A l’origine, Zhang Cang s’était vanté au moment de défier Lin Ming, allant jusqu’à dire qu’il lui paierait le double de sa mise si ce dernier venait à le battre ; soit vingt pierres de véritable énergie. Liu Mingxiang fut malade rien que d’y repenser.
Zhang Cang ne disposait pas de vingt pierres de véritable énergie sur lui, et Liu Mingxiang non plus. Il déposa alors tranquillement Zhang Cang, avant de fouiller dans ses vêtements et de rassembler tout ce qu’ils avaient sur eux. Mais il en manquait toujours cinq qu’il dût emprunter autour de lui.
Après qu’il eût remis les pierres à Lin Ming, Liu Mingxiang reprit Zhang Cang sur son dos et s’en alla promptement.
« Lin Ming a gagné ! Et du début à la fin du match, entre le moment où il a utilisé sa paume jusqu’à son mouvement à la lance, il n’aura utilisé que son pied gauche. Son pied droit n’ayant pas bougé le moins du monde. Inébranlable, le Pont en Fer Bloquant la Rivière mérite bien son nom ! » dit Ta Ku, les yeux emplit d’un esprit combatif en sentant son bâton presser contre son dos. Quoique Lin Ming soit incapable de rivaliser avec lui pour le moment, peut-être que ce jour n’était pas si lointain.
« Zhang Guanyu regrettera de ne pas être venu assister à ce match. Désormais, Lin Ming va attirer l’attention de personnages influents à travers tout le Royaume du Grand Avenir. Si l’on attend qu’il progresse, il deviendra assurément un rival puissant. Si nous ne nous entraînons pas diligemment, peut-être que ce jeune apprenti s’élèvera au-dessus de nos têtes », répondit Ling Sen.
« Ce n’est intéressant que lorsqu’il y a de la concurrence ; mais je ne peux pas l’emporter face à toi, je n’ai tout simplement aucune chance. Par contre, ce Lin Ming fera un parfait adversaire pour moi ! »
« C’est vrai qu’il finira par devenir mon rival dans le futur. »
« Hum, je trouve ça étrange, comment est-ce que Lin Ming peut progresser aussi rapidement ? Lors de la dernière Guerre du Classement, il est arrivé à la cent vingt sixième position ; probablement en ayant ingéré la Pilule de Moelle du Dragon d’Or Pourpre et la Pilule Ecarlate du Serpent Doré et en ayant absorbé leur efficacité. Mais cette fois-ci, comment est-ce que sa force a pu augmenter de manière aussi radicale ? »
« La bonne fortune des uns ou des autres n’est jamais évidente à voir précisément. Si je ne me trompe pas dans mes suppositions, Lin Ming est parvenu à atteindre et comprendre un état d’entraînement spécial, une inspiration martiale similaire à mon « Ashura ». Garde à l’esprit que le cœur des arts martiaux de Lin Ming est supérieur au mien ! Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il parvienne à comprendre une inspiration martiale semblable à mon « Ashura » », lui répondit Ling Sen.
L’expression de Ta Ku changea, et il inspira une grande bouffée d’air frais, avant d’ajouter :
« Est-ce que le sien est supérieur à ton « Ashura » ? »
Le talent de Ling Sen n’était que de grade quatre de qualité inférieur. Il y avait un grand nombre de génies dont le talent surpassait le sien au sein de la maison Martiale des Sept véritables, en particulier parmi ceux de sa génération. Par exemple, Ta Ku, dont le talent était à deux doigts d’un talent de grade cinq, ou encore Zhang Guanyu, qui avait un vrai talent de grade cinq.
Cependant, Ta Ku comme Zhang Guanyu avaient été fermement repoussés par Ling Sen.
La plupart des gens, dont Lin Ming, pensaient que Ling Sen avait eu une rencontre fortuite, ou alors qu’il avait absorbé des matériaux précieux ; mais en réalité, ce n’était rien de tout cela. Ling Sen avait compris Ashura.
C’était un état d’entraînement particulier et unique. En s’exerçant, un artiste martial pouvait atteindre un genre d’état exceptionnel et merveilleux, pouvant être considéré comme une sorte de condition martiale idéale. Le plus célèbre d’entre eux étant l’Eveil Spirituel ; pour lequel il y avait de nombreuses références dans les textes anciens.
Les légendes racontaient qu’il y a trois millénaires, un aîné éminent de son époque s’était assis à l’ombre d’un arbre Bodhi, restant ainsi à méditer sept jours et sept nuits sans interruption. Lors de son réveil, il avait rompu plusieurs entraves des arts martiaux et était finalement devenu un Buddha immortel, perçant le vide martial !
