Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 569 : Un pouvoir menacé
Chapitre 568 : La tour de distillation sèche Menu Chapitre 570 : Les suggestions d’Edith

Le printemps assombri par les guerres touchait à sa fin. À L’approche de l’été, la croissance démographique de la Cité Sans Hiver connût son premier pic explosif.

La mission consistant à attirer les réfugiés des Régions du Sud et de l’Est commençait à porter ses fruits. Les équipes envoyées à cet effet ayant déjà une expérience d’un an, avaient redoublé d’efficacité. Chaque jour, des centaines de réfugiés se réunissaient à la Cité Écarlate et Willow, attendant que les navires en provenance de la Région de l’Ouest les emmènent vers la Cité Sans Hiver que l’on disait prospère et sûre.

Afin de loger convenablement tous ces gens, l’Hôtel de Ville avait également demandé aux hommes d’affaires de leur louer des baraquements temporaires sur le lieu de rassemblement et de leur offrir du porridge et de l’eau afin d’éviter tout incident avant que les réfugiés ne soient transférés dans la Région de l’Ouest.

La jetée du District Frontalier était devenue l’endroit le plus fréquenté de la ville. Quatre-vingt-dix pour cent des policiers y avaient été envoyés pour maintenir l’ordre et recenser la population. Il y avait toujours une longue file d’attente devant la barrière pour les inspections médicales. Les officiers chargés du contrôle des habitations séparaient les réfugiés en plusieurs catégories et les dirigeaient selon le cas vers les salles de réunion situées sur les berges, les habitations troglodytes à l’ouest de la ville ou les résidences officielles.

Chaque jour, l’effervescence régnait à l’Hôtel de Ville.

– « Trois voiliers en provenance de la Cité Écarlate viennent d’arriver avec 126 personnes à bord. Un drapeau bleu flotte sur le mât et le capitaine est Bob. »

– « Encore ? Mais combien de bateaux sont arrivés aujourd’hui ? »

– « Quatre ou cinq! Cessez donc de vous plaindre et allez les accueillir! »

– « Bon! Qui va prendre la relève de Bob et se rendre à la Cité Écarlate ? »

– « Moi! Je suis presque prêt! »

– « Emportez du savon! Vous ne pouvez pas en acheter là-bas. »

En écoutant les bavardages bruyants depuis son bureau, Barov se sentit bouleversé. Non qu’il eût trop de travail car en général, lorsqu’il travaillait à l’Hôtel de Ville, plus il y avait de travail, plus il était content.  

Mais depuis quelques temps, la situation était devenue compliquée.

Et ce à cause d’Edith Kant.

– « Monsieur le Directeur, le Ministère de la Justice nous demande encore plus de personnel », annonça un assistant en entrant dans son bureau. Son Excellence Carter nous a demandé de recruter une centaine de policiers suppléants en précisant que s’il n’avait pas davantage de main d’œuvre, il ne pourrait plus maintenir l’ordre. Si quelque chose venait à se produire et que Sa Majesté nous pose la question, nous nous ferions taper sur les doigts. »

« Il est Chevalier en Chef! Il pourrait toute de même en toucher deux mots à Sa Majesté. » Pensa Barov qui était occupé à rédiger un document. En effet, il n’avait pas le temps de penser à des choses mineures comme celle-ci.

– « Posez-le sur le bureau, je m’en occuperai plus tard », répondit-il sans lever la tête.

– « Bien monsieur! »

Alors que l’assistant quittait la pièce, la voix d’Edith se fit entendre :

– « Est-ce là l’ordre de recrutement ? Puisque vous êtes trop occupé, laissez-moi vous aider. »

« Flute, la voilà! » Gémit Barov intérieurement. « Elle pourrait tout de même m’appeler Monsieur le Directeur! »

« Il est vrai qu’Edith, fille du Duc de la Région du Nord, a un statut beaucoup plus élevé que le mien. Avant qu’elle ne soit au service du Roi, elle pouvait m’appeler par mon nom sans autre forme de respect. Mais quoi qu’il en soit, je suis un peu son mentor étant donné que Sa Majesté a pris des dispositions pour qu’elle devienne assistante ici et apprenne comment fonctionne le cadre ministériel et le processus gouvernemental de l’Hôtel de Ville. Mais apparemment, elle ne le voit pas ainsi. »

– « Euh… D’accord, si vous voulez », répondit-il à contrecœur.  

Même s’il était réticent à son égard, le Directeur ne pouvait rien reprocher à l’attitude de Mlle Kant. S’il la rejetait sans cesse, il se mettrait dans ses torts et à cette période cruciale, il ne pouvait se permettre de faire mauvaise impression sur Sa Majesté.

Il ne fallait pas oublier que Roland Wimbledon était un homme doté d’une grande perspicacité.

