L'Etrange Vie d'un chat | Strange Life of a Cat | 回到过去变成猫
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Chapitre 13 : Les enfants, de nos jours!
Chapitre 12 : Le pire, ce sont les puces Menu Chapitre 14 : Le Népenthès serait donc un lis d’un jour ?

Yi Xin expliqua timidement la raison de cette visite. En apprenant que Zheng Tan avait des puces, le Professeur Lan se moqua du chat. Il lui lança un regard austère:

– « Bien fait! »

Sur ce, le Professeur alla quand même lui chercher le remède tandis que l’animal le suivait.

Quant à Yi Xin, il passa la serpillère au salon, comme on le lui avait demandé.

Le Professeur Lan était retraité de l’Ecole des Sciences de la Vie à l’Université de Chuhua. Même s’il n’enseignait plus, il avait toujours une influence considérable au département. Il conseillait beaucoup d’entreprises de la ville. Même s’il avait peu de meubles dans son appartement, sa fortune n’était pas négligeable.

Il souriait rarement, pour ne pas dire jamais et donnait l’impression d’être grincheux et trop sérieux. De temps à autres, il visitait le département de biologie. Autrefois, il avait décidé de d’assister à un cours de botanique. Les jeunes maîtres de conférences manquaient souvent de confiance en eux lorsqu’ils parlaient devant lui, tout comme les étudiants.

Ce n’était pas étonnant que Yi Xin ait bégayé en voyant l’homme. Il avait lui aussi passé sa licence là-bas. Le cours de botanique l’effrayait. Malgré tout, il était curieux. Le Professeur Lan n’était pas du genre à suivre les règles. Même le doyen du département ne parvenait pas à le convaincre de faire quelque chose qu’il ne voulait pas faire.

Alors pourquoi tolérait-il le chat ? Certainement pas à cause de son maître.

Zheng Tan avait gagné cette tolérance par un geste fortuit de gentillesse. Un mois auparavant, il était tombé sur la femme du vieillard, Madame Di, durant l’une de ses balades. La vieille dame, qui souffrait de problèmes au cœur, était au bord de l’arrêt cardiaque alors qu’elle aidait une femme qui habitait un bâtiment voisin à porter ses affaires.

Le Professeur Lan se trouvait à distance de la ville et la plupart des gens qui vivaient dans le quartier résidentiel étaient partis travailler à l’université. Comme la main de Madame Di tremblait, elle lâcha son flacon de médicament qui roula jusqu’au bas des escaliers. À ce moment-là, elle pouvait à peine marcher. Ce fut Zheng Tan qui descendit les escaliers et lui rapporta le flacon.

Elle put ainsi prendre son médicament à temps et éviter le pire.

Depuis ce jour-là, elle saluait toujours le félin avec un sourire. Si elle n’avait pas été à la maison ce jour-là, le Professeur aurait certainement réprimandé l’animal. Devant les autres, il avait du caractère, mais à la maison, c’était Madame Di qui faisait la loi. Bien sûr, elle ne lui rendait jamais la vie impossible en public.

Avec elle pour le soutenir, Zheng Tan n’avait plus du tout peur du vieil homme.

Le professeur Lan prit deux bouteilles. L’un d’entre elles contenait un liquide et l’autre de la poudre.

Le liquide devait être versé dans l’eau du bain afin d’éviter d’attraper des puces à l’extérieur. Zheng Tan l’avait déjà utilisé, mais il était à court et pensait qu’en demander plus aurait été abuser.

La poudre, quant à elle, devait être saupoudrée si l’on découvrait des puces. On ne trouvait ces produits nulle part ailleurs. Le vieil homme les fabriquait lui-même à partir d’ingrédients entièrement naturels. Si les chats venaient à en avaler accidentellement en léchant leur fourrure, cela ne leur serait pas nuisible. Non pas que Zheng Tan eut déjà léché la sienne.

Le vieillard versa de la poudre sur la paume de sa main et frotta tout le corps du félin.

Celui-ci regarda sa fourrure en bataille puis le Professeur avec un air de désapprobation.

