Han Shuo n’était pas le seul à le remarquer ; même Edwin et Belinda, qui se tenaient non loin de là, pouvaient voir le changement évident sur le visage du roi tribal à six cornes. Ils étaient perplexes quant à la façon dont ces quelques pierres colorées dans la main de Han Shuo pouvaient rendre le roi tribal à six cornes, habituellement impassible, si excité tout à coup.

Han Shuo observa le scintillement dans les yeux du roi tribal à six cornes, tout sourire. Il était plutôt amusé par le roi tribal à ce moment-là. « Alors, qu’en dis-tu ? Y a-t-il quelque chose qui t’intéresse ? » demanda Han Shuo d’un ton taquin.

« Il semblerait ! » répondit sans détour le roi tribal à six cornes. Juste après cela, avec beaucoup de difficulté, le roi tribal à six cornes détourna son regard de la paume de Han Shuo et fixa son visage pendant quelques secondes en silence avant de demander : « Ces mots que tu as prononcés tout à l’heure, sont-ils sincères ? »

« Quels mots ? » Han Shuo tenta de clarifier les choses, même s’il connaissait déjà la réponse.

« Les mots concernant ma compensation ! » dit le roi tribal à six cornes en regardant Han Shuo avec un sérieux mortel. Sa voix semblait quelque peu pressante. Son comportement à ce moment-là semblait très incohérent avec celui qu’il avait eu par le passé.

« Bien sûr. Dis-moi, lequel de ceux-ci pourrait le mieux compenser les pertes que tu as subies la dernière fois ? » Les cristaux dans sa main provenaient tous du Néant. Han Shuo pouvait reconnaître certains d’entre eux, mais pour d’autres, il ne savait même pas à quoi ils servaient. Cependant, comme ces cristaux provenaient du Néant, ils devaient être des objets laissés par ces dieux décédés. Les objets transportés par les dieux n’étaient presque jamais médiocres ; Han Shuo en était certain.

D’ordinaire prompt à répondre, le roi tribal à six cornes devint hésitant lorsque Han Shuo parla. De minuscules taches dansaient dans ses yeux, profondément concentrés sur la paume de Han Shuo. Il semblait réfléchir à un problème majeur. D’après son comportement jusqu’à présent, Han Shuo était certain qu’au moins quelques cristaux avaient grandement piqué l’intérêt du roi tribal à six cornes.

Les deux extraterrestres à cinq cornes qui se tenaient derrière le roi tribal à six cornes étaient immobiles. Ils semblaient plongés dans une sorte de torpeur, le regard rivé sur la paume de Han Shuo. Il semblait qu’eux aussi étaient profondément bouleversés. Après un long moment, le roi de la tribu à six cornes prit enfin une décision. Il tendit la main, désigna une pierre de la taille d’un œuf d’oie qui scintillait d’un éclat vert, et dit avec détermination : « Bon, c’est celle-là ! »

Han Shuo resta un moment interdit, puis observa attentivement la pierre verdâtre. Chaque pierre dans sa paume dégageait des fluctuations d’énergie que Han Shuo pouvait détecter. Cependant, Han Shuo n’avait aucune idée de la fonction spécifique de cette pierre vert brumeux. Han Shuo était intrigué de voir que le roi tribal à six cornes semblait très excité lorsqu’il désigna cette pierre.

« Si tu peux me dire à quoi sert cette pierre, je te la donnerai », dit Han Shuo après avoir réfléchi un instant.

« Cristal de rosée verte. Pour les membres de ma race, ce cristal permet d’étendre la portée de nos âmes. Il est très précieux ! » Le roi tribal à six cornes hésita un instant avant de répondre.

« Prends-la. Toutes nos dettes sont désormais effacées. Si je t’entends crier « petit voleur » une fois de plus, je te tabasserai avec plaisir ! » Han Shuo garda le nom de la pierre dans son esprit. Il lui remit simplement la pierre, qui ne lui était d’aucune utilité.

Le roi de la tribu à six cornes tremblait légèrement lorsqu’il reçut la pierre vert brumeux de Han Shuo. Après l’avoir soigneusement rangée, il ferma les yeux un instant.

