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L’Avènement des trois calamités | Advent of the three calamities
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Auteur : Entrail_Jl

Traductrice : Moonkissed

« Quoi… ? »

Je pouvais sentir le doute dans la voix de chacun pendant que je disais mon morceau. En me massant le visage, je regardai le Chef de poste de la Guilde des Chiens Noirs. Ses yeux rouges me fixaient froidement alors qu’il se tenait immobile sur place.

Il y avait quelque chose d’inquiétant dans son regard.

Je ne pouvais pas vraiment le mettre en mots.

Cependant, pour une raison quelconque, je sentis ma poitrine s’alourdir.

‘Il n’a pas l’air inquiet du tout.’…

Était-ce juste du bluff, ou avais-je peut-être mal deviné ?

Avec le recul, je n’étais pas entièrement sûr de mon hypothèse. Il y avait des indices ici et là, et s’il était vraiment en possession de la page manquante, il y avait aussi une chance que les monstres ne l’attaquent pas.

Pourquoi… ?

‘Parce que c’est l’arbre qui contrôle les monstres.’

Ou du moins, c’était ce que je supposais.

Le timing était trop parfait.

De l’Ombre Écarlate aux « Mangeurs Silencieux » qui avaient soudainement fait leur apparition en ville. Rien de tout cela n’avait de sens à moins que ce ne soit planifié à l’avance.

C’était la seule explication possible à laquelle je pouvais penser… Et si le Chef de poste des Chiens Noirs était vraiment celui qui détenait la page, alors il y avait de fortes chances que les mangeurs ne l’attaquent pas.

Sentant toujours les mêmes yeux rouges sur moi, je me tournai vers le Chef de poste à côté de moi. Contrairement à Karl, ses yeux étaient blancs et son teint était noir.

‘Il s’appelle Lennon, non… ?’

Rester à quelques mètres de lui me mettait déjà la pression.

« Qu’est-ce que tu essaies de dire ? »

Sa voix grave parvint à mes oreilles.

Pinçant légèrement les lèvres, je levai les deux mains en signe de soumission.

« Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je me rends. Tu peux faire ce que tu veux de moi, mais… »

Je tournai la tête pour croiser ces yeux d’un rouge sang intense.

Une fois de plus, je sentis ma poitrine se serrer à leur vue.

Pourquoi…?

« … avant de m’emmener, vous ne verrez pas d’inconvénient à vérifier si mes paroles sont vraies ou non, n’est-ce pas ? Cela ne vous coûtera pas grand-chose de toute façon. »

« … »

Lennon resta silencieux tandis que ses yeux blancs restaient fixés sur moi. J’avais du mal à comprendre ce qu’il pensait.

Il tourna ensuite la tête pour regarder les autres chefs de poste.

Ils étaient trois……

J’ai pu en reconnaître deux.

Avec des cheveux roux mi-longs, un grain de beauté sous le menton et des yeux assortis à la teinte ardente de ses cheveux, se tenait Alyssa Karline, la Chef de poste de la Guilde du Phénix de Feu.

À côté d’elle se tenait un homme plus grand et plus mince. Il avait la tête dégarnie et les yeux bridés.

C’était le chef de poste de la Guilde du Corbeau Noir, Jack Whitlock.

Ils étaient les deux seuls que j’étais capable de reconnaître grâce aux souvenirs que j’avais extraits.

Quant au dernier, je n’en avais vraiment aucune idée.

Mais cela n’avait pas d’importance….

C’était le contenu de leur conversation qui m’intéressait le plus.

« Devrions-nous l’écouter ? »

« Ça ne ferait pas de mal. Il n’y a rien à perdre avec l’accord. Il semble savoir quelque chose. »

Ils ne prenaient même pas la peine de baisser la voix en parlant.

« Karl pourrait ne pas aimer ça. »

« Pourquoi ça ne lui plairait pas ? Ce n’est rien pour lui. En fin de compte, il emmènera juste le cadet avec lui. »

« C’est vrai. »

« Qu’en penses-tu, Karl ? »

Les chefs de poste se tournèrent pour regarder Karl qui restait immobile sur place, son expression difficile à lire. Je le fixai de là où j’étais, essayant de deviner son expression, mais plus je regardais, moins je voyais.

C’était extrêmement étrange.

Au point que je sentis les poils de mon bras se hérisser.

