Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Je restai immobile sans dire un mot. En regardant l’homme qui se tenait devant moi, j’eus l’impression que tous les poils de mon corps se dressaient.
Il était…
‘Très fort.’
Trop fort pour que je puisse l’imaginer.
Le simple fait de me tenir devant lui était suffocant.
Mais ce n’était pas son pouvoir qui m’avait impressionnée. Non, c’était ses yeux.
« Megrail. »
Des pupilles jaunes…
Le trait symbolique des membres de la famille Megrail. Je le savais bien à cause d’Aoife. Ses yeux étaient également de la même couleur. En fait, en y regardant de plus près, il semblait lui ressembler également.
Mais… pour quelle raison un membre de la famille Megrail m’appelait-il Pechda ? Ne serait-ce pas parce que l’organisation avait enfoncé ses crocs dans la famille royale de l’Empire… ?
« Tu ne me laisses pas entrer ? »
« …. »
Fixant le sourire chaleureux de l’homme devant moi, je me suis presque perdue dans mes pensées. Il y avait quelque chose d’inquiétant chez lui que je ne pouvais pas expliquer.
Me ressaisissant, je fis un pas de côté sans dire un mot.
Quoi qu’il en soit, je devais me concentrer.
Il était important que je ne montre rien qui puisse révéler que je n’étais pas Julien.
« Merci beaucoup. »
En entrant dans la pièce, l’homme regarda autour de lui avec désinvolture avant de s’asseoir sur mon siège et nos regards se croisèrent.
Je fixai ses pupilles d’un jaune intense.
« C’était une merveilleuse performance. »
Il commença par un compliment. Que j’acceptai d’un signe de tête.
« Merci. »
« … Oh ? »
Mais il semblait que j’avais déjà fait une erreur car il haussa les sourcils.
« Tu n’es pas très bavard aujourd’hui. »
Je me figeai à ses paroles. Il me fallut toute ma volonté pour empêcher mon cœur de battre plus vite. J’avais peur qu’il le remarque. Heureusement, j’étais assez habile pour contrôler mes émotions.
En regardant autour de moi, je trouvai une place libre et m’assis.
Massant mon visage, je marmonnai :
« Le spectacle m’a épuisé. »
« Ha… »
Avec un petit rire, l’homme acquiesça.
« C’est compréhensible. Tu as toujours eu du mal à contrôler tes émotions. Ça a dû être génial de pouvoir enfin te laisser aller pour une fois, non ? J’ai presque vu l’ancien toi là-dedans. »
« … Oui. »
J’ai senti mon cœur battre un peu plus vite.
Je marchais sur une fine couche de glace. Une couche extrêmement fine. Un faux pas et j’avais l’impression que tout allait s’effondrer.
Mais…
Dans le danger, il y avait aussi une opportunité.
‘Alors le vrai Julien agissait comme ça… ?’
De l’information.
C’était une excellente occasion pour moi d’en apprendre davantage sur l’ancien Julien et l’organisation à laquelle j’avais affaire.
Mais avant cela, je savais que j’étais loin d’être au clair.
Et comme prévu, l’instant d’après, l’atmosphère devint extrêmement oppressante alors que je perdais mon souffle.
« Je me le demande depuis un moment, Phecda, mais pourquoi agis-tu seul ces derniers temps ? »
Tout mon corps se tendit à sa question.
« … Depuis ton ingérence avec le professeur jusqu’à tout le reste qui a suivi. Tu t’es un peu trop mêlé de tout, non ? »
Bien que sa voix soit calme, je pouvais sentir la rage sous-jacente cachée dans ses mots, et l’air était encore plus étouffant.
« … »
Pendant un bref instant, j’eus du mal à parler.
« Eh bien ? »
C’était difficile de parler alors que j’avais l’impression qu’un énorme rocher reposait sur ma poitrine.
Serrant les dents, je levai la tête pour le regarder dans les yeux.
Finalement, je parlai.
« Tu devrais savoir pourquoi. »
L’atmosphère se figea alors. La tête relevée, je gardai mon attention fixée sur ses yeux d’un jaune intense qui me fixaient avec une froideur qui me fit frissonner.