Le professeur ne dit rien mais referma délicatement la bouteille et la remit dans son placard. Il peigna doucement les poils de Zheng Tan. Après que le chat fut bien brossé, il lui fit une caresse qui l’envoya presque à terre.

– « Je pourrais m’acheter une maison pour chats si je vendais ce remède. Etant donné que tu fais une excellente affaire, tu pourrais peut-être venir m’aider au jardin un de ces jours ? »

Le professeur ne s’attendait pas à ce que le chat comprenne. Il exprimait simplement son mécontentement à voix haute et en profitait pour caresser un peu Zheng Tan en guise de représailles.

Ce dernier remua les oreilles, secoua son pelage et ignora le vieil homme qui se parlait tout seul. Il quitta la pièce, disposé à rentrer chez lui.

Dehors, Yi Xin venait de finir de passer la serpillière. Il se tenait assis sur le canapé, rigide. N’importe qui aurait pu constater qu’il était nerveux.

Le Professeur Lan lui tendit les deux remèdes puis quitta à nouveau la pièce pour revenir un moment plus tard avec une petite bouteille de verre.

– « Ces deux bouteilles sont pour le chat. Demande à ton mentor, il t’expliquera. Celle en verre contient du pesticide dix fois concentré. N’oublie pas de le diluer d’abord. »

Puis il ouvrit la porte d’entrée, signifiant au chat et à l’étudiant que la visite était terminée.

– « Mer… Merci beaucoup. Pardon pour le dérangement! » Dit Yin Xin avant d’emboîter le pas à Zheng Tan.

Arrivé au quatrième étage, il lâcha enfin un soupir de soulagement.

Le jeune félin aussi se sentait plus à l’aise. Maintenant que le problème des puces était résolu, il avait l’impression d’être sur un nuage. Il ouvrit une boîte de poissons grillés et grignota pour faire passer le temps.

Mais avant même que tous deux n’aient eu le temps de prendre leurs aises, la sonnerie retentit.

À la fréquence des coups et au vacarme dehors, Zheng Tan devina l’identité des visiteurs. Il leva les yeux au ciel.

ײJe ne pourrais jamais me reposer.ײ

Yi Xin ouvrit la porte.

Dehors se tenaient trois petits garçons, tous du même âge que Jian Yuan. Eux aussi étaient en sixième, à la même école élémentaire et vivaient dans le même quartier. C’était les compagnons de jeu de Jiao Yuan. Zheng Tan les connaissait, mais pas Yi Xin.

Il s’apprêtait à les questionner mais l’un des enfants le devança :

– « Qui es-tu ? »

La question était directe. Le plus grand avait même sorti un rouleau à pâtisserie couvert de morsures de rats.

En voyant la vigilance et la méfiance dans le regard des trois enfants, le jeune homme se raidit.

Pendant cinq minutes, il tenta d’expliquer qui il était. Il sortit même sa carte d’étudiant.

Les trois garçons se rassemblèrent autour de lui pour voir la photo qui figurait sur le document, puis regardèrent à nouveau Yi Xin.

– « L’homme sur la photo, c’est ton frère, pas vrai ? On dirait qu’il a subi les aléas de la vie. » Dit l’enfant qui tenait le rouleau à pâtisserie. Il marqua une pause. Soudain il ajouta, ravi : « J’ai réussi à placer ‘aléas de la vie’ dans une phrase! »

– « Pense à l’utiliser dans ta prochaine rédaction, peut-être que tu auras un 90. » Dit un autre enfant en rendant enfin sa carte d’étudiant à Yi Xin.

Ils entrèrent tous les trois dans le salon et se sentirent rassurés en voyant que Zheng Tan était en un seul morceau, allongé sur le sofa. Si le chat allait bien, c’est que la personne était certainement une connaissance. Ils s’assirent donc sur le canapé.

Comme ce dernier était occupé, Yi Xin alla chercher une chaise dans la salle à manger.

Alors qu’il s’apprêtait à s’asseoir, il surprit les enfants en train de le fixer. Il les fixa en retour d’un air ahuri. Ceux-ci le regardaient comme s’il avait fait quelque chose de mal.

