Fox-Eared Detective
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Chapitre 41 – Pure Neige * Le Coup de Feu Invisible ; Silhouette Cachée
Chapitre 40 – Pure Neige * Le Coup de Feu Invisible ; Mystérieux Meurtre Menu Chapitre 42 – Pure Neige * Le Coup de Feu Invisible ; Nouvelle Famille

Durant la fête organisée par ‘Colin Furas’ et ‘Mona Furas’, un couple riche qui habite aux frontières de Tetazo, un meurtre est commis : celui de ‘Georges Hedown’, un patron d’une chaîne de magasins de bonbons assez populaire. ‘Deshya Oveja’, sa famille ainsi que ‘Korone’, pour l’instant au faux nom de famille ‘Daiski’, se trouvent aussi à cette fête. Le meurtre a été commis lorsqu’ils étaient en train de regarder le petit film de 20 minutes qui partageaient les moments passés du couple, ainsi que certaines photos et vidéos de leurs amis. La pièce était plongée dans le noir, seul le projecteur qui projettait le film pouvant être considéré comme un éclaircissement dans la salle : même les tentures étaient fermées, ne laissant pas les rayons de la lune passer dans la pièce. Malheureusement, le drame est commis : un bruit de verre brisé retentit dans la pièce, suivi du cri effrayant d’un homme, fini par un autre bruit fracassant, celui de la vitre qui se brise à nouveau. La victime est couchée par terre, sur le ventre, une balle qui a pénétré son dos et a percé une partie de son cœur. Il est mort sur le coup.

À l’extérieur, après que les lumières se soient allumées à nouveau et que les sept personnes qui ont fui les lieux par peur ont été rattrapées par ‘Dash Tarway’, homme musclé réceptionniste de la police, ainsi que fan de ‘Mariah Sukeni’, une extravagante et nouvelle détective policière à Tetazo, Gatito retrouve la source de la vitre brisée : une brique cassée, jetée depuis l’intérieur. Les morceaux de la fenêtre prouvent justement qu’elle a été jetée depuis la salle, tandis que la première fois que la vitre a été brisée était à cause de la balle qui provenait de l’extérieur. L’herbe et les buissons sont piétinés : quelqu’un se trouvait donc devant la fenêtre et est partie. Quelques instants ensuite, le pistolet silencieux est retrouvé à l’extérieur, tout près des murs de la maison. Gatito appelle donc la station pour qu’ils fassent des recherches dans les environs : ils doivent trouver le criminel.

Toujours à l’intérieur, Mariah et Deshya doivent trouver le coupable du lancer de brique : quel est le but derrière celui-ci ? Qui aurait pû faire une telle chose ? Avec ces questions en tête, elles interrogent quatre suspects, tous les quatre venant des sept personnes qui se sont enfuies quand le crime a été commis, ainsi qu’eux quatre avec des sacs à dos différents sur le dos.

Le premier suspect est ‘Manny Furas’, fils de la famille qui organise la fête. Il se trouvait aux côtés de ‘Sally Corem’, une amie à lui, juste derrière le coupable. Son sac est moderne, avec des baffles intégrées, ainsi que des poches de tous les côtés, le rendant encore plus spacieux qu’on ne peut le croire. Son contenu est le suivant : le chargeur de son portable, un ordinateur portable, un chargeur pour celui-ci, une souris à clef USB ainsi qu’un sac de bonbon. Rien d’autre. Aussi, il appréciait Georges, donc il n’a aucun motif pour le crime.

Le deuxième suspect est ‘Sally Corem’, la seule jeune femme des quatre. Elle était à côté de Manny et ne connaît pas la victime, mais tout comme son ami, elle se trouvait derrière lui. Son sac à dos est un cartable d’école taché à l’intérieur avec le contenu suivant : un plumier rempli, des canvas et crayons, ainsi que des pinceaux. Aussi une collation à moitié mangée, l’une qu’elle a prise pendant que le film était projeté. Rien d’autre.

Pour le troisième suspect, c’est un homme plus âgé, dans sa trentaine, au nom de ‘Antoine Darrain’. C’est un très bon ami de Georges et se trouvait justement à côté de lui. Il a même fui pour rattraper les autres jeunes qui ont couru en dehors de la salle, souhaitant savoir qui avait osé tuer son ami. Son sac est plus petit que les autres et ne comporte que sa vieille caméra et des films. Des trous à cause de la vieillesse peuvent être observés ici et là.

Et le quatrième et dernier suspect est ‘Rei Polley’, un jeune homme qui habite chez ses grand-parents. Il se trouvait tout près de Manny et Sally et est une connaissance de la victime, mais c’est quelqu’un qu’il appréciait aussi. Son sac est assez similaire à celui de Manny, avec des baffles intégrées. Certains endroits peuvent être ouverts depuis l’extérieur et laisser des petits trous dans le sac, mais les trous sont petits et ne peuvent même pas laisser passer un plumier. Pour son contenu : ses affaires de cours, un plumier à moitié rempli, une collation écrasée, un sac de sandwich mangé, ainsi qu’une bouteille d’eau.

Aucun des quatre ne semble avoir un motif pour tuer Georges et la raison derrière le lancer de brique reste donc inconnue. En parallèle, Pera et Korone se trouvent toutes deux à l’extérieur : la petite fille a besoin de prendre l’air, trop oppressé par un ou une invitée qui semble avoir son regard fixé sur elle. Korone ne sait pas qui cela pourrait être, mais elle a son idée sur « l’occupation » de cette personne. Cependant, si cela est le cas, alors…

J’ai peur…

Korone regarde le sol. Elle et Pera n’ont pas parlé depuis qu’elles sont arrivées dehors. Il fait frisquet, mais la température est plus que correcte pour rester à l’extérieur. Pera admire le ciel étoilé : ce n’est pas tous les jours qu’elle peut observer les étoiles. Contrairement à l’intérieur, là où le crime a été commis, l’extérieur est calme et silencieux. Pas un seul bruit. Parfois le son d’une voiture ou d’un animal qui se laisse entendre dans l’obscurité du paysage. La femme se demande si sa fille a trouvé des indices sur le crime, mais Korone n’a que la tête vide : elle ne pense à rien de spécial et cherche à se calmer. Le regard terrifiant qu’elle ressentait sur elle jusqu’ici a disparu, mais elle n’arrive pas à ralentir les battements de son cœur. Elle garde donc la main dans celle de Pera, se posant des questions sur celui ou celle qui pourrait être la cause de ce sentiment oppressant dans sa poitrine. Korone lève la tête à son tour, mais elle n’observe pas le ciel : simplement ce qu’il y a devant elle. Des arbres dans l’horizon, le grand parking où les nombreuses voitures attendent leurs maîtres sans savoir ce qu’il se passe à l’intérieur. La douce brise de la nuit souffle dans les cheveux attachés de la petite fille, ses grands yeux mauves fatigués.

