Deshya rentrait du salon de thé qu’elle a visité pour la première fois aux côtés de sa meilleure amie, Amora Takt. Après du bon temps passé avec elle, Deshya prit le bus, le numéro 38, en direction de Tetazo, là où sa maison se trouve. Alors qu’elle arrivait bientôt à son arrêt, un homme cria de couleur. Se tenant la gorge et de la douleur audible dans sa voix, il hurla avant de s’arrêter, mort. Deshya se leva de sa chaise et fonça voir ce qu’il se passait, les passagers inquiets et surpris, mais elle ne put rien faire. Sur l’homme, sa fille aux longs cheveux blancs, du nom de ‘Korone’, se mit à pleurer lorsqu’elle comprit la situation.
Après avoir appelé son père, la police arriva sur la scène de crime, le bus étant arrêté et les passagers n’ayant pas bougé de leurs sièges. Annie, une docteure venant de la police, ainsi qu’un autre médecin analysèrent les deux corps et en déduirent rapidement que la femme et l’homme sont tous deux morts d’empoisonnement par cyanure. Il ne faut pas longtemps non plus pour trouver la façon dont ils ont ingéré ce poison : des trous faits dans leurs cartons de jus à la fraise, bus entièrement par le couple. Cependant, avec le témoignage de Deshya, Korone et même les suspects, il semblerait qu’aucune personne n’aurait pû commettre le crime à l’intérieur du bus ; et avant que le couple et Korone montent dans le véhicule, cela aurait été à la limite de l’impossible. Surtout qu’ils sont désormais certains que le coupable se trouve dans le bus : la seringue qui a servi à insérer la cyanure dans les cartons de jus est retrouvée dans la poubelle de l’arrêt de bus, à l’intérieur du paquet de chips. Avec tout ça en tête, Sammy demande à Deshya de le suivre et de l’écouter, mais après avoir tourné un peu autour du pot, il avoue ce qu’il pense :
– Pour moi, Korone est la seule qui aurait pû commettre ce crime.
Chose que Deshya n’arrive pas à croire. Même si elle comprend ce que veut dire Sammy et qu’elle y avait pensé, après avoir discuté avec la petite fille, elle refuse de croire que cela est possible. La façon dont elle a pleuré lorsqu’elle a compris que ses parents venaient de mourir devant elle, ses petites mains qui agrippaient le corps de son père avec force et la tristesse dans les ‘Pourquoi ?’ qu’elle lâchait à intervalles réguliers… Tout ça… Tout ce que Deshya a vu… La discussion qu’elle a partagé avec Korone sur le banc…
– Je ne veux pas y croire !!” crie-t-elle.
Sammy soupire et se lève du siège métallique avant de marcher, mais s’arrête à côté de Deshya.
– Alors trouve le vrai coupable comme tu le penses. Mais n’oublie pas que la différence entre nous deux, c’est que j’ai fait des études pour en arriver ici. Je suis littéralement policier. Et si je décide que Korone doit être emmenée à la station en tant que coupable, c’est mon choix qui doit être écouté, pas le tien.
Sammy continue alors sa marche, rangeant son petit carnet dans la poche de son pantalon. Laissant une Deshya énervée derrière lui, il lâche un regard rapide vers la petite fille avant de plisser doucement les yeux.
– … Je suis sérieux, Deshya.
Il monte alors dans le bus, déterminé à trouver la réalité derrière ce meurtre.
– Je ne veux pas croire que ça soit elle non plus. Alors trouvons le vrai coupable.
