Fox-Eared Detective
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Chapitre 8 – Le Train Inarrêtable ; Partie 3
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Deshya et Annie viennent d’arriver dans la cabine du conducteur. Rassurées que l’homme soit réellement le vrai conducteur et non un homme qui aurait détourné le train, elles rentrent avec lui en espérant avoir des réponses sur le déroulement étrange du voyage. Après trois arrêts loupés, le train ne montre aucun signe d’un futur arrêt ou même d’un coup de frein à un moment ou l’autre. Annie, la docteure qui travaille aussi pour la police de Tetazo, a toqué à la porte et l’homme qui leur a ouvert montre de gros signes de stress. N’ayant toujours pas connaissance de ce qu’il se passe, Annie et Deshya lui demandent les raisons du comportement étrange du train. C’est alors là qu’il leur explique :

– Si j’arrête le train, d-des bombes qui ont été mises dessus vont exploser… et on va tous mourir !!

Les deux filles ouvrent grand leurs yeux, leur cœur ratant un battement. Annie reprend rapidement son sérieux et parle sans plus attendre.

– Comment ça ? Comment le savez-vous ?

C’est la même question que se pose Deshya. Les conducteurs de train ne peuvent pas accepter quiconque dans la cabine — voire personne — et il est impossible de glisser quoi que ce soit en-dessous, sur les côtés ou au-dessus de la porte. Les vitres sont toutes fermées et très solides, donc comment l’aurait-il su, surtout deux minutes après le départ de ce train… ? L’homme, qui est aussi conducteur de ce train, renifle.

– C-Ce n’est pas moi qui l’ai appris, m-mais…

– Le chef de la station ?” le coupe Deshya.

Il vient justement de leur dire qu’il a reçu un message de la station, alors pourquoi n’y a-t-elle pas pensé ?! Le choc d’apprendre que des bombes sont plantées dans le train a dû la perturber au point où elle n’a pas bien fait attention à ce que l’homme lui a dit. Il acquiesce.

– C’est lui… il a reçu un message privé… Des bombes ont été plantées dans tous les wagons et… et si j’arrête le train ou tente de freiner, il les fera… tous exploser…” explique-t’il en bégayant.

Deshya se retourne vers la porte de la cabine, les dents se serrent les unes contre les autres. Avant même qu’elles rentrent dans ce train, des bombes auraient été placées… ? Si la personne qui a envoyé ce message est si certaine de faire des dégâts suffisants pour tuer tout le monde, alors il a dû les placer avant à des endroits divers, dans tous les wagons…

– Qu’est-ce que le message disait exactement ?!” demande Deshya.

L’homme tourne doucement le visage vers elle.

– ‘Jusqu’à prochain rappel, si le train freine ou s’arrête, je ferai exploser les bombes que j’ai plantées dans l’entièreté du train.’

Deshya s’en doutait : les bombes ont été plantées à l’avance. Néanmoins, même si elles savent désormais pourquoi le train ne s’arrête pas, de nombreuses questions se posent. Déjà, où se trouvent les bombes, exactement ? Il est compliqué de croire qu’elles soient dans des sacs ou cachés en-dessous de sièges…

– C’est le chef de votre station qui vous oblige à ne pas arrêter ce train, alors ?” demande Annie.

Le conducteur acquiesce.

– Le message a été envoyé quelques secondes après que le train ne se mette à démarrer… et tous les autres trains ont eu l’ordre de rentrer ou de prendre une autre voie et s’arrêter pour que notre train n’en percute aucun.

– C-Cela veut dire…

Annie pense à la même chose que Deshya. Le message qui a été envoyé à peine quelques secondes après le démarrage du train et le meurtre qui a été commis…

– Peut-être… Peut-être que… !

CHAPITRE 8    
Le Train Inarrêtable ; Partie 3
(Game 1)


– Je ne veux pas mourir !

L’homme se met à pleurer, la tête entre les mains. Annie s’abaisse et lui touche l’épaule.

– Rien ne dit que le message n’est pas un faux,” avoue-t-elle.

L’homme s’arrête dans ses lamentations et, doucement, lève le regard vers la femme qui observe le paysage en face d’elle. Le train continue d’avancer à la même vitesse et la ville de Shiru est déjà dépassée : le train se trouve désormais à Kretel.

– Un faux… ?” demande l’homme.

