Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
« Ah… »
Alors que je levais les yeux, une paire d’yeux croisa la mienne, leur regard se posant sur moi. Son blazer noir était trempé, créant un silence inquiétant dans l’espace environnant.
Mon visage était rigide et ma bouche bougea sans un son avant que je ne trouve enfin ma voix.
« … Je m’excuse. C’était une erreur. »
Je réagis rapidement.
Ma première réaction a été de lui retirer doucement le verre des mains et de le poser sur la table voisine. Puis, j’ai pris un mouchoir et j’ai commencé à éponger délicatement ses vêtements.
« … Le sol était glissant, et… »
« Ce n’est rien. »
Il a tendu la main pour m’arrêter et a souri. La tension qui régnait dans la pièce s’est dissipée à ce moment-là.
Levant les yeux pour s’adresser aux autres personnes présentes, il a commencé à parler sur un ton plus chaleureux.
« C’était un accident. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. La veste n’est même pas si chère. »
« Ah, mais laissez-moi au moins vous rembourser. »
« Ce n’est pas la peine. »
« Mais… »
« Ce n’est rien. Je t’en prie, sois tranquille. J’ai entendu parler de ta réputation depuis longtemps. Prends-le comme un gage d’amitié de ma part. »
« Ah, mais… »
J’insistai plusieurs fois, mais il me refusa à chaque fois. Finalement, je n’eus d’autre choix que d’arrêter. Je pouvais plus ou moins dire qu’il commençait à être agacé par mes réponses.
Heureusement, il avait réussi à reconnaître mon identité et ne fut pas trop dur avec moi. Au contraire, il semblait désireux de profiter de l’occasion pour établir un lien avec moi.
Il y avait des avantages à être l’Étoile Noire.
« Fais plus attention la prochaine fois. »
« … Je comprends. »
Je baissai la tête pour m’excuser à nouveau. Au moment où je le faisais, les gardes le rattrapèrent enfin et lui chuchotèrent quelque chose à l’oreille.
Son expression changea immédiatement.
Puis…
« Si tu veux bien m’excuser un instant. »
Sous mon regard attentif, il prit son verre et le tapota du doigt.
Ting ! Ting !
Le bruit parvint aux oreilles de toutes les personnes présentes.
Le bruit dans la salle s’est calmé et tous les yeux se sont tournés vers lui.
S’éclaircissant la gorge, il a souri.
« Mesdames et messieurs, il semble qu’il y ait eu un accident. »
Sa voix s’est doucement propagée dans toute la salle. Avec le même sourire apaisant, il a poursuivi en expliquant la situation.
« C’est avec regret que je dois vous informer que l’un des objets précieux de la maison de vente aux enchères a été volé. Les rapports viennent d’arriver et nous pensons toujours que le coupable se cache parmi nous. »
Il continua en appuyant sa main contre sa poitrine tandis que sa tête s’abaissait un peu.
« Par conséquent, j’espère que, avec un peu de compréhension, vous ne verrez pas d’inconvénient à ce que nous fouillions tous les invités présents. Je le demande humblement en tant que chef principal de la maison de vente aux enchères. »
Un étrange silence s’ensuivit peu après avant que toute la salle n’éclate en un bruit.
« Un voleur ? Si c’est le cas, je ne vois pas pourquoi je ne serais pas d’accord. Je n’ai rien à cacher. »
« Vous dites que vous allez nous garder ici jusqu’à ce que tout le monde soit fouillé ? »
« Est-ce que c’est possible ? »
« Je refuse d’être fouillé ! »
La réponse fut un mélange de protestations et d’approbations. Mais ce n’est qu’après que les membres des quinze guildes se soient manifestés pour exprimer leur soutien que le bruit s’est calmé.
« Nous sommes d’accord avec la fouille. »
« Nous n’avons rien à cacher. Ne vous occupez pas de nous. Fouillez autant que vous voulez. »
‘… Les a-t-il achetés ?’
Vu les regards étranges qu’il jetait aux membres représentatifs de la Guilde, l’idée semblait plausible.
Ou du moins… La Maison de Ventes et les Guildes étaient en très bons termes.
Quoi qu’il en soit, les gardes commencèrent à affluer de toutes les entrées, empêchant les gens de sortir.
