Fox-Eared Detective
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Chapitre 36 – La Chambre Close du Dernier Étage ; Partie 2
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Le 05 Septembre 2022, Frie a proposé à Deshya de la rejoindre avec Lam et Amora à l’hôtel ‘Beleza Verde’, au sud de Tetazo : sa mère a gagné quatre tickets dans un jeu animé à la radio, mais ses parents ont finalement décidé de ne pas y aller. Deshya n’a pas hésité à accepter sa proposition, surtout que les tickets permettent aux quatre amies d’aller dans la nouvelle piscine qui n’ouvre ses bras pour la première fois que ce Vendredi 09 Septembre, dont n’accepte pas tout le monde en son sein, seulement les VIPs et ceux qui ont des tickets spéciaux.

Nous sommes désormais ce fameux vendredi et Deshya, Amora, Frie et Lam vont toutes les quatre à l’hôtel après une bonne journée de cours. Arrivées là-bas, elles attendent 18h, l’heure minimale où elles peuvent entrer dans le ‘Beleza Verde’, et ensuite discutent rapidement avec la dame du comptoir d’entrée. Après avoir reçu deux cartes électroniques, qui sont actuellement leurs clefs, elles vont dans l’ascenseur pour rejoindre leurs chambres. Deshya partage la sienne avec Amora, Frie avec Lam. Les quatre amies se mettent en maillot de bain et vont directement à la piscine, surtout qu’il n’y a pas grand-monde pour l’instant : elle sera bien plus bondée après que les adultes aient terminé leur journée de travail.

************************************

Après une bonne heure passée dans l’eau, elles rejoignent à nouveau leur chambre pour une douche rapide et vont ensuite au restaurant pour profiter d’un bon repas. À peine le souper commandé, une fille à la peau foncée et aux gros yeux mignons arrivent à leur table et salue Deshya : elle s’appelle ‘Aya Deroom’, la petite-copine actuelle de ‘Maruno Uffite’, l’un des trois membres des Renards Associés ; elle est aussi une bonne amie de Deshya. Elle se présente aux trois autres filles et parlent toutes les cinq autour du repas, mais après celui-ci, Deshya s’excuse et monte dans sa chambre pour chercher son téléphone. Aya la suit et discute un peu avec elle, mais l’attention de Deshya est portée sur quelqu’un d’autre : un homme musclé et en maillot qui transpire fortement, ainsi que semble tracassé par quelque chose. Il monte avec elles jusqu’au 13ème étage avant de courir dans le couloir pour rejoindre les escaliers : Deshya décide donc de le suivre, Aya juste derrière elle. Arrivées au 14ème étage, qui est aussi le dernier de l’hôtel, une scène inquiètante se présente à elles : un homme et une femme qui toquent violemment sur la porte d’une des chambres. Deshya apprend assez rapidement la situation : un homme du prénom de ‘Ben’, ami des trois adultes, ne répond pas à leurs nombreux appels, aussi bien téléphoniques que vocaux. L’homme que Deshya et Aya ont suivi, ‘Gaby’, est allé chercher un membre du personnel pour qu’il puisse ouvrir sa porte au cas où quelque chose était arrivé à ‘Ben’. Juste à côté de lui sont deux cousins, ‘Céline’ et ‘Daniel’, ceux qui toquaient violemment à la porte. L’homme du personnel arrive peu de temps après et vient leur ouvrir la porte, mais malheureusement, cela ne semble pas possible : la chaîne de sécurité, impossible à bouger depuis l’extérieur, se trouve encore sur la porte. Aucune réponse depuis la chambre, ainsi que les lumières éteintes, les amis se tracassent encore plus et Deshya ordonne à l’homme de chercher une scie électrique pour couper la chaîne. Il s’exécute et trois bonnes minutes plus tard, il revient avec la machine et fractionne la chaîne. Deshya interdit quiconque d’entrer dans la chambre : après tout, si un meurtre a été commis, alors tous les trois sont suspects. Aya s’assure que personne n’entre dans la chambre et Deshya allume la lumière. Cependant, c’est une seconde après avoir appuyé sur l’interrupteur que l’horrible scène se présente à eux tous.

L’homme qui répond au prénom de ‘Ben’ pendu dans la pièce, au milieu de cette chambre, devant une pleine lune brillante.

CHAPITRE 36   
La Chambre Close du Dernier Étage ; Partie 2
(Case 7)


– La police arrive dans quelques minutes !” lâche le membre du personnel.

– Ben ?! Ben !!! Di-Dites-moi que c’est pas vrai !” crie Daniel.

– B-Ben ?!! C’est bien lui ! Pou… Pourquoi est-il…

Céline tombe sur les genoux et Gaby se met à courir vers l’intérieur de la chambre, ce qui attire l’attention de Deshya. Aya s’interpose et lui explique qu’il ne faut pas y aller, mais l’homme serre le poing.

– Vous êtes que des gosses, y a notre ami qui est pendu, dans la chambre !!

– Tant que ce n’est pas certain que ça soit un suicide, personne n’entre !!” crie Deshya.

Gaby grince les dents.

– M’en fiche que tu sois une détective ou que tu ailles sauvé des gens d’un train, tu ne peux pas nous d—

– Je suis aussi la fille d’un policier, ne me sous-estimez pas.

Deshya fronce les sourcils en fixant l’homme.

– Un seul pied à l’intérieur de la chambre et vous serez un prime suspect. Je vous déconseille de me défier.

Gaby ressent un frisson et se fige sur place. Céline regarde la fille au pull de renard de grands yeux, son cousin juste à côté d’elle en train de chercher à la réconforter. Ce qu’elle vient de dire, la façon dont elle l’a dit… Céline elle-même a ressenti une réelle menace depuis Deshya.

Comme si oser la défier était jouer avec le danger lui-même.

Gaby se calme diligemment et recule d’un pas tout en desserrant le poing. Deshya souffle et avant de vérifier l’état du corps, dont elle est convaincue est déjà sans vie, elle se tourne vers l’homme du personnel.

– Faites en sorte que personne n’approche la scène et vérifiez que personne de très suspicieux n’a été aperçu. Il est fort probable que cela soit un suicide, mais il vaut mieux être prudent.

L’homme acquiesce et sort à nouveau son téléphone tout en s’éloignant. Aya continue de trembler et n’ose pas se retourner, mais elle pose quand même une question à Deshya sans pour autant la regarder.

– Tu-Tu crois que c’est possible que ça soit un meurtre… ?

– Mon père m’a raconté qu’une fois, lorsqu’il était avec Sammy, un détective de la police, ils ont cru qu’une femme s’était suicidée en se pendant dans sa chambre, la porte fermée à clef.

Deshya répond à Aya en examinant la pièce autour d’elle, s’avançant vers le corps pendu au ventilateur du plafond.

– Ils ont trouvé une lettre d’adieu, écrite sur l’ordinateur de cette femme, et elle était dépressive depuis la mort de son mari, attrapé par le cancer.