– …

Elle veut parler, mais elle ne sait quoi dire à la femme à côté d’elle. Le silence l’embête, mais en même temps, cela la conforte. Elle préfère donc se taire et profiter du calme.

Mais… qui ? Et pourquoi est-ce que quelqu’un comme ça serait ici ?

Une question dont elle aimerait la réponse… tout en souhaitant rester ignorante, parce qu’elle a peur d’apprendre la vérité.

CHAPITRE 41  
Pure Neige * Le Coup de Feu Invisible ; Silhouette Cachée


– Rien n’a donc été trouvé d’étrange sur la brique, alors…

Mariah claque de la langue : si une certaine tâche aurait été sur un des morceaux de la brique ou même une trace spéciale, peut-être cela leur aurait donné un indice sur le contenu du sac où se trouvait cet objet qui a permis de briser la vitre depuis l’intérieur. De plus, aucun des quatre suspects ne veut avouer leur geste. Bref, ils n’ont toujours aucune piste. Annie croise les bras.

– Rien n’a été trouvé nulle part, même sur le pistolet,” avoue-t-elle. Quiconque a commis le crime a fait attention aux détails.

– De plus, les quatre suspects n’ont pas de gants sur eux. Excepté s’ils les ont jeté quand ils se sont enfuis, ils n’auraient jamais pû tenir un pistolet sans laisser la moindre empreinte…

Mariah se gratte les cheveux.

– Donc le criminel vient vraiment de l’extérieur, raaah !

Dash cligne des yeux et lui demande si elle pensait réellement que le meurtrier aurait pû être à l’intérieur. Deshya lui répond à la place de la femme.

– Il y a un certain détail qui est étrange, si le criminel vient de l’extérieur.

Elle lui explique rapidement et Dash plisse les yeux en se retournant vers la fenêtre brisée, depuis où les tentures désormais ouvertes bougent sereinement à cause de la brise de la nuit. Annie se touche le menton.

– C’est vrai que c’est étrange…” pense-t-elle tout haut.

– C’est pour ça que je pensais que quiconque a jeté la brique est le coupable, mais je suppose que c’est simplement un complice…” parle Mariah.

Les trois policiers et la fille ‘détective’ réfléchissent, mais ils ne peuvent pas comprendre le mystère de la brique. Deshya se retourne vers les quatre suspects en se demandant qui aurait pû garder la brique avec lui. De plus, si l’un d’eux avait une telle chose dans son sac, alors c’était qu’il avait prévu depuis le début de l’utiliser.

C’est impensable de se dire qu’il voulait l’utiliser dans l’obscurité pour tuer Georges, ensuite la balancer par la fenêtre, mais que Georges a été tué avant, ce qui a enragé la personne qui a ensuite jeté la brique par frustration, pas vrai ?

C’est la seule chose dont Deshya peut penser, mais c’est une théorie qu’elle trouve trop… ‘fictive’.

Alors… pourquoi ?

********************************

De leur côté, Korone et Pera continuent d’observer le paysage en face d’eux. Le silence règnent entre elles, mais après quelques minutes sans le moindre mot, la femme rousse en prononce enfin :

– Tu vas mieux ?

Korone tourne doucement la tête vers Pera, mais ne répond pas directement. Finalement, elle acquiesce. Pera sourit.

– Tant mieux. Tu n’as pas froid ?

– Pas trop…

– Si tu as besoin, nous pouvons rentrer ou je peux chercher un pull.

Korone refuse : elle ne veut pas retourner à cette fête. Bien que tous les invités sont à l’étage, elle est convaincue que si elle y retourne, elle va ressentir ce terrifiant regard ou cette horrible pression à nouveau. Toutefois, devoir être apeurée de la sorte lui est insupportable mentalement : savoir qu’elle n’ose même pas entrer dans la maison simplement à cause de ça lui donne l’impression d’être pitoyable. Elle a bien conscience qu’elle est toujours jeune et que même sans prendre cela en considération, elle se sent en danger, mais elle veut être plus forte. Elle a osé pousser Deshya dans le bus pour la sauver alors que c’était elle qui était visée. Elle a osé sauver Deshya en attrapant le pistolet et a tiré sur l’enleveur. Alors pourquoi cette fois-ci, elle a peur au point de ne pas retourner à la villa ?

– La nuit est belle, ne trouves-tu pas ?

Korone sort de ses pensées et tourne le visage vers Pera. Cette dernière pointe la voûte céleste, noire, mais étoilée. La petite fille lève la tête vers celle-ci et ouvre grand les yeux.

Un réel tableau pétillant. Des étincelles blanches brisant l’obscurité infinie de l’espace. Une scènerie qui est presque inconnue à Korone, parce qu’observer la nuit n’est pas commun pour elle. Ses yeux reflètent les étoiles et la nuit elle-même. Elle ne peut bouger le regard d’une telle beauté. Korone n’est pas du genre à admirer une telle peinture dans le ciel, même durant la journée… et elle le regrette désormais. Pera sourit à côté d’elle.

– C’est beau, n’est-ce pas ?” pose-t-elle tout en fixant la nuit de ses yeux bruns.

– Oui…” lâche brièvement Korone.

– Quand je me sens mal, j’aime laisser mon imagination m’emmener dans les étoiles. Je me demande ce qu’il y a dans l’espace, quelles étoiles sont encore en vie et celles qui ont disparu, mais dont on peut encore voir la lumière.

Pera lève une main vers le ciel avec un sourire encore plus grand.

– Après tout, certaines étoiles sont encore visibles dans notre ciel, mais elles sont actuellement mortes.