Et le fait qu’il ne prît même pas la peine de s’adresser à eux mais me regardât fixement ajouta à ce sentiment.

« Comme prévu, tu dois être éliminé. »

Sa voix était froide et grave, légèrement voilée. Immédiatement, tout le monde se tourna pour le regarder. Sa façon d’agir… les avait clairement choqués.

Ba… Boum !

Mon cœur bondit.

Une sensation étrange s’empara de ma poitrine.

Je fermai alors les yeux.

« … »

Je baissai la tête pour regarder ma main.

Elle tremblait à nouveau.

Pas à cause de la nervosité, mais d’une certaine prise de conscience.

Une prise de conscience qui me fit frissonner.

« Houh. »

Je pris une profonde inspiration.

« Karl, est-ce que ça va ? Qu’est-ce qui se passe… ? »

Les autres chefs de poste regardaient Karl d’un air méfiant. Jetant un coup d’œil sur eux, Karl ne répondit pas et continua à me fixer du regard.

« Ça avait raison. »

Par « ça », il voulait probablement dire l’arbre.

« … Ce n’est pas eux le problème, c’est toi. »

« Karl ? »

« Qu’est-ce que tu racontes… ? »

Je restai silencieux, fixant ces yeux rouges.

Squeeze. Squeeze.

Des racines familières commencèrent à apparaître sous le sol, s’enroulant autour de mes pieds et remontant jusqu’à mon corps avant d’atteindre mes yeux et ma bouche, où elles commencèrent à les séparer.

Ma vision se brouilla….

Et le monde devint silencieux.

Je n’entendais rien, pas même un souffle de vent.

Baboum ! Baboum !

La seule chose que je pouvais entendre était le faible bruit de mon propre battement de cœur.

Il s’affaiblissait de plus en plus à chaque seconde.

« Hmm ! Hmmmm ! »

« Umm ! »

Ce silence fut brisé par de faibles gémissements venant de loin.

Ils suffirent à me faire ouvrir les yeux.

‘H-Haaa…’

Ma poitrine se serra à la vue de ce qui se déroulait sous mes yeux.

Et l’air s’échappa de mes poumons.

‘… Alors c’est comme ça.’

Des feuilles rouge sang s’éparpillaient dans mon champ de vision, recouvrant la ville qui se cachait en dessous.

‘Hmmm… ! Hmm !’

Des mains s’étiraient de l’écorce d’ébène de l’arbre tandis que des gémissements résonnaient partout.

Squeeze. Squeeze.

Un son familier chatouilla mes oreilles.

Mes tripes se mirent à remuer au son de ce bruit, tandis que des racines glissaient des coins de mes joues, entraînant lentement mes yeux et mes oreilles vers l’arrière.

« …. »

Je fus paralysé.

Figurant immobile dans l’arbre, mon cœur s’engourdit.

‘Hmmm… !’

Je parlai, mais aucun mot ne sortit.

Je me débattis, mais mon corps refusa de bouger.

Ploc. Ploc.

J’ai vite abandonné et j’ai fermé les yeux.

« …. »

Tout autour de moi est devenu silencieux.

Il n’y avait plus que moi et mes pensées.

‘Quand… ?’

Mon esprit était vide.

Depuis quand… l’arbre m’avait-il possédé ?

‘H-haa.’

Le poids sur ma poitrine augmentait….

J’avais envisagé cette possibilité. Je voulais la réfuter, et pourtant elle s’est finalement réalisée.

Tout cela.

‘Depuis le tout début…’ Tout cela n’avait été qu’une illusion.

« Haa… Haa… »

Comme si un rocher reposait sur ma poitrine, j’avais du mal à respirer.

Les indices étaient là.

Le moment choisi par l’Ombre Écarlate, et les monstres. Le fait que toutes les informations sur l’arbre manquaient….

Et les racines bizarres qui apparaissaient sans cesse ici et là.

L’arbre… Il s’était déjà emparé de moi et me laissait simplement, ainsi qu’à tous ceux qu’il avait absorbés, vivre tranquillement dans une illusion qu’il avait créée afin de pouvoir absorber la force vitale de ceux qui s’y trouvaient.

Aucun de nous ne le savait.

L’illusion était parfaite….

Presque parfaite.

Mais en même temps, les indices étaient cachés à la vue de tous.

Mes souvenirs de l’époque avant d’avoir été absorbé par l’arbre avaient disparu, mais en y repensant, dès que j’étais entré dans la gare, je me souvenais avoir ressenti quelque chose.