Deshya s’arrête devant le corps du dénommé ‘Ben’ et scrute la chambre.

– Elle aurait dû être seule à la maison, enfermée à clef dans sa chambre, mais en réalité, elle avait invité un homme qui lui payait souvent des repas. De plus, elle faisait de la prostitution uniquement pour lui et semblait être proche de lui.

Deshya ne remarque aucun détail étonnant dans la chambre : son attention est donc attirée par la chaise sous l’homme.

– Elle ne l’avait dit à personne, même à ses parents, mais elle a invité cet homme chez elle ce jour-là et avait dû passer la journée entière avec lui. Cependant, il l’a tué parce qu’elle lui demandait bien trop d’argent et qu’elle était insupportable. Tout faisait croire à un suicide, surtout que sa paranoïa faisait que personne d’autre qu’elle n’avait les clefs de sa maison et qu’elle s’assurait que tout soit bien fermé chez elle. Néanmoins, ce qu’elle n’a jamais avoué à quiconque, c’est que cet homme avait des doubles de sa maison au cas où il voulait lui faire une surprise. C’était la seule personne à qui elle faisait confiance, hors de son feu mari.

Deshya fronce les sourcils en observant la chaise. Incertaine de ce qu’elle croit, elle cache ses mains dans les manches de son pull et s’assure de se souvenir comment la chaise est positionnée, ainsi que où exactement.

– Il n’y avait même pas vraiment de truc ou astuce à l’enquête, c’était simplement un meurtre qui avait été installé tel un suicide, et la raison pour laquelle tout était fermé malgré la femme qui avait les clefs sur elle était simplement que l’homme avait des doubles.

Deshya lève la chaise et la pose sous les pieds du pendu.

– Certes, il n’y avait aucune empreinte de doigt nulle part, mais avec un peu plus de réflexion et de recherche, ils auraient remarqué les quelques cheveux que le coupable avait oublié de nettoyer du lit de la femme. Cependant, mon père et Sammy ont rapidement décidé que c’était un suicide et n’ont pas cherché plus loin. Ce même homme a encore tué deux fois avant d’être attrapé et a tout avoué lorsqu’il a été emmené en salle d’interrogatoire. Il a même avoué le meurtre de la femme dont je te parle.

Deshya se relève et serre les poings en regardant la chaise. Elle observe ensuite le pendu et grince des dents.

– Si mon père et Sammy avaient fait plus attention, ils auraient pû l’arrêter plus rapidement, ainsi que sauver deux personnes innocentes. Depuis, ils assument qu’une morte accidentelle ou un suicide peut être un homicide, jusqu’à cas contraire.

Deshya se retourne vers Aya et les trois adultes.

– Comme ce cas-ci qui n’est qu’un meurtre caché en tant que suicide dans une pièce close. Un crime impossible.

‘Crime impossible’ ou ‘Chambre close’. Un nom donné à un meurtre commis dans une pièce ou un endroit où le coupable n’aurait pas pû s’échapper, mais n’est pas retrouvé dans ce même endroit. C’est la situation actuelle où Deshya se présente.

– La porte était fermée de la chaîne de sécurité et c’est un système qui empêche quiconque de le bouger depuis l’extérieur, vu que la porte doit être entièrement fermée pour mettre la petite boule en métal dans le canal.

Deshya se retourne vers la porte-fenêtre de la chambre.

– De plus, la poignée est montée vers le haut, donc cela signifie que la porte-fenêtre est fermée depuis l’intérieur. Les joints en caoutchouc empêchent tout fil ou mécanisme d’être installé depuis l’extérieur pour forcer sur la poignée, donc…

Deshya ne termine pas sa phrase : son attention est attirée par cette même poignée.

Elle est levée vers le haut, mais pas entièrement… ?” remarque-t-elle.

Céline se lève et déglutit bruyamment.

– Co-Comment sais-tu que c’est un meurtre… ?” demande la femme.

– Il est pendu, non ?” ajoute Gaby.

Daniel acquiesce, un air surpris et déconcerté. Deshya range ses deux mains dans les poches de son pull et s’approche d’eux.

– La chaise qui a été placée sous votre ami… Elle est trop petite.

– Trop petite… ?” répète Aya.

Elle veut se retourner et comprendre de quoi elle parle, mais l’idée de voir un vrai mort dans ses rétines l’empêche de s’exécuter. Deshya dépose une main sur ses cheveux crollés et dévisage les trois adultes en face d’elle.

– Si Ben s’était levé sur la chaise, avait mis sa tête autour de la corde et aurait frappé la chaise sous ses pieds pour se pendre, son corps aurait dû être plus bas. Excepté s’il a sauté pour se pendre, ce qui n’a absolument aucun sens, alors ce n’est pas un suicide, mais bien un meurtre.

– Peut-être que la corde était juste trop petite… ?” demande Céline, tremblante.

Deshya plisse les yeux en se tournant vers elle.

– La corde est attachée au ventilateur et une partie de celle-ci pend encore de l’autre côté, donc ce n’est pas un problème de longueur. Le criminel a simplement mal calculé la longueur comme un idiot.

Deshya sourit à pleine dent.

– Une erreur qui va lui coûter du temps en prison. Je le promets.

Même Aya ressent à nouveau ce frisson. Deshya retourne dans la chambre et remet la chaise à sa place avant de poser son dos sur le mur du couloir, juste à côté d’Aya.

– On attend la police, maintenant. Vous êtes tous les trois des suspects, désolé,” lui dit Deshya.

– Tous les trois, tu dis ?

Daniel s’assied par terre et soupire.

– Y a aussi ‘Justin’, dans ce cas-là.

Deshya plisse les yeux.

– Justin… ?

– A-Ah, NE l’écoute pas…

– Appelle-le.

Céline ouvre la bouche et regarde Gaby. Celui-ci s’est aussi assis, le regard baissé et attristé.

– Appelle Justin ici. Si la p’tite dit vrai et que c’est un meurtre, alors je suis certain que la police demandera qu’il vienne dans tous les cas…

– A-Ah… Okay.

Céline acquiesce légèrement et sort son téléphone. Aya s’assied à son tour et soupire.

– Je suis quand même impressionnée que tu aies réussi à deviner que la chaise était trop petite,” avoue-t-elle.

– C’est la même chaise que dans nos chambres, alors quand j’ai vu à quelle hauteur se trouve le corps, j’ai eu mes soupçons.

Deshya plisse les yeux.

– Le coupable a dû monter sur la chaise, attaché la corde autour de la base du ventilateur et a rapidement porté le corps de la victime pour mettre sa tête autour de la corde, mais il a dû croire que la hauteur était bonne, vu que les pieds de la victime arrivent un tout petit peu plus haut que le siège. Cependant, s’il s’était réellement pendu, ses pieds devraient se trouver un peu plus haut, vu que lorsqu’il retire la chaise de ses pieds, la gravité le tire vers le bas et donc il descend un peu plus bas que le niveau du siège.

