Le 07 Septembre, un mercredi qui aurait dû être comme les autres, Raiji propose à Deshya de le rejoindre au parc Linda, à environ cinq minutes de l’école de Tetazo. Raiji prévient la fille au pull renard qu’il arrivera quelques minutes en retard, devant discuter avec un ami et sa famille avant de venir au parc. Deshya y va directement et l’attend là-bas, mais alors qu’elle est tranquillement assise sur un banc, elle remarque un éclat brillant du coin de l’œil, du côté de la forêt qui longe le parc. Lorsqu’elle s’y dirige pour assouvir sa curiosité, une scène choquante se présente à ses yeux : le meurtre d’une fille par un jeune homme caché par un long vêtement foncé, sa tête sous une capuche ample. Deshya fuit et envoie un message à Raiji pour lui avouer ce qu’elle vient de voir, mais avant qu’elle ne puisse s’échapper du parc, elle se fait frapper sur la tête et perd connaissance sur le coup. Son téléphone est malheureusement encore allumé, alors le ravisseur en profite pour appeler le père de Deshya, ‘Gatito Oveja’, l’inspecteur de la police de Tetazo. Une requête de 300 000 euros en liquide est demandée, cela pour libérer Deshya et lui permettre donc de vivre. N’ayant pas le choix, Gatito accepte, tandis que Sammy et Korone vont discuter avec les parents de la victime. Ils apprennent que trois jeunes hommes pourraient être des potentiels coupables :
Jean Boketsu, l’ex petit-ami de Claire Dochamps, cette dernière étant celle qui a rompu. Cependant, lorsqu’ils vont vérifier son alibi, la mère de Jean leur explique qu’il était dans sa chambre à l’heure du crime, en train de jouer à un jeu vidéo en ligne, et lui a même répondu lorsqu’elle l’a appelé pour manger le dîner. Il est arrivé quelques minutes après depuis sa chambre.
Adam Evans, l’ex petit-ami de Jean Boketsu, qui a été quitté par celui-ci lorsqu’il s’est mis avec Claire. Adam ressent de la haine pour Claire et non Jean, au point d’aller l’harceler. Il est arrivé quelques minutes en retard au fast-food pour manger des burgers avec ses amis, mais le temps qu’il aurait dû prendre entre le lieu du crime et l’endroit où il se trouve est bien trop élevé pour qu’il puisse avoir tué Claire : de plus, il n’a pas de permis de conduire, ni de voiture.
Le dernier est Tom Loston, le meilleur ami d’Adam Evans. Celui-ci harcelait Claire aux côtés d’Adam pour s’amuser, mais ne semble pas avoir de motif de meurtre. Il se trouvait à la salle de gymnastique quelques minutes après l’heure du meurtre, mais il n’aurait jamais pû commettre le meurtre et revenir à temps.
Bref, tous les trois ont des alibis.
Cependant, Korone demande à Sammy de retourner à la maison de l’un des trois suspects pour qu’elle puisse trouver la preuve que cette personne est le criminel. Lorsqu’elle y retourne, elle découvre un certain objet dans la chambre du suspect, ainsi qu’une trace étrange tout près de la fenêtre : elle est désormais convaincue que c’est Jean Boketsu qui est le criminel, ainsi que sa théorie sur l’affaire et la façon dont il a réussi à créer son alibi. Korone sort de la maison aux côtés de Sammy et lui demande à nouveau son aide pour secourir Deshya, ce qui semble étonner le détective.
De son côté, Raiji a bien pris le train en direction de Bexel, passant d’abord par la ville au nord de Tetazo, ‘Izambar’, aux côtés de cinq policiers qui se sont cachés sous des vêtements normaux et le surveillent de près. Malheureusement, ce plan n’a pas été très efficace : Raiji reçoit un appel du ravisseur qui l’ordonne de sortir du train au dernier moment avec l’argent et de rejoindre le champ un peu plus bas pour fuir la police. Chose qu’il exécute sans discuter. Là-bas, il entre dans un petit cabanon surveillé par une webcam. Des vêtements colorés l’attendent sur une courte table : il est obligé de se déshabiller et enfiler ceux-ci pour s’assurer qu’aucun microphone ou capteur ne soient cachés sur lui. Raiji doit ensuite rejoindre un train à la voie 12 de la gare d’Izambar pour retourner à Tetazo, là où il saura enfin où il doit offrir la rançon pour sauver Deshya. Sur le chemin de retour, il apprend enfin le lieu final : un entrepôt abandonné tout près du parc Linda, prévu d’être détruit dans peu de temps. Raiji s’y dirige en courant et dans les environs de 16h, il arrive à l’intérieur et rencontre le coupable de cette affaire, caché sous un long vêtement foncé et capuché. Il dépose le sac à quelques pas de cette personne et lui sourit.
– C’est toi l’chef… Jean Boketsu.
Il prononce l’identité du coupable de cette affaire, ce qui choque le ravisseur. Ce dernier retire sa capuche et montre enfin sa tête : cheveux noirs courts et yeux bruns foncés derrière des lunettes rectangulaires. L’arme dans les mains de Jean continue de pointer le corps de Raiji, mais cela n’empêche pas l’adolescent de sourire à pleine dent.
– Je sais que c’est toi qui a tué Claire Dochamps et je sais même comment tu as fabriqué ton alibi. Je sais que le coupable, c’est toi.