Un étrange chatouillement sur mes joues et mes chevilles.

‘C’est ça, ça doit être ça.’…

C’était le point de départ de l’endroit où mes souvenirs avaient été effacés.

Alors… ?

La vision que j’avais eue lors de la quête… c’était en fait la deuxième fois que je la voyais. Seulement, quoi qu’il se soit passé auparavant, j’avais échoué.

« Haa… Haa… »

Je sentis mon corps se refroidir à cette prise de conscience.

‘Horrible.’

Cet arbre…

C’était horrible.

« H-ha. »

Et maintenant ?

J’avalai ma salive.

À chaque seconde qui passait, je sentais mon esprit se multiplier. L’arbre me dévorait lentement….

Je savais qu’il ne me restait plus beaucoup de temps.

Et pourtant, le sentiment d’impuissance que je ressentais semblait s’accroître.

Il y avait encore beaucoup de questions auxquelles je ne connaissais pas la réponse.

L’arbre me visait-il parce que j’étais le seul à chercher des indices à son sujet, ou y avait-il une autre raison… ?

Je repensai aux paroles de Karl.

« Il avait juste. »

« … Ce n’est pas eux le problème, c’est toi. »

Je sentis ma bouche se dessécher.

‘Qu’est-ce que je suis censé…’

Mes pensées furent interrompues.

Avant que je ne m’en rende compte, l’obscurité qui m’entourait avait disparu.

Le monde autour de moi était d’une teinte rouge familière.

« … »

Karl se tenait à l’extrémité opposée, le regard entièrement fixé sur moi, ses yeux rouges complétant la toile de fond du monde.

Je frissonnai sous son regard.

C’était comme s’il savait que je savais.

« Haa… Haa… »

Et ma respiration s’accéléra.

La sueur commença à couler le long de mon visage.

« Ceci… »

Et puis,

Bang…

« Hiiiiiieeeek- »

Le mur distant explosa, et un grand cri résonna dans toute la station. Une main énorme sépara les morceaux brisés, révélant une silhouette grande et décharnée rappelant les « Mangeurs Silencieux », mais bien plus grande et grotesque.

Sa chair semblait se détacher de son visage, et son sourire était encore plus épais.

Grondement ! Grondement !

Le monde commença alors à trembler.

Bruit sourd !

Alors que le pied de la créature s’enfonçait dans le sol, ses grands yeux scrutaient les environs avant de se fixer dans notre direction.

« Hiiiiiiiiiiieeek- »

C’est alors qu’il poussa un grand cri et que la barrière défensive qui nous entourait trembla.

« Ouch… ! »

« Qu’est-ce que c’est que ce truc ? ! »

Les chefs de poste étaient naturellement secoués par la situation.

En regardant le monstre, je me sentis engourdi.

J’avais du mal à réfléchir.

‘Que dois-je faire… ?’…

Je commençais à perdre la raison.

‘Non, je dois me calmer.’

Bien que je me sois dit cela, j’avais du mal à le faire.

En partie à cause de l’effet de l’arbre sur mon esprit, et en partie à cause de la peur qui s’était emparée de moi.

Boum ! Boum !

Des bruits de pas lointains résonnaient.

À chaque pas, le sol tremblait.

Il se rapprochait de plus en plus de nous.

Cependant, je n’avais pas le temps d’y prêter attention. Mes pensées étaient troublées par la situation.

‘Que dois-je faire ? Que dois-je faire ? Que dois-je…’

Je m’arrêtai à un certain moment et levai les yeux.

Deux yeux rouges me fixaient.

‘Ah.’

Et c’est là que je réalisai.

‘Exact…’

Pendant tout ce temps, l’arbre avait caché des informations sur lui-même. Chaque fois que j’essayais quelque chose, il déplaçait l’illusion pour me rendre la tâche plus difficile. C’était presque comme s’il gagnait du temps pour me « digérer » complètement.

Puis…

‘Il doit y avoir des règles qu’il doit suivre.’

Et,

‘… Il doit aussi avoir une faiblesse.’

Je regardai droit dans la direction de Karl.

Cette faiblesse n’était pas difficile à deviner.

« La page… »

J’ouvris la bouche pour parler, me calmant enfin quelque peu.

« … J’en ai besoin. »

Telle était sa faiblesse.



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