Aya l’écoute attentivement et Deshya soupire en secouant la tête.

– Mais là, ce n’est pas possible. De plus, le ventilateur a beau être à une certaine hauteur, j’arriverai à l’atteindre sur la pointe des pieds, donc ces trois-là auraient pû le faire, vu qu’aucun n’est plus petit que moi.

La femme, celle au prénom de ‘Céline’, doit faire 1 ou 2 centimètres de plus que Deshya, ce qui signifie donc qu’elle aurait pû aussi commettre le crime. De plus, son ventre exposé prouve aux deux jeunes filles qu’elle est loin d’être faible : bien que moins détaillés que ceux des hommes, elle aussi est décorée d’abdominaux et ses bras sont tout sauf fins. Deshya est certaine que si elles devaient se battre, se prendre un coup de poing de sa part pourrait la mettre K.O du premier coup. Céline range son téléphone et leur explique que Justin arrive dans les plus brefs délais, ce qui rassure tout le monde. La fille au pull de renard se demande alors qui aurait pû faire cela…

Et comment est-ce que le coupable a réussi à sortir de cette chambre fermée… ?

***************************************

Quinze minutes plus tard, deux voitures de police et une ambulance arrivent discrètement à l’hôtel ‘Beleza Verde’. De l’une des deux voitures, une femme aux longs cheveux roses sort en agitant ceux-ci. Elle ferme la portière en regardant l’hôtel en face d’elle et siffle.

– Quel beau bâtiment !” lâche-t-elle.

– On est pas là pour s’amuser.

La femme se retourne vers une autre, mais son physique est bien différent. Des courts cheveux blonds coiffés rapidement se trouvent sur son crâne et ses yeux verts montrent un certain ennui, mais bien plus de sérieux que l’autre femme aux cheveux roses. Cette dernière fait tourner son carnet de détective sur le doigt avant de le ranger dans le vêtement au-dessus de son pull gris, entre ses deux seins.

– Je sais, je sais : on a un cas de meurtre devant nous,” annonce-t-elle en retirant le sourire de son visage.

D’autres policiers sortent de l’autre voiture et la femme aux cheveux roses s’étire avant d’entrer dans le bâtiment.

Au quatorzième étage, Deshya continue d’attendre aux côtés d’Aya et des trois amis de la victime — ou plutôt, des quatre. Entre le moment où Deshya a compris que ce n’était pas un suicide, mais un meurtre déguisé en suicide, et celui où la police est arrivée, le fameux ‘Justin’ est arrivé avec eux. Tout comme ses trois amis, il est en maillot de bain, mais vêtu d’un pull en fourrure. Gaby, Céline et Daniel sont aussi habillés d’un pull au-dessus de leur maillot : ils commençaient à avoir froid. Deshya a bien vérifié qu’ils n’ont rien caché ou chipoté et Aya a même vérifié les poches de chacun. Elle aussi est en maillot, mais le haut de son corps est vêtu de son pull renard. Elle ressent le froid sur ses jambes, mais l’intérieur de l’hôtel est bien réchauffé, alors elle ne se plaint pas et attend patiemment l’arrivée de la police. Elle aurait pû appeler son père elle-même, mais vu que son téléphone se trouvait toujours dans sa chambre — cet objet qu’elle était venue chercher en montant dans l’ascenseur —, elle a laissé ce travail à l’homme du personnel. Ce dernier est justement descendu au rez-de-chaussée pour aller chercher les membres de la police. Deshya ne sait pas si cela va être son père qui va arriver ou quelqu’un d’autre, mais elle se doute que c’est Sammy qui va s’occuper de cette affaire : il est le détective qui s’occupe principalement des meurtres et des kidnappings, après tout. Deshya ne connaît pas bien le fonctionnement de leur police, mais elle sait que chaque policier a un domaine de prédilection. Son père est inspecteur et s’occupe surtout des meurtres, des kidnappings et même de protection, mais Deshya sait que tout ce qui touche le terrorisme, l’arsonique et même les bombes ne sont pas occupés par lui. Deshya ne connaît pas grand-monde à la police, vu qu’elle a surtout accompagné Sammy pour certaines enquêtes, et que l’ancien détective qu’elle a vu autre que Sammy a démissionné durant l’été à cause d’une blessure grave.

– La police est là !

Deshya tourne la tête vers la gauche, de là où arrive l’homme du personnel qui court vers eux. Les quatre amis de la victime se lèvent en même temps, Deshya et Aya juste après. La fille au pull renard vérifie si c’est bien Sammy qui se présente à eux, mais à sa grande surprise—

Ce n’est pas lui.

Une femme aux longs cheveux roses et à la tenue à jupe s’approche d’eux en marchant d’une façon presque sexy, juste à sa gauche est une autre femme, mais aux formes plus enrobées et aux cheveux bien plus courts, n’arrivant même pas à ses épaules. Une tenue policière sur le corps, cette femme montre une expression bien plus sérieuse, voire énervée, tandis que celle à côté d’elle sourit faiblement et semble bien plus posée. La femme aux cheveux roses remarque les six personnes en face d’elle, mais son attention est tout de suite attirée par l’un d’entre eux :

– Ah, Deshya !!

Elle ouvre grand la bouche et court vers elle.

– Ah ?!

La policière à côté d’elle se fait légèrement poussée à cause de la course de la détective et claque de la langue. Deshya cligne des yeux et recule le corps lorsque la femme s’arrête juste devant elle.

– Je peux enfin rencontrer la p’tite renarde de Gatito, trop mignonne !! Je peux te caresser la tête ?

– E-Eh ?

– On va devoir enquêter sur une scène de crime, donc je veux profiter du calme avant la tempête ! Pouvoir caresser tes cheveux touuuuut roux et—

– Hanoka.

La femme s’arrête d’un coup et se retourne lentement.

– O-Oui, Karine… ?

La femme aux courts cheveux blonds lui attrape l’oreille et la force à reculer. La détective aux cheveux roses lâche des petits cris de douleur, ce qui surprend tout le monde dans les alentours. La policière à côté d’elle la pousse un peu vers l’arrière et sort son badge en le montrant aux gens devant elle.

– Je suis Karine Shineki, policière de la station de Tetazo. Nous avons reçu un appel comme quoi un meurtre a été commis dans la chambre 1422 de l’hôtel ‘Beleza Verde’, nous venons voir la scène. Je suppose que c’est vous qui nous avez appelé ?

Elle s’adresse à l’homme du personnel. Ce dernier acquiesce, mais il pointe timidement du doigt la fille au pull de renard.

– C’est bien moi, mais c’est cette jeune fille qui m’a demandé de vous appeler,” répond-t-il.

Karine soupire avec une expression embêtée.

– Deshya Oveja, la p’tite qui tombe sur plein d’affaires, hein…

– Bonsoir !” la salue Deshya.

– J’vais être franche avec toi deux s’condes, la renarde.

– E-Eh ?