Il termine sa phrase en levant le regard vers lui, la casquette toujours sur le dessus de sa tête.
– Ou plutôt que vous êtes LES coupables.
CHAPITRE 34
⎾Le Kidnapping du Témoin Oculaire aux Oreilles de Renard ; Raiji et Korone⏌
(Case 6)
– Que NOUS sommes LES coupables… ?” répète Jean, le doigt tremblotant sur la gâchette de l’arme.
Raiji lâche le bord de sa casquette et lui affirme que c’est ce qui vient de dire. Jean plisse les yeux en fixant le garçon en face de lui, intéressé, mais ressentant un étrange sentiment, même dérangeant.
– Que veux-tu dire… ?
Raiji recule d’un autre pas, le sac avec l’argent aussi loin de lui que de Jean.
– Je veux dire que j’ai compris comment tu as fabriqué ton alibi. C’est peut-être toi qui a tué Claire Dochamps, mais…
Raiji fronce les sourcils.
– Jean Boketsu. Adam Evans. Tom Loston. Vous êtes tous les trois complices.
En même temps que de lâcher ces mots, il pointe du doigt le jeune homme en face de lui avec une expression sérieuse. Jean recule d’un pas et son corps est traversé d’un désagréable frisson. Il appuie presque sur la gâchette de son arme, mais il se retient et serre simplement le pistolet. Raiji s’accroupit presque lorsqu’il voit la réaction de Jean, mais heureusement pour lui, il ne tire pas. Le garçon soupire de soulagement et secoue sa tête, ainsi que son corps.
– J’ai cru que j’allais me faire tirer dessus… Aaaah…
La peur qu’il vient de ressentir est l’une qu’il n’a jamais connue auparavant. Néanmoins, il n’a pas le temps de souffler de son côté, heureux d’avoir été épargné : il continue de parler en fixant Jean.
– Tu es celui qui a tué ton ex, Claire Dochamps. Un coup fatal derrière la tête au bord de la forêt, juste à côté du parc. Je suppose que tu comptais d’abord l’emmener plus loin, mais elle a refusé hein ?
Jean déglutit bruyamment et garde son regard braqué sur l’adolescent en face de lui, à des dizaines de pas de lui.
– Vu que la police a trouvé le téléphone de Claire tout près de son corps, je suppose que tu l’as contacté il y a quelques jours pour lui donner rendez-vous, ou alors tu as supprimé ton message dans son téléphone. Vous étiez en couple avant, donc il n’est pas impossible que tu saches son numéro et qu’elle a simplement oublié de le changer,” lui parle Raiji.
– … Eheh. Ahah, ahahah !!
D’un coup, Jean éclate de rire. Raiji reste à sa place, fixant attentivement le jeune homme aux cheveux noirs. Lui qui a tué une fille pour probablement une raison macabre, simplement à cause d’une rupture. Son rire résonne dans l’entrepôt, l’ambiance se plombe et Raiji déglutit bruyamment, se sentant mal à l’aise. Jean se calme et pointe à nouveau l’arme vers Raiji.
– Je suppose que ça ne sert à rien de mentir, maintenant que tu as vu ma tête et que tu sembles être convaincu de toi. Mais, tu dis bien qu’Adam et Tom sont aussi dans le coup ? Pourquoi donc, dis-moi ?
Raiji range ses mains dans les poches de son pantalon, dans lesquelles se trouvent son téléphone et celui du père de Deshya.
– Vu que c’est toi, mais que tu as un alibi, tu ne peux pas l’avoir fait tout seul. Enfin, c’est possible, mais vu la situation, quelqu’un a dû t’aider,” lui explique Raiji. Tu as demandé à un de tes amis de se placer devant l’ordinateur, jouer à un certain jeu en ligne pour prouver que ‘tu’ étais réellement sur l’ordinateur et a probablement enregistré quelques lignes sur une boîte à son. Lorsque ta mère est venue toquer à ta porte pour te prévenir que vous alliez manger, la personne qui était vraiment dans ta chambre a simplement utilisé cette boîte pour répondre avec la bonne phrase. Tu aurais pû utiliser des bruits de claviers et de souris comme alibi et simplement avouer que tu étais trop concentré dans ton jeu pour entendre ta mère, mais cela n’aurait pas été un alibi convaincant, tu as donc décidé de penser à un plan ‘parfait’ avec un de tes exs et son meilleur, tous deux détestent Claire autant que toi il faut dire.
– Eh, j’aurai pû trouver un autre moyen de créer mon alibi, non ? Pourquoi ça serait Adam et Tom qui m’aideraient ? Pourquoi eux, hein ?
– C’est vrai que ça pourrait être n’importe qui, mais j’ai compris qu’il devait y avoir trois personnes— non, QUATRE personnes qui t’aidaient.
Lorsqu’il entend cela de la bouche de Raiji, il ouvre grand les yeux, choqué. Raiji secoue la tête.
