Chapitre 1027 – Promotion et rétrogradation

Avant que les Huit sombres ne cèdent le contrôle de la Citadelle de Bronze, une bataille majestueuse se déroula pour régler les comptes. L’armée des diables, formée par transfert temporaire de personnel, verrait tous ses membres recouvrer immédiatement leur liberté une fois la bataille terminée.

« Ce n’est pas tout à fait juste d’appeler cela “retrouver leur liberté”, car ils conservent tous les souvenirs de la Guerre du Sang et considèrent que c’était leur devoir… Mais même s’ils respectent toujours leurs supérieurs, l’obéissance absolue qu’ils avaient en tant que subordonnés auparavant a disparu. »

Leylin jeta un coup d’œil à la succube Hanalin à ses côtés. Son regard était désormais clair. Bien qu’elle semblât impatiente de s’approcher de lui, il était évident qu’elle complotait encore plus intérieurement.

Il en était de même pour les diablotins et les lémures. Cependant, avant que les diables ne retrouvent complètement leur ordre, une tâche plus importante les attendait : régler tous les exploits et tous les péchés.

Les diables poursuivaient toute leur vie ceux qui les précédaient, tandis que ceux qui les suivaient inspiraient la peur. Leur hiérarchie était très stricte et leur système de pouvoir unique. Leur progression différait de celle des démons, qui pouvaient évoluer après avoir accumulé suffisamment d’énergie spirituelle lors de la Guerre du Sang. Pour les diables, c’était un processus beaucoup plus complexe.

Habituellement, un diable avait besoin de l’approbation de son supérieur direct pour être promu. Mais dans tous les cas, tout diable de rang supérieur pouvait révoquer une promotion.

En d’autres termes, si un diable mineur souhaitait progresser, il devait obtenir l’accord de son supérieur le plus faible, qui organisait alors une cérémonie de promotion. En revanche, si un diable majeur n’était pas satisfait de cette promotion, il pouvait la ramener à son statut initial.

Au sommet, les huit Archidiables divisaient la Force Originelle Mondiale de Baator. Ils géraient non seulement les diables et les promotions des damnés, mais pouvaient également briser les conventions et promouvoir des diables de moindre importance à travers plusieurs rangs.

L’autorité des Huit Sombres était immense. Ils pouvaient même promouvoir des démons plus puissants, et bien que leurs supérieurs originels aient le pouvoir de révoquer ce droit, la plupart ne s’y opposèrent pas.

Rétrogradations

Les Archidiables pouvaient également rétrograder un diable à son statut originel. C’était un symbole de honte, redouté par tous. Tout diable rétrogradé perdait une partie de son intelligence et était envoyé accomplir les tâches les plus humiliantes et les plus difficiles. Mais avant cela, il devait subir une punition.

Des cris de pitié résonnèrent dans la Citadelle de Bronze. Sur la vaste place, une sorte de cour suprême s’était installée, où les diablesoccupaient tous les sièges. Les êtres malchanceux ayant influencé négativement la bataille étaient placés dans la rangée des prisonniers.

Il y avait des spinagons, des lémures et d’autres diables mineurs, mais aussi des diablotins, des barbazus et quelques diables majeurs. Bien que leurs forces soient variées, l’expression commune était la terreur.

Leurs crimes avaient été établis et ils attendaient leur rétrogradation. Normalement, seuls leurs supérieurs disposaient de ce droit, mais les Huit Noirs possédaient l’autorité nécessaire pour administrer le châtiment. Telles étaient les règles de Baator.

À moins qu’un Archidiable plus puissant que les Huit Noirs ne vienne renverser leur règne, ces diables ne pourraient échapper au châtiment. Mais pourquoi une telle chose se produirait-elle ?

« Je vous déclare tous coupables. Vous serez rétrogradés. » Zapan, l’un des Huit Sombres, frappa du marteau. Le son sec provoqua d’étranges transformations parmi les pécheurs.

Ils hurlaient de douleur, leurs corps se déchirant tandis qu’une force invisible les entourait pour infliger le châtiment le plus sévère. La rétrogradation était une torture horrible qui arrachait une partie de l’intelligence d’un démon. Ils redevenaient sauvages et stupides, un état que les démons intelligents supportaient très mal.

Les pauvres créatures continuèrent de hurler tandis que les lois de Baator entraient en vigueur. Les corps des diables se brisaient et une multitude de vers de l’Enfer en sortaient pour leur donner leur nouvelle apparence.

