— D’un sprint, elle s’envole dans les airs. Son saut donne l’impression qu’elle veut atteindre les nuages, mais la gravité la retient et elle tombe vers un sol pavé. Elle atterrit sur à quatre pattes et en se relevant, elle agite les mains, toutes rouges à cause de son atterrissage. Elle continue sa course, les bras bougeant l’un après l’autre et chacun de ses pas résonne dans l’étroite rue. Elle n’est pas encore arrivée à destination, mais elle sait que dans quelques secondes, lorsqu’elle arrivera à la frontière de cette petite ville, le lieu qu’elle doit rejoindre se présentera à ses yeux.
Et elle a totalement raison.
Elle saute à nouveau, mais cette fois-ci, au-dessus d’une petite barrière. Les rayons d’Adara éclairent le magnifique paysage—
— Celui de la ville d’Entark.
Elle s’enfonce petit à petit dans le sol, mais le centre de cette gigantesque ville est sur une haute colline, là où le château des Sentinelles se trouve. Même si la jeune femme aurait souhaité y aller, sa destination se trouve dans un autre recoin de la ville, du côté est d’Entark. Elle s’arrête pour observer le paysage, ses yeux illuminés par cette magnifique scène ; c’était tel une peinture qu’on avait ancrée dans la réalité.
La ville est construite en pente, descendant et descendant vers les profondeurs de la terre. En tout cas, c’est l’impression donnée.
En réalité, le point le plus haut de la ville, environ où se trouve la femme, est à plus d’un kilomètre au-dessus du niveau de la mer. Entark a été construit sur une montagne et même si le creux où elle se développe est naturel, il est dit que cela a été le champ de combat entre un des Anges et un héros au nom oublié. Bien évidemment, cela n’est qu’une légende et aucune preuve n’a jamais été donnée. Peut-être que c’est la vérité, mais il est impossible à confirmer. La ville d’Entark a deux rivières connues qui descendent le long du nord et de l’ouest de la ville, ce qui rend l’est et le nord les endroits les plus pauvres. Il y a quand même des bâtiments prestigieux là-bas, mais rien comparé au niveau du nord d’Entark. Les bâtiments sont d’un style nordique, mais il est rare de trouver de telles structures autre part dans le monde : Entark est une ville connue pour son originalité, descendante dans les profondeurs de la montagne. Les maisons sont construites de la sorte à être adaptées aux pentes, mais aussi sont pensées au cas où un tremblement de terre ou une avalanche viendrait se déverser sur Entark.
C’est une belle ville qui émerveille les touristes et l’une où riches et pauvres vivent, bien que de côtés opposés.
Le maire de la ville est populaire pour son intelligence, mais surtout pour sa gourmandise et son avarice. Plus il peut gagner d’argent, plus il sera heureux.
Femme: “Allons-y~ !”
De sa voix féminine, elle pense tout haut et continue sa course, se dirigeant vers Entark, la ville qui est sa destination.
???: “Bonjour, demoiselle.”
Femme: “Bonjour ! C’est pour voir si ma chambre est déjà prête !”
Un grand sourire sur le visage, elle parle à la réceptionniste avec joie et excitation. Des lunettes rondes sur le visage et des rides sur les joues, la femme s’occupant de la réception ne cache pas son charme de vieille dame, même si ses cheveux sont encore d’un beau bleu foncé.
Réceptionniste: “Puis-je savoir à quel nom ?”
Marjolaine: “Marjolaine Disius, je dois être à la chambre 35B !”
La vieille dame plisse doucement les yeux en entendant l’identité de la jeune femme en face d’elle, mais elle préfère garder la bouche fermée et vérifie si tout est prêt. Après quelques instants passés sur le tableau où tout est inscrit, elle prend un trousseau de clef et l’offre à la jeune femme. Cette dernière lui offre un magnifique sourire, montrant ses dents pointues à la dame.