Korone connaît la raison d’un tel phénomène : c’est simplement parce que la lumière prend du temps à arriver d’un endroit à l’autre, alors des étoiles si éloignées, même lorsqu’elles meurent, leurs lumières continuent d’être visibles pendant des années et des lustres. Korone sourit à son tour, mais elle ne dit encore rien. Pera descend la main et parle à nouveau.

– Mais bon, j’évite de profiter du ciel étoilé avec Deshya, parce qu’elle s’y connaît très bien en espace et parfois, elle répond à des questions que je me pose, mais dont je voulais connaître la réponse moi-même,” dit-elle en pouffant.

Cela fait rire Korone. Bien qu’elle ne connaisse Deshya que depuis quelques jours, cela ne l’étonne pas de sa part. Korone bouge doucement les pieds et laisse ses jambes se balancer sous le banc où elles sont toutes les deux assises. Pera se retourne vers la ville juste derrière elles.

– Quand même, ma chérie rencontre tout genre d’affaire, pour l’instant,” lâche la femme.

Korone pense pareil : Deshya semble tomber sur des meurtres tous les jours — ou presque tous les jours. Le week-end dernier, elle a pû se reposer, si on ne prend pas la partie de poker qui l’a fatigué mentalement. Ensuite, mardi de cette semaine, rien ne s’est passé. Même chose pour Jeudi. Korone est impressionnée et choquée de la voir enquêter sur tant de meurtres.

Si ça continue, tout le monde à Tetazo sera mort à la fin de cette année, héhé…” plaisante intérieurement Korone.

Pera dépose sa tête entre ses deux paumes.

– Même si elle une psychologue pour s’assurer qu’elle ne perde pas la tête, j’espère qu’elle prend soin de soi…” soupire la mère de Deshya.

– Deshyshy est forte, physiquement et mentalement ! Elle va bien aller !” lâche Korone avec assurance.

Pera tourne la tête vers elle et lâche un petit sourire.

– Tu as sûrement raison !” dit-elle.

– Vui !

Elles se mettent à rire doucement toutes les deux, dans la douceur de la nuit.

***********************************

De retour à l’intérieur de la maison, Deshya tourne en rond dans la grande salle. Mariah et Dash sont allés à l’extérieur, tandis que Gatito et Annie interrogent à nouveau les quatre suspects, ainsi que Colin et Mona Furas pour savoir s’ils ne se souviennent pas d’un certain détail. La queue de renard de Deshya traîne par terre, tandis qu’elle réfléchit à l’enquête. Il doit bien y avoir une piste pour trouver la raison du lancer de brique, mais elle ne sait pas laquelle. Rien n’est trouvé dans les sacs des quatre suspects et même s’ils ont tous fui la salle lorsqu’ils ont été effrayé par le meurtre commis devant eux, il aurait été compliqué de jeter quoi que ce soit dans la maison ou aux alentours sans que cela soit trouvé par la police.

Alors… J’ai mal à la tête à y réfléchir, j’en ai marre…

Deshya soupire et s’arrête dans sa marche. Elle se retourne vers les quatre suspects qui discutent avec Gatito et Annie.

Si l’un d’eux a lancé la brique pour une bonne raison, comme essayer d’arrêter le coupable, alors il n’aurait pas de raison de le cacher. De toute façon, c’est certain que c’est pour une autre raison, vu que cela signifie que quiconque l’a jeté l’avait sur lui depuis le début de la fête, même avant…

De plus, il a été confirmé par Colin Furas et deux de ses gardes que la brique ne se trouvait pas là auparavant. Bref, elle est bel et bien la raison de la destruction de la vitre — en tout cas, la deuxième fois.

La première fois était parce que la balle a traversé la fenêtre et a pénétré le dos de Georges, le tuant sur le coup. Cependant, même si tout laisse à croire que celui qui a tiré le pistolet vient de l’extérieur…

Le détail qui dérange Deshya et Mariah reste un problème. Elle ne peut pas l’oublier, surtout que cela change sa façon de voir le meurtre. De plus, comme Mariah l’a dit…

– …

Deshya croise les bras.

Pendant ce temps, Korone admire tranquillement le ciel étoilé. Alors qu’elle observe les lumières scintillantes de la voûte, elle ne peut s’empêcher de se rappeler de ses deux parents adoptifs. Ceux qui ont été tués — non, assassinés — dans le bus alors qu’ils rentraient chez eux. Désormais, elle ne pourra jamais vivre un vendredi pareil avec ceux qui l’ont adopté et gardé chez eux avec tant d’amour. Eux qui lui ont montré tant d’affection alors qu’elle n’est même pas leur vraie fille. Elle ne pourra jamais les oublier, même avec le temps. Même avec l’âge. Même lorsqu’elle sera adoptée par une nouvelle famille. Korone plisse les yeux, arrêtant de sourire.

Ils n’auraient jamais dû mourir… De ma faute…

Korone le sait : si elle n’était pas qui elle est réellement, ils n’auraient jamais été tués. S’ils ne l’avaient pas adopté, s’ils étaient restés loin d’elle, alors ils n’auraient pas connu un tel sort. Elle avait cru qu’elle aurait pû rester avec eux sans penser à son passé qu’elle ne connaissait pas, qu’elle aurait pû être une petite fille de 8 ans normale. Une enfant simple. Toutefois, cela n’était pas ce que semblait souhaiter la vie. La réalité est tout autre. Korone observe ses deux mains et soupire doucement, si faiblement que Pera ne l’entend pas. Repenser à ses deux parents adoptifs la rend triste. Savoir qu’ils sont morts parce qu’ils ont décidé, par simple gentillesse, de la garder à leurs côtés, d’aller même à l’adopter… Eux qui préparaient de nombreux plats simplement pour faire plaisir à Korone, qui lui ont montré plusieurs beaux endroits, qui achetaient des jouets pour lui faire plaisir. Leur maison cosy et agréable, leur humeur adorable et familiale. Tout ça est perdu. Tout cela ne peut être récupéré. Elle ne peut pas retrouver ses parents adoptifs. Elle ne peut qu’être une fille aux cheveux décolorés et aux yeux non-naturels.

Une fille de 8 ans à l’intelligence trop développée pour son âge.

Une anormalité.