Deshya se tourne aussi vers Annie, intéressée par ce qu’elle va dire. Annie acquiesce.

– Le message peut être un faux qui est fait pour vous déstabiliser,” avoue-t-elle.

– A-Alors, pourquoi suis-je obligé de continuer ?! Est-ce que je—

– Tu risquerais la vie de presque 300 passagers,” le coupe Deshya à nouveau.

– — !!

Annie acquiesce.

– Je pense que c’est pour ça que le chef de la station vous a demandé de ne pas vous arrêter. Cela peut être faux, mais si c’est un vrai message et que vous osez vous arrêtez, même freinez, la vie de plus de deux-cents passagers va peut-être voir sa fin ici.

– J-Je sais, ça, mais— !

– Quelque chose me perturbe…

Annie se tourne vers Deshya qui vient de parler. Celle-ci a la main sous son menton, la tête baissée.

– Pourquoi mettre des bombes dans le train tout ça pour dire qu’au prochain rappel, le train aura le droit de s’arrêter… ?” demande-t-elle.

– …

– Est-ce que le message dit vraiment cela, cependant ?” demande Annie.

– …

Annie fixe longuement Deshya, mais cette dernière ne se laisse pas perturber par son regard.

– ‘Jusqu’à prochain rappel’ est ce qu’il dit, donc je suppose que quiconque a envoyé le message va demander que le train soit détourné quelque part, qu’une personne qui se trouve dans ce train soit amenée à lui ou il joue simplement avec la station.

– Ta dernière théorie signifie donc que tout ça n’est qu’un mensonge.

– Pas forcément. Des bombes peuvent être réellement placées et si la station décide de ne pas écouter ses messages, alors il les punira en le faisant exploser.

– Hiiii !!!

L’homme crie d’une voix aiguë. Deshya s’excuse avec un sourire gêné et Annie regarde le tableau de bord.

– … Mais tu penses à autre chose, n’est-ce pas ?

– …

Deshya ne répond pas directement. Annie reste debout devant le tableau de bord, tandis que le conducteur y retourne, les yeux mouillés, et vérifie que tout se passe bien. Annie se retourne vers la jeune fille derrière elle.

– Il y a une autre théorie à laquelle tu penses, n’est-ce pas ?

Deshya plisse les yeux. Annie a raison, il y autre à laquelle elle pense, mais elle ne peut pas en être certaine… Cependant, vu la situation avec le meurtre qui vient d’être commis…

Si j’ai raison, alors la raison pour laquelle le message n’a été envoyé qu’après le départ du train à cet arrêt…

Elle y a pensé. Elle est presque certaine d’avoir raison. Néanmoins, une question reste dans sa tête. Elle regarde Annie.

– Et si celui qui a planté les bombes est celui qui a commis le crime ?” propose Deshya.

Annie fronce les sourcils et au même moment, le conducteur sursaute. Il se retourne rapidement, ses yeux si grand ouverts qu’on pourrait penser qu’ils vont sortir de leur orbite.

– UN-UN CRIME ?!!!

Il hurle si fort que Deshya se tient les oreilles de renard, tandis qu’Annie râle en se crispant. L’homme met ses mains devant la bouche, choqué lui-même d’avoir crié aussi fort. Annie soupire.

– Un homme a été assassiné, une balle dans le cœur.

– QUOIIII ?!!!!!

Hurlant encore plus fort, l’homme recule sur son tableau de bord en transpirant. Deshya s’accroupit tellement que le son est fort, ses oreilles ne supportant pas un tel hurlement.

– Ne criez pas comme ça !!!” crie Deshya.

– M-Mais comment ça, un c-c-c-c-c-c-c-crime ?!!

– Justement, je voulais vous demander…

Annie se tourne vers le conducteur, les mains désormais dans les poches.

– Savez-vous pourquoi la porte pour aller dans le quatrième wagon, depuis le troisième, est impossible à ouvrir ?

– A-Ah bon… ?

Il cligne des yeux et se gratte les cheveux.

– Je ne peux rien faire d’ici, donc… J-Je ne sais pas…

Annie fronce les sourcils. Cela n’est probablement pas un problème technique, mais bien un incident provoqué par le meurtrier — ou quelqu’un qui l’aide. Elle se retourne vers la porte de la cabine tout en réfléchissant.

– On devrait retourner là-bas.

