Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
…. Il avait peur de moi ?
Était-ce le cas… ? Je le pensais au début, mais cela ne pouvait sûrement pas être la seule raison de sa haine et de son aversion envers moi.
Il devait y avoir autre chose.
« …. »
En y réfléchissant, je me suis rendu compte que je n’avais pas vraiment été la personne la plus amicale.
J’avais tendance à m’occuper de mes affaires et à éviter d’interagir avec les autres. C’était principalement pour ne pas être démasqué, mais aussi parce que je ne voulais pas m’attacher à qui que ce soit.
Mais quand même…
Pour qu’il ait peur de moi. Il devait y avoir une raison plus concrète.
BOOOUM !
La grotte trembla lorsque l’épée de Leon entra en contact avec le Nyxfernal, une grande créature au corps robuste et à la forme épaisse recouverte de fourrure. Ses griffes acérées brillaient sous la lumière de la mousse tandis que ses petits yeux perçants nous fixaient avec férocité.
« Kh… ! »
En entrant en contact avec le Nyxfernal, l’épée de Leon ricocha. Alors qu’il était sur le point de perdre l’équilibre, Aoife leva la main et son corps s’immobilisa dans les airs.
« … Merci. »
Elle fit un autre signe de la main, empêchant les griffes de la bête de le frapper.
Kacha !
Des éclairs jaillirent de nulle part, atterrissant sur l’épaisse fourrure du Nyxfernal. Evelyn, qui se tenait à côté, tendit les deux mains vers l’avant tandis que son uniforme et ses cheveux flottaient dans le vent.
Mais…
Cela aussi semblait être une tentative futile, car Evelyn laissa échapper une petite imprécation.
« Merde. »
« Laissez-moi faire. »
Une silhouette se précipita sur la créature. Il se déplaçait rapidement et, en quelques instants, il apparut juste sous le corps de la créature. Deux cercles magiques se formèrent autour de ses poings alors qu’il frappait de toutes ses forces.
Mais…
Clank !
Même cette tentative semblait vaine, car ses poings s’arrêtèrent juste après avoir touché le ventre de la créature.
Luxon paniqua immédiatement en regardant derrière lui.
« Merde, Aoife ! Sauve-moi… ! »
Au moment où il prononçait ces mots, le corps du Nyxfernal se plia et sa queue se balança droit sur Luxon qui croisa les bras pour se préparer à l’impact.
Heureusement, Aoife a réagi assez vite en le tirant en arrière juste à temps pour éviter l’attaque.
Bang !
La grotte trembla encore plus violemment lorsque Luxon dérapa sur plusieurs mètres.
« Haa… Haaaa… Merci. »
« Essaie encore. »
Avec un sang-froid imperturbable, Aoife leva la paume de sa main et continua à le soutenir par derrière. Elle n’était pas la seule à le soutenir.
Xiu !
Une flèche vola à grande vitesse, frappant la fourrure résistante du Nyxfernal. Des étincelles jaillirent, mais rien n’en sortit.
Aoife fronça les sourcils et tourna légèrement la tête.
« … Vise ses yeux. »
« Compris. »
Il tira sur la corde de l’arc et se prépara à attaquer à nouveau.
« … »
Je me tenais tranquillement à côté de lui. Jusqu’à cet instant, je restais debout sans rien faire. Je n’avais pas à m’en mêler.
Je connaissais l’étendue de mes compétences. Je ne pouvais pas faire grand-chose. Du moins, pas encore.
Je fermai les yeux et tendis les fils vers le sol, en les divisant en trois. Je regardai autour de moi pour trouver le meilleur endroit où les installer.
BOOOUM !
J’ignorai le chaos autour de moi et guidai les fils avec précaution autour des parois de la grotte.
Ma tête se tordit alors que je ressentis une vive douleur. Cependant, je l’ignorai et continuai à guider les fils autour des parois de la grotte.
J’attendais le bon moment pour agir.
Car…
« Hum ? »
Je sentis une vibration soudaine et ouvris les yeux.
« Qu’est-ce que… ? »
La vibration avait quelque chose d’étrange. Elle ne provenait pas du Nyxfernal au loin. Elle venait d’ailleurs…
« Sous… ? »
Je regardai en bas.
C’est alors que cela se produisit.
————— !
Quelque chose explosa sous moi et le sol se fendit. La zone qu’il couvrait était petite, et elle se trouvait juste sous l’endroit où je me tenais.
Le sol que je tenais disparut, et mon corps fut secoué par une sensation étrange alors que la gravité commençait à m’entraîner vers le bas.
En cette fraction de seconde, je sentis le monde autour de moi ralentir.