Peu après, quelqu’un s’approcha de moi.
« S’il te plaît. »
Le chef conclut par une nouvelle révérence.
« … Merci de ta compréhension. »
***
Les recherches se poursuivirent pendant la demi-heure suivante. Malgré les nombreuses protestations des invités et des membres des académies, elles restèrent lettre morte et les recherches continuèrent.
« … Comment se présente la situation ? »
Surplombant la situation, le chef fronça les sourcils. Cela prenait beaucoup plus de temps que prévu…
Le voleur ne se serait pas échappé ?
Mais comment était-ce possible ? Dès que l’objet avait été volé, toutes les sorties avaient été bloquées et tous les invités présents avaient été retenus.
La probabilité que le voleur se soit échappé était faible…
« Chef suprême, nous n’avons toujours rien trouvé. La plupart des invités montrent des signes d’insatisfaction. Surtout ceux qui ont été innocentés. Nous avons également fouillé les environs et n’avons rien trouvé. »
Le chef fronçant les sourcils, se massait le menton.
« Quel ennui… »
Tous les invités avaient un certain statut au sein de l’Empire. Leurs actions équivalaient à offenser des personnes de si haut rang.
Heureusement, étant donné leurs excellentes relations avec les quinze guildes, la situation n’avait pas dégénéré, mais…
Pendant combien de temps pourrait-il continuer ainsi ?
Si les choses continuaient à ce rythme, il risquait de finir par offenser plusieurs gros bonnets à la fois.
Il devait se dépêcher. Il n’avait pas beaucoup de temps. Bien que l’objet volé fût coûteux et entraînerait des pertes importantes, c’était quelque chose qu’il pouvait accepter étant donné les circonstances.
Il préférait de loin satisfaire les invités plutôt que de perdre de l’argent.
L’argent pouvait toujours être gagné. Des relations ?
C’était beaucoup plus difficile.
Mais bien sûr…
S’il le pouvait, il aimerait trouver le coupable. Quel genre de personne se fiche d’attraper le voleur qui leur a volé ?
‘Voyons ce qui se passera quand j’attraperai ce salaud…’
Sa poigne sur son verre se resserra à cette pensée.
Cependant, s’ils ne parvenaient toujours pas à trouver le coupable avant que la situation ne tourne ainsi, il n’aurait d’autre choix que d’abandonner.
« Mais où est-ce que ça peut bien être… ? »
Le chef principal sentit sa tête lui faire mal, et il se tourna vers un jeune homme qui se trouvait non loin de lui. Il était en train de se faire fouiller, mais d’après la réaction des gardes, il ne semblait pas être coupable.
Malgré tout, en voyant son visage, le chef principal claqua silencieusement de la langue.
‘… Un idiot.’
Telle était son évaluation de l’Étoile Noire de Haven.
Qui aurait cru qu’il serait aussi idiot… ? Se rappelant comment son blazer avait été taché par sa boisson, le chef principal sentit ses lèvres se tordre.
Le costume n’était pas bon marché. Il n’avait menti que pour maintenir son image.
Il était en fait extrêmement cher.
S’il n’avait pas été l’Étoile Noire, alors…
« Hum ? »
Le chef principal sentit sa main s’arrêter soudainement et son expression changer.
Il regarda autour de lui. Tous les gardes étaient occupés à fouiller et à vérifier les objets de tous les invités présents.
Une pensée soudaine le frappa alors et il posa la boisson qu’il tenait dans sa main.
La façon dont il regardait le cadet près de lui changea alors qu’il essayait de se souvenir de l’incident. Sorti de nulle part, il avait soudainement trébuché et renversé sa boisson sur lui. Par la suite, il avait continué à essayer de sécher ses vêtements…
« Ah. »
Clignant des yeux, il faillit rire.
Oui…
Bien sûr.
Pourquoi n’y avait-il pas pensé ? De toutes les personnes présentes, qui était la plus susceptible de ne pas être contrôlée ?
« Haha. »
Il éclata alors de rire. Tournant son attention vers l’un des gardes les plus proches, il tendit les mains.