– Contrairement à la p’tite Hanoka derrière moi, j’suis pas fan qu’une ado comme toi fourre son nez où il faut pas. Profite de ton adolescence et laisse la police faire son job. On est peut-être considéré comme des incompétents par la majorité des gens, mais à Tetazo, on est ni des racistes, ni des sales cons.

Karine fait signe à Deshya de se pousser, ce qu’elle fait en regardant Karine avec étonnement. Elle se tourne ensuite vers la détective aux cheveux roses, elle qui montre son badge.

– Moi, c’est ‘Hanoka Atege’, détective policière ! Je m’occupe surtout de meurtres, mais je me spécialise dans la protection et même les kidnappings. Je suis trop heureuse de te voir en vrai !!

La femme demande à nouveau à Deshya si elle peut lui caresser la tête, ce qu’accepte la fille avec un sourire gêné. Hanoka la remercie et frotte la capuche renard de Deshya en laissant sa joie rayonner de son corps. Aya contemple la scène avec amusement, mais la question qu’elle se pose prend de plus en plus de place dans son esprit. Hanoka arrête de caresser Deshya et va rejoindre la scène de crime quand la fille à la peau foncée prend son courage à deux mains et lui demande :

– Dites, vous avez notre âge ?

La femme cligne des yeux et s’arrête sur place. Karine vient à peine de rentrer dans la chambre, mais en entendant cette question, elle se met à rire. Hanoka soupire en baissant la tête, un nuage noir grondant au-dessus de sa tête.

– Encore cette question…” lâche-t-elle.

– T’es juste toute petite !” lui dit Karine.

– Et toi qui m’a engueulé de m’amuser alors que c’est une scène de crime…

Hanoka relève la tête et se gratte l’arrière des cheveux. Deshya se posait la même question pour la simple et bonne raison que cette détective policière est encore plus petite qu’elle. Elle doit être un peu plus grande qu’1m55.

– Non, je n’ai pas votre âge. J’ai eu mes 28 ans ce 1er Septembre ! Je sais que je fais 1m57 et que je suis petite, mais je ne suis pas une enfant !

Hanoka passe entre les deux filles et entre dans la chambre à son tour. Deshya se tourne vers elle en souriant.

Je fais 6 centimètres de plus qu’elle…” pense-t-elle, amusée.

Deshya n’est pas forcément étonnée que certaines femmes plus âgées qu’elle soient plus petites que ses 1m63, mais elle avait aussi cru, en la voyant arriver, qu’elle était une adolescente. En ayant pû observer Hanoka de plus près, ainsi qu’en prêtant attention à sa voix, elle comprend bien qu’elle est réellement une adulte. Hanoka la trouve très belle, surtout sa duveteuse et piquante queue de cheval qu’elle a taillé avec attention, mais Deshya est consciente que ce n’est pas le temps, ni l’endroit pour admirer le physique des autres : elles doivent découvrir la vérité derrière ce meurtre en chambre close.

– Surveille-les, d’accord ?” lâche Deshya, s’adressant à son ami à peine plus jeune qu’elle.

Aya acquiesce et ouvre grand les yeux en regardant les suspects, ce qui amuse Deshya. Avant d’entrer dans la chambre, Hanoka remarque l’état de la porte et se tourne vers l’homme du personnel de l’hôtel.

– Je vois que la chaîne de sécurité a été sciée. Est-ce que cela signifie que le défunt se trouvait dans cette chambre, enfermée par la chaîne de sécurité ?” demande-t-elle.

– Exactement,” avoue l’homme. Cet homme est venu me demander d’ouvrir la porte de la chambre, vu que leur ami ne répondait pas, ce que j’ai fait, mais vu que la chaîne de sécurité nous empêchait d’entrer dans la chambre, je suis allé chercher la scie électrique.

– Eeeeh… Rien dans la chambre n’a été touché ?

Deshya se place devant la détective.

– Je suis rentrer dans la pièce pour vérifier l’état du corps et confirmer que c’était bien un meurtre, mais je n’ai rien touché à part la chaise. Cependant, elle est remise à sa place et je n’ai pas touché au corps.

Karine regarde le pendu et se retourne.

– Certaine que c’est un meurtre ? On dirait simplement un suicide, surtout que la porte-fenêtre semble être fermée,” lâche la policière.

Hanoka se retourne vers le pendu et regarde la chaise. Elle sourit et avant même que Deshya ne puisse répondre à Karine, la détective parle.

– Le victime a été tuée ou endormie et ensuite placé autour de la corde pour cacher le meurtre, mais le coupable a mal calculé l’hauteur et le corps un peu trop élevé comparé à la chaise mise en-dessous de lui, c’est ça ?

Deshya ouvre grand les yeux et acquiesce, surprise qu’elle ait comprise aussi rapidement. Deshya s’attend à être félicitée pour avoir trouvé cela, mais Hanoka secoue la tête.

– Même si ça ne m’étonne pas que tu l’aie découvert, tu es rentrée sur une scène de crime, tu as touché à la chaise et je suppose que c’est même toi qui a demandé à ce qu’on scie la chaîne pour rentrer ?

– A-Ah, mais—

– Tu n’as pas de gants sur toi, je suppose, donc j’espère que tu n’as mis tes empreintes nulle part. Je parie que tu as utilisé les manches de ton pull, mais c’est risqué. La chaise est probablement à la place exacte où tu l’as trouvé, vu que ton père m’a dit que tu avais une bonne mémoire photographique, mais c’est quand même quelque chose que tu n’aurais pas dû faire. De plus, si c’est réellement un meurtre, cela signifie que c’est uu crime impossible ; bref, un meurtre dans une chambre close. Si la chaîne avait été trafiquée pour permettre au coupable de sortir, mais que cette astuce est désormais envolée parce que la chaîne est justement sciée, ça signifie qu’on ne comprendra peut-être jamais le truc.

Hanoka secoue à nouveau la tête en admirant Deshya.

– Niveau mignonnerie, tu es à 200% Niveau intelligence, un même score. Cependant, niveau ‘je-vais-devenir-détective-privée-ou-dans-la-police-quand-je-serai-grande’, tu n’as pas encore 50% des points.

La détective sourit et tapote la tête de Deshya.

– Mais bon, je vais te faire confiance et espérer que la chaîne de sécurité n’a pas été truquée d’une façon bien précise et qu’on ne saura jamais la vérité, ce qui te rendrait coupable de briser mes espoirs de trouver l’astuce de cette chambre close. Je t’adore, de toute façon !!

– Hanoka, du sérieux.

– D’accoooord.

Hanoka fait la moue et rejoint Karine en boudant. Deshya cligne plusieurs fois des yeux et Aya approche sa tête de la sienne.

– Je ne sais pas si tu as été félicitée, insultée, grondée ou pardonnée…” avoue-t-elle.

– Je ne sais pas si elle était agressive ou passive… Les deux ou même aucun des deux…” lui murmure Deshya.