J’ai réussi à apercevoir tout ce qui m’entourait. Des expressions changeantes de Leon, Evelyn, Aoife, Luxon… au regard de panique sur le visage de Wesley alors qu’il tombait à côté de moi….
J’ai tout capté dans mon esprit avant que tout ne devienne sombre.
La dernière chose dont je me souvienne, c’est de me souvenir des fils et d’en créer de nouveaux.
***
« Julien… »
Tout s’est passé si vite que personne n’a pu réagir à temps.
BOOOUM !
Tout ce que Leon sentit fut un léger tremblement du sol derrière lui. Lorsqu’il tourna la tête, il aperçut Julien….
Comme d’habitude, il semblait imperturbable. Même lorsque le sol sous ses pieds trembla, il resta fronçant les sourcils. Comme si cela n’avait rien à voir avec lui.
Ou peut-être que les choses s’étaient produites trop vite pour qu’il puisse réagir.
Malgré tout…
Sa silhouette, aux côtés de celle de Wesley, disparut de leur vue.
« Ah. »
Il pouvait à peine émettre un son avant que son oreille ne détecte un sifflement étrange venant droit sur lui.
Instinctivement, il recula et réussit de justesse à éviter la queue du Nyxfernal.
Bang !
« Reprends-toi. »
Une voix froide résonna à côté de lui. Lorsqu’il regarda, il vit Aoife fixant le monstre avec un froncement de sourcils.
« Je sais que tu es son chevalier, mais tu dois te concentrer sur le monstre devant nous. Nous pouvons les chercher plus tard. Ils devraient être f… euh ! »
Ses mots s’arrêtèrent et elle leva les deux mains.
Leon regarda la créature qui s’arrêta en plein mouvement avant de hocher la tête. Elle avait raison.
Il était inutile de penser à Julien. Il allait s’en sortir.
Il n’y avait aucun moyen que ses instincts le trompent.
Il…
Allait très bien.
***
J’ouvris les yeux. L’obscurité m’enveloppait tandis que ma tête palpitait. Je restais suspendu dans les airs, maintenu en place par les fils.
« Où suis-je… ? »
Je levai les yeux.
Il n’y avait presque pas de lumière.
J’avais l’impression d’être tombé dans un trou profond.
Je fermai les yeux et sentis les fils. Il en restait deux au total. L’autre s’était cassé. Je me concentrai pour en créer un autre et le plaçai en toute sécurité dans une fissure du mur.
« Hum. »
J’essayai de me hisser, mais cela semblait impossible compte tenu de mes capacités actuelles.
Les fils étaient encore fragiles. C’était déjà un miracle que je sois en sécurité.
« … On dirait que je n’ai pas d’autre choix que de descendre. »
C’était la seule chose que je pouvais faire.
« Hah. »
Dans l’obscurité, j’étendis lentement et prudemment les fils, guidant mon corps vers le fond du trou.
Je repensai à la situation et fronçai les sourcils.
Quelqu’un était tombé avec moi. Que lui était-il arrivé ? Était-il mort… ? Ou était-il encore en vie ? Je pinçai les lèvres et continuai à me guider vers le bas jusqu’à ce que je sente enfin mes pieds toucher une surface.
Boum.
L’air était humide et un silence pesant régnait autour de moi. Une étrange tension planait dans l’air tandis que je sentais mes muscles se tendre et ma peau se refroidir.
« … »
Je pris une profonde inspiration et sortis mon sac où je cherchai ma lampe de poche.
« … »
Une paire d’yeux s’offrit immédiatement à ma vue au moment où j’allumai la lampe et mon cœur s’arrêta presque. Heureusement, je réussis à garder mon calme….
J’étais un peu habitué à la peur.
« Tu en as mis du temps. »
Une voix familière parvint à mes oreilles, et lorsque je regardai mieux, je restai figé par la vision qui s’offrait à moi. La seule chose que je pus reconnaître était ses yeux noisette. Tout le reste était différent.
Les contours du visage étaient déformés, avec des zones de chair plissée. La couleur était inégale, allant du rouge aux nuances marbrées de brun et de gris.
Qu’est-ce qui lui était…
arrivé ?
« Tu es vivant. »
C’est tout ce que j’ai réussi à articuler à la fin.
Il a alors souri.
« Qu’est-ce que tu as, Phecda ? Tu m’en veux de t’avoir dit de rester près de moi ? Je n’avais pas le choix. Tu n’as pas reçu mes messages. On est censés commencer bientôt. »
« … ? »
Phecda ? Message ? Commencer bientôt ?
Je sentis mon sang se glacer et mes doigts se tordre.
‘Non, c’est…’
Soudain, une idée germa dans mon esprit.