CHAPITRE 15
⎾Pure Neige * Double Meurtre Dans le 38 ; Théories⏌
(Case 3)
Deshya monte dans le bus à son tour, toujours énervée. Même si elle comprend ce que Sammy veut dire et qu’il a totalement raison à propos d’enfants meurtriers, elle ne peut pas croire qu’une petite fille comme elle aurait pû jouer la comédie avec tant de crédibilité. Même si le détective a raison à propos d’elle seule qui aurait pû commettre le meurtre, elle refuse de baisser les bras et accepter ce jugement. Si elle était assez intelligente pour faire semblant de pleurer et tuer ses deux parents, alors pourquoi cacher la seringue dans le paquet de chips ? Personne n’aurait douté qu’elle serait allé cacher la seringue quelque part, donc elle aurait pû le jeter dans le fond de la poubelle ou autre part. De plus, si c’est elle, alors pourquoi les tuer dans le bus… ? Elle ne connaît pas bien sa relation avec ses parents, mais s’ils sont réellement son père et sa mère, alors les tuer à la maison en déposant de la cyanure dans leurs plats aurait été encore plus intelligent : les policiers n’auraient jamais douté qu’elle est la coupable de l’affaire. Deshya se mord la lèvre inférieure en arrivant à la place où elle avait été durant tout le trajet et observe l’entièreté du bus.
– Je réfléchis trop… C’est une petite fille. Sammy m’a provoqué pour qu’on puisse trouver le vrai coupable, je suis convaincue… !” se dit-elle.
Elle s’assied sur le siège et regarde la scène à nouveau. Orianne est en train de lire son livre, ses mains toujours gantées. Elle ne peut pas voir Thomas, l’homme derrière le couple, d’ici, ni Ginner, mais elle est certaine qu’ils sont encore à leur place. Elle se pose désormais la question : comment transpercer les cartons de jus avec la seringue sans être vu… ? Elle pense à quelque chose, mais la policière qui arrive à ses côtés répond à la question que Deshya se posait, comme si elle lisait dans ses pensées.
– Des trous ont été retrouvés dans les deux sacs, donc quiconque a inséré la cyanure dans les jus n’a pas pris le temps d’ouvrir les sacs et les percer. J’en ai parlé à Sammy et il a conclu deux choses,” dit Annie.
Deshya tourne le visage vers elle.
– De un, le coupable se trouve bel et bien dans ce bus : personne n’aurait pû le faire dans la rue sans se faire remarquer et du peu que j’ai discuté avec Korone, je ne vois pas comment quelqu’un l’aurait pû faire. Si c’était le caissier qui l’avait fait, il n’y aurait pas de trou dans les sacs. De deux, Sammy a conclu que c’est quelqu’un qui savait où les jus se trouveraient, vu que les trous sont directement dedans, mais seule Korone pourrait savoir ça.
Deshya grince des dents : encore plus de pistes qui mènent à Korone en tant que coupable… Elle se tourne vers Annie.
– Est-ce qu’il aurait été possible pour quelqu’un d’autre de le faire ?” demande l’adolescente.
Annie s’assied sur le siège à côté d’elle, juste sur la gauche de Deshya.
– Roger et Maurine étaient habitués à venir dans ce bus et prennent toujours des jus et un paquet de chips pour leur fille, mais savoir exactement où sont les jus ? Je ne sais pas trop. Il n’y avait que deux trous dans les deux sacs, donc chacun d’entre eux n’a été percé qu’une fois : le coupable était certain de ce qu’il faisait. Honnêtement, même avec ce qu’à dit Sammy, je l’ai trouvé hésitant…” avoue Annie.
– Hésitant ?
Annie acquiesce.
– Je pense que même lui se dit que pour Korone, cela aurait été complexe. On ne peut pas avoir les témoignages des morts pour savoir si la petite a touché à leur sac, mais comme prévu, on peut observer ses empreintes dessus. Pour l’instant, on analyse les livres pour voir si rien n’est dessus.
– Les livres… ?
Elle se souvient que Korone a parlé des livres qu’ont lu ses parents. Elle n’avait pas fait attention lorsqu’elle a vu leurs corps, mais elle comprend pourquoi ils vérifient si les livres peuvent avoir des indices sur l’affaire.
– Je me pose quand même une question…
Annie lâche ces mots en regardant devant elle. Deshya tourne le visage vers elle et Annie plisse les yeux.