Cependant, Deshya comprend totalement ce qu’Hanoka vient de lui dire : elle avait entièrement raison. Deshya avait voulu entrer dans la pièce le plus rapidement possible au cas où Ben était en danger et avait ensuite touché à la chaise pour confirmer si c’était bien un meurtre, mais elle aurait simplement dû appeler la police même si c’était un suicide, sans bouger quoi que ce soit. Elle a été incompétente et amateure, ce qui la rend énervée sur elle-même, mais elle ne peut pas se laisser aller : pour se faire pardonner de cette erreur, elle se promet de trouver le coupable, ainsi que l’astuce derrière cette chambre close. Deshya demande à Hanoka si elle a le droit de les aider et Karine est la première à répondre.

– Reste à ta place !

Hanoka se retourne vers Deshya en souriant.

– Bien sûr !

Les deux policières se regardent, un regard énervé sur leur visage. Karine est la première à abandonner et hausse les épaules.

– Fais comme tu veux, la gosse.

– Go-Gosse…

Aya se met à pouffer et Deshya se tourne rapidement vers elle, mais son amie sifflote en bougeant son corps de gauche à droite, comme si elle n’avait rien entendu. Deshya entre donc la chambre à son tour, s’assurant de ne rien toucher. Elle remarque qu’à sa gauche, sur le meuble du couloir d’entrée, un drône rangé sur son support montre sa beauté silencieusement. Deshya se tourne vers les suspects.

– C’est son drône à lui ? Enfin, à la victime, Ben ?

Justin, le dernier des amis qui est arrivé, acquiesce.

– Ben a toujours adoré les drônes. Il aime aussi énormément la magie, il doit avoir pris des boîtes spéciales magie avec lui.

– Rien n’a été trouvé de tel encore,” avoue Karine, en train de vérifier l’état du corps.

Un autre policier arrive et vérifie les tiroirs de l’armoire, mais rien de tel n’est trouvé, ce qui intrigue Deshya. Elle avance vers les deux policières et Hanoka lui passe des gants en souriant.

– Vu toutes les enquêtes qui te tombent dessus, tu devrais sûrement garder des gants sur toi !” avoue-t-elle.

– Je pense faire ça, oui…” sourit Deshya en les plaçant sur ses mains.

Elle préfère cela que d’utiliser les manches de son pull. Non seulement est-ce plus agréable, c’est aussi moins risqué lorsqu’elle touche des objets. Le policier derrière elle continue de chercher le tiroir de l’armoire, tandis qu’un autre vérifie la salle de bain. La détective aux longs cheveux roses, Hanoka Atege, analyse le cadavre, aidée de Karine.

– Aide-moi à déposer le corps par terre,” lui dit la policière blonde.

– Okay.

Hanoka s’exécute, tandis que Deshya passe à côté d’elle et regarde la porte-fenêtre. Elle observe à nouveau la poignée qui n’est pas totalement levée vers le haut, mais même avec cela, il lui serait impossible d’ouvrir la porte-fenêtre. Elle tente dans tous les cas, mais comme prévu, elle ne bouge pas d’un pouce. Karine lui crie de ne rien bouger et Deshya promet de ne pas faire l’idiote. Du coin de l’œil, elle remarque quelque chose sur la table de chevet :

La clef de la chambre…

Deshya s’y approche, mais ne la prend pas dans ses mains. Celle-ci est identique à la sienne, excepté pour un seul détail : le nombre en noir est ‘1422’, le numéro de cette chambre. Deshya regarde ensuite le lit, mais à part qu’il est en désordre, rien n’est notable à propos de celui-ci. Elle retourne dans le couloir et s’adresse à l’homme du personnel de l’hôtel.

– Est-ce qu’une clef a été réclamée pour cette chambre ?” demande Deshya.

– Aucune clef n’a encore été perdue, ni revendiquée,” avoue-t-il.

– Hmmm…

Aya serre les poings avec joie.

– Tu as trouvé quelque chose ?!” demande-t-elle.

– Pas encore. De toute façon, même avec une autre clef, il est impossible de sortir de la chambre avec la chaîne de sécurité encore mise…

Alors qu’elle est dans ses pensées, une dame âgée salue Deshya. Ses cheveux blancs attachés dans une queue de cheval originale et son air doux sont si reconnaissables que la fille pourrait la reconnaître dans une foule de 1000 personnes.

– Bonjour, Annie !” la salue Deshya.

– Encore dans une affaire, hein…

– C’est moi qui y est accouru, cette fois-ci, ahah…

– Cette fois-ci, ce n’est pas avec ton père, cependant. Ni Sammy.

– On dirait bien.

– Gatito est en repos et Sammy est sur une autre affaire, donc ça ne m’étonne pas. Tu ne connaissais pas encore Karine, pas vrai ?

– Ni Hanoka.

– Oh, ni Hanoka ? Il faut dire, elle est arrivée il y a quelques mois à peine, tout comme l’autre détective.

– L’autre détective ?” répète Deshya.

Annie sourit et lui dit que ce n’est pas important.

– Hanoka est intelligente, donc tout devrait bien se passer. Je ne te promets pas que Karine sera très gentille avec toi, vu qu’elle est souvent froide, surtout avec les enfants,” lui dit-elle. Enfin, je vais vérifier l’état du cadavre, merci d’avoir prévenu la police le plus rapidement possible, Deshya.

Annie la remercie d’un hochement de la tête et entre en première dans la chambre. Aya remarque que son amie semble connaître certains membres de la police, ce qui ne l’étonne pas vraiment, mais qui lui donne encore plus d’admiration pour elle. Un des quatre amis de la victime s’approche de la fille au pull renard.

– Est-ce que vous pensez vraiment que le coupable est un de nous quatre ?” demande Daniel.

Deshya se tourne vers lui et ne répond pas. L’homme baisse la tête.

– On était venu ici pour s’amuser et là… Ah…

– Laisse, Daniel. Je suis certain que c’est quelqu’un d’extérieur,” lui dit Gaby.

Deshya plisse les yeux et retourne dans la chambre, là où Annie analyse le corps, entourée d’Hanoka et Karine. Elle ne veut pas leur avouer que c’est peu probable que cela soit le cas, mais elle doit d’abord en apprendre plus sur les environs. Deshya passe aux côtés des policiers et s’arrête devant la porte-fenêtre. Lorsqu’elle est allée sur le balcon de sa chambre, elle a pû voir ceux des chambres d’à côté, alors…

– Dites, je peux vérifier si rien ne se trouve sur le balcon ?” demande Deshya.

Karine s’approche d’elle et dépose ses deux mains sur ses hanches.

– Est-ce qu’on a photographié le balcon depuis l’intérieur, ainsi que la position de la poignée ?” demande la femme blonde.

– Oui, tout est pris en photo !” lui répond un policier.

