Alia me regarda d’un air déçu :
« Quoi ? C’est tout ? Je te paye une chambre de luxe et le seul truc que tu as à me dire c’est “Maintenant on dort” ? »
« Il me semblait avoir été clair pourtant. Je ne cherche pas à être ami avec toi, tout ce que je veux, c’est l’argent que je vais gagner grâce à ma maison. »
« Moi, qui te pensais cool comme mec, en fait tu es égoïste, malpoli et avare. »
« Égoïste, je veux bien, mais ne dit plus jamais que je suis malpoli et avare. »
« Alors, je dois dire comment : mal élevé et radin. Ça te convient comme adjectifs ? »
Il me fallut moins de 2 secondes pour faire 15 mètres et me trouver face à Alia :
« Je ne me répéterai pas une troisième fois, alors arrête ça tout de suite. »
Ne répondant pas, je retournai et direction du canapé et dit :
« Je vais do… »
Alia me coupa avant de pouvoir finir ma phrase :
« Je suis désolé. »
« Pardon ? »
« Je me répète. Je suis désolé. »
« Arrête, ça ne sert à rien de t’excuser. »
« Pourquoi ? »
« Je viens de te le dire. Je ne souhaite pas devenir ami avec toi, donc je m’en fiche de tes excuses. »
« Tu verras bien, à un moment, tu finiras bien par m’apprécier. »
« Alors là, tu rêves les yeux grands ouverts. » Dis-je en ricanant.
« Allez dors bien Yù. » dit-elle en souriant également.
« Yù ? C’est quoi ça ? »
« Ba c’est ton surnom. Yùichi, ça se transforme en Yù, c’est plus rapide. Dorénavant, je t’appellerai comme ça. »
« Si ça peut te faire plaisir. »
Je m’allongea sur le canapé et je ne pus même pas entendre si elle m’avait répondu ou pas puisque cette longue journée m’avait fatigué à un point où je perdis connaissance et finis par m’endormir.
[ Le lendemain, 04/07/499 ]
Tandis que je continuais à dormir, je fus réveillé par un son de verre qui se brisait.
C’est donc à peine réveillé que je me mis à dire :
« Alia, qu’est-ce que tu fais ? »
Mais elle ne me répondit pas.
« Alia, je sais que c’est toi, donc réponds. »
« Excuse-moi, je ne voulais pas te réveiller. »
« Oui, bah maintenant c’est trop tard. Qu’est-ce que tu faisais ? »
« Je préparais à manger, mais le plat était chaud, du coup je l’ai lâché. »
« Mais t’es pire qu’un enfant. Tu ne prends pas un plat chaud à pleines mains. Bref, ce n’est pas grave, je n’ai pas besoin de manger. Et de toute façon, nous devons bientôt partir. »
« Ohlala, à peine levé, déjà de mauvaise humeur. »
« Arrête de te plaindre et prépare-toi, dans 10 minutes on part. »
« Oui mon capitaine. » Répondit-elle ironiquement.
« Au fait, il est quelle heure ? »
« 8 h 45. »
« C’est bon, on est encore dans les temps. »
[ 04/07/499 08 h 55 ]
« Allez, on y va, tu es prête ? » Demandai-je à Alia.
« Oui, on peut y aller. »
« Au fait, il se trouve où l’endroit où l’on doit prendre la diligence ? »
« Ne t’inquiète pas et fais-moi confiance. »
Sur ses mots, elle me devança et sortit de la chambre d’hôtels en direction des escaliers.
Elle ne disait pas un mot, j’ai donc décidé de faire la même chose et de la suivre.
On arrivait tous les deux dans le hall de l’hôtel, mais il était totalement vide.
« Dis Alia, tu ne trouves pas ça bizarre, qu’il n’y ait personne ? » Lui ai-je demandé
« Si, tu as raison, c’est étrange. »
Nous avons tout de même continué à avancer, mais rien de spécial ne s’est passé.
Elle a continué à avancer en silence jusqu’à atteindre une place, où se trouvaient deux énormes diligences.
J’essayais de ne pas le montrer sur mon visage, mais j’étais complètement émerveillé face à ces gigantesques diligences.
« Alors c’est impressionnant ? » Me demanda Alia avec un grand sourire.
« Oui, c’est vrai que c’est beau. » Dis-je avec peu d’entrain.
« Laquelle tu veux choisir ? »
« Pourquoi est-ce que c’est moi qui dois choisir ? »
« Vu que ce sera ta première fois dans une diligence, il faut bien que ce soit toi qui la choisisse. »
« Bon, alors, je choisis celle de droite. »
« Oh, et pourquoi tu as pris celle-là ? »
« Euh, parce que je la trouve plus belle, plus grande et plus propre que l’autre. »
« Bon, ça tombe bien parce que je voulais aussi prendre celle-là. On la vole ? »
« Si tu veux voir ce que ça fait de mourir, tu peux essayer de la prendre. »
« Ah oui, c’est vrai qu’on a ce truc dans notre poignet, j’avais oublié. Heureusement que tu es là. »
Elle alla tout de suite chercher le vendeur de la calèche et revint trente secondes plus tard avec la clef qui ouvrait la diligence.
Elle me la passa et me dit :
« Ouvre là et va à l’intérieur, moi je vais aller devant et diriger les chevaux. »
« D’accord, pas de problème. »
J’ouvris la porte, mais je n’ai même pas eu le temps d’être entièrement rentré à l’intérieur que j’ai entendu Alia me dire :
« Attention ça va secouer. »
Et l’instant d’après je sentais la diligence bouger.