Marjolaine: “Merci bien !!”
Réceptionniste: “Profitez de votre séjour à Entark.”
Marjolaine: “Impossible de faire autrement !”
Elle se met à galoper vers la cage d’escaliers, les clefs en main. Sa bonne humeur fait sourire la femme, mais son identité lui donne une certaine… pression. Elle n’aurait jamais cru que cette femme serait aussi… enfantine.
Marjolaine: “Donc mon étage est le deuxième… Eh, ça devrait être rapide !”
Elle se prépare à courir et après avoir compté jusqu’à trois, elle se met à foncer dans les escaliers. Trois marches par marches, elle monte d’une rapidité inhumaine et arrive au deuxième étage d’un temps record. Lorsqu’elle y est, elle observe le long couloir de ses grands yeux et ne cache pas son magnifique sourire.
Marjolaine: “Ma chambre doit être… par là !”
Elle se retourne d’un coup, utilisant uniquement son pied droit, et se met à courir. Elle arrive rapidement à sa chambre et insère la clef avec rapidité avant d’y entrer et ferme la porte derrière elle avec bruit. Elle se débarrasse de ses chaussures et les pose sous le porte manteau et regarde le couloir devant elle. La chambre d’hôtel est plutôt grande, mais rien qui vienne impressionner Marjolaine. Elle se met à visiter toutes les pièces, mais seul son gigantesque lit la rend réellement heureuse. Il y avait de la place pour au moins trois personnes… ! Elle s’y jette et rebondit sur le moelleux matelas et soupire longuement.
Marjolaine: “Si agréaaaable…”
Marjolaine est une femme qui n’arrive pas à parler dans sa tête : ses pensées sont toujours dites tout haut. Excepté durant les moments sérieux, elle doit toujours laisser sa bouche dire ce que son cerveau pense… Elle prend un coussin dans les bras et regarde s’il est à son goût… et heureusement, c’est un coussin qu’elle va apprécier lorsqu’elle va aller dormir, ce soir.
Marjolaine: “C’est une bonne chambre, je suis heureuse !”
Elle bouge les pieds telle une petite fille et chantonne en fermant les yeux. L’autre chose qui s’agite chez elle, c’est ce qui se trouve dans son dos :
Une queue de Rena.
Marjolaine n’était pas “humaine”, mais bel et bien une Rena. Des oreilles de renard sur la tête, les seules qu’elle possède, et une longue et duveteuse queue de renard dans le dos. Un instinct puissant, mais qui ne fonctionne pas toujours et une rapidité impressionnante lorsqu’elle se met à courir. Son père et sa mère sont tous deux des Renas aussi et Marjolaine est heureuse de l’être. Même si elle a souvent été sujet de critique, elle n’a qu’à dire qui elle est et les autres se taisent. Elle trouve justement que c’est une preuve de faiblesse. De longs cheveux rouges qui lui arrivent aux fesses, ils bouclent depuis son crâne et quelques mèches rebelles peuvent être observées un peu partout, surtout proches de ses longues oreilles. Elle prend soin d’elle en se douchant tous les jours et se brosse les cheveux avec soin, mais sa génétique a décidé que les noeux et les mèches rebelles continuent à l’embêter toute sa vie. À force, elle a accepté cette dure et tragique vérité qui se transforma en sa belle et agréable réalité. Elle est belle comme ça et quiconque dit le contraire est un idiot ; voilà sa façon de pensée. Elle ouvre à nouveau les yeux et montre au plafond leur beauté. L’un est d’un magnifique bleu, ressemblant à ceux de son père, tandis que l’autre est d’un rouge presque similaire à ses cheveux, qui ressemble à ceux de sa mère. Même si ce n’est pas le cas actuellement, elle porte souvent des lunettes rectangulaires sur le visage, mais elle ne les met que pour lire, vu qu’elle est atteinte de la presbytie. Comme la plupart du temps, elle porte un simple pull trop grand pour elle et des collants foncés. Elle sait qu’elle n’a pas un style qui la démarque des autres, mais c’est le style qu’elle apprécie plus que tout. Au fond, c’est même cette originalité qui la rend spéciale, dans le domaine où elle travaille.