Puis, dès qu’il rouvrit les yeux, il assura à Han Shuo : « Très bien ! Je n’en parlerai plus ! » Edwin et Belinda, qui semblaient plutôt nerveux depuis le début, poussèrent enfin un soupir de soulagement à ce moment-là. Tant qu’il n’y avait pas de conflit entre Han Shuo et le roi de la tribu à six cornes, le pape de l’Église de la Calamité ne leur ferait aucun reproche. Leur objectif était de mettre Han Shuo à l’aise et de le faire se sentir comme chez lui. Voyant que la tension entre Han Shuo et le roi tribal à six cornes s’était considérablement réduite, leur humeur s’est naturellement détendue. « Bien, nous n’en parlerons plus jamais. Maintenant, je veux savoir pourquoi, à l’époque, tu n’es pas venu me voir quand je t’ai provoqué ? »

Han Shuo posa cette question car il avait toujours trouvé regrettable que le roi tribal à six cornes n’ait pas été présent au Sanctuaire de Glace.

« Alors que je titubais dans cet endroit, j’ai été attaqué par ces gens. C’est pourquoi je me suis retrouvé coincé ici. » L’explication du roi tribal à six cornes confirma l’hypothèse de Han Shuo.

« C’était donc bien le cas », murmura Han Shuo en hochant la tête.

Han Shuo avait appris tout ce qu’il voulait savoir du roi tribal à six cornes. Étant donné la présence de ce roi tribal dans cette installation, il avait sûrement conclu une sorte d’accord avec l’Église de la Calamité. Pour Han Shuo, le roi tribal à six cornes n’était à présent qu’un personnage de plus qu’il pouvait réduire en bouillie s’il le souhaitait, et Han Shuo ne le considérait pas du tout comme une menace.

« Allons-y, conduisez-moi à mes quartiers. Je veux me reposer », après s’être étiré, Han Shuo jeta un coup d’œil et donna calmement ses instructions à Edwin et Belinda, qui se tenaient à côté de lui avec une extrême déférence.

Ils craignaient profondément qu’un conflit n’éclate entre Han Shuo et le roi tribal à six cornes. Ils étaient plus que désireux de voir Han Shuo quitter cet endroit. Ils s’inclinèrent humblement et lui montrèrent précipitamment le chemin.

Han Shuo ne savait pas ce que l’Église de la Calamité avait prévu pour lui ensuite. Edwin et Belinda le conduisirent dans une chambre spacieuse située non loin de celle du roi tribal à six cornes. Contrairement à la chambre rudimentaire du roi tribal à six cornes, celle de Han Shuo était somptueuse et équipée de toutes les commodités dont il pouvait avoir besoin. Han Shuo avait même l’impression de séjourner dans un palais magnifique.

Après avoir congédié Edwin et Belinda, Han Shuo ne se laissa pas aller à profiter de cet environnement confortable. Au lieu de cela, il s’assit en tailleur sur le lit, déploya commodément une barrière d’isolation qui lui garantissait une intimité absolue, et sortit le Saint Graal qu’il avait obtenu du Pape de la Lumière.

« Tu as enfin pensé à me chercher », dès que Han Shuo eut saisi le Saint Graal, ce cultivateur très malchanceux de l’édit de l’espace piégé à l’intérieur lui transmit un message.

« Oh, j’ai été quelque peu occupé ces derniers temps. J’ai failli oublier ton existence », répondit Han Shuo d’un ton apologétique avant d’aller droit au but : « Savais-tu que le Grand Dieu de la Destruction et le Grand Dieu de la Mort s’étaient associés ?

« Bien sûr. Afin d’obtenir des énergies divines encore plus puissantes, les deux grands dieux ont mobilisé leurs subordonnés pour semer le chaos sur tous les plans matériels à leur portée. Cela n’a jamais cessé. Tout le monde le sait. Pourquoi me poses-tu cette question ? » demanda l’âme à l’intérieur du Saint Graal, visiblement perplexe.

« Que sais-tu exactement des grands dieux de la Mort et de la Destruction ? » continua Han Shuo.

L’âme à l’intérieur du Saint Graal resta silencieuse pendant un moment avant de répondre : « Je ne peux pas évaluer les grands dieux en me basant sur mes sentiments. Des êtres d’un tel niveau dépassent notre compréhension. Mais d’après les rumeurs, ces deux grands dieux sont extrêmement sauvages et égoïstes. Ils n’ont aucun scrupule à faire quoi que ce soit qui leur soit profitable. Ils cherchent également à se venger pour les moindres griefs et sont très protecteurs envers leurs sujets, même s’ils sont dans leur tort. Ils exercent une influence considérable sur tous les plans matériels majeurs. À part les quelques autres grands dieux, personne n’oserait les provoquer. »

Han Shuo réfléchit un instant et décida finalement de lui exposer la situation actuelle. Comme cette âme était piégée dans le Saint Graal, Han Shuo pensait qu’elle ne pourrait pas lui jouer de mauvais tour. En tant que dieu cultivant dans l’édit de l’espace, ayant parcouru tous les principaux plans matériels, Han Shuo estimait qu’il devait posséder une extraordinaire clairvoyance. Han Shuo lui demanda donc son avis.