Au moment où je remarquai que ses lèvres étaient sur le point de s’ouvrir pour parler, je l’interrompis et continuai.
« Elle surveille chacun de mes mouvements. Elle me soupçonne. Pour cette raison, je ne peux contacter personne. »
« … »
« J’ai aidé quand j’ai pu, mais il y a une limite à ce que je peux faire avant que mon identité ne soit compromise. C’est pour cette raison que j’ai choisi d’intervenir. J’essaie de gagner sa confiance. »
Je savais que ce jour allait arriver. Je m’y préparais depuis un certain temps déjà. C’est pour cette raison que j’ai pu agir rationnellement.
Je suivais simplement le scénario que j’avais préparé dans mon esprit.
« … Mais ne te méprends pas. J’ai aidé quand j’en ai été capable. Tu devrais être au courant de ce qui s’est passé à la prison. »
Je désignai mon propre corps.
« C’est à cause de moi qu’ils ont pu s’échapper. Je suis sûr que toi, plus que quiconque, devrais pouvoir le confirmer. »
C’était vrai, et c’était aussi un risque calculé que j’avais pris.
Dès que j’ai compris que l’ancien Julien faisait partie de l’organisation, j’ai su que quelque chose comme ça allait arriver.
C’est pour cette raison que j’ai pris le risque calculé d’échouer la mission de quête.
Je savais qu’il était important d’avoir des alliés au sein de l’organisation. Pour cela, j’ai aidé le Professeur. Mais ce n’était pas la seule raison. L’autre raison était que je savais que quelque chose comme ça allait arriver.
J’avais besoin d’une sorte d’alibi pour prouver que je continuais à faire des choses pour aider l’organisation.
C’était un risque que j’étais prêt à prendre pour rendre mon histoire plus crédible. Et je commençais à croire que j’avais fait le bon choix.
« … »
« … »
Voyant que le sentiment d’oppression qui persistait dans la pièce disparaissait, je sus que mon histoire fonctionnait.
Je terminai mon discours par une question.
« J’ai bien interféré dans plusieurs missions, mais les dégâts que j’ai causés sont insignifiants à l’échelle des choses, non ? »
« … »
Une fois de plus, il resta silencieux tandis que ses pupilles jaunes parcouraient mon corps.
Le silence s’empara de la pièce alors que je sentais son regard sur moi. Avalant silencieusement ma salive, je le fixai sans détourner mon regard.
C’était étouffant, mais je savais que je ne pouvais pas détourner le regard.
Pas encore.
Pendant tout ce temps, il resta silencieux, sans dire un seul mot. De là où j’étais assis, je ne pouvais pas dire ce qu’il pensait ou ce qu’il ressentait.
Il avait juste un air détaché.
Mais le silence ne dura pas longtemps. Ouvrant la bouche, il finit par parler à nouveau.
« Comment est ta relation avec elle ? »
L’air sembla instantanément plus léger et je soupirai secrètement de soulagement.
« … Tu ne devrais pas déjà le savoir ? »
Un sourire se dessina enfin sur son visage.
« Je sais, mais je veux quand même demander. »
« … Il n’y a encore rien de concret. »
Le sujet de la conversation n’était autre que Dalilah.
Étant donné que l’organisation semblait avoir des yeux partout, je pensais qu’ils savaient qu’elle me surveillait de près.
J’ai choisi d’utiliser cela à mon avantage et de faire croire que je faisais profil bas pour ne pas être découvert tout en construisant une relation avec elle.
Cela s’est avéré être la bonne décision.
« Je ne sais pas du tout ce qu’elle pense. Pour l’instant, on dirait qu’elle me garde près d’elle pour m’observer. Mes mouvements sont limités. Tu devrais comprendre pourquoi je fais ce que je fais. »
« Je sais. »
« Alors pourquoi m’as-tu envoyé ces chevaliers ? »
« Ha… »
Avec un autre sourire, l’homme se leva lentement.