Après être sortie de l’hôtel, Marjolaine s’est mise à visiter les rues d’Entark. Comme elle s’en doutait déjà avant, elles sont penchées et descendre est amusant, mais les monter est bien plus ennuyant, fatiguant. C’est la première fois qu’elle visite Entark et elle ne peut pas le nier : elle est impressionnée. Que ça soit par la vue proposée ou même les structures des maisons, tout est beau et… beau ! Tout est si beau, ici !
Marjolaine: “Si beau !”
Elle saute de joie et continue sa visite sans se presser : même si elle est arrivée aujourd’hui, c’est demain qui est important. Elle avait demandé à son Maître si elle pouvait venir ici un jour auparavant, juste pour visiter Entark et goûter à un de ses fameux restaurants, et il avait accepté sans aucun problème. Marjolaine aime énormément son Maître et elle est heureuse qu’il ait accepté sa requête, même si elle ne sait pas pourquoi il aurait refusé.
Les rues d’Entark sont plus ou moins toutes les mêmes, symétriques et droites. Après quelques minutes de visite, même si la vue est très belle, Marjolaine ne voit plus l’intérêt à visiter les rues et s’arrête près d’un restaurant. Elle regarde la carte avec attention et remarque que dans les plats du jour, il y a—
Marjolaine: “!!! Du saumon poivré d’Ambleurs ?!”
Un plat très connu, mais qui est encore plus bon lorsque le saumon vient d’Ambleurs, une région qu’elle a déjà visité auparavant. C’est un petit village, mais le grand lac d’Ambleurs est populaire pour son saumon et sa truite. Elle salive d’avance et derrière son dos, sa queue de Rena bougeant dans tous les sens. L’idée seule de manger un tel succulent plat vient faire gronder le ventre de Marjolaine et elle regarde le ciel en se demandant si elle devait succomber à la gourmandise aussi tôt, ou s’il est préférable d’attendre un peu plus longtemps, l’heure du souper n’ayant pas encore frappé à la porte.
Marjolaine: “… Tant pis !”
Elle hausse les épaules et rentre dans le restaurant, ne prenant même pas la peine de se changer plus “chic”. Elle a juste faim.
Après un repas qui lui a rempli le ventre, elle se dirige vers son hôtel en se rappelant du goût du saumon poivré. Elle en avait entendu parler auparavant, mais jamais goûté… et quelle surprise. Elle savait déjà que ce plat allait lui faire des sensations dans la bouche, mais à ce point… Elle en veut encore, mais son ventre étant rempli, elle préfère retourner à son hôtel, profiter d’une bonne nuit de sommeil et se préparer pour le lendemain. Elle doit être dans une bonne condition pour la réunion. Elle continue de marcher, mais pour rejoindre son hôtel, elle doit monter et monter les rues d’Entark. Même si elle est résistante et ne se fatigue pas rapidement, devoir autant monter avec le ventre plein lui consomme énormément d’énergie, mais rien qui l’oblige à se reposer. Elle prend ça comme un entraînement surprise, qui n’est pas quelque chose d’étonnant là où elle travaille, et se donne à fond. Elle marche avec un air déterminé et n’accepte pas la défaite ! Elle réussira à atteindre son hôtel sans s’arrêter !
Marjolaine: “Enfin… dans ma… chambre…”
Elle lâche un long soupir et se laisse tomber sur son lit, sans même prendre la peine de se changer. Elle ferme les yeux, mais elle ne veut pas dormir avec le pull qu’elle compte mettre demain aussi, alors elle commence à râler.