Si Korone n’avait été qu’une simple petite fille, alors ils n’auraient pas eu à mourir. Elle ne regrette pas d’avoir pû vivre à leur côté, même d’une si courte durée, mais elle regrette qu’ils aient croisé son chemin. Vu leur bonté, jamais n’auraient-ils dû subir une telle mort, un tel destin venu de nulle part. Seule Korone aurait dû mourir ce jour-là. Ils n’avaient rien fait. Ils ne savaient rien. Korone elle-même ne sait rien, mais elle a conscience qu’elle n’est pas simplement une petite fille de 8 ans. Elle veut savoir l’entière vérité sur elle, mais cela n’est pas possible sans sa mémoire. Korone baisse encore plus la tête.

Oui, comme toi…

Comme Deshya.

Une fille aux oreilles et à la queue de renard. Une fille intelligente qui a un sourire amical, une voix réconfortante, mais qui n’est pas ‘humaine’ entièrement. Korone ne sait pas si elles sont liées, mais elle avait espéré trouver la moindre réponse en restant à ses côtés. Cependant, cela fut vain. Deshya ne se souvient de rien de son passé, vu son amnésie. Elles ne sont peut-être pas liées, mais Korone ne peut pas croire en cette théorie aussi tôt. Lorsqu’elle a remarqué que Deshya est actuellement une réelle fille aux attributs de renard, elle a cru que c’était le destin. Que la chance d’avoir trouvé quelqu’un qui a peut-être un passé très proche du sien est balancé par la malchance de perdre ses parents adoptifs. Pourtant, aucune réponse n’est trouvée. Elle n’avance pas. Elle ne sait toujours rien.

Et je me suis réellement attachée à elle… Même à ses parents qui prennent si soin de moi…

Korone ne peut pas nier leur gentillesse. Deshya est peut-être une fille plus spéciale que prévu, surtout lorsqu’elle l’a vu perdre la tête durant la partie de poker contre Tessa, la fille dont elle est amoureuse, mais elle reste attentionnée et sympathique. Gatito est un homme au regard froid, au ton parfois effrayant, mais un cœur d’or bat dans sa poitrine : il ne le montre juste pas toujours. Pour Pera, la femme qui est silencieuse à ses côtés, elle s’est inquiétée pour Korone et l’a emmenée à l’extérieur. Elle reste avec elle, s’occupe d’elle, telle sa propre fille ; alors que cela n’est même pas le cas. Korone n’est qu’une fille passagère qui est gardée par cette famille parce qu’elle a insisté pour rester avec Deshya. Certes, Korone s’est réellement attachée à elle dans le bus, lorsqu’elle a vu son intelligence et son envie de résoudre l’affaire, mais elle a voulu l’accompagner parce qu’elle pense réellement qu’elles ont un lien — que leur passé n’est pas si différent.

Mais maintenant, Korone adore Deshya avec tout son cœur. Tout comme sa famille.

Alors que ses parents adoptifs lui manquent, qu’elle continue à cauchemarder d’eux et ne peut cacher sa tristesse, elle ressent déjà un attachement pour cette famille-ci.

Et pourtant, bientôt, je vais devoir m’en aller… Rejoindre une autre famille d’accueil. Une nouvelle famille à qui je vais devoir tout cacher…

Korone se doute que Deshya doit avoir ses suspicions sur elle, surtout après qu’elle ait résolu l’affaire de son enlèvement, de la mort de Claire Dochamps et qu’elle ait réussi à tirer sur la main d’Adam dans le noir. Vu l’intelligence de Deshya, il est peu probable qu’elle ne commence pas à douter sur elle. Pourtant, Korone n’a rien à dire sur sa propre identité : elle n’est qu’une jeune fille à l’intelligence très élevée, ainsi que certains réflexes qui paraissent inhumains. Korone ne sait pas pourquoi ses yeux sont mauves, elle ne sait pas si ses cheveux blancs sont dûs à une expérience, à un problème de naissance ou du stress prolongé, mais elle sait une chose précise :

Quelque chose s’est passé lorsqu’elle était encore plus jeune. Peut-être à ses 2 ans. Peut-être ses 5 ans. Peut-être à sa naissance même.

Korone souhaite connaître les réponses à ses nombreuses questions, mais cela est plus simple à souhaiter que recevoir. Elle peut prier les Dieux autant qu’elle le souhaite, eux seuls peuvent lui répondre. Elle n’est qu’une humaine anormale sur ce monde… tout comme Deshya. Certes, contrairement à l’adolescente, elle n’a pas une mignonne queue d’animal qui lui pousse depuis le dos, ni des oreilles duveteuse sur le crâne, mais elle possède aussi cette anormalité. C’est pour cette raison précise qu’elle se demande si un certain lien n’existe pas entre elles.

Mais comment le savoir ?

Le temps. Korone se doute que c’est la seule réponse. Que sa mémoire ou celle de Deshya se débloque, que les souvenirs reviennent ou qu’elles trouvent une piste sur ce qu’il s’est passé dans leur passé. Toutefois, même si attendre est quelque chose qui ne dérange pas Korone, un autre problème intervient. Un souci dont elle n’avait pas pensé avant qu’elle ne voie ses deux parents adoptifs mourir devant elle, dans un trajet de bus tout à fait normal. Bien qu’elle accepte d’attendre…

Certaines personnes semblent penser le contraire.

Elle n’a absolument aucune idée de qui est l’homme armé qui a tué Mathieu, celui qui l’a sûrement forcé à tuer Korone et ses deux parents adoptifs. Elle n’a aucune idée s’il vient d’une organisation spéciale ou d’un petit groupe, voire quelque chose d’encore plus gros ou mystérieux. Peut-être agissait-il même seul, mais cela semble très peu probable. Korone n’a aucune idée de qui l’a tué, mais même s’il avait une capuche d’aigle sur la tête, cela ne signifie pas qu’il est lié à Deshya, elle qui porte une capuche de renard sur le crâne. Certes, la coïncidence est grosse et Korone veut croire à un lien, mais alors les questions s’entrechoquent et un mal de tête se crée. Même avec son intelligence décuplée, même avec sa rapidité de réflexion et ses connaissances plus vastes que ce qu’elle devrait avoir dans son cerveau de fille de 8 ans, elle ne peut pas comprendre ce qui se trame derrière les oreilles de renard de Deshya, ni derrière sa propre identité à elle. Korone n’a aucune idée de comment il est possible qu’une fille humaine en fille aux attributs de renards. Cela est une magie génétique, mais l’une qui n’est pas naturelle.