Cependant, ces légendes n’étant présentes que dans les textes anciens, personne ne savait à quel point cela pouvait être vrai. Pourtant, il arrivait bel et bien que des artistes martiaux soient capables d’atteindre des états particuliers durant leur entraînement. Sans que l’effet ne soit aussi exagéré que lors de l’Eveil Spirituel, cela permettait de grandement augmenter la vitesse et l’efficacité de la progression d’un artiste martial. La plupart du temps, les artistes martiaux en question, capables d’atteindre cette sorte d’état, possédaient généralement un cœur des arts martiaux supérieur à celui de leurs pairs.
Ces « états » pouvaient se manifester de manière diverses, selon des caractéristiques élusives propres à l’âme de l’individu concerné et en fonction de son cœur des arts martiaux. Ces différentes manières ne pouvant être comprises que de manière conceptuel, et non exprimables. De nombreux artistes martiaux particulièrement talentueux, telle que Qin Xingxuan, n’avaient pas réussi à comprendre un état de l’Être de ce genre.
Alors que Lin Ming, lorsqu’il avait été immergé dans l’eau de la Chute du Bassin Glacial, avait pu caresser cet état fugace. Sa véritable énergie se mettant alors à circuler selon sa propre volonté, en suivant un chemin en accord avec ses instincts les plus basiques. Ce parcours avait été proche de la perfection, et de plusieurs fois plus rapide que celui de Lin Ming. C’est sous l’effet de cet état qu’il avait pu achever la Perfection du premier échelon de la Formule de l’Authentique Chaos Primordial.
Evidemment, c’était grâce au caractère formidable de son cœur des arts martiaux que Lin Min avait pu atteindre cet état. En sachant toutefois que ce n’était pas donné pour autant à tous les artistes martiaux possédant un cœur des arts martiaux exceptionnel.
Jusqu’à maintenant, Ling Sen avait été le seul à comprendre une inspiration martiale parmi les disciples de la Maison Martiale des Sept Véritables.
Son inspiration martiale était Ashura ! Lorsqu’il atteignait cet état, sa conscience s’éveillait sur le champ de bataille Ashura ; sur lequel il traversait d’innombrables batailles à corps perdu. Il lui arrivait fréquemment d’embrasser la mort durant ces luttes acharnées, avant de revenir à la vie et de retourner au combat. Le plus effroyable de tout cela venait du fait que l’instinct développé par Ling Sen à travers toutes ces situations de vie ou de mort s’imprimait au plus profond de son âme.
Un artiste martial pouvait tirer des avantages inimaginables d’un combat à mort ; voyant sa cultivation croître de manière fulgurante ! En revanche, il n’y avait aucun autre artiste martial tel que Ling Sen, capable de vivre ces expériences avec la garantie de rester en vie.
C’est ce qui expliquait la considérable aura meurtrière qui l’accompagnait. Peu importe que l’on considère le talent au combat ou l’instinct de survie, Ling Sen disposait d’un avantage considérable par rapport aux autres artistes martiaux à un niveau de cultivation équivalent. Il était d’ailleurs invincible parmi ceux de son niveau, et ce à travers tout le Royaume du Grand Avenir ; à tel point que ses capacités au combat véritables s’approchaient de celles d’un artiste martial à la Condensation de l’Impulsion.
Evidemment, si le fait d’avoir une aura meurtrière aussi importante s’accompagnait d’avantages, cela impliquait également des inconvénients. Quoiqu’elle eût permis d’élever ses capacités au combat à un niveau formidable, cette aura meurtrière avait également anéanti ses sentiments, le transformant petit à petit en une cruelle machine à tuer. D’où sa difficulté à franchir la partie de l’Epreuve du Rêve sollicitant les démons présents dans son cœur, là où il s’était affranchi des autres parties en un clin d’œil. Il avait utilisé près de la totalité du temps d’un bâton d’encens pour franchir cette partie de l’épreuve, et cela parce que la nature meurtrière de son cœur était trop pesante.
Toutefois, cela défiait tout de même les cieux, d’où la stupéfaction de Ta Ku lorsque Ling Sen lui dit que l’inspiration martiale de Lin Ming pouvait peut-être même surpasser son propre Ashura.
« Tu exagères. Il n’y a qu’une poignée d’élus qui parviennent à obtenir une inspiration martiale, même avec un cœur des arts martiaux supérieur à tous les autres. Est-ce que ce Lin Ming, qui n’est qu’un gamin de quinze ans, pourrait déjà être à même de comprendre quelque chose d’aussi incroyable que ton inspiration martiale ? »
« C’est la seule explication. Le cœur des arts martiaux de Lin Ming étant bien plus fort que le mien, sa capacité à comprendre les inspirations martiales pourrait également être plus importante que la mienne. Les progrès qu’il a fait au cours de ce mois ont été trop rapides ; et je pense que ça s’explique par une inspiration martiale. Les capacités augmentent de manière considérable au moment de la compréhension d’une intuition martiale, avant de diminuer et de se stabiliser », répondit Ling Sen.