Karine accepte donc que Deshya ouvre la porte-fenêtre et aille sur le balcon. La fille la remercie et tourne la poignée vers le bas, avant d’ouvrir la porte d’un bruit moins bruyant que prévu. Elle admire le ciel étoilé, là où la lune montre sa belle rondeur au monde, ainsi que ses rayons purs et blancs. Néanmoins, Deshya n’a pas le temps de profiter du paysage et analyse le balcon, mais elle ne voit aucun détail qui sort de l’ordinaire. Le pot rempli de nombreuses fleurs de toutes les couleurs est à sa place, les barreaux du balcon ne semblent pas être déplacés ou brisés, ni abîmés.

Il faudrait quand même vérifier au cas où, mais de toute façon…

Deshya tourne le visage vers le balcon à sa droite.

Il est bien trop loin pour l’atteindre, même en sautant.

Deshya dépose sa tête sur ses bras, ces derniers sur le barreau du balcon. Même avec ses attributs de renard et de l’élan, elle ne pense pas pouvoir l’atteindre. Une personne normale, avec autant d’entraînement qu’elle souhaite, ne pourrait simplement pas passer d’un balcon à l’autre.

Les lianes et plantes grimpantes sur les murs sont bien trop fragiles pour supporter quiconque, surtout que c’est bien trop risqué. Il faudrait une échelle pour passer d’un balcon à l’autre en la déposant à plat, mais si le coupable s’est promené avec dans les couloirs, il se ferait remarquer directement. Si le coupable vient d’une des deux chambres d’à côté, même plus loin, retrouver l’échelle ne serait pas compliqué dans tous les cas.

Elle doit quand même confirmer les résidents des chambres d’à côté, au cas où. Deshya va retourner dans la chambre quand Hanoka arrive à côté d’elle.

– Tu as trouvé quoi que ce soit~ ?” demande la détective aux longs cheveux roses.

– Je ne vois rien comme ça, mais peut-être qu’en cherchant attentivement…

– Je vais demander à Karine de vérifier en détail le balcon, alors.

– Hm, ça serait le mieux.

Deshya acquiesce et retourne à la chambre. Hanoka reste quelques instants de plus sur le balcon, analysant les murs et la partie du toit visible depuis là-bas. Annie se relève et discute avec un des policiers. Deshya range ses mains dans ses poches et s’arrête devant la vieille dame docteure.

– Est-il mort par strangulation, du coup ?” demande-t-elle.

Annie se retourne vers Deshya et acquiesce, un air sérieux se montrant sur son visage.

– Il a été étranglé avant d’avoir été pendu, vu les marques sur son cou, et nous n’avons pas trouvé de drogue ou de somnifère dans son sang,” lui répond-t-elle. Aussi, le meurtre a été commis entre 18h30 et 19h15, mais j’irai même à dire que c’est entre 18h30 et 19h.

Deshya remercie Annie et sort de la chambre avec elle avant d’observer les quatre amis de la victime.

Entre 18h30 et 19h… J’étais à la piscine avec Amora, Lam et Frie, à ce moment-là…

Alors qu’elle s’amusait avec ses amies, quelqu’un se faisait tuer dans le même hôtel où elle se trouvait. Cela la dégoûte.

Je vais trouver le coupable de ce meurtre et retourner m’amuser avec les autres.

Hanoka arrive avec Karine dans le hall du couloir et se placent devant les quatre adultes. Deshya tourne le regard vers la policière avec étonnement.

– Ne devriez-vous pas—

– J’ai demandé à mon collègue de s’en occuper,” la coupe Karine. J’aimerai discuter rapidement avec vous quatre.

Elle s’adresse aux amis de la victime avec un ton froid et strict. Hanoka sort un objet d’entre les plis de son vêtement, entre ses deux seins. Elle sort ensuite un bic qui était cachée dans sa chaussure et appuie dessus avant de le faire tourner dans sa main et pose la mine sur le papier blanc du carnet.

– Êtes-vous tous amis avec la victime ?” demande la détective.

– Exact,” répond brièvement Justin.

Aya prévient Deshya qu’elle va aux toilettes et revient juste après. Son amie lui fait signe en souriant et se concentre sur la conversation qui se tient juste à côté d’elle.

– Nous aimerions un peu plus d’informations sur la victime et votre lien avec lui,” avoue Karine.

– Nous savons qu’il s’appelle ‘Ben Tharen’, 31 ans et vit seul dans le sud d’Izambar,” explique Hanoka.

– Il est aussi le chef de notre groupe de natation,” avoue Daniel.

– Groupe de natation ?

Daniel acquiesce, mais c’est sa cousine qui prend la parole.

– Ben et nous quatre faisons partie du même groupe que nous avons créé nous-mêmes. Deux fois par semaine, on se rejoint à la grande piscine de Bexel ou de Lière pour s’entraîner et discuter entre nous,” explique-t-elle. Ben est celui qui a créé le groupe, donc nous le considérons comme le chef, mais c’est un rôle presque fictif.

– Je vois… Je suppose que vous êtes donc venus tous les cinq ici ?” demande Karine.

– C’est bien ça,” avoue Gaby. Nous sommes arrivés un peu après 16h, vu que nous avons tous le week-end de libre et que ce vendredi, nous avons pris une journée de congé de nos travaux.

Hanoka note rapidement ce qu’on lui raconte, attentive à leurs paroles.

– Vous comptiez rester tout le week-end à l’hôtel ?” demande-t-elle, toujours le nez dans son carnet.

– Seulement ce soir,” avoue Céline.

– Même si je n’ai pas travail ce week-end, j’ai une femme qui m’attend à la maison, je ne veux pas la faire trop attendre,” sourit Gaby.

– Je compte rentrer demain matin aussi, j’ai des séries à rattraper et même si l’hôtel est incroyable, le prix d’un ticket VIP n’est pas donné…” avoue Daniel.

Deshya lève la tête vers lui.

– Vous avez des tickets VIPs ?” demande-t-elle.

– C’est bien ça, tous les cinq,” lui confirme l’homme.

– Vous êtes déjà allé à la piscine, alors ?

– La piscine ?” demande Karine. C’est quoi cette question.

– Parce qu’ils sont tous en maillots de bain et qu’il y a une grande piscine dans l’hôtel qui vient d’ouvrir aujourd’hui, mais à part avec un ticket spécial ou VIP, il est impossible d’y aller. Je pensais qu’ils étaient allés à une autre piscine, mais je suppose qu’ils sont allés dans la même que nous.

– Vous étiez dans la piscine, alors ?” demande Hanoka.

Ils acquiescent et Deshya plisse les yeux en les regardant.

Je me souviens vaguement d’avoir vu Justin là-bas, mais c’est tout… S’ils étaient tous à la piscine lorsque le crime a été commis, alors le meurtre n’aurait jamais pû être commis par eux,” pense la fille.

– Pardonnez-moi, avant que je ne vous veniez à décliner votre identité, puis-je avoir la confirmation de vos chambres ?” leur demande Hanoka.

La femme aux cheveux blonds, un peu plus longs que ceux de Karine, acquiesce et parle en première.

– Je réside dans la chambre juste à la gauche de Ben et je dors avec mon cousin.