Parce que Deshya n’est pas née avec de tels attributs : quelqu’un ou quelque chose l’a transformé de la sorte.

Korone veut trouver des réponses sur elle et sur Deshya, mais alors que normalement, cela n’était que par propre égoïsme, elle veut désormais aider Deshya. Peut-être qu’elle s’attache trop rapidement, mais Korone se connaît bien. Elle sait très bien que son cœur est plus gros qu’il ne peut le paraître. Elle serre les poings et Pera se penche vers elle, lui demandant si elle va bien. Korone acquiesce doucement, mais cela ne convainc pas du tout la femme rousse qui répète sa question. Cette fois-ci, Korone ne laisse pas le moindre mot sortir de sa bouche.

En réalité, elle a peur.

Non pour sa propre vie, mais pour celle de Deshya. Celle de Gatito. Celle de Pera. Cette famille qui l’a accueilli sans question. Qui la nourrit, qui lui parle avec sincérité, qui la laisse dormir où elle le souhaite pour son propre bien, qui pense à elle, qui s’intéresse à elle,

qui l’aime.

C’est justement sa peur. Korone ne veut pas s’attacher à eux parce que cela signifie qu’elle va avoir du mal à se séparer d’eux. Elle ne veut pas commencer à les voir comme sa famille parce qu’elle n’arrive pas à retirer cette triste vue.

Celle de son ancienne famille qui meurt en face d’elle.

Sa mère adoptive qui laisse un dernier soupir sans un mot, le hurlement de son père adoptif alors qu’il ne comprend pas qu’il perd la vie en cet instant. Ses yeux ouverts sans âme, un départ sans même un au revoir. Tout ça parce que Korone est une fille qui doit être éliminée, bien qu’elle ne sache pas pourquoi. Elle a été séparé de sa famille biologique, ensuite a perdu sa famille adoptive… tout ça parce qu’elle est elle.

Korone est peut-être une erreur à éliminer.

Alors elle ne veut pas s’attacher à Gatito. Ni à Pera. Ni à Deshya. Parce qu’elle alors elle voudra rester avec eux. Elle ne voudra pas se séparer d’eux. Elle voudra vivre avec eux. Qu’ils soient leurs parents, qu’elle soit… sa…

Ma…

Elle ne peut pas le dire. Ce n’est pas parce que c’est un mot trop compliqué pour elle, mais parce que cela signifie alors qu’elle les voit comme sa nouvelle famille. Toutefois, si cela arrive…

Alors ils seront en danger à leur tour.

Parce que ceux qui sont autour de Korone doivent être éliminés. Elle l’a compris dans ce bus, mais elle avait déjà ressenti cela auparavant : qu’elle ne devrait pas être ici — ou plutôt, en liberté. Elle ne sait pas pourquoi elle ressent cela, mais elle sait ce que cela est : sa seule trace de ce qu’elle a vécu. La seule piste sur ce qu’elle est réellement. Maintenant que ce ressenti s’approuve être réel, que des gens sont à sa recherche, alors rester avec Deshya et sa famille est trop dangereux. Il est fort probable qu’ils viennent à se faire tuer à leur tour et cette fois-ci, Korone ne pourra rien faire. Même avec une ‘garde’ rapprochée comme eux, cela ne changera rien à son destin : elle va devoir mourir. Non par vieillesse ou maladie, mais par assassinat. Si elle reste avec eux, qu’elle se fait des amis, qu’elle rencontre des gens, qu’elle visite des lieux, un jour, tout cela disparaîtra. Peut-être toutes les personnes qui ont croisé son chemin seront exterminés. Korone se tient la tête.

Elle ne peut pas les considérer comme sa famille. Elle doit refouler ses sentiments et ne pas les embarquer dans sa dangereuse route. Pour leur propre sécurité. Parce que justement, elle s’attache à eux.

– Korone ?

– Désolée, je pense à trop de choses, je suis idiote, héhé.

Korone s’excuse avec un sourire qui ne peut être considéré comme joyeux. Pera l’observe de ses petits yeux et lui serre la main. La petite fille ouvre la bouche, mais rien n’en sort.

– Je suis là, tout va bien aller.

Pera sourit.

– Prends tout le temps qu’il te faut.

Korone reste immobile, ses yeux rivés sur le visage de la femme. Elle rayonne d’une gentillesse dorée. Elle émet… de la bonté. Cette femme que Korone ne peut pas bien comprendre, qui est parfois heureuse et énergétique, parfois fatiguée et triste, restant dans sa chambre et hors de vue pendant plusieurs heures. La façon dont elle agit est réellement celle… celle d’une… celle—

– Tout va bien ?

La porte d’entrée s’ouvre et la voix féminine d’une adolescente retentit. Le garde lui demande de décliner son identité, mais l’homme musclé au nom de Dash sort en même temps et lui dit qu’elle a le droit de venir ici. Il court à l’extérieur et attrape son téléphone, composant le numéro de la police. Korone et Pera l’observent, mais Deshya répond à leur question intérieure directement.

– Il semblerait qu’un suspect a été identifié, donc il veut confirmer qu’il est le criminel de cette affaire. Cependant, je suis convaincue que…

Elle veut terminer sa phrase par ‘le criminel se trouve à l’intérieur’, mais en voyant les joues mouillées de Korone, Deshya se tait et ferme la bouche. Elle ne s’assied pas à côté d’elle, mais reste debout juste à côté d’elles, juste devant une marche qui mène à la porte d’entrée. Korone remarque son expression et lui offre un petit sourire.

– Tout va bien, on profite juste de la nuit,” avoue-t-elle.

– Le ciel est beau, tu sais, chérie !” lui lance Pera avant de pointer du doigt la voûte céleste.

Deshya lève la tête et admire les étoiles pétillantes qui brisent l’obscurité calme de la nuit. Deshya sourit et acquiesce.