– Pourquoi est-ce que Korone et Orianne portent des gants ? Pourquoi Ginner ne s’est-il pas tenu lorsque le bus a démarré ? Et pourquoi Thomas bougeait à ce point-là ?
Deshya met les mains dans les poches de son pull et dépose son dos contre celui du siège.
– Je ne sais pas trop pour Korone et Orianne, même si je ne vois pas pourquoi elles garderaient leurs gants si elles commettent le crime.
– Cela ne fait que les rendre plus suspicieuses,” affirme Annie.
– Exactement. Pour Ginner, je suppose qu’il n’a juste pas fait attention, tandis que Thomas est à cause du surplus de café ainsi qu’un certain mal des transports.
– Pour Ginner, je peux comprendre, mais être suspicieux de tout le monde est important, durant une investigation. Je peux aussi comprendre pour Thomas, mais je ne vois pas pourquoi bouger dans tous les sens, jusqu’à frapper dans le dossier d’en face, va aider à mieux se sentir.
Deshya ne peut pas le nier : elle non plus ne comprend pas trop. Cependant, est-ce que bouger dans tous les sens aurait pû l’aider à empoisonner les deux cartons de jus… ? Comment aurait-il pu le faire de derrière… ? Annie dépose les deux sur ses cuisses, ses jambes croisées.
– Il est fort probable que le crime soit commis au même moment qu’ils sont montés dans le bus.
– Donc Orianne est la plus suspecte, à ce moment-là…” réfléchit Deshya.
Deshya est d’accord avec la dame et ce qui a été dit par Sammy. Pour l’instant, la seule chose qu’elle refuse d’admettre est que Korone, la petite fille aux si beaux cheveux, pourrait être la criminelle. Néanmoins, même avec leurs théories, elles n’ont aucune piste sur le réel coupable. Aucune preuve.
– J’aurai dû faire plus attention…” lâche Deshya en soupirant.
– Comment ça ?” demande Annie.
Deshya se gratte l’arrière du crâne en regardant la docteure.
– Lorsque j’ai remarqué qu’ils étaient morts, je suis allée prévenir tout le monde dans le bus en vérifiant que personne n’avait bougé, donc pendant trois à quatre minutes, je n’ai pas fait attention aux cadavres, ni à Korone…
– Je vois…
– Même si Orianne, Korone ou le conducteur auraient pû voir si quelqu’un avait approché les deux corps, rien ne dit que personne n’est allé voir ou n’a approché Korone pour voir si tout allait bien à ce moment-là… Et… Et…
Deshya grince des dents, les poings serrés. Annie se lève du siège et lui demande d’attendre avant de sortir du bus. Quelques instants passent avant qu’elle reviennent en soupirant.
– J’ai demandé à Korone,” avoue Annie.
Deshya se tourne vers elle.
– Orianne est allée voir si tout allait bien, le conducteur lui a passé des mouchoirs qu’elle n’a pas encore utilisés et lui a parlé quelques instants, Thomas est allé vérifier l’état des corps, mais Ginner n’a pas approché les corps, ni personne d’autre… excepté toi.
– Ah… Je vois…
Deshya se rend compte de son erreur : pendant ce laps de temps où elle ne faisait pas attention, quelqu’un aurait pû trafiquer les corps ou même cacher une certaine preuve. Si une méthode avait été utilisée pour empoisonner les deux boissons sans faire attention, alors il n’était pas impossible que le coupable soit allé cacher les preuves avec le prétexte de discuter avec Korone ou même observer les corps.
– Il est aussi possible que le coupable ait caché la seringue dans le paquet de chips de Korone à ce moment-là,” avoue un homme.
Annie et Deshya tournent leur attention vers Sammy, n’ayant même pas remarqué sa présence. L’adolescente se frappe le front.
– Je suis idiote…” se dit-elle.
– Donc Ginner n’est plus dans la liste des suspects ?” demande Annie en regardant le détective.