« Considère ça comme un avertissement. Je voulais juste voir à quel point tu t’étais investi dans ton nouveau rôle. »
« … »
Je le regardai sans rien dire.
Voir à quel point je m’étais investi dans mon nouveau rôle ?
Que voulait-il dire par là ?
« Il n’y a pas de quoi être si contrarié. Je n’ai utilisé qu’une légère hypnose sur eux. Ils n’auraient pas dû représenter une menace pour toi, pour commencer. Le bon côté des choses, c’est que ça a pimenté la pièce, non ? »
Ce salaud…
« Pour l’instant, continues à faire ce que tu fais. Ce que tu m’as dit correspond plus ou moins à ce que je soupçonnais. Si tu as besoin d’aide, tu peux toujours me contacter. Sinon, je trouverai un autre moyen de te joindre. Fais-moi un rapport de tout ce que tu remarqueras chez elle. »
En se dirigeant vers la porte, l’homme se retourna et nos regards se croisèrent à nouveau. Bien que son sourire semblait chaleureux, je ne ressentis que des frissons.
« Continue comme ça, Phecda. »
Clank !
La pièce redevint silencieuse après son départ.
Mais même lorsqu’il partit, je restai tendu. J’avais l’impression que des années avaient été retranchées de ma vie à ce moment-là.
Notre conversation n’avait duré que quelques minutes, mais elle m’avait semblé une éternité.
« Huu. »
Ce n’est qu’après quelques minutes supplémentaires que j’ai finalement poussé un long soupir et laissé mon corps se détendre.
« … Foutu. »
Ma situation était foutue.
Mais…
« Haha. »
D’une manière ou d’une autre, j’ai réussi à me sortir de ce pétrin.
Malgré tout, les choses étaient loin d’être terminées. Ce n’était que le début. Je le savais. Les choses allaient devenir beaucoup plus problématiques pour moi à l’avenir.
Malgré cela, je n’avais pas peur.
Peu à peu, ma force augmentait, tout comme ma conscience de ma situation.
À l’avenir, je prévoyais de tirer pleinement parti de ma situation pour atteindre mes objectifs. C’était pour cette raison que je devais rester patient.
Mon heure approchait, et il ne me fallait qu’un peu plus de temps.
[L’acte final : Vous avez surmonté l’événement.]
La notification attendue est enfin arrivée alors que ma vision s’embrasait.
[Vous avez réussi à empêcher Aoife d’être prise pour cible pendant la pièce, l’empêchant ainsi d’être gravement blessée.]
■| Progression du jeu EXP + 6 %
Progression du jeu : [0 %-[7 %]————————100 %]
■| Progression du personnage EXP + 39 %
Exp : [0 %—[11 %]———————100 %]
« Haa… »
Je fermai les yeux et laissai le pouvoir s’infiltrer dans mon corps. Un courant chaud circula alors que la densité de mon mana augmentait.
C’était une sensation familière. Une sensation à laquelle je commençais lentement à devenir accro.
Je voulais me prélasser dans cette sensation plus longtemps, mais elle ne dura pas longtemps car elle s’arrêta bientôt.
Quand j’ouvris à nouveau les yeux, je regardai ma barre d’expérience.
« Niveau 22, 11 % ».
Pas mal du tout.
Grâce à tous les entraînements que j’avais suivis ces dernières semaines, j’avais constaté une forte augmentation de ma force.
Et ce n’était pas tout, j’avais aussi amélioré la maîtrise de mes émotions.
Peu après, une nouvelle notification apparut.
[Progression des calamités]
Aoife K. Megrail : Sommeil
: Progression – 0 %
Kiera Mylne : Sommeil
: Progression – 9 %
Evelyn J. Verlice : Sommeil
: Progression – 0 %
Je fixai silencieusement la nouvelle notification pendant quelques instants avant de faire un geste de la main.
« … D’accord. »
Je fermai les yeux et me penchai en arrière sur ma chaise. L’épuisement dû à tout ce que j’avais enduré commença enfin à prendre le dessus alors que ma conscience commençait à s’estomper.
Tout étant terminé…
Je pouvais enfin me reposer.