« … Fouillez-moi aussi. »
« Oui ? »
Le garde sembla décontenancé, mais cela ne le dérangea pas. En donnant un petit coup de menton, le chef principal reporta son regard sur le jeune homme en plissant les yeux.
Si ses suppositions étaient correctes, alors…
Il avait trouvé son coupable.
***
Tap, tap !
La fouille prit un certain temps.
Ils nous fouillaient le corps et utilisaient un objet étrange pour ce faire, c’était comme si chaque partie de mon corps était vérifiée. L’appareil devait probablement permettre de détecter à travers la chair humaine. Au cas où le voleur avalerait l’objet, ils pourraient le savoir.
« …. »
Tap, tap !
Mes bras étaient pressés.
Tap, tap !
Mes jambes étaient pressées.
Tap, tap !
Mes poches étaient vérifiées.
Je suis resté silencieux tout du long et j’ai gardé mon cœur qui battait à un rythme régulier.
Surtout quand j’ai senti un certain regard dirigé vers moi. J’ai senti mes cheveux se dresser sous ce regard.
Mes paumes étaient moites et j’avais une étrange envie de remuer la main.
Malgré tout, je me suis abstenu de montrer une réaction perceptible jusqu’à ce que la fouille soit enfin terminée.
« On dirait que tu es prêt à partir. On n’a rien trouvé sur toi. »
Ce n’est qu’alors que j’ai finalement reculé. En tournant la tête, je me suis retrouvé à croiser le regard d’un autre individu, ce qui a provoqué un léger resserrement de mon expression. Il me regardait avec un regard qui semblait dire : « Je te tiens… » Je me suis d’abord demandé ce qu’il voulait dire, mais après avoir vu qu’il était également fouillé, j’ai compris.
Ah…
Je me suis couvert la bouche à ce moment-là.
« … »
Avale ma salive, je me force à rester calme et à rester immobile. Ma main gauche tremblait et je ne parvenais pas à empêcher mes doigts de s’agiter.
Son regard capte ce mouvement, et le bout de ses lèvres se retroussèrent légèrement.
« … Toi, là. »
Enfin, il m’appella.
« … »
Je ne réponds pas immédiatement et je pince les lèvres.
Il me donna un petit coup de coude avec son doigt.
« Viens ici… »
Sa voix était sèche et autoritaire.
J’avalai avant de suivre ses instructions et m’approchai de lui, m’arrêtant seulement à l’extrémité opposée de la table où apparut une boisson remplie de glaçons.
J’y tendis inconsciemment la main et il ne m’arrêta pas.
Au contraire, il sembla apprécier mes actions.
« Il n’y a pas de raison d’être nerveux. »
Son regard se porta vers les gardes qui l’entouraient et qui étaient occupés à vérifier chaque partie de son corps.
Tap, tap !
Ils procédaient de la même manière que les miens, tapotant son corps partout et prêtant une attention particulière au blazer.
Je sentis mon expression se raidir davantage alors que je serrais le verre plus fort.
Sa voix me parvint à nouveau.
« … Veux-tu avouer ? »
« … »
J’inclinai la tête et il se pencha vers moi.
« Si tu avoues maintenant, la situation se terminera plus agréablement. Je ne t’accuse pas pour l’instant car je n’ai pas de preuves. Cependant… »
Il sourit soudainement.
« Même si tu fais de ton mieux, je vois à quel point tu es nerveux. Si tu avoues just… »
« Chef. »
Sa phrase fut brusquement interrompue par l’un des gardes. Alors qu’il cherchait à croiser son regard, son expression changea rapidement au moment où il parla.
« … Il n’y a rien. Vous êtes également innocent. »
« Euh… ? »
Comme s’il ne s’attendait pas à une telle réponse, ses yeux s’écarquillèrent et son expression se décomposa. Je fixai la scène de l’autre côté de la table avant de baisser la tête pour regarder ma boisson.
« Tu es sûr que tout est bon ? Tu as bien vérifié… ? Je… »
Sa voix s’estompa dans le fond alors que je fixais la boisson dans ma main. Ou plus précisément, l’un des « glaçons » à l’intérieur.
Il se fondait si bien…
« … »
Je fixai les glaçons quelques secondes avant de porter la boisson à mes lèvres.
Glou…
Putain d’idiot.