« Ce serait donc ça. Ce Lin Ming est de plus en plus intéressant ! Ça vaut la peine d’attendre qu’il progresse. Et à ce moment-là, je me battrai certainement avec lui ! » dit Ta Ku en faisant inconsciemment craquer les articulations de ses doigts.
« La prochaine Guerre du Classement aura lieu dans quelques jours. Je suis convaincu que Lin Ming participera, ça te dit qu’on y jette un œil ? » demanda Ling Sen.
« Bonne idée. C’est pelant de passer son temps à s’entraîner. On verra bien jusqu’où est-ce qu’il sera capable d’aller. »
La Matrice des Dix Mille Morts était accessible une fois par mois, et cela faisait désormais vingt-sept jours que Lin Ming y avait participé pour la première fois.
Il allait naturellement participer une nouvelle fois ; un classement plus élevé signifiant plus de récompenses.
Jusqu’à maintenant, rien qu’un petit peu de temps passé à l’intérieur de la Chute du Bassin Glacial lui avait été d’un grand bénéfice. Quels avantages merveilleux sur l’entraînement pouvaient bien avoir les six autres matrices mortelles majeures ? Lin Ming était impatient de le découvrir. En particulier la Vallée du Tonnerre ; Hong Xi leur ayant recommandé de ne pas y accéder, ce qui signifiait qu’il devait y avoir quelque chose de spécial.
Lin Ming ne le savait pas encore, mais c’était bien cet état de l’Être qu’il avait atteint lors de son entraînement, connu en tant qu’inspiration martiale et dont Ling Sen avait dit qu’elle était en formation, qui lui avait permis de franchir la Perfection du premier échelon de la Formule de l’Authentique Chaos Primordial.
…
Ville du Grand Avenir, dans un pavillon renommé –
Le Pavillon de la Première Saveur était un restaurant qui partageait l’honneur, avec le Pavillon de la Grande Clarté, d’être parmi les établissements les plus réputés de la ville. En ce moment même, à l’intérieur d’une pièce située au deuxième étage et meublée de manière élégante, Zhu Yan était occupé à déjeuner ; Lan Yunyue se trouvant en face de lui, habillé d’une robe blanche comme la neige.
Elle mangeait sans faire de bruits et le silence qui régnait dans la pièce participait à rendre l’atmosphère inconfortable.
Zhu Yan prit une gorgée de soupe réalisée à partir de la chair d’un dragon du déluge. Puis, posant le petit bol aux lignes dorées sur la table, saisit une serviette en soie qu’il porta à ses lèvres. Il demanda soudainement :
« A quoi penses-tu ? »
« Rien du tout. Je ne pense à rien de particulier », répondit précipitamment Lan Yunyue en secouant la tête. Elle ne se sentait pas à l’aise face à Zhu Yan, comme si une pression invisible s’abattait sur elle en sa présence. Ces deux-là ne ressemblaient pas à des amoureux, mais plutôt à un empereur et à sa concubine. Et devant l’empereur, une concubine serait toujours prudente et effrayée.
Lan Yunyue savait pertinemment que même s’il l’appréciait, Zhu Yan pouvait tout aussi bien la quitter. Ce ne sont pas les prétendantes qui manqueraient si cela advenait. C’était dû à la disparité de leur position respective, engendré par la différence en terme de force et de statut qui les séparait.
Zhu Yan sourit mais quoiqu’il semblât amical, l’on pouvait voir un froid glacial caché dans ses yeux. Il avait bien conscience de ce qui la tourmentait ; c’était aujourd’hui qu’avait lieu le match entre Zhang Cang et Lin Ming, il était impossible qu’elle ne le sache pas.
Elle craignait que Lin Ming ne se fasse blesser sévèrement et, dans les faits, Zhu Yan s’était bel et bien inquiété de savoir ce que pouvait faire Zhang Cang tout en restant dans les règles. Il lui avait ainsi commandé de laisser une marque indélébile sur le corps de Lin Ming. C’était le meilleur moyen d’entraver sa progression dans les arts martiaux.
Evidemment, ce n’était qu’un début. Il comptait s’occuper de Lin Ming pas à pas. Prévoyant de détruire sa capacité à pratiquer les arts martiaux, avant de le laisser vivre le reste de sa vie en tant qu’invalide.
Zhu Yan jouait avec une cuillère en porcelaine blanche qu’il remuait dans une soupière en forme de nid d’oiseau posée devant lui, attendant que Zhang Cang ne lui transmette de bonnes nouvelles. Cependant, aucun talisman de transmission sonore ne s’était allumé jusqu’à maintenant.