Alors qu’Annie réfléchit, Deshya la réveille de ses pensées. La femme tourne le visage vers la petite et finit par acquiescer.

– Je suis d’accord.

Elle se tourne vers le conducteur.

– Si vous avez besoin de moi, n’hésitez pas à venir me trouver dans le troisième wagon,” dit-elle.

– A-Ah, d-d’accord…

Le conducteur du train regarde les deux filles partir et tourne son attention à nouveau sur le tableau de bord en face de lui. Il est rassuré de savoir qu’une policière se trouve dans le train, ainsi qu’une ‘apprentie’ ; en tout cas, c’est ce qu’il suppose. Il ne peut pas arrêter ce train, mais il peut faire en sorte que les passagers restent en sécurité jusqu’au prochain message que la personne enverra. Il soupire en baissant la tête, se demandant pourquoi cela lui arrive…

Et dire que je viens de reprendre le travail après deux mois de maladie… J’ai pas de chance…” se plaint-il intérieurement.

Pendant ce temps, Deshya et Annie courent à nouveau dans les wagons. Le premier est rapidement passé, mais alors qu’elles arrivent dans le deuxième—

– D-Deshya !

Alors qu’elle marche rapidement aux côtés d’Annie, une voix familière l’appelle. Deshya s’arrête et tourne la tête vers la gauche, là où Amora se trouve ; et celle-ci attrape la manche du pull de sa meilleure amie.

– E-Est-ce que tout va vraiment bien ?!” demande Amora en criant.

– A-Amora !

– On veut savoir !

Cette fois-ci, c’est une passagère âgée qui crie. Ensuite, un homme la rejoint et se lève.

– Q-Qu’est-ce qu’il se passe sur ce fichu train ?!” hurle-t-il.

– On veut savoir !!!

– Oui !! Pourquoi il ne s’arrête pas ?!!

Les voix des passagers s’entrechoquent et Deshya n’arrive plus à comprendre ce qu’ils disent. Elle tourne le visage un peu partout, incapable de savoir qui crie quoi. Amora continue à tirer sur la manche de son pull, une expression effrayée sur le visage. Frie est à côté d’elle, s’étant calmée, mais toujours inquiète de la situation qui se trouve au sein du train. Deshya ne sait pas ce qu’elle devrait dire. Doit-elle les rassurer ? Leur mentir ? Doit-elle dire quoi que ce soit ?!

– TAISEZ-VOUS !!

– !

Deshya ouvre grand les yeux et regarde derrière elle. Annie s’est arrêtée à son tour et c’est elle qui vient de hurler de la sorte. Elle se retourne d’un mouvement ferme et son expression montre un côté strict qu’elle ne compte pas cacher.

– Le train a un problème mécanique, mais vos vies ne sont pas en danger !” crie Annie. Il s’arrêtera quand cela sera réglé !

– A-Annie…

– Veuillez reprendre vos places et ne bougez pas d’ici.

– Q-Qu’est-ce qui vous donne le droit de nous donner des ordres ?!

– Il a raison !!

– Vous vous prenez pour qui, vieille peau ?!

Les passagers se mettent à s’exciter dans tous les sens, insultant et critiquant la dame. Deshya se retourne vers Annie, inquiète pour elle. La femme baisse la tête tout en fermant les yeux, comme attristée par les commentaires des passagers. Frie regarde la femme à son tour, tandis qu’Amora bouge la tête dans tous les sens. Deshya serre les poings, sentant sa colère monter, mais avant même qu’elle puisse dire quoi que ce soit—

– JE SUIS DE LA POLICE !!

— Annie hurle et les passagers se turent d’un coup. Elle sort son badge qui prouve ce qu’elle vient de dire et attrape Deshya, l’attirant vers elle.

– QUICONQUE NE RESPECTE MES ORDRES AURA UNE SANCTION !!!!

Elle hurle à nouveau, faisant mal aux oreilles de Deshya, et part du wagon en tirant la fille. Tout le monde les observe partir, Amora et Frie toutes deux bouches bées. Elles se regardent l’une l’autre et Amora se gratte les cheveux.

– A-Ah… ?

Annie arrive au deuxième wagon en avançant de pas fermes et énervés, une Deshya muette traînée derrière elle. L’adolescente n’arrive pas à croire qu’elle a hurlé de la sorte… Son côté strict et impatient… est réellement effrayant.

