Chapitre 67-Le Choix

S’agissant de l’Art des Feux, Xiao Yan ne souhaitait vraiment pas l’abandonner aussi vite. Après tout, la capacité de pouvoir évoluer vers une Technique de Dou Qi Céleste était vraiment alléchante. Sur cet immense Continent Dou Qi, une telle technique était la clef pour devenir le plus fort.

Mais toute puissante était la Méthode de Qi, le taux de réussite pour pouvoir la maîtriser n’était pas même de 20%. Ceci découragerait la plupart des gens. Xiao Yan serra fortement ses 10 doigts. L’expression de son visage changeait continuellement, entre hésitation et détresse. Voyant l’appréhension de Xiao Yan, Yao Lao montrait une forme de confusion. Au bout d’un moment, il soupira doucement :

« Tu es le seul à pouvoir décider. Je ne veux pas trop m’en mêler. Cependant, je souhaite te demander une chose… Quels sont véritablement tes sentiments envers cette jeune fille Xun Er ? »

« Eh ? » Se voir interrogé sur ce sujet par Yao Lao le surprit. Le visage de Xiao Yan rougit légèrement. Après un instant il dit avec un sourire forcé :

« Maître, pourquoi soudain me poser cette question? Xun Er est comme ma jeune soeur. Envers elle… quels sentiments pourrais-je avoir ? » À ces derniers mots, Xiao Yan semblait moins sûr.

« Hehe, ta sœur ? Tu sais aussi bien que moi que tu n’as pas la moindre relation de sang avec elle. Cette belle fille n’a que 15 ou 16 ans et la jeune génération du Clan Xiao éprouve déjà pour elle une admiration sans fin. Qu’est-ce que ce sera lorsqu’elle sera plus grande ? »

Yao Lao jeta un coup d’œil à Xiao Yan. Souriant légèrement, il dit:

« Imaginons par exemple qu’un jour un autre homme ne l’épouse, quelle serait ta réaction ? »

Avec un petit sourire forcé, Xiao Yan fronça lentement les sourcils. Il expira puis murmura : « Je… ce serait certainement difficile à accepter. »

« Hehe, puisque tu peux sentir que c’est difficile, c’est donc que dans ton cœur tu ne la vois pas seulement comme ta petite sœur … » Yao Lao souriait à moitié.

Le visage encore une fois rougi, Xiao Yan resta sans voix. Puis en étendant ses bras impuissants et toujours avec son petit sourire forcé, il dit :

« Maître, où voulez-vous en venir ? »

« C’est pour te faire réaliser ce que tu ressens pour elle… Dès lors que tu as pour elle une attirance, tu te dois d’abord de juger de tes propres capacités et de ta force. »

Le doute apparaissait sur le visage tendu de Yao Lao. Il pinça ses lèvres avant de poursuivre :

« Ce qu’il y a derrière cette jeune fille est assez effrayant… Je ne connais pas la vérité exacte sur son passé mais d’une manière ou d’une autre, le Clan Xiao, aussi modeste soit-il à l’air d’entretenir avec les siens une mystérieuse relation. Seulement cela ne réduit en rien la différence qu’il y a entre vous. L’écart entre vos 2 statuts est vraiment trop important. Et même si elle t’aime, ces gens derrière elle ne vont pas du tout être d’accord ! »

Les yeux fermés, Xiao Yan joignait sans s’en rendre compte les paumes de ses mains en les serrant fermement.

« Sur ce continent on ne respecte que la force. Avoir du pouvoir c’est aussi être digne. Tu as pu voir le comportement de Nalan Yanran. Si elle est si hautaine et si elle a pu se permettre de te dénigrer comme elle l’a fait, c’est bien parce que sa force est supérieure à la tienne ! »

Voyant la réaction de Xiao Yan, Yao Lao qui s’exprimait avec bienveillance et sincérité soupira.

« La puissance derrière Xun Er est plus effrayante encore que celle de la Faction des Nuages de Brume. À leurs yeux, tu n’es qu’un insecte. Même avec un talent exceptionnel, il est très peu probable qu’ils te considèrent comme quelqu’un d’important. Ils ont au fil des années croisé beaucoup de talents extrêmement développés… c’est seulement si tu es en mesure de provoquer chez eux de la crainte que tu pourras aboutir. »

Xiao Yan se frotta le nez et avec un haussement d’épaule, il demanda doucement :

« Est-ce que la pratique de l’Art des Feux pourra m’apporter la puissance nécessaire ? »

« En fait, Il n’y a qu’en pratiquant avec succès cette technique que tu pourras avoir une chance ! » Yao Lao secouait la tête alors qu’il le regardait de nouveau.