– J’ai aucune idée de qui est la quatrième personne, mais je suis convaincu que vous êtes quatre. Tu es celui qui a tué Claire Dochamps, Adam et Tom ont aidé à créer ton alibi et une quatrième personne t’a aidé avec le plan de m’empêcher de contacter la police. Depuis ta maison ou Tetazo, tu n’aurais jamais pû vérifier mes mouvements, sauf en hackant les caméras de la gare, mais je ne sais pas comment tu aurais fait pour le cabanon dans le champ. Il y avait des habits préparés pour un garçon comme moi, ainsi qu’une webcam dont tu pouvais avoir accès. C’est trop bien préparé, pour quelqu’un qui a enlevé Deshya parce qu’elle a vu qui était le coupable du meurtre de Claire. Il devait donc y avoir une quatrième personne, parce que si c’était Adam ou Tom, nous n’aurions pas pû discuter avec eux lorsque Sammy est allé les trouver, sinon, ils n’auraient jamais eu le temps de tout préparer.
Raiji reste sur place, bien qu’il ait envie de tourner autour de Jean lorsqu’il lui expliquait la réalité de cette affaire. Il avait envie d’agir tel un prédateur qui montre sa dominance envers la proie, mais avec Jean qui possède un pistolet qui est probablement un vrai, Raiji ne veut pas risquer sa vie pour rien. Il est déjà sur ses gardes au cas où Jean perd patience et décide de lui tirer dessus, mais pour l’instant, il doit gagner du temps.
– Je ne sais pas qui c’est, mais cette quatrième personne m’a suivi dans le train, me surveillait de près tout en discutant avec toi au téléphone ou par message, voire mail. Rien ne dit que vous saviez pour les microphones, capteurs et policiers, mais vous avez pris toutes les précautions possibles. Je suis impressionné. Enfin, presque,” avoue Raiji.
– Hein, mais comment c’est possible, dis-moi ?
Jean sourit à son tour.
– J’ai parlé avec Adam et Tom après que le détective soit venu m’interroger et ils m’ont expliqué ce qu’ils faisaient à ce moment-là et tous les deux ont aussi des alibis. Comment auraient-ils pû m’aider, hein ?!
Le jeune homme à lunettes avance d’un pas.
– Adam est arrivé un peu après au rendez-vous avec ses potes et Tom était à sa salle de sport quelques minutes après le meurtre aussi, mais comment auraient-ils pû m’aider ?! Ou plutôt, pourquoi, heiiin ? Pourquoi mettre la faute sur eux deux, alors qu’avec c’que tu racontes, j’aurai b’soin que d’une personne pour créer mon alibi !!
– Trois.
– Hein ?
Jean plisse les yeux. Raiji lève trois doigts et fronce les sourcils en fixant le ravisseur.
– Un, c’est toi. Le tueur de Claire Dochamps et celui qui m’appelait au téléphone.
Raiji avance d’un pas.
– Deux, c’est Adam. Celui qui t’as aidé à créer un alibi.
Il avance d’un autre pas et agite la tête, enragé.
– Et de trois, c’est Tom, celui qui t’a accompagné et a assommé Deshya !!
Jean recule de deux pas et serre son pistolet en haletant. Raiji voulait sourire pour se moquer de lui, mais il n’arrivait pas à calmer ce qu’il ressentait à l’intérieur de lui : bref, sourire lui était impossible.
– D-De quoi tu parles ?!” lui crie Jean, le menaçant du pistolet.
– C’est simple. Tu es allé tuer Claire Dochamps dans la forêt proche du parc, mais tu n’étais pas seul. Je me suis posé la question, mais je me suis demandé comment Deshya a réussi à se faire frapper derrière le crâne en fuyant. Elle m’a même envoyé un message, « Tueur Lune », avant d’être rattrapée. Cependant, avec les barreaux entre la forêt et le parc, comment aurais-tu pû rattraper Deshya ? Je ne suis peut-être pas ami avec elle, pas encore, mais je la connais bien : elle est rapide et agile. La seule façon dont elle aurait pû se faire avoir… c’est si quelqu’un d’autre était avec toi.
– M-Mais… C-C’est pas possible !
Raiji plisse les yeux.
– Si c’est Tom qui a frappé Deshya et l’a assommée, le temps ne fonctionne pas !! Il a un alibi ! Il n’aurait jamais pû être à la salle de sport au moment où il était s’il était au parc au moment du crime, donc ce que tu racontes n’est pas possible !! Bref, Tom n’a rien avoir avec ce crime ! Ni Adam !!!
– Double alibis.
– Hein ?!
Raiji croise les bras.
– Tom et toi-même allez au parc Linda dans les alentours de 13h, vous deux cachés par de longs vêtements qui empêchent quiconque de vous reconnaître. Ensuite, tu tues Claire et vous revenez chez vous avec un parfait alibi de vos deux côtés. Je suppose que Tom t’accompagnait de base au cas où Claire réussissait à s’enfuir ou alors si quelqu’un vous voyait… comme ce qu’il s’est passé avec Deshya,” continue-t-il d’expliquer.
– Je t’ai dit, c’est pas possible !
– Laisse-moi finir.
– … Tsk.
– Adam est chez toi, en train de jouer à l’ordinateur à ta place et une boîte où est enregistrée plusieurs phrases avec ta voix pour qu’il puisse répondre à ta mère s’il le faut. Après tout, tu vis chez eux depuis longtemps, tu te doutais que vous alliez manger à ce moment-là. Vu que Claire est une fille qui va à l’école secondaire de Tetazo, tu ne pouvais pas la rencontrer avant la fin de ses cours.