Le félin charbonneux les regarda et soupira. Il se dirigea vers le frigo, sauta et ouvrit la porte.

– « Oh. ~ ~ »

– « Charbon est un bien meilleur hôte. »

– « Ce sont les bases de l’hospitalité, Mr. Yi. Même un chat le sait. »

Yi Xin réussit à ne pas répliquer devant cette critique. ײP*tain, si c’était chez moi, je l’aurais su moi aussi. Mais c’est la maison du Professeur Jiao. J’ai peur de manger un paquet d’en-cas. Je suis, moi aussi, un invité!ײ

Le plus fort des enfants fut le plus rapide. En moins de deux, il était déjà devant le réfrigérateur en moins de deux et fouillant comme s’il était chez lui.

– « Xiong Xiong, je veux une mangue. La dernière fois, j’ai vu Jian Yuan en cacher. Regarde dans le placard. »

– « Je veux une pomme! »

L’étudiant sentit son visage tressaillir. Etaient-ils des vikings en train de piller un village ?

Xiong Xiong revint avec trois glaces à l’eau.

Yi Xin, regarda les trois garçons lécher leurs glaces et s’enquit :

– « Donc tous les trois, vous êtes ici parce que… ? »

– « Mon papi a dit qu’il y avait quelqu’un ici. Depuis quelques jours, nous n’avons pas vu Jiao Yuan, alors nous sommes venus demander pourquoi il ne venait plus à l’école. » Répondit le garçon qui avait reproché au jeune l’homme son manque d’hospitalité.

– « Heu… Et ton grand-père, c’est… ? »

– « Mon papi, c’est Lan Tiesu. »

Yi Xin eut du mal de garder le sourire.

Lan Tiesu était le nom du Professeur Lan.

Ainsi, ces enfants étaient les petits fils du professeur Lan, Lan Tianzhunn, le fils du professeur de chimie, Su An, et Xiong Xiong. Zheng Tan ne connaissait pas grand-chose des antécédents de Xiong Xiong. Il avait seulement entendu dire que sa famille avait de bonnes relations, y compris avec le principal.

Yi Xin savait que son patron se trouvait dans une autre province, mais ne savait pas où exactement. Il expliqua donc aux enfants qu’un problème était survenu et que la famille Jiao avait dû s’absenter une semaine.

– « Oh… »  Xiong Xiong n’était pas satisfait de cette explication. Ils étaient déjà entrés et sa mère, qui lui avait interdit de manger des glaces, allait certainement le gronder s’il rentrait ainsi à la maison. Autant finir la glace à l’eau avant de partir.

Il demanda à l’étudiant :  

– « Tu es du Département des Sciences de la Santé, pas vrai ? J’ai une question. »

Yi Xin se redressa :

– « Pose-la donc. »

– « J’ai entendu dire que si on ne mangeait pas de petit-déjeuner, notre corps mangeait des excréments. C’est vrai ? »

Zheng Tan, qui faisait semblant de dormir, écoutait attentivement.

Su An et Lan Tianzhu se penchèrent eux aussi vers Yi Xin.

Celui-ci garda son sourire. Il décida de répondre à cette question en des  termes académiques :

– « Ce n’est pas à proprement parler exact. La nourriture entre dans l’intestin grêle où les nutriments sont digérés et absorbés. Ensuite, le reste pénètre dans le gros intestin et quitte le corps sous forme de matières fécales et d’urine. Le gros intestin n’est pas comme l’intestin grêle, il n’absorbe rien sauf l’eau et les sels inorganiques. Donc même si tu ne prends pas de petit-déjeuner, le gros intestin n’absorbera aucun heu… ‘résidu résiduel’. »

– « Ma maman m’a encore menti! » Se plaignit Xiong Xiong.

– « Tu peux en discuter avec ta mère. »

– « Non. Elle va me punir en me faisant mettre à genoux sur la planche à laver. »

– « Ça, c’est pas grave. J’ai dû me mettre à genoux sur le clavier il y a deux jours. Ma maman a dit que je pourrais me relever lorsque la barre d’espace se serait détachée. » Dit Su An en grignotant sa glace à l’eau.