Marjolaine: “Lève-toi, idiooote…”
Elle se parle à elle-même, les yeux toujours fermés, la tête collée contre le moelleux matelas. Elle garde la bouche ouverte et un petit filet de bave coule sur le matelas.
Marjolaine: “Debouuut… Dodo… Non, debouuut…”
Elle n’arrive pas à se décider. Elle n’a pas pris de vêtement de rechange et dormir avec ses habits va la rendre sale, pour le lendemain. Marjolaine gronde sur elle-même et se met à rouler vers le côté jusqu’au moment où elle tombe du lit et se cogne contre le parquet.
Marjolaine: “Ouuuuch…”
Elle est enfin par terre, ce qui signifie qu’elle va pouvoir se lever et se déshabiller…… n’est-ce pas ?
Marjolaine: “Le tapis… confortaaaable…”
Elle a toujours les yeux fermés et plus les secondes passent, plus elle s’endort. Malgré ses efforts, il semble qu’elle n’arrive pas à se lever… Elle tente une dernière chose :
Marjolaine: “Maîîîître, je ne peux pas… me lever…”
Lorsqu’elle imagine sa réponse—
Marjolaine: “Je suis levée !!”
Elle se met debout d’un coup et acquiesce. Elle sourit, mais rapidement, sent sa tête tourner et se la tient : elle s’est levée bien trop vite. Elle s’assoit sur son lit et soupire. Marjolaine attend quelques secondes avant de se dévêtir de son pull, son t-shirt, son soutien-gorge, ses collants et sa culotte — en rentrant dans son appartement, elle s’est déjà déchaussée les pieds. Lorsqu’elle est complètement nue, elle saute à nouveau dans le lit, attrape un coussin et pose confortablement sa tête dessus. Elle n’a aucune valise, alors elle n’a aucun pyjama… De plus, elle préfère dormir nue. Elle n’a aucune raison de changer cette habitude. Elle s’endort rapidement et songe d’un rêve qu’elle va oublier le lendemain, comme souvent.
Marjolaine se réveille plus tôt que prévu, dans les alentours de six heures du matin. La réunion ne commence à peine à dix heures du matin et se trouve dans un bâtiment qui n’est qu’à dix minutes de marche, alors Marjolaine regarde l’extérieur depuis sa fenêtre, mémorise la vue pour immortaliser ce moment et ensuite retourne dans son lit, mais non pour s’endormir. Elle pense à son Maître et sourit, profitant des quelques heures qu’elle a devant elle pour s’amuser.
Marjolaine: “Au revoir !”
Elle salue la réceptionniste, mais elle court tellement rapidement qu’elle n’entend pas la réponse de la vieille dame. Sa queue de Rena bouge de gauche à droite derrière elle, de la même couleur que ses cheveux et ses oreilles. Elle porte les mêmes vêtements qu’hier et s’est mit du parfum avant de partir, odeur de lavande. C’est le parfum gratuit de l’hôtel qui se trouve dans la salle de bain qu’elle a utilisé. Elle s’est aussi lavée une heure avant de partir, utilisant un shampoing à la mangue et un gel douche basique. Il est neuf heures quarante, elle a donc le temps avant d’y arriver, mais son Maître lui dit qu’il est toujours préférable d’arriver à l’avance, même de dix à vingt minutes.
Le paysage est flou tellement elle court rapidement, mais actuellement, elle se fiche de visiter ou de profiter d’Entark : elle ne pense qu’à la réunion qui l’attend.
Elle a été envoyée par son Maître, parce qu’il doit assister à une autre réunion encore plus importante. Elle ne connaît pas tous les détails, mais elle sait que c’est stratégique et important pour la suite, pour leur futur. Marjolaine est suffisante pour la réunion actuelle et vu qu’elle a une très bonne mémoire, elle n’aura aucune difficulté à dire tout ce qu’il y avait à dire sur cette réunion. Comme prévu, elle rapportera tous les points importants discutés à son Maître. Même si la réunion est importante pour Marjolaine aussi, ce n’est pas son travail, d’en avoir quelque chose à faire. Son travail est différent et tout aussi important.