Jean s’avança vers le sac fermé en écoutant Raiji, l’arme toujours pointée sur lui, mais moins stable qu’auparavant.
– Dès que tu as terminé avec Claire, tu devais rentrer directement et le plus rapidement possible en utilisant la voiture de Tom, comme ça, personne ne te verrait sur ton scooter. Cependant, Deshya vous a vu et vous avez dû perdre un peu de temps à l’apporter ici, ce qui a dû prendre quelques minutes. Peut-être que c’est la même la quatrième personne qui a fait ça, mais c’est un détail qui m’importe peu.
Raiji hausse les épaules et Jean ouvre le sac tout en continuant de fixer le garçon.
– Avant que tu ne rentres, Adam est sorti de ta chambre en utilisant une corde placée à la fenêtre à l’avance. Il y a même une trace de frottement sur l’appui de fenêtre qui prouve cette théorie.
Jean fronce les sourcils avant de vérifier si aucun capteur ne se trouve dans le sac.
– Comment tu peux savoir ça ?
Cependant, Raiji ignore sa question et continue.
– Vu qu’Adam avait déjà répondu à ta mère en utilisant la boîte, elle n’allait pas revenir dans ta chambre, donc y sortir un peu avant que tu n’arrives n’était pas un problème. Pendant ce temps, Adam a été utilisé à nouveau.
Raiji sourit.
– Pour créer l’alibi de Tom.
Jean serre le pistolet qu’il détient dans la main, mais il décide de s’occuper de l’argent qui se trouve dans le sac. L’intérieur de l’entrepôt est plutôt sombre, mais il remarque quand même que ce n’est pas du faux. De plus, il ne voit aucun microphone, ni de capteurs, bien qu’ils puissent se trouver dans le fond.
– Vu qu’Adam et Tom se ressemblent, Adam a couru vers la salle et arrivé là-bas, il est resté à l’extérieur et a même répondu à l’appel de son ami, faisant semblant que Tom était en train de recevoir l’appel de quelqu’un. Il s’est un peu éloigné en discutant et lorsque Tom est arrivé, Adam est allé rejoindre ses amis. Je n’avais pas fait attention sur le coup, mais c’est vrai que leur pantalon sont similaires, mais pas leur t-shirt : bref, Adam devait avoir un certain pull qu’il a passé à Tom lorsqu’il est arrivé, parce que s’ils n’avaient pas les même vêtements, ça n’aurait jamais fonctionné.
Raiji secoue la tête en gaussant. Jean prend le sac d’une main et l’autre, il menace Raiji de tirer.
– Je sais pas comment tu as fait pour découvrir tout ça, mais t’as quoi, comme preuve, hein ?” demande Jean.
– Pour toi, c’est simple, vu que tu es juste devant moi, me menaçant de me tirer dessus et t’enfuir avec l’argent. De plus, les traces de corde sur l’appui de fenêtre et la boîte avec ta voix dedans sont suffisantes : on peut demander à ta mère si c’est ce qu’elle t’a entendu dire pour confirmer que c’est la façon dont tu as créé ton alibi.
Jean recule d’un pas sans détourner le regard de Raiji.
– Pour Adam, il n’y a qu’à chercher ses empreintes sur la souris, la boîte ou n’importe où dans ta chambre pour prouver qu’il était là. Il aurait pû porter des gants, mais j’en doute peu. De toute façon, il y a sûrement des traces de pas dans le jardin. Pour Tom, je suppose qu’il n’y a pas vraiment de preuve, excepté ses habits ou simplement que Deshya doit savoir qu’il était là. Il est impossible que tu puisses la rattraper à temps et il n’y aura qu’à vérifier les traces de pas au parc.
Raiji retire sa casquette et la lance dans les airs en serrant fort les dents derrière un sourire énervé.
– Vous êtes tous des merdeux.
Jean recule d’un autre pas et déglutit bruyamment. Il regarde derrière lui, mais il n’y a personne. Un autre pas en arrière et il se met à s’esclaffer.
– Ahah… Ahahah !!! T’es bien intelligent, mon p’tit Raiji !!! Mais ça change rien, même si tu peux voir à travers nos plans, ça change rien !!! La police ne sait pas que tu es ici et j’ai juste à fuir avec l’argent loin pour qu’on ne m’attrape pas !
– Tu comptes tuer Deshya et me tuer moi, pas vrai ?
– Bien sûr ! Vous en savez bien trop !! Par contre, je veux savoir une chose avant que je te tire dessus : comment tu t’es douté que c’était moi, hein ?
Raiji se met à transpirer. Bien qu’il était prévenu que Jean allait lui tirer dessus, il n’était pas confiant en ses compétences pour éviter la balle. De plus, il avait malheureusement raison : la police n’avait aucune idée d’où il se trouvait actuellement. Il était seul dans cet entrepôt… mais…
– Deux choses. Deshya et ce que tu as dit,” répond Raiji en hésitant à fuir.
Jean s’arrête et fronce les sourcils.
– Comment ça ?
– Quand Sammy t’a interrogé, tu as dit que tu n’étais jamais allé au parc Linda. Cependant, jamais n’a-t-il parlé une seule fois de ce parc-là. Ils auraient pû parler du parc Amélie.
– Eh. C’était logique que ça soit celui de Linda !
– Même. Et de toute façon, on sait que c’est toi le tueur dans tous les cas.