Elle tremblait tellement que j’ai dû prendre la poignée de la porte à deux mains pour ne pas tomber de la diligence :
« Tu pourrais attendre que je sois assis avant de démarrer !! »
« Ah, désolé je n’avais pas vu. » Dit-elle en rigolant.
« Attends, tu sais où on va ? » lui ai-je demandé.
« Nan, je n’en ai aucune idée. »
Puis elle explosa de rire.
« Bon attend j’arrive. »
Je suis sorti de la portière et je suis monté sur le siège à l’extérieur avec elle.
« On va où ? » me demanda-t-elle.
« Chez moi. »
« Oui d’accord, mais c’est dans quelle ville ? »
« Yo. »
« Yo ? Mais c’est perdu comme village. »
« Oui mais c’est là où j’habite. »
« Bon alors, direction Yo. » Dit-elle avec un grand sourire.
[ 04/07/499 13 h 15 ]
Nous avons fait les 28 kilomètres qui séparaient Meh de Yo en à peine plus de 4 heures.
« Alors c’est à ça que ressemble ton village. » dit-elle en me regardant.
« Oui, voilà le village de Yo. »
« C’est pittoresque. »
« Par rapport à la ville de Meh, c’est sûr que ça n’a rien à voir. »
« Et ta maison, elle se trouve où ? »
« Elle est encore un peu plus loin, à 300 mètres du village. »
Lorsque nous sommes arrivés devant ma maison, la première chose qu’elle m’ait dit fût :
« Ah oui, tu habites vraiment dans une grotte. »
« Ça y est, tu recommences. »
« C’est quand même un miracle qu’elle ne se soit pas encore écroulée. »
« Arrête ça ou je vais commencer à m’énerver. »
« C’est bon détend toi, je rigole. »
Nous avons donc continué à avancer et nous sommes rentrés à l’intérieur de la maison.
« Ouah, c’est beaucoup plus beau que ce que je pensais. » dit-elle contente.
Lorsque j’entendis ces mots, un léger sourire apparut inconsciemment au coin de mes lèvres.
Quand elle a vu ça, Alia se mit à sourire davantage.
« Pourquoi est-ce que tu souris autant ? » lui ai-je demandé.
« C’est la première fois en deux jours que je vois un vrai sourire apparaître sur ton visage. J’ai failli penser que tu n’étais qu’un robot. »
« Tu peux arrêter de te moquer de chaque chose que je fais. »
Elle ne me répondit pas, à la place elle partit continuer de visiter la maison avec un grand sourire.
Il nous fallut près de 15 minutes pour faire tout le tour de la maison et pour revenir dans le salon.
« Alors, qu’est-ce que tu en penses ? » lui demandai-je.
« J’aime bien. »
Elle mit sa main dans son sac et sortit la liasse et me la tendit.
Voyant que je ne bougeais pas elle me dit :
« Tiens prends-les, c’est à toi. »
« C’est tout ? Tu me passes l’argent et c’est fini ? »
« Oui, c’est comme ça que se passe une vente. Par contre, dépêche-toi de prendre l’argent avant que je change d’avis. »
Elle avait à peine fini sa phrase que je me suis empressé de prendre l’argent.
Malheureusement, juste avant que je ne puisse lui prendre l’argent, elle referma sa main au-dessus de la mienne.
« Je te donne cet argent à une condition. » me dit-elle.
« Pourquoi ? »
« Bon, tu acceptes ou je reprends l’argent. »
« Ba dit moi au moins ce que c’est que cette condition. »
« Je continue de voyager avec toi jusqu’à ce que l’on rencontre ta famille. »
« Quoi ? Non impossible ! Pourquoi est-ce que tu veux les rencontrer ? »
« Justement pour ça. »
« Pourquoi ? »
« Je veux comprendre ce qu’ils ont de si spécial, pour que tu sois si protecteur avec eux. »
« D’accord, vu que tu as l’air d’être sympa et vu que tu m’achètes ma maison et que tu m’as payé l’hôtel. Tu peux continuer à voyager avec moi jusqu’à ce qu’on rencontre mes parents. Mais après chacun retourne de son côté. Et si jamais tu leur fais quelque chose, sache que je n’aurais aucune pitié et que je te tuerais sur le champ. »
« Ne t’inquiète pas. Rien qu’à voir tes yeux, je suis certaine que tu es sérieux et que tu n’aurais aucun scrupule à tuer quelqu’un qui s’en prend à eux, même si tu dois mourir en retour. » Dit-elle avec un air sérieux.
Suite à cette phrase, elle me donna l’argent et dit :
« Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »
« Avant d’aller retrouver ma famille, je dois encore aller dans la forêt, trouver un repère de chasseur et leur acheter des armes. »
« Chez les chasseurs ? Tu crois que des chasseurs vont laisser deux enfants leur prendre des fusils. Autant aller dans un magasin, ce sera beaucoup plus rapide. »
« J’y ai déjà pensé, je suis sûr que dans un magasin, ils n’y auraient presque plus d’armes et si jamais il en reste elles seront à un prix exorbitant. »
« Et chez les chasseurs ce sera moins cher ? »
« Je l’espère, je n’ai pas d’autres idées sinon. »
« Bon c’est parti, on y va ? » dit-elle en sortant de la maison.
« Okay, on y va. Mais au fait, tu sais où ils se trouvent ? » Lui ai-je répondu en la suivant.
« Nan, je n’en sais rien. » Répondit-elle en me souriant.
Sans que je m’en rende compte, c’est la première fois que je regardais Alia et que je la trouvais vraiment belle. Cela devait sans aucun doute être dû à son sourire et au soleil qui se reflétait sur ses cheveux.
Mais malheureusement pour moi, cette pensée n’est pas restée longtemps puisque je l’ai refoulé presque au même moment.