– « Merci. »

Bientôt, il entendit, venant du bureau opposé au sien, le bruit d’une plume grattant le papier et quelques minutes plus tard, Edith déposait l’ordre de recrutement sur le bureau de Barov.

« Si j’en crois les projets que j’ai parcourus récemment, ces ordres de recrutement exigent du personnel fiable et sans antécédents mais dans le District Frontalier, il n’y a plus beaucoup de candidats répondant à ces critères. Plutôt que d’afficher des avis sur la place et de demander aux gens de postuler à l’Hôtel de Ville, il serait préférable que nous extrayions des archives les fichiers relatifs à l’enregistrement des résidents et que nous sélectionnons cent personnes parmi celles qui n’ont pas encore d’emploi. Le Ministère de la Justice étant un département important de l’Hôtel de Ville, je ne crois pas que quiconque oserait refuser une telle offre. D’une part nous économiserions au moins une semaine de recrutement par le biais de procédures normales et d’autre part, nous mettrions fins aux plaintes du Chevalier en Chef. Si vous êtes d’accord, je vais répondre à cette demande de recrutement et la remettre aux archives. »

Elle s’exprimait de façon claire et sensée. Difficile d’imaginer qu’elle n’avait rejoint l’Hôtel de Ville que depuis deux semaines.

Au début, elle restait assise tranquillement à côté de Barov, et, sans un mot, le regardait parcourir des documents. Mais à présent, elle était en mesure de gérer toutes sortes d’affaires au sein de l’Hôtel de Ville et ce avec grande habileté.  

– « Euh… Faites comme bon vous semble », répondit-il.

Pour le moment, Barov n’avait pas de meilleure solution que la suggestion d’Edith. Son emploi du temps étant particulièrement serré, il aurait laissé de côté ces choses secondaires pour s’en occuper ensuite comme il avait l’habitude de le faire.

« Est-ce là l’héritière du Duc qui a grandi dans son fief et a été éduquée au sein de la haute aristocratie ? »

   

Barov se sentait particulièrement menacé.

En effet, les honneurs et le respect n’étaient que des détails mineurs. Ce qui lui importait vraiment, c’était son propre pouvoir.

« À présent, la propagande appelant à la soumission circule partout dans la Région du Nord. Si Sa Majesté a l’intention d’envoyer Edith pour aider à la mise en place d’un Hôtel de Ville annexe dans la Région du Nord, tout ira bien. Mais si jamais elle reste ici ? »

« Sa Majesté n’est pas encore marié et Edith est la fille d’un Duc! »

À cette pensée, Barov sentit l’inquiétude le gagner.

« Non, il n’en est pas question. Je dois lui faire savoir que le travail de gestion à l’Hôtel de Ville n’est pas si simple. Sa Majesté a besoin d’un ministre capable de gérer l’ensemble des situations. »

Lorsqu’Edith revint au bureau, Barov s’éclaircit la gorge et lui tendit un formulaire de statistiques.

– « Qu’est-ce… »

– « Nous avons un problème », dit-il calmement. « Il se pourrait bien que la réserve de céréales de la Cité Sans Hiver ne soit pas suffisante pour tenir jusqu’à la moisson. »

– « Voyons… cela serait-il dû à un surcroît de population ? » Edith jeta un coup d’œil au document : « Selon le taux de consommation, ce qui nous reste de céréales devrait nous permettre de tenir jusqu’à la fin de l’été. Dès la mi-juillet, nous pourrons récolter le blé de printemps. Si nous cessons d’accueillir de nouveaux réfugiés, nos réserves devraient être suffisantes. »  

– « Mais l’Hôtel de Ville ne peut pas se permettre d’interrompre l’accueil des réfugiés. »

– « Pourquoi ? Parce Sa Majesté s’est fixé pour objectif d’atteindre une population de cent mille habitants ? »

– « Là n’est pas la question », répondit Barov en secouant la tête. « Les réfugiés de l’Est et du Sud ne cessent d’affluer sur le lieu de rassemblement. Si nous les abandonnons, non seulement la Cité Écarlate et la ville de Willow risquent d’être confrontées à des émeutes mais la réputation de la Cité Sans Hiver, que nous avons eu tant de mal à construire, pourrait bien s’effondrer. Si jamais un jour nous voulions recruter d’autres réfugiés, ce serait très difficile dans ces conditions. Sa Majesté m’a confié que pour que son projet de développement puisse se réaliser, il lui fallait beaucoup de monde. Ces cent mille personnes ne sont qu’un début. L’Hôtel de Ville ne peut se permettre de perturber les projets de Sa Majesté pour une simple question de céréales.  Nous devons prendre ce problème à bras le corps, c’est ma responsabilité en tant que Ministre. » Il marqua une pause et regarda Edith Kant : « Auriez-vous des suggestions ? »

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