Elle s’arrête devant un grand bâtiment qui ressort contrairement aux autres, bien plus riche et haut. Les maisons à côté sont très pauvres, contrairement au dépôt qui fait partie des structures appartenant à l’entreprise Gerald Soudenain. Grand et peint en blanc, l’entrée principale fait les deux maisons voisines à elle seule. Marjolaine l’observe quelques secondes avant d’acquiescer et avance vers le dépôt. Elle connaît le mot de passe et l’a mémorisé par cœur, mais si pour une raison ou une autre, elle l’avait oublié, elle a un papier où il y est inscrit en grand. Elle arrive devant un petit boîtier, *clic*, *clic*, *clic* et *clic*. Elle s’attend à que la grande porte d’entrée vienne à s’ouvrir, mais le bruit métallique retentit à sa droite, du mer droit du bâtiment. Entre le dépôt et la maison voisine, il y a une petite allée cachée maladroitement par des arbres, mais le but de cette décoration est plutôt pour faire joli plutôt que de cacher l’allée. Elle y va sans hésiter et voit un peu de lumière qui vient de l’intérieur et cela d’une petite fissure qui va du bas du dépôt jusqu’au tiers : une porte est ouverte. Elle se doute que c’est ce que le mécanisme à activer et ouvre la porte en entier. Elle rentre dans le bâtiment et ferme la porte derrière elle avant de regarder l’intérieur.
???: “Oooy, t’es qui, toi ?!”
C’est une grande salle avec une grande table au milieu, probablement d’un bois riche vu sa couleur. Elle a à peine le temps de remarquer où elle se trouve qu’un homme se lève et hurle, résonnant dans la pièce entière. Marjolaine cligne des yeux et le regarde.
Marjolaine: “U-Uh… ?”
L’homme s’approche d’elle tandis qu’un petit garçon tente de le calmer, mais ses mots ne l’atteignent pas. Marjolaine avance à son tour, point intimidée par l’homme. Elle arrive à sa taille et lui sourit.
Marjolaine: “Je m’appelle—”
Homme musclé: “T’es certain qu’tu t’es pas perdue, heiiin ?”
Marjolaine soupire. En voyant sa personnalité, sa façon de parler et son idiot regard, elle préfère l’ignorer et continue d’avancer vers la table.
Idiot homme: “OOY !!”
Elle remarque que la table peut recevoir un total de vingt-six personnes, mais seules dix chaises ont un papier dessus. Elle suppose que c’est le nombre de gens qui vont participer à la réunion. Elle avait pensé que ça serait plus. Elle va regarder quelle place lui est attribuée quand une forte main lui attrape le bras. Elle se retourne et voit la tête de l’homme, enragé.
Homme enragé: “C’PAS UNE PLACE POUR LES P’TITES FILLES, ICI !!”
Son hurlement résonne dans la pièce entière, les murs vibrent et les oreilles de Rena de Marjolaine lui font mal. Elle ferme les yeux à cause de la douleur et le petit garçon se lève de sa chaise.
Petit garçon: “Mada, ça suffit !”
L’homme serre encore plus le bras de Marjolaine et celle-ci plisse les yeux. Sa force est extraordinaire et elle sait qu’il n’essaye pas de lui casser le bras… pas encore. Elle doit faire attention à cet homme, mais elle ne le reconnaît pas.
Mada: “Ouais ouais, mais c’est pas un endroit pour rire, ici.”
Il la juge principalement à cause de ses vêtements, mais surtout pour une raison qu’il ne donnera pas de haute voix : c’est une Rena. Une non-humaine, une demi-humaine, une autre race — quoi que ce soit le nom donné, cette jeune femme qui vient de rentrer n’est pas humaine. De plus, elle a l’air faible.