La plupart des diables reconnus coupables étaient rétrogradés d’un rang. Un barbu devenait un spinagon, un spinagon un lémure. Leur front était marqué d’un symbole de honte, et ils n’acceptaient que les emplois les plus subalternes.

Les plus malchanceux furent transformés en nupperibo, xerfilstyx et autres démons rétrogradés. Leur puissance était réduite et leur personnalité profondément altérée.

De nombreux démons ordinaires observaient la scène avec crainte, incités à respecter les règles et à travailler avec diligence.

Promotions

« Ensuite, place aux promotions ! » déclara Baalzephon après le retrait de Zapan. Contrairement aux rétrogradations, les promotions étaient source de réjouissance, rares et précieuses.

Pour les diables, chaque promotion représentait une opportunité. Elle nécessitait généralement une cérémonie tenue par leurs supérieurs, qui devaient l’approuver au préalable. Une énorme quantité d’énergie spirituelle était consommée.

À ce moment-là, les supérieurs approbateurs étaient les Huit Sombres, et l’énergie de l’âme accumulée lors de la Guerre du Sang servait pour la cérémonie.

L’ordre des diables était simple : du plus élémentaire au plus puissant. D’abord les lémures et spinagons, puis les diables mineurs (barbus, diablotins, diables d’acier, kytons, diables de douleur, amnizu) et enfin les diables majeurs (diables d’os, orthons, barbazus, diables de glace, diables cornus, dogai, paeliryons, etc.). Les damnés des fosses occupaient le sommet. Chaque diable avait un rang supérieur à celui de ses congénères.

Les promotions et rétrogradations suivaient cet ordre, généralement d’un seul cran. Un diable d’acier devenait un kyton, un kyton un diable de douleur. Un bond de deux échelons nécessitait une énorme énergie spirituelle. Des cas particuliers, comme les érinyes, succubes, nupperibo et xerfilstyx, apparaissaient selon les circonstances.

Leylin observa les démons autour de lui. La plupart souriaient, satisfaits de leurs promotions. Même en affrontant leurs supérieurs à leur retour, ils n’oseraient probablement pas annuler la décision des Huit sombres. Un grand profit pour eux !

Même sans exploits suffisants, l’énergie accumulée en valait la peine. Leylin avait tué un marilith et un balor, ce qui garantissait sa promotion, et ses subordonnés avaient aussi une chance.

Du point de vue de Leylin, cette cérémonie n’était pas très différente de la rétrogradation. Le corps originel était décomposé et un nouveau devait être modelé. C’était tout aussi sanglant, et les faibles de volonté sombraient facilement dans le chaos ou s’évanouissaient. La promotion conservait la mémoire et l’intellect, mais changeait radicalement la personnalité.

La seule exception digne d’intérêt était Hanalin. La plupart des diables inférieurs sous les ordres de Leylin ayant péri lors de l’attaque du Balor, ses exploits avaient été surpassés par ceux de Leylin. Elle était devenue une puissante Érinyes.

Même son ancien supérieur ne pouvait être qu’un succube. Leylin imaginait déjà le vacarme lors de son retour. Les démons, souvent stricts avec leurs subordonnés, verraient Hanalin chercher à rabaisser son supérieur. Avec sa nouvelle puissance, ses plans seraient plus réalisables.

Cette promotion à grande échelle valut aux Huit sombres les louanges de tous les diables : commandants bienveillants, maîtres généreux, et autres titres flatteurs.

« La façon dont cette promotion est organisée est trop magnanime. Les mérites de nombreux diables restent douteux et ils ont tout obtenu… Ils ne respectent même pas leurs supérieurs… » pensa Leylin.

Il pressentait déjà les troubles à venir lorsque ces démons reviendraient auprès de leurs supérieurs. Avec leur ruse, c’était inévitable.

L’officier supérieur temporaire de Leylin, Baalzephon, arriva devant lui.

« Brave guerrier, tu as tué un Balor sur le point d’évoluer ! Cet exploit devrait te permettre de devenir un damné. » Baalzephon semblait sincèrement désolé, comme profondément indigné pour Leylin.

« Malheureusement, votre supérieur, le cupide Azlok, est un fou jaloux. Nous ne pouvons donc pas autoriser votre avancement sans son approbation… » Les regards des diables se tournèrent alors vers Leylin, le ridiculisant.