Après un court silence, Han Shuo expliqua sa situation actuelle à l’âme à l’intérieur du Saint Graal. Une fois Han Shuo ayant terminé, l’être à l’intérieur du Graal resta silencieux, comme s’il réfléchissait à ce que Han Shuo venait de lui dire. Mais après un certain temps, il répondit : « Eh bien, d’après tes paroles, tu n’as pratiquement pas d’autre choix. Il y a toujours des griefs entre les grands dieux, c’est pourquoi les plans matériels de haut niveau n’ont jamais connu la paix. Compte tenu de ta force actuelle, non seulement tu es incapable de protéger ce continent par toi-même, mais tu pourrais même être en grand danger. Ta décision peut être considérée comme sage. Te rallier temporairement à une puissance supérieure avant d’avoir acquis une force suffisante est certainement une solution. De plus, les grands dieux de la mort et de la destruction sont connus pour défendre leurs subordonnés même lorsqu’ils sont dans leur tort. Si tu pouvais obtenir leur confiance et leur faveur, non seulement ta sécurité serait en grande partie assurée, mais tu pourrais même obtenir une myriade d’avantages ! »

« Donc, tu veux dire que ma méthode ne posera pas de problème ? » demanda Han Shuo.

« Il n’y a aucun problème avec la méthode, mais il y a une chose à laquelle tu dois faire attention : bien que les deux grands dieux soient extrêmement protecteurs envers leurs subordonnés, ils ne se comportent ainsi qu’avec ceux qui montrent un potentiel ou des capacités. Les experts sous leurs ordres ont la même mentalité. Peu importe avec qui tu conclus un accord, tu dois démontrer ta valeur dans un court laps de temps, leur faire sentir que tu mérites d’être pris sous leur aile. S’ils considèrent que tu n’as aucune valeur, ils ne s’occuperont pas de toi et tu ne seras qu’un simple pion sacrifiable », l’âme à l’intérieur du Saint Graal marqua une courte pause avant d’avertir Han Shuo, lui donnant ainsi un indice sur la façon dont fonctionnent les personnes haut placées.

Han Shuo hocha vigoureusement la tête après l’avoir écouté. Après avoir pris le temps de digérer lentement ces paroles, Han Shuo sourit et transmit : « Je pense que je comprends ce que tu veux dire maintenant. D’ailleurs, nous nous connaissons depuis si longtemps, mais je ne connais toujours pas ton nom. »

« McKinley », répondit la voix à l’intérieur du Graal.

« Enchanté. Je m’appelle Han Shuo. Bon, j’ai besoin d’un peu de temps pour digérer tout ça. Au revoir pour l’instant. Je te contacterai si je tombe sur quelque chose. » Avant que McKinley n’ait le temps de répondre, Han Shuo rangea le Saint Graal et passa un long moment à réfléchir à sa décision.

Tout comme le Cimetière de la Mort, ni la lumière du soleil ni celle de la lune ne pouvaient pénétrer dans cette installation souterraine. Le temps semblait ne pas exister là-bas. Han Shuo eut l’impression de n’avoir passé qu’un court instant dans sa tête avant que Wolf et Burt Zili ne viennent l’inviter à partir.

« Sa Sainteté le Pape a informé les cardinaux de votre arrivée. Ils vous attendent actuellement dans le hall principal. Nous sommes ici pour vous inviter et vous y conduire », dit Wolf en marchant. Après une courte pause, voyant qu’il n’y avait personne autour d’eux, Wolf hésita un instant avant de chuchoter à Han Shuo : « Le cardinal le plus âgé de l’Église semble mécontent de votre arrivée. Il était le seul autre membre de l’Église aussi puissant que le pape. Il pratique la magie nécromantique. Il incite les cardinaux à vous demander de remettre le bâton squelette, sinon ils vous le prendront de force, affirmant que vos exploits dépendent tous de ce bâton. »

« Oh ? Intéressant. Eh bien, nous verrons bien ! » ricana Han Shuo.