Je ne dois pas l’énerveeer…” pense Deshya avec un spasme à la paupière droite.

Annie s’approche du corps du défunt et regarde à sa place en remarquant que l’adolescente nommée ‘Tessa’ s’y trouve, les jambes croisées et les yeux fermés. Elle sourit et ouvre les yeux, regardant la femme aux cheveux blancs qui vient d’arriver à ses côtés.

– Vous avez trouvé ce qu’il se passe ?” demande-t-elle.

Annie acquiesce et Deshya se met aux côtés de Tessa, poussant sans faire exprès la docteure. Elle met sa bouche à côté de l’oreille gauche de Tessa.

– Des bombes ont été plantées dans le train et s’il s’arrête, on y passe tous,” chuchote-t-elle.

Sans même hésiter sur ses mots et disant la vérité sans passer par des raccourcis, elle explique à Tessa la vérité derrière le manque d’arrêt du train. Elle ouvre grand les yeux et offre une expression qu’elle ne fait que très rarement : l’une qui est apeurée.

– B-Bombes… ?” répète-t-elle doucement, ne voulant pas que tout le monde l’entende.

Deshya acquiesce. Tessa baisse la tête, devenant pâle, et Annie observe les deux hommes musclés qui sont restés à la même place.

– Personne n’a bougé ou touché le corps ?” demande-t-elle.

– Excepté cette adolescente qui est restée à ses côtés, personne. Et personne n’a bougé de place, excepté le monsieur là-bas.

Il pointe le fond du train, là où un homme au chapeau noir est assis à côté de la fenêtre. Annie plisse les yeux, mais pour elle, cela ne veut rien dire. Néanmoins, elle se demande pourquoi il a changé de place… Elle remercie l’homme musclé et se dirige vers ce fameux homme. Elle remarque que les passagers sont déjà plus calmes, certains ayant même fermés les yeux, se reposant tranquillement dans le train. Annie arrive devant l’homme à chapeau.

– Pardonnez-moi, monsieur.

– Oui… ?

Il a une voix reposante et non masculine. Un corps assez fin et une tenue plutôt chaude sur le corps, il tourne son visage ridé vers la femme. En l’observant, Annie se dit qu’il doit être encore plus âgé qu’elle, mais de seulement quelques années ; il doit être proche de la soixantaine, mais pas plus.

– Je peux vous poser deux questions ?” demande Annie.

– Quoi donc… ?

– Pourquoi avoir changé de place ?

Pendant qu’elle questionne l’homme, Deshya s’approche avec Tessa. L’homme touche son parapluie, le gardant fermement dans sa main gauche.

– Je n’aime pas rester à un endroit fixe… J’ai besoin de bouger mes jambes…” répond-t-il.

Deshya analyse le parapluie. Il a l’air d’être dans un état assez mauvais, probablement inutilisable pour les jours de pluie. D’un noir macabre et une poignée stylisée majoritairement cachée derrière sa main, il semble avoir du vécu. Sur ses mains, des gants gris velouteux montrent leur fraîcheur, s’assurant que l’homme qui est leur maître n’ait pas froid. Il y a aussi une petite valise à ses pieds, fermée par une tirette en métal.

– Où étiez-vous lorsque le meurtre a été commis ?” demande ensuite Annie.

L’homme semble surpris de la question posée par la femme.

– P-Pardon ? Vous-Vous pensez que je suis le coupable ?!

– Je n’ai jamais dit cela. Je vous demande juste où vous étiez.

L’homme n’en semble pas très convaincu. Montrant du mécontentement sur son visage et tenant son parapluie fermement, il finit par répondre à la femme.

– J’étais au fond du train, tout près de la porte qui mène à l’autre wagon.

Il montre la porte en face de lui, là d’où Deshya et Tessa sont arrivées. Ensuite, il pointe de l’index la place où il se trouvait auparavant. Personne n’y est pour l’instant et seule une jeune fille, de l’âge de Deshya, se trouve à côté. Un casque sur les oreilles et la tête bougeant sur le rythme de la musique qu’elle écoute, elle ne semble pas tracassée par la situation du train. Annie plisse les yeux et Deshya s’avance vers la fille.