Le jeune homme soupira doucement, le menton appuyé sur la paume de sa main, il revoyait le sourire des premiers jours de l’élégante Xun Er. Son rire, tel le son d’une cloche d’argent, flottait dans ses oreilles.

Prenant une longue respiration Xiao Yan sourit amèrement et dit :

« Maître, vous dites tout cela mais déclarez ne pas vouloir vous mêler de ma décision ? »

« Hehe … » Yao Lao caressait son visage âgé et flétri alors qu’il laissait échapper un rire maladroit. Un peu gêné, il répondit :

« D’accord, j’admet que j’ai peut-être l’intention de t’influencer un peu, de mon point de vue, j’espérais vraiment que tu pratiques cet Art des Feux ».

« Tu dois savoir que je ne suis en fait qu’un simple esprit ? » Yao Lao étendait les bras en posant la question.

Xiao Yan hocha la tête.

« Une autre personne serait simplement qualifiée de morte, mais comme ma Perception d’Âme est bien plus élevée que la moyenne, j’ai survécu sous cette forme… » Yao Lao souriait avec amertume comme s’il se moquait de lui-même.

« Je n’aime pas vivre de cette façon, chaque jour me semble une illusion fausse et vide et il y a encore des choses que je dois accomplir personnellement, par conséquent, j’ai besoin de quitter cet état d’esprit. »

« Le Maître souhaite revenir à la vie ? » Xiao Yan cligna des yeux, quelque peu incrédule avant de continuer :

« Que je sache, il n’y a rien dans ce monde qui puisse faire revivre les morts ? »

« Dans des circonstances normales, c’est tout à fait exact. » Acquiesçant, c’est avec un regard passionné que Yao Lao enchaîna :

« Eh bien, selon les descriptions les plus obscures de l’Art des Feux, lorsque la technique est maîtrisée avec succès, on doit pouvoir utiliser plusieurs types de Flammes Célestes et forger un corps apte à abriter un esprit. Un tel corps serait une sorte de renaissance pour moi… »

« Je suis resté plongé dans cet anneau d’innombrables années dans un monde sans lumière dans l’espoir de rencontrer un jour une personne avec une Perception d’Âme suffisamment forte, capable de répondre à mes exigences. Je suis très chanceux de t’avoir finalement rencontré. »

Il fallait être subtile pour le percevoir mais un profond chagrin était gravé dans les traits du vieux visage ridé.

Yao Lao regarda les yeux noirs et profonds de Xiao Yan qui le fixait. Souriant avec amertume, il continua :

« Ah… prends ces mots comme les grognements oisifs d’un vieil homme. J’ai dit que je n’interférerais pas, mais finalement je n’ai pas pu m’en empêcher, je suis vraiment… »

Yao Lao qui se tournait en dérision secoua la tête. Il tendit ses mains noueuses, et d’une légère oscillation, les reflets d’un parchemin noir et d’un autre de couleur rouge apparurent respectivement sur ses paumes.

« Le rouleau rouge est une Méthode Qi de classe Di d’Attribut Feu de premier niveau, tandis que le rouleau noir est l’Art des Feux… » Yao Lao sourit en levant les deux mains.

Le visage flétri du vieil homme s’adoucit légèrement puis il dit sereinement :

« Fais ton propre choix et réfléchis aux facteurs qui te motivent, mais garde à l’esprit que quel que soit ton choix, tu seras toujours mon disciple et je ne te ferai jamais aucun reproche. »

Le menton reposé sur sa main, Xiao Yan regarda longuement les deux parchemins illusoires face à lui. Il se lécha ensuite les lèvres et haussa doucement les épaules en souriant:

« Bien que j’aie peur de la mort, sans pouvoir il n’y a pas d’honneur. Je refuse de subir à nouveau le genre d’humiliation que Nalan Yanran a pu m’infliger ce jour-là. Et de toute façon, si ça ne va pas, je pourrai toujours changer de Méthode Qi. »

Un sourire radieux illumina le visage délicat de Xiao Yan alors qu’il secouait la tête. Dans les yeux légèrement rouges et humides de Yao Lao, on pouvait voir se refléter la silhouette du jeune homme qui étirait sa main pour attraper fermement le rouleau noir.

À l’instant même où la main de Xiao Yan toucha le reflet du parchemin, un flot de multiples informations se déversa directement dans son esprit.