Elle pointe du doigt l’homme à la coupe similaire et celui-ci prend la parole.

– Nous sommes tous les deux de la chambre 1421, comme elle vient de dire.

– Nous deux, dans la chambre 1423,” avoue Gaby en faisant un geste rapide de la tête vers Justin.

– Ben dormait donc seul ?” cherche à confirmer Karine.

– Il n’aime pas dormir avec quelqu’un, vu qu’il n’arrive pas bien à se reposer, après,” lui répond Justin.

– Je vois…

Hanoka écrit tout ce qu’elle vient d’apprendre et ferme son carnet en regardant derrière elle. Un policier est en train d’analyser attentivement le balcon, aidé d’un autre, tandis qu’un dernier vérifie tous les recoins de la chambre pour le moindre indice.

– Pouvez-vous décliner votre identité un par un ?” demande la détective. Ainsi que où vous vous trouviez au moment du meurtre, entre 18h30 et 19h15.

L’un des hommes, celui aux cheveux courts et noirs, prend la parole en premier.

– Je suis ‘Justin Berouette’, membre du groupe de natation comme les autres. Je suis un bon ami de Ben et je joue parfois au Mahjong ou au Poker avec lui, hors de la natation. Entre 18h30 et 19h15… Vers 18h50, je suis sorti de la piscine et j’y suis retourné vers… Bah, 19h15, justement.

– Pourquoi donc ?” demande Deshya.

– Je suis simplement allé un peu me promener en regardant les activités du soir. L’hôtel est grand et je n’étais pas certain d’où toutes les informations se trouvaient, donc je me suis perdu, pour être honnête.

– Bref, aucun alibi…” note Hanoka.

Justin se frotte la nuque en claquant de la langue, mais il ne réplique rien. Céline est la prochaine à prendre la parole.

– Moi, c’est ‘Céline Oveni’. Je suis la seule femme du groupe de natation et je suis la cousine de Daniel. Comme les autres, j’étais dans la grande piscine pendant environ deux heures, mais entre 18h30 et 19h15…

– Tu es partie environ 5 minutes avant moi,” lui avoue Justin.

– Exactement ! Vers 18h45, je suis allée aux toilettes, mais j’y suis restée jusqu’à 19h15, vu que je suis revenue en même temps que Justin.

Hanoka plisse légèrement les yeux, mais elle ne répond rien et ne fait que noter. Karine se mord une partie de la lèvre inférieure avant de poser sa question.

– 30 minutes pour aller aux chiottes ?

Céline rougit et acquiesce.

– J’étais sur mon téléphone, je n’ai pas fait attention au temps…

– Et pourtant, tu es revenue en même temps que Justin…

Hanoka tapote le bic sur son carnet en souriant.

– Bah, j’espère que vous ne mentez pas sur votre ‘alibi’ parce que vous étiez en train de concevoir un enfant dans les—

Avant qu’elle ne puisse terminer sa phrase, Karine la frappe à la tête et s’excuse de sa part. Deshya lâche un sourire aussi amusé que surpris, abasourdi par la remarque d’Hanoka.

Et pourtant, c’est ce que je pense aussi, ahah…” se dit Deshya.

Cependant, une telle assomption n’a pas sa place dans cette enquête, donc Deshya reprend rapidement son sérieux. Daniel se présente ensuite.

– Moi, ‘Daniel Teri’. J’ai mis nos serviettes sur nos transats et tout ça avant de faire un tour vers 18h25, mais je suis revenu à 18h55.

– Quelqu’un peut le prouver ?” demande la détective aux longs cheveux roses.

– Je ne sais pas, je ne pense pas quiconque faisait attention aux gens autour de soi… Même moi, je ne saurai pas dire qui était là.

– Pareil,” avoue Justin.

– J’étais aux toilettes pour femme, donc peut-être quelqu’un m’a vu, mais je ne me souviens pas avoir croisé quelqu’un là-bas…” lâche Céline.

Karine soupire et se tourne vers le dernier homme, Gaby.

– J’espère que vous avez un alibi ou que vous n’avez pas quitté la piscine, vous…” lui lance-t-elle.

Gaby se gratte l’arrière du crâne.

– Je suis resté quelques minutes dans la piscine, mais vers 18h35, j’avoue être sorti pour passer un peu de temps sur mon téléphone… Je suis retourné à la piscine à 19h pile, cependant,” explique-t-il.

– Personne ne vous a vu ?” demande Hanoka.

– J’ai été dans un endroit calme et sans personne pour écrire des paroles d’une chanson dont j’ai pensé dans la piscine, mais vu que je n’étais pas convaincu de moi-même, j’ai finalement tout effacé…

– Bref, aucune preuve que vous avez écrit quoi que ce soit ?” demande Deshya, ses yeux braqués sur le visage de l’homme.

– Rien du tout… Je n’ai croisé personne.

– Est-ce que vous confirmez tous que ce qu’on dit des autres est vrai ?

Hanoka demande confirmation et sans surprise, tout le monde acquiesce. Néanmoins, elle est ennuyée et gratte son crâne de son bic en observant son carnet. Deshya la comprend :

Aucun d’eux n’a un alibi valide et ils ont tous quitté la piscine au moment du meurtre… Bref, quiconque des quatre peut être le coupable.

Ils ont donc quatre suspects devant eux, mais Deshya se pose quand même une certaine question. Elle hésite à la poser, mais Hanoka est plus rapide.

– Je ne veux pas paraître indiscrète, mais est-ce que l’un de vous quatre a un motif pour tuer la victime ?

Cette question soudaine surprend les quatre amis. Ils se lâchent des regards rapides, mais personne ne répond à la question de la détective. Karine s’impatiente et commence même à tapoter le sol de son pied. En remarquant le manque de réponse de quiconque, Deshya décide de s’avancer et sourit à Céline.

– Si personne ne dit qu’il n’a rien contre la victime, je suppose que vous avez tous quelque chose contre lui ?” demande la fille au pull renard.

La femme cligne des yeux, mais ne réplique rien. Cependant, l’homme qu’elle a suivi depuis l’ascenseur fait un pas en avant en serrant les poings.

– Moi… Moi, je n’ai rien contre lui !” crie-t-il.

Daniel fronce les sourcils et s’énerve instantanément.

– Qu’est-ce que tu racontes ?!

– H-Hein ?

– Tout comme nous, il écoutait tes musiques sur YaTube, mais contrairement à nous, il les critiquait à chaque fois !! T’as même arrêté pendant 6 mois à cause de ses avis négatifs !

Gaby grince des dents et pousse Daniel.

– Et toi, alors ? Je suis certain que tu le détestes à cause de ce qu’il a fait à Céline !!

– Calmez-vous !” leur ordonne Karine.

Les deux hommes se fixent avec colère, mais Justin s’interpose avec Céline. Cette dernière s’excuse pour leur comportement, un sourire forcé sur le visage. Hanoka plisse les yeux en la regardant et tapote fortement son carnet.