Il s’assied à côté d’eux et regarde le vieil homme qui est toujours au même endroit, fixant le sol silencieusement.
– Il a quand même approché le couple et les connaissait bien, donc rien ne dit qu’il n’aurait pas pû trouver une façon de les empoisonner. Il est presque tombé et aurait peut-être pû utiliser la seringue à ce moment-là, bien que je n’y crois pas trop… Je ne pense pas que ça soit lui, cependant,” avoue-t-il.
Deshya pense la même chose. Cependant, elle se pose une question depuis toute à l’heure et la pose enfin au détective policier :
– Est-ce que certains d’entre eux ont une raison de les tuer ?
Annie tourne son attention vers Sammy avec grande intérêt : elle se pose la même question depuis quelques instants. Ils avaient un enfant avec eux… Les tuer dans ce bus alors qu’elle se trouvait avec eux… Soit un sentiment très fort est derrière ce meurtre, soit quiconque est le coupable n’a pas de cœur…
– Tuer quelqu’un signifie une certaine folie dans tous les cas…” se dit Annie.
Deshya se lève de son siège, incapable de rester immobile et court vers la scène de crime. Annie et Sammy la regardent et discutent ensemble à propos des deux meurtres. Deshya s’arrête à côté de son père qui se tourne vers lui.
– As-tu trouvé la moindre piste ?” demande-t-il.
Elle secoue la tête et Gatito soupire.
– Va-t-on réellement devoir interroger une petite en tant que suspect principal… ?” se pose-t-il en se grattant les cheveux.
– Tu penses que ça peut être elle aussi, papa ?
– J’ai déjà eu l’une ou l’autre affaire avec un enfant qui tuait son père ou sa mère, ou même était entraîné à être capable de commettre un meurtre. Cela ne m’étonnerait pas, mais j’espère que ce n’est pas le cas…
Il avoue tout cela en regardant Korone à travers la vitre. La petite discute avec le conducteur et un policier à ses côtés. Deshya les observe à son tour, un air triste sur le visage. Son père le remarque et lui caresse le haut de sa capuche.
– Parfois, on doit accepter que celui qu’on ne veut pas être coupable l’est,” lui dit-il.
– Mais la façon dont elle a pleuré, dont elle a crié… Je ne peux pas croire que ça soit elle…
– J’ai déjà dû faire face à certaines personnes qui jouaient si bien la comédie que même avec des preuves, j’hésitais si elles étaient réellement les coupables.
Gatito croise les bras, mais ne bouge pas son regard de la petite fille qui est assise sur le banc à l’extérieur.
– Bien évidemment, je ne dis pas que Korone est forcément la coupable et que c’est elle qui a tué ses parents, mais pour l’instant, personne ne semble avoir pû le faire, désolé Deshya.
– … Je n’abandonne pas.
Elle regarde quelques instants les cadavres avant de continuer sa marche. Son père la regarde marcher dans le bus sans sourire, un air assez neutre sur le visage. Il comprend ce qu’elle ressent, mais si elle agit de la sorte, alors…
– …
Il soupire et se dirige vers Annie et Sammy, de l’autre côté du bus. Deshya s’arrête tout près de Ginner et lui demande si elle peut s’asseoir à ses côtés. Il semble surpris de la voir arriver de la sorte, mais il se pousse un peu vers la fenêtre pour lui montrer qu’elle peut. Deshya le remercie avant de s’asseoir sur le siège peu confortable, comme tous ceux du bus.
– Je vais être directe, mais vous êtes un bon ami de Roger et Maurine, n’est-ce pas ?
Sans perdre le moindre temps, Deshya pose sa question en regardant l’homme à côté d’elle. Sans même être surpris de son approche brusque, il lui répond en regardant devant lui, là où plusieurs policiers se trouvent.
– Un bon ami, je suppose. Quelqu’un qui les apprécie beaucoup et qui a passé beaucoup de temps avec eux, oui.