– Si seulement la fête avait continué tranquillement…

Lorsque le meurtre a été commis dans l’hôtel ‘Beleza Verde’, c’est Deshya qui est allée vers l’enquête, alors elle ne peut s’en vouloir qu’à elle-même. Ici, la fête a dû s’arrêter à cause du crime : ce n’est pas la même situation. Elle ne peut pas simplement détourner les yeux et continuer à s’amuser en sachant qu’un criminel se trouve dans les environs, soit-il réellement de l’extérieur ou un invité de la fête. Cela ne concerne pas uniquement Deshya : ses parents, Korone, tous les invités, même les organisateurs. Cette fête a toujours été festive et amusante, mais ce soir, certains vont rentrer sans pouvoir dormir. Certains sont déjà traumatisés et dans le cœur de plusieurs d’entre eux, la peur s’est déjà installée. Peur d’être le prochain. Peur que cela leur arrive à tout moment. Deshya, sous les conseils de Bibi, calme son cœur et son esprit en respirant doucement, ne laissant pas ses émotions l’embraser, mais ce qu’elle ressent ne partira pas : quiconque a commis le crime, pour n’importe quelle raison, vient de terrifié plus de deux-cents personnes par son propre égoïsme. Même si Georges s’avoue être un criminel, pédophile et violeur, jamais il n’aurait dû être tué devant tant de gens, surtout durant une fête pareille.

Jamais il n’aurait dû mourir dans tous les cas. ‘Tain.

Deshya serre un poing, son cœur s’accélérant. Elle essaie de se calmer, mais rien que d’y penser l’enrage. Elle n’arrive pas à croire que les meurtres soient si communs, surtout autour d’elle. Va-t-elle devoir vivre de la sorte encore longtemps ? Ne pourra-t-elle aller nulle part où la mort n’empestera pas les lieux ? Est-ce que lorsqu’ils vont faire leur voyage avec l’école, le mois prochain, elle va encore tomber sur un crime ?

– Tu vas bien, Deshyshy ?

Deshya entend le surnom que lui donne Amora et se tourne vers elle, mais c’est en réalité Korone qui l’a appelé de la sorte. La fille à la robe renard soupire en souriant et acquiesce.

– Je suis juste énervée de voir encore un meurtre là où je me trouve,” avoue-t-elle. Même si je suis réellement énervée parce que la fête est maintenant gâchée… Même après avoir attrapé le criminel, je ne pense pas que grand-monde va vouloir continuer de s’amuser.

– On verra. Certains voudront sûrement penser à autre chose et vont se perdre dans la boisson et la danse, je pense,” suppose sa mère.

Korone les écoute discuter silencieusement, assise entre la femme à côté d’elle et la fille debout à sa gauche. Deshya s’abaisse vers la petite et l’observe attentivement.

– Tu as pleuré, Korone ?” demande-t-elle.

– Un peu, mais c’est… C’est rien.

Korone acquiesce et lâche un grand sourire. Deshya se préoccupe d’elle en continuant de la regarder, mais elle se relève et la croit. Deshya s’étire et remarque que Dash revient vers elle.

– Il semblerait qu’il ne soit pas celui qu’on recherche…” avoue l’homme musclé.

Il s’excuse et va prévenir Mariah en passant à côté d’eux. Korone cligne des yeux et interroge du regard Deshya. Cette dernière touche sa robe et finit par soupirer.

– On n’avance pas… Tu n’as pas une idée, toi, Korone ?

La petite fille se pointe du doigt et ne cache pas sa surprise. Même la femme rousse à côté d’elle est intriguée.

– Tu demandes ça à Korone ?

– On ne sait jamais,” avoue Deshya.

La petite fille se frotte le menton, mais elle ne connaît pas les détails de la scène de meurtre, donc il lui est compliqué d’énoncer la moindre théorie. Pour ne pas dire la moindre bêtise, elle préfère hausser les épaules et avouer qu’elle n’a aucune idée du criminel, ni de la façon dont il a réussi à s’enfuir, ainsi que la réalité derrière la brique qui a brisé la fenêtre. Deshya soupire et la remercie dans tous les cas avant de les saluer.

– Quand je trouve le criminel, je reviens vous voir !

Elle le promet. Elle retourne dans la villa, laissant Korone et Pera seules sur le banc. La petite fille se touche la poitrine gauche de sa douce main et sourit.

Deshya arrive à la salle principale et remarque que Dash discute avec Mariah. Cette dernière acquiesce et demande quelque chose à l’homme avant de s’intéresser à la fille qui vient de revenir.

– Ah, de retour !” dit-elle.

– Oui. Korone semble aller bien, donc ça va.

– Je vois.

– La moindre piste ?

Malheureusement, Mariah secoue la tête et croise les bras.

– Toujours rien. Rien n’a été trouvé dans les alentours, les gardes sont en train de fouiller la maison de haut en bas, mais rien n’est trouvé. Si le coupable vient bien de l’intérieur et qu’il est l’un des suspects, il est fort probable qu’il a noyé les gants dans les toilettes et a tiré la chasse pendant qu’il était en train de fuir, mais je pense qu’on l’aurait entendu…

Mariah plisse les yeux.

– Toutefois, Dash a pris un certain temps à les rattraper, donc il est possible…

– De plus, avec les cris de peur depuis la salle, jamais nous n’aurions pû entendre le bruit qui provient des toilettes.

C’est Annie qui parle, s’approchant d’elles en retirant son écharpe.

– Vérifier les égouts prendrait bien trop de temps et ne nous mènerait à rien, de toute façon,” avoue Mariah.

Annie acquiesce.

– Je comprends pourquoi vous êtes convaincues que le coupable vient de l’intérieur, mais il y a quelque chose qui manque, alors,” dit-elle.

Deshya et Mariah la fixent. Elles savent toutes deux très bien de quoi Annie parle. Si un coup de feu avait été tiré à l’intérieur, même avec un silencieux, il aurait dû être vu.

Le coup de feu.

Dans le noir complet, il aurait dû être observable. Même si tout le monde prêtait attention au film, il est inimaginable de penser que personne ne l’aurait vu, même dans le fond. De plus, silencieux ou non, le bruit d’un pistolet dans un tel calme aurait été entendu par les invités dans le fond, ainsi qu’en réalité une bonne partie des gens se trouvant à l’intérieur de la pièce.

Mais si le coupable vient de l’extérieur, non seulement le coup de feu n’aurait pas pû être visible, mais le bruit du pistolet n’aurait pas été entendu, vu que la fenêtre était fermée,” pense Deshya.

Bref, il semble que tout mène à croire que le meurtrier vient réellement de l’intérieur. Cependant, trois points sont encore à résoudre.