– Qu’est-ce que Ben a fait à Céline ?” les questionne-t-elle.

La femme blonde baisse la tête en se mordillant la lèvre inférieure, ce qui offre la réponse à Hanoka.

– Attouchement sexuel ? Viol ? Harcèlement ?

– … Il…

Daniel fait signe à Céline de se taire et répond à sa place en remarquant qu’elle se sent mal rien que d’y parler.

– Ben forçait avec elle en la draguant même quand elle lui demandait d’arrêter…” avoue-t-il. On le sait tous ici, surtout qu’il a déjà touché les fesses de Céline sans son consentement… Devant nous tous, en plus.

– Je vois. Donc Gaby se faisait critiquer, au point de perdre sa motivation, Céline s’est faite touchée sans consentement, dont draguée sans relâche, et toi, en tant que cousin, tu dois lui en vouloir pour la même raison, n’est-ce pas ?

Daniel veut répliquer, mais il ferme la bouche et offre comme réponse son silence. Hanoka, Karine et Deshya se tournent donc vers Justin, au même moment où Annie revient vers eux tous. Cependant, elle reste silencieuse et attend qu’ils terminent leur interrogatoire.

– Est-ce que vous avez une dent contre lui pour une raison ou une autre ?” demande Karine.

– On jouait souvent ensemble, comme je l’ai dit, mais c’est un sale tricheur, donc je me suis déjà énervé plusieurs fois contre lui. C’est aussi un agresseur sexuel, vu ce qu’il faisait à Céline, donc j’avais du mal à le voir comme un vrai ami, mais ça reste quelqu’un que j’aimais beaucoup.

Ils ont donc tous une raison de le tuer… Si Justin était bel et bien avec Céline aux toilettes, voire à l’extérieur, peut-être… Non, s’ils étaient ensemble, alors ils n’auraient pas pû commettre le crime… Sauf s’ils étaient ensemble à le commettre ? Hm…

Deshya réfléchit à la situation : si Justin et Céline ne mentent pas, alors ils ont tous les quatre eu la possibilité de tuer Ben, trouver un moyen de sortir en ‘fabriquant’ la chambre close, et ensuite retourner à la piscine. Si Justin et Céline étaient ensemble lorsqu’ils ont commis le crime, alors cela signifie qu’ils étaient deux à trouver un moyen de sortir de la chambre sans laisser de trace, cachant leur meurtre en suicide. Deshya se tourne vers Karine.

– Ils ne sont jamais rentrés, du coup ?” demande Deshya.

– Qui, eux quatre ?

– Exactement.

– Joue pas la détective.

– Eeeh ?

– Alors, moi, je veux savoir,” lui demande Hanoka.

– Ils sont restés une minute dans le hall pour voir de plus près la victime et confirmer que c’était bien lui, mais directement après, ils sont sortis. Mon collègue était à côté d’eux, donc ça m’étonnerait qu’ils aillent toucher à quoi que ce soit.

– On… On ne leur avait pas dit de ne pas entrer ?” demande Annie, décidant de briser son silence.

Ils se tournent vers elle et Karine croise les bras.

– Si y avait eu un truc tout près de la porte pour créer le truc de la chambre close, on l’aurait vu avant. Ils n’ont touché à rien, PAS VRAI, HEIN ?!!

– N-Non, madame !!” répondent les quatre en cœur.

– S’ils avaient osé, j’suis certaine que mon collègue l’aurait remarqué. On vérifie les empreintes digitales, d’toute façon.

Annie comprend et ne réplique rien d’autre. Deshya en est moins convaincue, tout comme Hanoka, mais elles supposent que Karine n’avait pas tort : si quelque chose avait été installé tout près de la porte pour s’enfuir, ce mécanisme aurait dû être vu. Si c’est un trou dans la porte ou dans la vitre, ils vont finir par le retrouver dans tous les cas. Cependant, pour l’instant, rien de tel n’a été retrouvé. Deshya se tourne donc vers Hanoka.

– Et si nous vérifions les deux chambres d’à côté ?” lui propose-t-elle.

La détective policière approuve.

– Je comptais faire cela.

Elle se tourne ensuite vers Annie.

– Je sais qu’ils le savent sûrement déjà, mais tu peux demander aux policiers de chercher le moindre trou dans la porte, la vitre du balcon ou dans le mur ? Peut-être que ça pourrait nous donner un indice sur la façon dont le coupable est sorti de la chambre,” lui demande Hanoka.

– Bien.

– Karine, nous allons vérifier rapidement l’état des deux chambres d’à côté. Si rien n’est trouvé dans la chambre de la victime, peut-être faudra-t-il demander une fouille plus approfondie des chambres, voire du couloir entier.

– H-Hey, attendez !

Gaby s’approche d’elles en transpirant à nouveau.

– Vous nous considérez encore comme des suspects ? Certes, nous avons tous une raison de ne pas aimer Ben et nous manquons tous un alibi, mais nous n’avons rien à avoir dans cette histoire !

– Il a raison !” lâche Daniel. En plus, vous êtes certaines que ce n’est pas un suicide et que vous vous trompez juste… ? Les chaînes de sécurité sont faites pour assurer qu’aucun truc ou astuce ne—

– C’est un de vous quatre, j’en suis certaine.

Hanoka le coupe et range à nouveau son carnet entre ses seins. Elle pointe l’homme du bic en plissant les yeux.

– Il n’y a que deux moyens de sortir de la chambre : par la porte d’entrée ou le balcon. Cependant, la porte était fermée avec la chaîne de sécurité et la fenêtre était aussi fermée. De plus, depuis le balcon, il est impossible de rejoindre un autre… sauf avec l’aide de quelqu’un ou en préparant quelque chose déjà sur le balcon.

C’est la même raison pour laquelle Deshya est convaincue que l’un des quatre amis est le coupable. Aya, qui est restée silencieuse jusqu’ici, dépose son menton dans sa main.

– Donc, ça doit être l’une des personnes qui dorment dans la chambre à côté de Ben… donc l’un d’eux quatre ?” demande-t-elle.

– C’est bien,” lui confirme Hanoka.

– Tsk.

Gaby claque de la langue et Céline s’avance vers elles.

– Même si nous ne l’aimons pas forcément, nous ne sommes pas du genre à tuer !” avoue-t-elle.

– Qu’importe.

Ils se tournent tous vers Deshya. Celle-ci a les yeux fermés et les mains dans les poches de son pull, la tête baissée.

– Même la personne la plus gentille au monde a déjà pensé à faire du mal à quelqu’un… C’est simplement être humain.

Deshya repense aux mots que lui a dit Bibi Derumi et veut sourire, mais elle se retient. Elle dépose un pied sur le mur derrière elle et braque ses yeux sur les quatre amis de la victime.

Les quatre suspects de cette affaire.

– On trouvera la vérité et le coupable n’aura qu’à réfléchir à ce qu’il a fait derrière les barreaux.



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