Raiji tapote l’un des deux téléphones qui se trouvent dans ses poches.
– Avant d’être assommée, Deshya m’a envoyé un message en fuyant. Elle m’a écrit « Tueur lune ».
Raiji pointe à nouveau Jean du doigt.
– Ce qu’elle voulait vraiment me dire était « Tueur lunettes ». Dans les trois suspects, t’es le seul à porter des lunettes, p’tite merde.
Jean grince des dents et serre son doigt sur la gâchette. Raiji se prépare à esquiver la balle, mais l’intérieur de l’entrepôt est bien trop sombre pour qu’il puisse voir quand Jean compte tirer.
– Mais comment tu sais tout ça, toi, putain ?!” crie le ravisseur, sur le point de s’enfuir lui aussi.
Raiji sourit en transpirant.
– J’ai du mal à l’admettre, mais j’aurai jamais trouvé tout ça. Je ne suis pas assez intelligent, même si j’étais venu vous interrogez.
– Heiiin ?
La confusion est bien présente dans la voix de Jean, ce que Raiji comprend.
– Malheureusement, ce n’est pas moi qui a réussi à comprendre tout ça, mais on me l’a expliqué quand j’étais dans le train de retour.
– C’est pas possible !!! Mon pote te surveillait de près !!!
– Hé.
Raiji ouvre grand la bouche avec une expression taquine et finit par lever la langue. Même si Jean ne pouvait pas bien voir de là où il se trouvait, il put observer le garçon attraper quelque chose sous sa langue et le lève au ciel.
– On m’a tout expliqué depuis ce microphone… qui sert de capteur.
Jean ouvre grand les yeux et au même moment où il est prêt à tirer sur Raiji, un bruit retentit derrière lui. Il se retourne d’un coup, mais avant qu’il puisse comprendre ce qu’il se passe, quelqu’un lui frappe dans l’arrière du genou et le force à perdre sa balance. Une autre personne court sur lui et le plaque par terre tout en frappant sur son pistolet, le faisant glisser hors de portée du ravisseur. Jean se met à crier, que ce soit de douleur ou de colère, et Raiji se laisse tomber par terre en soupirant de soulagement.
– J’ai cru que j’allais crever…” lâche-t-il.
– Comment ?!!” hurle Jean.
– Taisez-vous !!” lui crie une voix masculine.
L’homme qui tient Jean est quelqu’un que reconnaît Raiji : c’est Sammy, le détective policier qui est allé interroger les trois suspects. À ses côtés, la fille jette sa batte derrière elle et après avoir bougé un peu dans tous les sens pour une raison que Raiji ne comprend pas, elle s’approche de lui en souriant.
– Tu as bien tout dit ce que je t’avais dit, hihi !!
– C’était bizarre, d’écouter tout ce que tu avais compris dans le train, vu que ça venait depuis ma bouche… On dirait que ton plan était parfait…
Korone, la petite fille aux longs cheveux blancs comme la neige.
Le sourire sur son visage est innocent et brillant, mais Raiji n’arrive pas à le voir de la sorte. Il se relève et se gratte l’arrière du crâne, toujours en train de transpirer, bien que rassuré.
– Comment t’as réussi à trouver tout ça… ?” demande-t-il.
– Hihi, Sammy m’a aidé à comprendre !
Elle se retourne vers le détective qui est sur le point de sortir son téléphone pour appeler la police.
– Bon, c’est un mensonge, vu que j’ai tout compris moi-même, mais Raiji va me poser trop de questions si je réponds honnêtement…” pense Korone.
Lorsque le garçon était parti rejoindre Gatito pour chercher la rançon, elle l’avait arrêté en lui demandant de cacher un microphone sous sa langue et lui donner un en retour. Korone ne connaît pas bien les différents ‘jouets’ que possèdent la police, mais elle sait qu’il y en a qui permettent de parler et entendre, comme des talkie-walkies. Korone avait pensé à la possibilité que Raiji se fasse fouiller ou soit obligé de changer de vêtements au cas où les ravisseurs seraient suffisamment intelligents pour comprendre que la police n’offrirait pas une rançon sans plan. Raiji pouvait bouger doucement les lèvres et parler pour que Korone l’entende et sache où il allait, tandis qu’elle pouvait lui expliquer l’affaire et gagner du temps en révélant tout à Jean, tout en le perturbant. Sammy va appeler la police quand—
– LIBÉREZ JEAN !!!!!
Une voix hurle dans l’entrepôt. Raiji sursaute et lève le regard, même réaction que Sammy. Sur la plateforme en métal au-dessus de la tête du détective, un jeune homme tenait une fille avec un couteau devant sa gorge.
– D-Deshya !!” crie Raiji.
Sa bouche est bandée, ses mains et pieds attachés. Elle est consciente, mais ferme un œil et respire difficilement. Sammy grince les dents et le jeune homme baisse les yeux et regarde la scène sous lui à travers les trous de la plateforme.
– Relâchez Jean et laissez-le partir avec l’argent, sinon, je la tue !!
– C’est Adam !” remarque Korone.
Sammy range son téléphone dans sa poche et se relève tout en plaçant les mains au-dessus de lui. Jean le pousse violemment et attrape à nouveau le sac avant de courir.
– Bougez-vous !!