Le ton de sa voix est triste et la vieillesse ne se cache pas dans les mots qu’il emploie. Deshya essaie de ne pas y penser et continue.
– Je suis désolée de poser cette question, mais est-ce que vous pensez que quiconque souhaiterait les tuer ?
L’homme sourit.
– Eux ? Impossible. Roger est une personne formidable qui aime aider les autres autour de lui et a même adopté la petite.
– A-Adopté… ? Korone est adoptée ?
Deshya cligne des yeux et l’homme acquiesce lentement.
– Ils ne l’ont pas adopté il y a si longtemps, j’ai aussi été étonné, mais ça ne m’a pas surpris de leur part. Maurine est un peu agressive parfois, mais elle n’a aucun ennemi et offre beaucoup d’argent à des charités pour orphelins. Une femme magnifique qui aime le monde et souhaite le rendre un peu meilleur de ses petits gestes,” explique Ginner.
Cela lui rappelle quelqu’un qu’elle connaît bien, même si elle est probablement un peu plus vieille que Maurine… Deshya regarde son père qui discute avec Sammy et sourit.
– Je vois…
– Pourquoi vouloir les tuer…” lâche Ginner.
– … Je ne sais pas, mais nous comptons trouver le coupable.
Ginner se frotte les mains et ses paupières s’abaissent.
– … La petite Korone…
– … ?
Deshya attend la fin de sa phrase en penchant la tête vers lui. Ginner soupire et tourne doucement le regard vers l’adolescente.
– La petite Korone ne mérite pas cela. Quiconque a tué mes deux amis, ne le faites jamais sortir de prison, je vous en supplie.
– Hm.
Deshya ne peut pas promettre une chose, vu qu’elle n’est pas juge ou policière, mais elle peut promettre quelque chose : trouver le coupable. Elle se lève du siège et remercie l’homme pour son temps avant de marcher vers la scène de crime à nouveau. Lorsqu’elle marche, une femme dans le bus lui fait une remarque en pouffant.
– C’est une mignonne queue de renard que tu as là !
Deshya s’arrête et se retourne. La femme n’évite pas son regard et la défie même en tirant la langue. L’adolescente soupire et continue son chemin, mais la jeune femme parle à son amie d’à côté assez fort pour que Deshya puisse l’entendre.
– Se promener comme ça, imagine ?
Son amie rigole.
– Il faut qu’elle aie rendre ses accessoires, on est pas à Halloween !
Toutes deux se mirent à rire ensemble, mais Deshya n’y pense rien, vu qu’elle a déjà eu plusieurs remarques du genre. Cependant, alors qu’elle arrive à côté des corps du couple tué, elle repense aux mots de la femme. Deshya ouvre grand les yeux—
– Rendre… ?
Deshya regarde devant elle, immobile. Une certaine idée lui traverse l’esprit et elle se tourne vers Korone, la petite fille observable depuis la porte ouverte du bus. Deshya reste figée avec des yeux grands ouverts, la bouche bée.
– Rendre… Rendre… Rendre !!!
Un simple mot qui vient d’une simple moquerie…
Et pourtant, Deshya—
Elle se met à courir et pousse presque un policier sur le chemin et s’arrête devant Sammy en freinant violemment. Gatito et Annie tournent le regard vers elle en l’interrogeant du regard, tandis que le détective policier cligne des yeux et sursaute lorsqu’elle approche sa tête de la sienne.
– Je peux te parler ?!” demande-t-elle avec une touche d’agressivité.
– B-Bien sûr, nya ?!” lui répond Sammy en clignant des yeux.
Deshya le force à se lever et sort du bus en courant, Sammy la suivant comme il peut. Gatito et Annie les regardent partir avant que la docteure se mette à pouffer.
– Tu penses qu’elle a résolu l’affaire ?” demande-t-elle.
Le père de Deshya se lève et craque son épaule avant de détourner le regard.