Premièrement, et le plus important, le mystère de cette brique qui a été lancée depuis l’intérieur.

Deuxièmement, la façon dont le criminel a su où tirer.

Troisièmement, expliquer ce qu’il manque sur les tentures.

Si le crime a réellement été commis depuis l’extérieur, alors quelque chose manque réellement sur les tentures. Ces mystères font que Mariah et Deshya ne peuvent pas éliminer la possibilité que le criminel se trouve à l’intérieur. Que celui ou celle qui a lancé la brique est la même personne que celui ou celle qui a tiré sur la victime.

************************************

– Pardon ?!

Mariah grince des dents. Dash acquiesce.

– Je suis certain que personne n’est allé aux toilettes pendant qu’ils fuyaient tous,” répète Dash. Dans les quatre suspects ici, je peux vous dire qui était où.

Il se tourne vers eux et explique.

– Pour Manny, il est monté à l’étage avec Rei, mais un des gardes les a arrêtés avant qu’ils ne puissent faire quoi que ce soit. Quand je les ai questionnés sur le sujet, Manny m’a dit qu’il a voulu rejoindre sa chambre pour s’y enfermer et Rei l’a simplement suivi instinctivement. Sally a fui à l’extérieur, mais je l’ai rattrapé avant que ça ne soit trop tard. Pour Antoine, il a suivi Sally parce qu’il n’allait pas monter à l’étage.

Dash croise les bras.

– Les trois autres étaient dans la cuisine et l’un a failli s’enfermer dans les toilettes, mais j’ai réussi à l’arrêter avant, juste après avoir empêcher Antoine de sortir trop loin. Le garde m’a aidé à attraper Sally et un autre était à l’étage pour surveiller les environs, donc il a pû arrêter Rei et Manny assez rapidement.

Il soupire.

– Cependant, rien ne dit que Manny ou Rei n’a réussi à cacher des gants ou quoi que ce soit à l’étage.

– Sally ou Antoine aurait aussi très bien pû jeté l’arme à l’extérieur ou cacher quelque chose dehors…” pense Mariah tout haut.

– Mais comment avoir évité d’avoir de la poudre sur ses vêtements ? C’est impensable qu’ils aient changé de vêtements, quand même ?” lâche Deshya.

– Gatito a déjà vérifié cette théorie en regardant des photos de la fête en comparant leurs vêtements à ce moment-là et ceux qu’ils ont maintenant. Personne n’a changé,” avoue Annie.

Mariah sourit.

– De toute façon, ils auraient été vite retrouvés et on aurait déjà arrêté le coupable. Il est aussi possible qu’ils ont juste retourné leurs vêtements lorsqu’ils ont tiré, mais nous avons vérifié pour de la poudre à l’intérieur des vêtements des quatre suspects.

Ils se mettent tous les quatre à réfléchir. Quelques instants plus tard, Dash hausse les épaules.

– Au pire, le criminel vient vraiment de l’extérieur ?” propose-t-il.

– Alors je veux savoir pourquoi cela manque sur la tenture. De plus, comment faire pour viser dans le noir… ?

Mariah fronce les sourcils.

Attends, mais même si le criminel vient de l’extérieur, ce problème persiste. Comment…

La détective serre un poing et se retourne d’un coup vers Annie.

– Annie, j’ai besoin que tu appelles quiconque détient le corps actuellement. Je veux qu’ils vérifient le corps dans le noir total.

Annie cligne des yeux, mais elle accepte directement. Mariah se retourne ensuite vers Deshya.

– Je ne sais pas encore le but de la brique, mais il faut qu’on réfléchisse comme si on était le coupable à l’intérieur.

Deshya acquiesce, bien qu’elle ne comprend pas encore l’excitation soudaine de Mariah.

**********************************

– Je devrai regarder la nuit plus souvent, hihi.

C’est ce qu’avoue Korone en admirant la voûte céleste, les jambes se balançant une après l’autre. Pera acquiesce et va parler quand la porte d’entrée s’ouvre. Cette fois-ci, ce n’est ni Deshya, ni Dash qui montre leur tête, mais—

– Oh, chéri.

Gatito, l’inspecteur de police, ainsi que le mari de Pera. Il descend quelques marches et vient prendre des nouvelles de Korone et de sa femme.

– On va bien, mais je pense bientôt rentrée, vu qu’il commence à faire frisquet,” avoue Pera. Korone aussi ressent le froid.

La petite fille acquiesce et se frotte les épaules en souriant. Gatito s’assied sur l’une des marches.

– C’est vrai qu’avec vos vêtements en plus…

– La fête a bien commencé, mais on dirait que Korone n’a pas pû en profiter beaucoup…” lâche tristement Pera.

– Je me suis quand même beaucoup amusée ! C’est juste malchanceux qu’il y a eu un meurtre.

– Si Deshya continue de se fourrer dans des affaires, on ne pourra plus la laisser sortir…” soupire Gatito.

Pera lui fait la moue, même expression que Korone possède sur le visage.

– Moooh, pas bien !!” lui dit Korone.

– Comment traites-tu ta fille ?!” crie Pera.

Gatito clignote des yeux, mais il finit par rire et s’excuse en agitant les mains, deux regards noirs posés sur lui. Elles arrêtent de faire la moue et sourient en se regardant, tandis que Gatito admire le ciel à son tour.

– Je m’inquiète quand même pour elle. Heureusement que Bibi a accepté de s’occuper d’elle…” lâche-t-il.

– C’est vrai que même si notre fille est forte, elle a parfois tendance à s’exprimer honnêtement…

Korone ne donne pas son point de vue sur le sujet, vu qu’elle ne connaît Deshya que depuis peu, mais elle comprend ce qu’ils veulent dire. Toutefois, elle a pû réconforter Deshya lorsqu’elle a pleuré, après que ‘Byron Elrick’ s’est presque fait tuer devant elle. Korone a pû admirer une Deshya qui ose se confier, qui ose laisser son cœur parler plutôt que sa logique.

Mais c’est vrai que je veux apprendre à la… connaître…

Korone secoue la tête, ce qui intrigue les deux mariés.

Non, ne t’attache pas ! Ne t’attache pas à eux ! Tu vas devoir partir bientôt, de toute façon, alors arrête !” pense Korone.