Il force la petite fille et Raiji à s’écarter et s’enfuit de l’entrepôt en haletant. Adam se met à rire et serre le couteau qu’il a dans les mains.
– Laissez-la partir, maintenant !” lui crie Sammy.
– Ahah… Ahahah !!! Elle en sait trop, tout comme vous !!! Vous n’auriez jamais dû intervenir dans l’affaire, simplement nous donner la rançon !!
Deshya veut s’agiter et chercher à s’enfuir, mais le couteau est juste devant sa gorge : cela serait trop risqué. Raiji lève les mains et promet qu’ils ne diront rien à la police s’il laisse Deshya partir, mais Adam se met juste à se moquer de lui. Sammy reste à sa place, son téléphone dans sa poche et son pistolet à sa place. Malheureusement, le temps qu’il l’attrape, le charge et tire, Adam aura sûrement le réflexe d’esquiver ou de tuer Deshya avant d’être touché.
– De plus, je suis en-dessous d’eux, je ne peux pas tirer avec précision, d’ici… !
Korone fixe le jeune homme aux cheveux châtains qui tient Deshya juste à côté de lui avec des yeux énervés. S’ils essayent de monter les escaliers à leurs gauches, ils n’arriveront jamais à temps et Adam tranchera la gorge de Deshya, la tuant probablement sur le coup. De leur position, ils ne peuvent rien faire et il est impossible de rejoindre Adam sans monter les marches : bref, rien ne semble pouvoir sauver Deshya. Elle regarde à quelques pas d’elle et plisse les yeux.
– Je n’ai pas le choix…
Adam continue à rire avant de se calmer et appuie le couteau contre la gorge de la fille, lui tirant la tête vers l’arrière.
– Je veux que vous la regardiez tous mourir !!! Tous !!!!
Raiji lui supplie de ne rien faire et Sammy est sur le point d’attraper son pistolet, mais il est convaincu que de là où il se trouve, il ne peut rien faire. Cependant, il n’a pas le choix. Korone fronce les sourcils et comprend qu’elle non plus n’a pas d’autre possibilité. La petite fille crie à Adam qu’elle a une idée et le jeune homme plisse les yeux. Elle se met à courir vers l’avant et Adam lui hurle dessus qu’il va vraiment la tuer. Sammy et Raiji lui demandent ce qu’elle fait, mais Korone s’arrête d’un coup et frappe fortement le pied en-dessous d’elle.
– REGARDE-LA MOURIR ET FERME-LA !!!” hurle Adam.
Il est sur le point de lui trancher la gorge quand Raiji remarque que quelque chose vole aux côtés de Korone. Lorsqu’elle a frappé le sol sous elle, un bruit métallique a retenti et il comprend désormais ce que c’est. La petite fille attrape l’objet au vol et lève les mains d’une rapidité presque inhumaine. En fermant un œil, elle vise Adam sans avoir la moindre seconde pour être précise.
Et Korone tire avec le pistolet de Jean.
N’ayant pas le temps de se préparer, elle tombe vers le sol à cause du recul de l’arme et la balle fonce vers Adam. Surpris du coup de feu, il s’arrête avant de trancher la gorge de Deshya et se prend la balle en plein dans la main. Il hurle de douleur et lâche son couteau en reculant de deux pas. Deshya le pousse et le force à tomber, avant de s’asseoir et attrape le couteau de ses mains toujours attachées. Elle commence à couper les liens, mais Adam court vers elle. Cependant, Korone, assise sur le sol, vise à nouveau l’homme et abaisse le chien avant de tirer une deuxième fois. La balle rentre dans le bras du jeune homme qui s’effondre contre le mur et se le tient en râlant. Sammy commence à courir dans les escaliers en métal et Raiji reste immobile, figé par ce qu’il vient d’observer. Deshya réussit à se défaire de ses liens autour de ses poignets et coupe aussi ceux de ses pieds. Elle retire le papier collant sur sa bouche et recule en fixant le jeune homme qui se tient le bras, souffrant et lâchant des râles. Sammy arrive et demande à Deshya si elle va bien, ce qu’elle affirme d’un geste de la tête. La porte de l’entrepôt s’ouvre violemment et des adultes arrivent sur la scène, des pistolets dans les mains. Raiji se retourne d’un coup et remarque que l’une des personnes—
– La police ?” se demande-t-il tout haut.
Gatito baisse son arme en voyant l’adolescent et s’approche de lui, mais avant même de poser sa question, Sammy crie depuis le haut.
– Il a une balle dans le bras et l’une dans la main, j’ai besoin d’un docteur !!” crie Sammy en portant l’un des ravisseurs.
– Qui donc ?!” lui demande Gatito.
– Adam Evans ! Il avait votre fille en otage, elle est juste ici !!
– Adam ? Je croyais que…
– Les trois suspects sont tous ensemble dans l’affaire, mais il y a un quatrième qui semblait les aider,” lui explique Raiji.
– … Je vois…
Gatito clignote des yeux, mais il secoue sa tête et lui demande si tout va bien. Il acquiesce et Korone s’approche de l’homme en souriant.
– Deshya est sauvée !!
– C’était quoi, ces bruits de pistolet ?
Korone ne répond pas et garde simplement son sourire. Raiji la contemple de grands yeux, tandis que d’autres membres de la police inspectent les lieux. La petite-fille se touche les lèvres de son index.