– Si c’est le cas, je vais commencer à me dire que ma fille est plus utile que des détectives professionnels…” lâche-t-il.
Annie le regarde rejoindre la scène de crime en souriant : même en lui faisant dos, elle peut voir le sourire amusé de Gatito. Il peut le cacher à sa fille, mais pas à elle… !
Korone remarque que l’adolescente au pull de renard a couru en dehors du bus et discute désormais avec le détective aux oreilles pointues, mais de là où elle se trouve, elle ne peut pas l’entendre. En réalité, elle est allée un peu plus loin pour que personne ne puisse les écouter. Le conducteur du bus les remarque à son tour, mais il ne garde pas son attention longtemps sur eux. Il frotte les cheveux de Korone en lui souriant.
– Dans tous les cas, j’espère que tout ira bien !” dit-il.
– Hm. Merci !!
Elle lui sourit et le conducteur monte dans le bus. Un policier l’interpelle et ils se mettent à discuter, mais Korone n’a pas la possibilité de les écouter : quelqu’un s’arrête brusquement à côté d’elle. Korone et l’homme policier juste à ses côtés regardent tous deux la fille qui vient d’arriver et la petite sourit à nouveau.
– Qu’y a-t-il, Deshyaaa ?”
Korone la regarde d’yeux innocents et Deshya plisse les yeux.
– J’ai besoin que tu me confirmes quelque chose !
– Hm ?
Korone l’interroge du regard et Deshya rapproche sa bouche son oreille pour lui murmurer sa question. Korone regarde ses gants quelques instants avant d’acquiescer.
– C’est bien ça. J’ai mis mes gants parce que mes doigts étaient froids, vu que je suis un peu malade…
– Pourtant, tu ne tousses pas,” lâche le policier, surpris.
– Hihi, ce n’est pas une maladie grave ! Mais j’ai rapidement froid aux mains et aux pieds, donc je fais attention !
Korone retourne son attention vers Deshya et lui montre ses gants.
– Tu vois ! On peut voir des morceaux de chips sur mes gants !
Deshya sourit et la remercie sans même lui caresser les cheveux, courant vers Sammy à nouveau. Korone l’observe partir sans trop comprendre le comportement de Deshya, mais elle finit par sourire.
– … Je vois.
Korone regarde le bus devant elle, là où ses deux ‘parents’ ont été assassinés par du poison.
– Si elle me pose cette question…
Korone balance doucement ses jambes, les yeux désormais fermés.
– Alors je suppose que le coupable de cette affaire…
La petite fille se met à fredonner une mélodie, pensant avoir enfin compris comment ses parents ont été tué — ainsi que la raison pour laquelle elle n’est pas morte.
La raison pour laquelle, contrairement à ses parents, elle peut encore respirer et vivre.
Deshya sourit et Sammy se met à frotter son menton en regardant le bus.
– C’est une possibilité, mais…
Deshya montre ses dents au détective avec un regard déterminé.
– Je suis certaine que c’est la vérité de cette affaire !” affirme-t-elle.
Sammy réfléchit quelques instants, mais finit par s’asseoir sur le siège métallique.
– Si c’est réellement le cas, on devrait avoir des traces de cyanure à cet endroit-là aussi… De plus, il devrait y en avoir sur elle aussi, du coup.
Deshya acquiesce et se retourne vers le coupable de cette affaire. Orianne qui continue de lire son livre. Thomas qui commence à être impatient. Ginner qui attend patiemment.
Deshya a hâte de révéler à tout le monde qui est le coupable, ainsi que comment le meurtre a été commis. Cependant, si c’est réellement le cas, alors…
– Le seul mystère encore non résolu est de savoir POURQUOI cette personne a tué ce couple-là…
Elle tourne son regard vers la petite fille et observe ses longs cheveux blancs purs, tandis qu’elle serre un poing. Non par énervement, mais par espoir. Par une victoire presque assurée.
Elle va prouver que Korone est innocente.