– « Pourquoi ? »

– « Pour vérifier que l’eau régale pouvait en effet dissoudre l’or, j’ai jeté les boucles d’oreilles dorées en forme de feuille de ma mère dans la mixture. Il se trouve que ça peut vraiment dissoudre l’or. »

Zheng Tan et Yi Xin restèrent tous deux bouche-bée. Quel enfant gaspilleur!

– « Mon papa m’a banni de son labo et ma mère m’a retiré mon argent de poche », poursuivit Su An.

– « Mais… » Lan Tianzhu s’essuya la bouche avec sa main : « Le châtiment corporel est illégal, non ? Tu peux appeler le 110. »

– « C’est inutile, j’ai essayé », répondit Xiong Xiong. « Après ça, ma mère a changé de planche à laver pour une plus grande. »

Encore une fois, Zheng Tan et Yi Xin en restèrent bouche-bée.

– « Putain, les enfants n’ont pas de droits de l’homme ! » S’exclama Xiong Xiong.

Lan Tianzhu lui jeta un regard noir :

– « Surveille ton language! »

– « Putain, les enfants n’ont pas de droits humains! » répéta Xiong Xiong.

Zheng Tan et Yi Xin renoncèrent.

Xiong Xiong retroussa son pantalon et leur fit voir des marques rouges sur sa jambe.

Cela surprit les adultes.

– « Wow, ta mère est vraiment sans pitié! » Déglutirent nerveusement Lan Tianzhu et Su An.

– « Non! » Répondit fièrement Xiong Xion. « Je me suis pincé moi-même pour me forcer à pleurer! Ma mère s’est sentie mal et a réduit la durée d’agenouillement d’une heure à cinquante minutes.”

Zheng Tan : « … »

Yi Xin : « … »

Pourquoi avait-il l’air victorieux ?! De quoi était-il donc si fier ?!

En écoutant la conversation entre les trois garçons, le félin se rendit compte à quel point il était incroyablement naïf lorsqu’il était petit.

Yi Xin jura mentalement : ײLes enfants de nos jours! Comment en sont-ils arrivés là?!ײ

Les trois enfants avaient terminé leurs glaces. Ils remirent à contrecœur leur sac à dos et s’en allèrent. Avant de quitter l’appartement, ils se rappelèrent cependant qu’ils devaient dire à l’étudiant et au chat qu’il y avait récemment eu des voleurs dans les environs. Apparemment, plusieurs familles auraient déjà été cambriolées. Ils ne devaient donc pas prêter leurs cartes d’accès, ni laisser des étrangers entrer dans l’immeuble.

Lorsque les trois garçons furent partis, Zheng Tan et Yi Xin purent enfin profiter du calme.

Faire bouillir de l’eau pour le chat, sécher sa fourrure, appliquer un remède et divertir des enfants… Tout ça en une journée. Yi Xin était exténué physiquement et mentalement. Il prit la décision de demander à son patron une augmentation quand il reviendrait. Sans  hésitation !

Zheng Tan ne s’intéressait pas à ce que pensait le jeune homme. Lui aussi était fatigué. Ces deux derniers jours avaient été comme un tour sur les montagnes russes. Se rappelant ce que lui avait dit Wei Ling, le jeune félin décida que le lendemain, il sortirait courir un peu.

Il alla alors se coucher tôt et s’endormit avant huit heures du soir.

L’étudiant modifiait sa rédaction sur l’ordinateur du Professeur Jiao. Il était deux heures du matin lorsqu’il eut fini. Il s’étira et éteignit l’ordinateur avant de se rendre au salon pour dormir sur le canapé.

En passant devant la chambre de Gu Youzi, il jeta un coup d’œil à l’intérieur. A la lumière du salon, il aperçut un grand Garfield en peluche au milieu du lit. Le chat noir s’était allongé sur le jouet, une patte repliée et une autre sur le gros visage souriant de Garfield. Il s’était vite endormi.

Yi Xin se mordit les lèvres. Quelle mauvaise posture!

Dans son rêve, Zheng Tan était devenu fort. Il avait attrapé le voleur.



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