– Vous avez attrapés Jeaaaan ?” demande-t-elle, ignorant la question du père de Deshya.
– Oui, il est déjà dans la voiture de police avec le sac récupéré.
Gatito range son pistolet et regarde sa fille descendre les marches deux par deux. Elle finit par sauter dans les bras de son père en fermant les yeux.
– J’ai cru que j’allais me faire tuer…” se plaint-elle.
– Désolé, on a été trop lent…
Korone les admire d’une expression joyeuse, mais son sourire a disparu depuis. Raiji s’abaisse à côté de la petite fille et fronce les sourcils.
– T’es qui, toi ?
Korone cligne des yeux et se tourne vers lui.
– T’as tiré en plein dans sa main pour l’empêcher de lui couper la gorge et t’as encore tiré dans son bras, alors qu’on ne voit presque rien à cause du manque de lumière. En plus, t’es une p’tite-fille qui a compris leur plan et qui a prévu qu’on allait me mettre des capteurs et des microphones, mais qui avait aussi prévu que j’allais devoir les retirer. T’es qui ?
– Je m’appelle Korone Daiski, je suis une petite-fille de 8 ans ! Enchanté, Raiji !
Elle lui serre la main et Raiji s’agite en la poussant presque.
– Je suis sé—
– Korone !
Deshya arrête d’enlacer son père pour prendre la petite-fille dans ses bras, ce qui fait sourire Korone. Elle la câline en retour et lui sourit qu’elle est heureuse qu’elle va bien. Raiji admire le spectacle et finit par sourire en se retournant vers le pistolet que Korone a utilisé pour tirer sur Adam. Il plisse les yeux, mais il finit par récupérer la casquette qu’il a jeté dans les airs et hausse les épaules.
– Bah, qu’importe, au pire…” se dit-il.
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Quelques minutes plus tard, Jean Boketsu et Adam Evans partent dans une voiture de police, tous deux arrêtés pour meurtre et complicité. Une patrouille se dirige aussi vers la maison de Tom Loston, vu que c’est lui qui a frappé et enlevé Deshya, ainsi qu’un complice des deux autres. Jean n’a toujours pas avoué le prénom du quatrième complice, celui qui a préparé les habits dans le cabanon à Izambar. Gatito remercie Annie qui a guéri les blessures d’Adam.
– Ce n’est rien !” lui répond Annie. Il faut remercier la petite Korone qui a sauvé Deshya, héhé.
Gatito a insisté pour savoir d’où venaient les coups de feu, vu que ce n’était pas Sammy qui avait tiré, et Raiji avait finalement avoué ce qu’il avait vu. Korone se gratte la joue.
– C’était ça ou Deshya qui se faisait tuer…” avoue la petite fille.
– Je suis quand même impressionnée que tu aies réussi à viser sa main,” lui lâche Deshya.
– J’ai été chanceuse, héhé…
Raiji marche un peu plus loin, le téléphone sur son oreille : il appelle sa mère pour lui demander de venir le chercher. Sammy s’approche du petit groupe et s’incline devant Deshya.
– J’ai été inutile. Désolé.
– Mais non…
– Si. Désolé. Vraiment.
Deshya sourit et lui promet que ce n’est pas grave. Son père s’assied et soupire.
– Est-ce que tu veux que je demande à Bibi de venir ce soir… ?
– Je vais bien, mais ça ne serait pas de refus, ahah…
– Tu n’es vraiment pas tranquille, ces jours-ci.
– Ouais…
Korone caresse l’épaule de Deshya en lui promettant que tout va bien aller, tandis que Raiji retourne à leurs côtés.
– Ma mère va venir me chercher dans quelques minutes, pas besoin de me ramener,” leur explique-t-il.
– Certain ?” lui demande Deshya.
– Bien sûr.
Il s’incline à son tour, une expression attristée sur le visage.
– Si je n’étais pas arrivé en retard ou si je ne t’avais pas demandé qu’on se fasse quelque chose tous les deux, tu n’aurais pas été enlevé. Pardon.
– Tout le monde va s’excuser envers moi… ? Ce n’est pas de ta faute !
Deshya se lève et lui caresse les cheveux en souriant.
– Demain, on se fait notre petite balade tous les deux après l’école, si ça te va ?” lui propose la fille.
Raiji relève son tronc et acquiesce avec joie. Il la remercie avec un grand sourire, ce qui amuse beaucoup Annie et Korone. Sammy range son téléphone et soupire.
– Aussi, la raison pour laquelle le meurtre de Claire Dochamps a été commis est parce que Jean l’a vu flirté déjà avec un autre garçon, ce qui l’a rendu très jaloux et il n’a pas pû se contrôler. Il a demandé à Adam et Tom de l’aider, ce qu’ils ont accepté,” explique le détective.
– Une raison si conne ? J’y crois pas…” lâche Raiji.
– J’avoue que là…
Deshya n’est pas étonnée, mais de là à tuer quelqu’un pour une telle raison…
– On retourne à la station, tu pourras venir demain soir pour en parler, Deshya ?” demande Annie.
– Bien sûr. Ce soir, je veux me reposer… Juste, me reposer.
– J’appelle Bibi quand on rentre,” lui affirme Gatito.
– Merci.
– Je vais aller me promener dans les alentours en attendant ma mère, on se voit demain !” lâche Raiji.
