher dans cette immense place.
[ 07/07/499 16 h 30 ]
« Yùichi, t’es où ? »
Cette voix ne ressemblait en aucun point à celle d’Alia, elle était bien trop aigüe. Ce qui veut dire que c’était celle de Shiro, malheureusement, j’étais incapable de dire d’où elle venait.
« Shiro, je suis là ! »
J’ai dû la chercher pendant une vingtaine de secondes avant de la trouver juste au centre de la place, avec le sourire aux lèvres.
« Ça y est, on a retrouvé Nomiko. »