– Pardon…

Deshya essaye de l’appeler, mais la musique que la fille écoute est bien trop forte pour qu’elle puisse l’entendre. Même Deshya peut la distinguer faiblement, ce qui prouve que le volume est probablement presque à son maximum… Deshya n’a jamais compris comment ils peuvent écouter des musiques à des volumes aussi hauts ; après, depuis qu’elle a des oreilles de renard, elle est devenue plus sensible au son, donc elle a une perception des choses assez différentes. Annie arrête de regarder Deshya et se retourne vers l’homme. Pendant ce temps, Tessa regarde les trois personnes qui sont assises juste à côté de la place où le défunt s’est fait tirer dessus.

– …

Elle ne fixe pas une des trois personnes, toutefois, elle remarque bien que les trois ne sont pas à l’aise. Elle peut comprendre : après tout, un homme est mort juste à côté d’eux.

Qui aurait pû le faire… ?” se demande Tessa.

Elle sait que la liste de suspects est plus grande que simplement ces trois personnes-là, mais elle a du mal à se dire que quiconque dans le train aurait pû lui tirer dessus sans se faire remarquer par quiconque. Si la personne a des complices, alors cela va rendre l’affaire plus complexe, mais à ce moment-là, il est totalement possible que le meurtrier soit assis plus loin de la victime. Tessa doit aussi se poser la question suivante : est-ce que cet homme était réellement une cible particulière ?

Enlever la possibilité que la personne qui a tiré sur cet homme l’ait fait simplement pour tuer quelqu’un, et non parce qu’il était une cible précise serait idiot de ma part.

Tessa plisse les yeux. Le tir semble être précis et si cet  homme a été tué aléatoirement, alors une chose est certaine : l’une des trois personnes est le coupable. Parce qu’il est assis à côté du tueur, il a pû sortir le fusil sans se faire remarquer et a tiré sans complication, vu qu’il était juste en face de lui.

La femme à ses côtés… Est-ce que ça aurait réellement pû être elle ?” se demande Tessa.

Vu que la balle a atteint le cœur, qui se trouve à gauche du corps, et que la femme se trouve à droite de lui, alors elle aurait dû lui tirer dessus lorsqu’il s’est tourné vers lui. Elle braque ses yeux vers la femme et l’homme qui sont tous deux assis devant la place où le défunt était.

Ces deux-là sont les suspects principaux. Si la police était à bord, ils pourraient simplement vérifier les passagers pour des traces de poudre. C’est sûrement une des raisons pour lesquelles le train est forcé à ne pas s’arrêter…

La femme aux cheveux roux serre un poing et tourne violemment le visage vers l’adolescente.

– P-Pourquoi est-ce que vous restez plantée là ?!” crie-t-elle.

– !

Tessa est réveillée de ses réflexions et fixe la femme. L’homme à ses côtés, celui au crâne chauve, se tourne aussi vers Tessa, mais sans trop le montrer.

– …

Tessa ne dit rien, ce qui énerve la femme qui se met à mordiller ses cheveux.

– T-Trouver ce tueur et laissez-nous sortir de ce train… !” crie-t-elle.

– Ce n’est pas moi qui peut arrêter ce train,” avoue Tessa.

– J-J-Je m’en fiche !

Elle croque dans ses cheveux et les recrache avec une expression énervée, mais aussi nerveuse. La femme en face d’elle n’a toujours rien dit, la tête baissée. Tessa tourne rapidement le visage vers Annie et Deshya. Cette dernière retourne aux côtés de la femme docteure.

– Qu’est-ce qu’à dit la fille ?” demande Annie.

– Au moment du coup de feu, cet homme semble s’être levé doucement, mais dès que le tir a été entendu, il s’est figé et s’est assis directement,” répond Deshya.

Annie plisse les yeux et se tourne vers l’homme. Ce dernier déglutit bruyamment.

– Q-Quoi… ?

Deshya a parlé assez doucement pour qu’il ne puisse pas entendre ce qui a été appris ; Annie se demande si elle doit le questionner sur son comportement. Elle n’a vu personne se lever et personne ne semble avoir vu quiconque se mettre debout, mais lui aurait bougé de sa chaise, comme s’il aurait voulu partir au même moment que le coup de feu a retentit… ? Annie se demande si cela n’est qu’une coïncidence… ou…

– …

Deshya ne dit rien et se retourne vers Tessa, elle qui discute avec les trois personnes qui sont assises autour de la même table où le défunt a été tué.

– Aucun de vous n’a donc rien fait lorsque le coup de feu a été tiré ?” demande Deshya, les mains dans les poches.