Marjolaine: “V-Vous me faites mal…”
Elle tente de bouger son bras, mais Mada ne l’accepte pas. Il la regarde avec des yeux noirs, un regard qu’elle connaît bien.
Marjolaine: “… Un raciste, hein…”
Mada: “T’as dit quoi ?!”
Elle s’est efforcée de ne pas parler très fort, mais vu qu’elle a dû bouger ses lèvres, Mada comprend qu’elle lui a dit quelque chose ; pour lui, c’est probablement une insulte.
Mada: “RÉPÈTE !!!”
???: “Mada.”
Une voix féminine retentit d’un peu plus loin, fumant sa cigarette au fond de la pièce.
???: “Lâche-la, tu vas le regretter.”
Mada: “Eeeh, t’crois qu’une p’tite gamine et non humaine comme elle va m’faire quoi qu’ce soit ?! Ahah, drôle, ça, Inura !”
Il se met à rigoler ; un rire gras et moche, l’un qui ne peut attirer personne, seulement repousser. Marjolaine sent que son bras est encore serré et elle soupire. Elle qui avait souhaité que tout se passe bien.
Marjolaine: “Oi, dégage ta salle patte de ma beauté, enfoiré.”
Son expression change d’un coup, comme si ce n’était plus la même personne. D’un grand sourire curieux à un air qui montre de la souffrance à… cela.
Un air monstrueux qui prouve qu’elle est prête à tuer.
Mada retire sa main à cause de la surprise et des frissons qui lui traversent le cœur, mais tout le monde dans la pièce ressentent cette même pression ; certains moins que d’autre, mais le petit garçon lâche un cri de peur. Marjolaine se craque la nuque et fixe l’homme au nom de Mada. Elle ne lui dit rien de plus, mais elle lui fait bien comprendre quelque chose, juste avec son regard.
“Parle-moi mal encore une fois et ta gorge sera tranchée.”
C’est ce qu’elle donnait comme expression et ce que comprend Mada. Il déglutit bruyamment et recule d’un pas.
Mada: “T-T’es qui, toi ?!”
Une telle pression, ce n’est pas donné à quiconque. Il faut un talent naturel, être né avec une certaine aptitude pour pouvoir exercer cela. L’homme comprend rapidement sa bêtise, même s’il ne sait réellement pas qui est cette Rena. Elle semble si basique, seuls ses yeux vairons ont quelque chose de spécial.
Mais là, son aura, sa présence, son regard, son cœur qui bat violemment dans sa poitrine… Elle est tout sauf ordinaire, cette Rena.
???: “Marjo, calme-toi, calme-toi.”
Marjolaine ferme les yeux et soupire. Elle prend une pose plus tranquille ainsi qu’un bon bol d’air. En reconnaissant la voix, elle ouvre les yeux et lâche un grand sourire ; un magnifique sourire.
Marjolaine: “Ririiii !!”
Elle passe à côté de l’homme musclé sans y prêter attention et court vers la femme qui vient de rentrer dans le dépôt. Elle ouvre ses bras et Marjolaine y saute dedans, lui faisant un gros câlin qui fait sourire la femme à la cigarette. Elle jette cette dernière par terre et applaudit.
Inura: “Okay, okay, maintenant que tout le monde est là, je pense—”
Mada: “Hey, attendez !”
Elle continue de marcher jusqu’à la table et regarde Mada avec un air ennuyé.
Inura: “Quoi encore, Mada ?”
Mada: “J’connais tout l’monde ici sauf elle, c’est qui cette Rena ?!”
Satori: “Parler comme ça de ma copine ne se fait pas, tu sais ?”
Mada: “C-Copine ?!”
Satori s’avance avec une Marjolaine dans les bras et lui chuchote quelque chose, ce qui la fait rougir et sourire. Elle arrête d’enlacer sa copine et prend un air plus sérieux, mais ne peut s’empêcher de sourire.