– D’accord, à demain ! Merci d’être venu me sauver, aussi.
Raiji s’arrête dans sa marche et lui sourit, mais ne prononce aucun mot. Gatito lui dit qu’ils vont récupérer ses habits et lui rendront ce soir. Raiji le remercie et agite la main au-dessus de sa tête avant de partir. De son côté, Annie sort une boîte de son sac et attrape une pilule avant de l’avaler sans même boire d’eau. Deshya l’observe avec un air étonné. Sammy et elle s’en vont à leur tour, rejoignant la même voiture. Korone se tourne vers l’inspecteur de police.
– Pourquoi elle a pris un médicament ?” demande-t-elle.
– C’est à cause de la voiture. Elle prend toujours un tranquillisant avant d’aller dans une voiture,” lui répond honnêtement Gatito.
– Ah bon ? Pourquoi ?
Sa fille l’interroge du regard, mais Gatito se relève et range ses deux mains dans les poches de son pantalon.
– Une histoire du passé…
Il plisse les yeux.
– L’une qui ne vous regarde pas forcément.
Deshya admire son père avec de grands yeux : c’est une partie de lui qu’elle n’a presque jamais vu. Lorsqu’il parle avec tristesse. L’homme propose aux deux filles de rentrer et elles acceptent avec joie. Korone se retourne et admire une dernière fois l’entrepôt derrière elle, là où elle a été obligée de tirer sur le coupable pour sauver Deshya.
– J’ai bien fait d’appeler Gatito et lui expliquer la situation…” pense-t-elle. Je n’ai rien dit à Raiji, ni à Sammy, parce que c’était mieux qu’ils ne savent rien et jouent totalement le jeu, mais je me demande si j’ai bien fait…
La raison pour laquelle Korone n’a pas tout avoué à la police en premier lieu est parce qu’elle savait que Jean n’était pas le seul ravisseur : bref, au moins une personne l’aidait. S’ils avaient compris que la police savait où se trouvait Raiji, peut-être auraient-ils tué Deshya sans attendre la moindre seconde et aurait probablement fait pareil au garçon. Korone a donc décidé de choisir de parler avec tout le monde de leur côté et que chacun remplisse son rôle sans qu’ils sachent celui des autres. De la sorte, les ravisseurs n’auraient jamais compris que la police se trouvait à l’extérieur, en train d’attendre qu’ils sortent en pensant avoir gagné. Korone avait aussi avoué où devait aller Raiji lorsque ce dernier lui a chuchoté les ordres qu’il avait reçus. Elle ne veut pas imaginer la situation actuelle si elle n’avait pas demandé au garçon de placer un microphone en-dessous de sa langue, là où personne n’aurait pû deviner son existence. De plus, Raiji a probablement été très efficace, vu que pour parler à Korone, il devait bouger le minimum ses lèvres sans être remarqué par la personne qui le suivait.
– Il aurait pû faire semblant de siffler une mélodie, mais je suis certaine qu’ils auraient été suspicieux…
Sur ses pensées, Korone monte dans la voiture à l’arrière. Deshya s’assied à l’avant et Gatito au volant. Avant de démarrer, l’homme se mordille le pouce. Sa fille lui demande s’il va bien, mais il prend quelques instants avant de répondre.
– Je ne sais pas si c’est le meilleur moment pour l’avouer, mais nous avons eu des nouvelles sur l’homme qui a tiré sur ‘Mathieu Desudo’.
– Ma-Mathieu ?!
– !!
Les deux filles fixent l’homme de grands yeux. Mathieu Desudo est le conducteur de bus qui a tué les parents adoptifs de Korone et s’est fait tirer dessus par un sniper. Ce dernier a failli tuer Korone d’une balle dans la tête, mais au dernier moment, elle a poussé Deshya et s’est cachée de la vue de l’homme armé.
– Qui ?! Qui c’est ?!!” presse Deshya.
Gatito lâche un regard vif derrière, observant Korone, et finit par allumer le moteur.
– Malheureusement, c’est un homme sans identité. Il n’est dans aucun dossier. Ses empreintes ne mènent à rien. On ne sait pas qui c’est et personne ne semble l’avoir déjà vu auparavant.
Une révélation qui choquent les deux filles. Deshya reste figée à sa place, mais lorsque son père lui demande d’attacher sa ceinture, elle s’exécute en grinçant des dents. Korone imite le geste de la fille aux oreilles de renard et baisse le regard, se mordant la lèvre inférieure.
– Ce-Ce n’est pas quelqu’un qui… Je… C’est bien ce que je pensais… ?
Elle aurait voulu croire à quelque chose d’autre, mais si la police n’arrive pas à découvrir son identité, Korone ne peut trouver qu’une seule explication. Gatito démarre la voiture et roule enfin sur la route, retournant à la maison avec sa fille et Korone, tous trois silencieux.
Jusqu’à l’arrivée, personne ne parle. Deshya se retourne une fois vers Korone tout en se souvenant que c’est en réalité elle qui a compris que Jean était le criminel, aidé par Adam et Tom. De plus, elle a réussi à tirer sur la main d’Adam dans une pièce peu éclairée, ainsi qu’une fille qui est cible d’une personne sans identité. Avec tout ce qui tourne autour de la petite-fille, Deshya se demande…
Si Korone pouvait avoir un lien avec elle.