La femme aux cheveux roux claque la langue contre ses dents et répond tout en soupirant :

– Je regardais à travers la fenêtre en me demandant pourquoi le train ne s’arrêtait pas !

Le chauve est le prochain à répondre.

– Je me reposais simplement…

La dernière à répondre est la femme en face d’eux deux.

– Je parlais avec Nikolas, mais…

– Nikolas ?

– C-C’est le nom de… de celui…

Elle fuit du regard.

– … Nikolas Aidalro. C’est son nom…

Tessa regarde le cadavre à ses pieds et l’observe avec attention. Le prénom et le nom de famille que la femme vient de dire… Cet homme…

… J’ai déjà entendu son nom quelque part… mais où… ?

Tessa n’arrive pas à s’en souvenir. Elle l’a sur le bout de la langue, mais elle ne peut pas s’en rappeler. Elle regarde la femme et compte lui demander quand Deshya l’appelle. Tessa tourne la tête vers elle et la fille au pull renard s’arrête en face de son amie.

– Des informations importantes ?” demande Deshya.

Tessa sort ses mains des poches de son pantalon et soupire.

– La femme qui était à côté de cet homme lui parlait, le chauve là se reposait et la femme à côté de lui regardait l’extérieur.

– J’ai un prénom !” crie le chauve.

Tessa le regarde sans même bouger la tête.

– J’connais pas vos prénoms, pas ma faute,” répond-t-elle.

– … Tsk.

Cela ne plaît pas au chauve qui croise les bras.

– Puis-je connaître vos identités ?

Annie arrive derrière les deux adolescentes et pose une main sur l’épaule droite de Deshya et l’épaule gauche de Tessa. La femme aux beaux cheveux roux touche à son petit sac et sort un rouge à lèvre assez spécial.

– Je m’appelle ‘Dera Nomura’, je travaille dans une agence de beauté,” répond-t-elle.

Tout en répondant à Annie, elle se met du rouge à lèvre autour de la bouche, observant son reflet dans la vitre du train. Le chauve garde les bras croisés et répond à son tour.

– ‘Megure Afronai’. Je suis au chômage.

Il est gêné de devoir avouer une telle chose, mais il ne veut pas se créer plus de souci que ça. Il est celui qui était en face de la victime, donc il sait très bien qu’il est le suspect principal. De plus, ses vêtements rembourrés et ses gants aux mains ne doivent pas aider à le rendre moins suspect.

– Je m’appelle ‘Trisha Keryun’,” répond la dernière femme. Je suis une simple femme de ménage qui va bientôt se marier…

– Je vois. Félicitations !

– M-Merci…

Elle fait un sourire gêné à la docteure, rougissant doucement. Deshya regarde les trois personnes avant de tourner son attention à la place où le défunt se trouvait. Elle ne pense pas trouver quoi que ce soit d’intéressant dessus, mais quelque chose l’intrigue. Elle plisse les yeux…

– … !

Elle se tourne d’un coup vers Annie.

– Dites… !

– Oui ?

Deshya se rapproche de l’oreille d’Annie et lui chuchote sa question. Annie l’écoute attentivement, tandis que Tessa attend qu’elles terminent, s’étant à nouveau assise sur une des places libres du wagon. Deshya recule le visage lorsqu’elle en a terminé avec ce qu’elle a à demandé et Annie observe le siège quelques instants. Cependant, elle secoue la tête.

– Cela ne veut pas dire grand-chose, même si je comprends. Si d’autres membres de la police étaient ici et que j’avais un peu plus de place, ainsi que de matériel, je pourrai sûrement en apprendre plus sur l’arme utilisée, même d’où cela a été tiré,” répond Annie.

– De quoi vous parlez ?” demande Tessa.

Deshya se retourne vers elle et lui chuchote ce qu’elle a remarqué.

– La balle n’a pas traversé le corps de la victime, donc je demandais si ça ne voulait pas dire que la balle a été tirée de plus loin.

– Ah, je vois…

Tessa aurait répondu comme Annie : cela ne veut pas forcément dire grand-chose. Certains pistolets sont plus puissants que d’autres.

Et là—

– !

Tessa fronce les sourcils en pensant à quelque chose. Elle met une main sous le menton et y réfléchit avec attention. Pendant ce temps, Deshya retourne vers la fille au casque. Elle s’arrête devant elle.