Lorsqu’elle remarque qu’elle a bougé la tête inconsciemment, elle sourit en regardant Gatito et lui avoue qu’elle réfléchissait juste à propos du meurtre, vu que Deshya lui a demandé si elle avait la moindre idée du coupable. L’homme soupire en abaissant les paupières.

– Elle demande même à une petite fille, maintenant ? Elle est désespérée à ce point-là ?” lâche-t-il.

Bah, si elle sait que c’est moi qui ai résolu tout toute seule pour son enlèvement et le meurtre de Claire, je peux comprendre…” avoue-t-elle intérieurement.

Elle admire Gatito et sourit.

D’abord Pera qui s’occupe de moi, puis Deshya qui vient voir comment je me sens et ensuite Gatito… Ils ont vraiment…

Elle veut terminer sa phrase, mais elle se coupe toute seule : elle s’attache. Elle continue de s’attacher à eux, mais cela est une mauvaise chose. Plus elle les agrippe dans ses bras, plus se séparer d’eux va être difficile. Devenir un membre de leur famille viendrait à les mettre en danger et les chances qu’ils acceptent sont trop minimes. Même si elle doit sacrifier ce qu’elle ressent, elle ne peut pas rester avec eux.

Alors elle doit cacher ses sentiments et arrêter de penser à de telles choses. Même s’ils sont tous trois des personnages magnifiques, intéressants et au cœur d’or, elle doit penser avec sa logique aussi. Cela la fait pouffer.

Deshya doit laisser son cœur parler un peu plus et moi je dois faire taire le mien. Ironique, vu que nous sommes peut-être issus d’un même passé.

Alors qu’elle pense à cela, depuis le parking, quelqu’un observe Korone avec des yeux plissés. Sans le moindre mot…

Il attend.

Deshya tourne en rond, du sens contraire que Mariah. Annie les observe depuis sa chaise, tandis que les quatre suspects les regardent avec énormément de questions en tête. Annie soupire.

– Vous allez me donner le tourni…

– J’ai l’impression d’être sur la bonne piste !” avoue Mariah.

Elle se gratte les cheveux et se mord le pouce. Annie sourit.

– Oh, tu te mords le pouce quand tu stresses, maintenant ? Ce n’est pas toi qui utilise tes propres seins comme boule de stress ?” la taquine Annie.

Deshya s’arrête et les observe avec une expression… étonnée. Mariah pointe du doigt Annie en fronçant les sourcils.

– Je ne le fais pas par simple respect pour la petite qui est avec moi ici !!

– Mui, mui.

Annie hausse les épaules et Mariah grogne. Deshya veut rire, mais elle est trop concentrée sur le meurtre.

Il doit bien y avoir une raison de lancer cette brique… Il doit bien y avoir une raison… Pense, pense, pense !

Elle se mordille le pouce à son tour, écoutant à moitié Annie et Mariah parler entre elles.

– Vous savez désormais que dans son dos se trouve ce que tu pensais, donc vous allez pouvoir trouver la vérité de l’affaire, pas vrai~ ?” la taquine à nouveau Annie.

– C’est plus simple à dire qu’à faire !” lâche Mariah. Tu devrais nous aider !

– Je dois avouer ne pas avoir un esprit pareil que le vôtre, ahah…

– Même !

Mariah gonfle les joues et approche son visage de celui d’Annie. La vieille dame agite les mains.

– Allons, allons, ne fait pas trop de bruits.

– Je n’en fais pas trop !

Mariah croise les bras.

– Si je faisais trop de bruit, je suis certaine… Ah.

Mariah s’arrête dans sa phrase. Deshya ouvre grand les yeux et se tourne vers la détective avec une bouche bée.

– Aaaaah !!!

Annie sursaute et les quatre suspects se lèvent de leur siège. Deshya lâche un grand sourire.

– C’est pour ça que la brique a été lancée !!” dit-elle.

– Alors la raison pour laquelle le coupable a fui est justement pour cette raison !!

– Exactement !! Alors, dans les quatre…

Elles se tournent toutes les deux vers les suspects et font un sourire similaire.

– Cela ne peut qu’être cette personne-là !!

Korone admire Deshya et Mariah depuis la porte entrouverte de la pièce.

On dirait qu’elles ont compris… Je dois avouer que je ne sais toujours pas qui est le coupable…

Korone hausse les épaules.

Tant qu’elles le savent.

– Korone, tu viens ?

Elle se retourne vers Pera qui lui prend la main et Korone acquiesce en souriant. Gatito est toujours à l’extérieur, Dash descend des escaliers devant eux. Il s’excuse et passe à côté d’elles pour retourner dans la pièce où se trouvent les détectives, ainsi que les suspects, Mona et Colin Furas, dont Annie. Pera ouvre la porte des toilettes.

– Je t’attends dans la pièce d’à côté, alors, d’accord ?

Korone acquiesce et la remercie. Elles sont rentrées à cause du froid de l’extérieur, mais aussi parce que la petite fille a besoin d’aller aux toilettes. Elle y va donc et fais ses besoins en pensant au meurtre : comment est-ce que Deshya et Mariah ont découvert la vérité ? Y aurait-il un détail particulier qui leur a offert le déclic nécessaire ?

Je n’ai qu’à leur demander !

Korone sort des toilettes après deux minutes sur le pot et sautille avec joie dans le couloir.

Et au même moment, quelqu’un vient de derrière, attrapant la bouche de Korone de sa main.

– !!!

Korone veut hurler, mais ses pieds ne touchent plus le sol et sa bouche ne peut pas s’ouvrir. La personne court à l’extérieur à toute vitesse, juste à côté du garde. Ce dernier regarde la personne… mais il sourit.

Car c’est ce garde qui était avec cette personne en haut.

Ou plutôt, l’autre personne s’est déguisée en garde pour laisser l’autre passer dehors.

Tout ça pour enlever une petite fille ? Pourquoi donc ?” se demande le faux garde.

Néanmoins, cette personne n’y réfléchit pas et hausse les épaules avant de regarder le buisson d’à côté, là où le réel garde dort paisiblement, endormi profondément. Korone s’agite violemment dans les bras de la personne, mais elle ne peut rien faire.

Et sans même pouvoir crier à l’aide, elle disparaît dans l’obscurité de la nuit.



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