Marjolaine: “Je suis Marjolaine Disius !”
Ceux qui ne la connaissaient pas encore ouvrent leurs yeux en grand en entendant son nom de famille.
Petit garçon: “D-Disius ?!”
Marjolaine plisse un peu les yeux pour se donner un air plus “vilain”, mais garde son mignon sourire sur son visage.
Marjolaine: “Je viens ici de la part de mon Maître, Citron Lemus.”
Encore une révélation qui étonne plus d’un. Et enfin, ce que savaient déjà ces personnes, mais qu’elle décide d’ajouter—
Marjolaine: “Je suis la fille de Lectro Disius, meilleur combattant de l’ancien Roi.”
Chapitre 8B : Une fleur
imbutinable
Mada: “Q-Quoi ?!”
Il crie de surprise et recule même d’un pas.
Mada: “T-T’es la fille de L-Lectro ?!”
Marjolaine soupire en l’entendant. Même si elle veut montrer son côté plus mignon et sympathique, elle ne peut pas supporter ce tas de muscles qui n’en a pas un seul dans le cerveau.
Marjolaine: “Est-ce que j’ai besoin de le prouver en utilisant mon Tempus… ?”
Satori: “Allons, nous sommes là pour une sérieuse réunion, ne nous emportons pas, d’accord, chou ?”
Marjolaine: “C-Chou…”
Elle se met à rougir à nouveau et acquiesce avant d’amener ses lèvres sur celles de sa copine et la serre dans ses bras, sa queue de Rena bougeant dans tous les sens. Mada la regarde bouche bée, ne pouvant pas croire que cette Rena est… la fille de Lectro… Ce n’est pas n’importe qui. Il est respecté dans le monde entier et n’en est pas moins connu ! Si elle est sa fille, alors l’irrespect qu’il vient de montrer…
Inura: “Elle a l’air d’être une idiote, seulement gentille et faible Rena, mais je t’avais dit d’arrêter, idiot.”
Elle se pose sur sa chaise et tapote sur la table de ses longs ongles.
Inura: “Okay, okay. Tout le monde, asseyez-vous à vos places. Je ne voudrais pas perdre mon temps inutilement… Marjolaine, arrête d’embrasser Satori.”
Marjolaine lui fait un bisou sur le front avant d’acquiescer et se dirige vers l’une des chaises, cherchant la sienne. L’homme d’en face lui montre sa place et elle remarque qu’elle est justement à côté de Satori.
Marjolaine: “Vous m’avez même mis à côté d’elle !!”
Elle s’écrie, joyeuse, et Inura acquiesce.
Inura: “Si tu n’es pas concentrée à cause d’elle, je serai dans l’obligation de te mettre du côté opposé.”
Marjolaine: “Je sais quand être sérieuse, tu le sais, Inura.”
Inura: “Oui, oui. Je sais, je sais.”
Elle n’est pas très convaincante, mais Marjolaine sait qu’il est inutile de discuter avec elle. Elle se pose sur sa chaise, juste à côté d’une Satori souriante, et fait de son mieux pour se calmer. Elle avait été si excitée de visiter Entark qu’elle avait complètement oublié que sa copine devait, elle aussi, venir à la réunion. Cependant, elle ne l’a pas oublié parce qu’elle n’est pas assez amoureuse ; c’était justement pour ne pas penser à elle constamment qu’elle avait oublié. Ainsi que l’excitation de visiter Entark, évidemment.
Inura: “Bref, bref.”
La femme aux cheveux noirs comme une nuit sans étoile dépose un papier devant elle, sorti de sa poche. Elle le déplie et dépose sa paume dessus.
Inura: “Parlons de sujets importants. Vous êtes tous réunis ici pour qu’on parle du sujet d’Inertia et qu’on prenne une première décision à propos de leur destruction imminente ou non.”
Une réunion importante commence donc autour de cette grande table, entre dix personnes de hautes importances.