– Une autre chose à me dire ?” demande Deshya.

La fille s’est levée et a secoué la main pour l’appeler. Elle acquiesce et pointe du doigt l’homme qui se trouve deux places devant elle.

– Vous pouvez demander s’ils n’ont rien vu, vu qu’ils prenaient des photos ensemble,” dit-elle.

Elle prend un chewing-gum de sa poche et le met dans sa bouche directement. Elle se met à le mâcher et change de musique. Deshya fait un sourire perturbé.

E-Elle est une ado spéciale…” pense Deshya.

Elle se retourne et regarde l’homme qui est juste à côté de son amie ; ou peut-être est-elle sa petite copine ? Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour remarquer qui cette personne se trouve être et court vers lui. Elle s’arrête à ses côtés et l’homme tourne le visage vers elle.

– Ouais ?

– Pardon, mais la fille là-bas m’a dit que vous aviez peut-être vu quelque chose… ?

L’homme dépose sa canne à selfie à côté de lui et touche sa casquette.

– On prenait des photos avec ma pote ici, mais on a rien vu.

Deshya l’observe avec attention. Elle ne se concentre pas sur son accoutrement assez démodé et coloré, sans parler de sa casquette un peu trop grande pour lui, mais plutôt sur la place où il se trouve.

– Vous étiez ici quand ça c’est passé ?” demande Deshya.

La femme à côté de lui acquiesce, le tenant dans ses bras, une main touchant son torse.

– Ouaiiis, on était ici et on prenait des photos quand ça a fait BOOM !! J’ai eu trooop peur !!

Le style de la femme est encore pire que celui de l’homme et sa tenue déchirée dégoûte presque Deshya.

Ils sortent des années 2000 ou quoi… ?!” se demande-t-elle.

Elle n’essaie pas d’y penser plus longtemps et regarde la canne à selfie juste à côté d’eux. Ils auraient donc pris des photos avec… pendant la scène de crime ? Si c’est le cas—

– Est-ce que je peux regarder si vous avez pris une photo pile au moment où le meurtre a été commis ?” demande Deshya.

L’homme regarde son amie et hausse les épaules.

– Si vous voulez.

La femme à côté de l’homme mâche… quelque chose, et cela bruyamment.

– Diiiites, vous êtes trop mimi, vous vous appelez commeeeent ?” demande-t-elle avec une voix presque insupportable.

La fille au pull renard attend que l’homme débloque son téléphone et regarde la femme.

– A-Ah, je m’appelle Deshya…

– Aaah, trop cool, comme nom ! J’m’appelle Minervaaa, lui, c’est Mistaaa ! Il est trop beau, pas vrai ?

– Minerva, sors pas d’ces trucs en public.

– Quoiii ? J’ai juste dit que t’étais beau, pas que tu faisais bien l—

– Bref !!

L’homme crie en fermant les yeux et débloque son téléphone avec son empreinte digitale. Il va dans sa galerie photo et Deshya se penche vers le téléphone. Elle se doutait qu’il n’allait pas simplement lui donner son téléphone, donc il se met à défiler les photos qu’il a prises avec son amie au nom de ‘Minerva’. De l’autre côté du wagon, Tessa a toujours les sourcils froncés.

– …

Elle se lève et scrute l’entièreté du wagon. Le train vient de rater son quatrième arrêt, mais cela n’est pas ce qui la tracasse.

Dans un wagon aussi bondé…

Tessa se tourne vers Annie. La femme est en train de discuter avec des passagers pour voir s’ils n’ont rien vu, mais rien n’est encore découvert. Tessa se penche vers l’un des deux hommes musclés qui ont accepté d’aider Annie à garder le calme dans le wagon et leur demande quelque chose. Il écoute attentivement et son ami fait de même.

– Hm, oui. J’en avais mal aux oreilles.

Je le savais déjà, mais du coup…

Tessa se retourne et observe le wagon avec des yeux vifs. Cette question qu’elle se pose… Elle ne sait pas si elle réfléchit trop ou si c’est simplement de la maladresse — voire fait exprès —, mais elle n’arrive pas à s’empêcher d’y penser. Même si Annie ou Deshya ne semblent pas en avoir parlé, Tessa se demande quand même—

Pourquoi le coupable n’a pas utilisé un silencieux… ?

 



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