« Ce n’est pas la première fois que tu vois mon visage. Mais c’est vrai, ouais… »
Son expression se tordit légèrement.
« Je suppose que tu étais dégoûté par mon apparence. Tu l’as dit très clairement à l’époque quand tu m’as frappé. »
Tout à coup, beaucoup de choses commencèrent à me revenir. La raison de sa peur et de son hostilité à mon égard.
‘Ah, ça…’
« Pourquoi tu ne parles pas… ? Tu étais plutôt bavard au camp quand tu as tué pour arriver au sommet. Je suis censé suivre tes ordres, mais tu t’es surpassé, n’est-ce pas ? »
« … »
Son sourire inquiétant s’approcha de moi. Ses yeux noisette se tournèrent et je sentis mon cou fourmiller tandis que mon cœur se mit à battre plus vite.
Lentement, ma tête s’abaissa et mes yeux tombèrent sur son avant-bras.
Ses vêtements étaient déchirés, je pouvais donc bien le voir. Cependant, à ma grande surprise, je ne vis rien. Comme s’il avait remarqué mes actions, il fronça les sourcils et suivit mon regard.
« Qu’est-ce que tu fais ? Hein ? Pourquoi est-ce que tu… »
Il s’arrêta et me regarda.
Son expression changea soudainement.
Mais c’était trop tard.
En une fraction de seconde, mes fils étaient déjà à sa gorge. Avant même qu’il ne puisse réagir, je serrai ma main alors qu’une fontaine de sang rouge m’éclaboussait.
Pfttt…
L’odeur du fer persista dans l’air alors que je sentais mon visage se mouiller.
« Ukh. »
Je fis quelques pas en arrière.
Mon estomac se noua et je fermai précipitamment les yeux.
Boum.
« H-hah… »…
Je devais le faire.
Je répétais ces pensées dans mon esprit. Cela ne fonctionnait guère car mon estomac continuait de se nouer, mais cela ne m’empêchait pas de le répéter.
‘Je devais le faire.’
C’était lui ou moi…
Ça, je le savais.
Mes pensées se confirmèrent lorsque j’ouvris à nouveau les yeux et que mon regard se posa à nouveau sur son avant-bras. L’avant-bras autrefois propre se transforma soudainement en un trèfle noir.
« … »
Je sus alors que mes suppositions étaient justes et je me retournai pour regarder le tatouage sur mon bras.
« Quelle est la signification de ceci… ? »
De nouvelles informations me vinrent à l’esprit.
Pechda ? Camp ? Quel genre de situation était-ce… ?
J’ai pensé à poursuivre la conversation pour obtenir plus d’informations, mais j’ai réalisé que c’était une idée stupide. Je ne savais rien de l’organisation. Une simple erreur et il aurait remarqué que je n’étais pas Julien.
Qu’est-ce qui m’arriverait alors ?
Je ne tenais pas à le découvrir et j’ai agi rapidement. Il avait baissé sa garde et son attention était détournée de son environnement.
Il n’a fallu qu’un instant….
Même si je ne m’attendais pas à ce qu’il soit impuissant face à mon attaque, j’étais prêt à parer n’importe quelle contre-attaque. Sa mort m’a surpris.
Peut-être qu’il ne pensait vraiment pas que je le tuerais.
« Y a-t-il une règle stricte qui oblige les membres à ne pas s’entretuer ? Est-ce pour cela que sa garde était si basse ? »
Sans cela, je ne pense pas que j’aurais pu le tuer aussi facilement.
Pourtant, sa mort ne faisait que soulever davantage de questions. Il y avait aussi le fait que je devais gérer les conséquences de tout cela.
Heureusement, j’étais le seul à être au courant pour le Tissage d’Éther. Je pouvais faire porter le chapeau de sa mort aux monstres qui se trouvaient ici. Peut-être même cacher les traces des fils…
« … »
Mon esprit continuait de tourner dans le silence alors que je me forçais à regarder le corps sans tête devant moi.
Je pris une profonde inspiration et regardai mon avant-bras.
Ou plus précisément, vers la deuxième feuille.
Elle brillait à nouveau.
‘Il n’est peut-être pas vivant, mais il y avait un moyen pour moi de trouver plus d’informations…’
Je pinçai les lèvres et levai doucement les yeux. Je ne voulais pas le faire. Je détestais la sensation qui accompagnait la compréhension des émotions d’autrui. Mais… je devais le faire.
Pour obtenir des indices… je devais le faire.
« Je le dois. »
Je baissai la main et la posai sur son corps.
C’est alors que j’appuyai sur la feuille et que mon monde s’assombrit.