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L’Avènement des trois calamités | Advent of the three calamities
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Auteur : Entrail_Jl

Traductrice : Moonkissed

Je restai figé, les yeux grands ouverts, fixant la fenêtre devant moi. J’avais du mal à comprendre ce qui se passait.

Qu’est-ce que c’était ?

La situation soudaine. Cela n’avait aucun sens.

Comment cela pouvait-il soudainement… ?

« Vous avez surmonté le premier événement. »

Ma bouche s’ouvrit inconsciemment lorsque je lus la première notification.

« Leon a réalisé qu’il avait été retrouvé et qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps. »

Je mâchai ces mots tout en continuant à fixer les notifications devant moi. Je restai là quelques secondes avant de fermer les yeux et de prendre une petite inspiration.

‘Donc, le critère pour l’activer était que le premier « événement » soit résolu…’

Du moins, c’était ce qu’il semblait. Il y avait encore des choses qui n’avaient pas de sens pour moi, mais je n’avais pas le temps de réfléchir à ces questions.

Il y avait autre chose de plus urgent.

[◆ Quête principale activée : Empêcher les Calamités de se réveiller ou de mourir.]

Calamité 1 : Sommeil

: Progression – 0 %

Calamité 2 : Sommeil

: Progression – 2 %

Calamité 3 : Sommeil

: Progression – 0 %

« C’est… »

Plus je le regardais, plus je devenais confus. Mais à la fin, j’ai compris quelque chose.

« … Je dois les empêcher de se réveiller ou de mourir. »

Kiera, Aoife et Evelyn.

C’étaient les Trois Calamités. C’était quelque chose qui me restait en tête depuis le souvenir d’avant ma mort.

Pourquoi les appelait-on Calamités ? Je n’en étais pas sûr, mais…

Pour une raison quelconque, je devais les empêcher de « se réveiller » ou de mourir. C’était mon objectif principal. Je ne comprenais pas vraiment le raisonnement derrière la tâche, ni si c’était quelque chose en quoi je pouvais avoir confiance, mais pour obtenir des réponses, je devais poursuivre la quête.

Que se passerait-il exactement lorsque le jeu serait terminé à 100 % ?

Pourrais-je enfin rentrer chez moi… ?

« Que se passe-t-il si j’échoue ? »

Rien n’indiquait ce qui se passerait si j’échouais, mais je pouvais plus ou moins le deviner.

« Game Over. »

« D’accord. »

La situation devenait encore plus confuse, mais…

« Je dois essayer. »

Je devais essayer.

Pour la première fois depuis que j’étais entré dans ce monde, j’avais enfin quelque chose à quoi m’accrocher.

Un espoir.

Le chemin sombre que je suivais ne semblait finalement plus si sombre. J’avais enfin trouvé une voie.

Je n’avais aucune idée si elle mènerait à quelque part.

Mais…

je devais le suivre.

C’était mon engagement.

***

Quelques jours s’étaient écoulés depuis. C’était vendredi, la fin de la semaine.

Les choses s’étaient calmées après l’incident avec le professeur. L’Institut avait gardé une attitude « discrète » sur la situation, empêchant tous les élèves officiers d’en parler.

Ce n’était pas la seule chose qui avait changé. Tout le monde, des élèves officiers aux professeurs, avait été assigné à un psychiatre.

« Compte tenu des circonstances tragiques, l’institut a ordonné que tout le personnel et les cadets subissent des évaluations de santé mentale afin de s’assurer qu’une telle situation ne se reproduise plus. »

Telle fut l’annonce du professeur chargé du cours d’aujourd’hui. Ses paroles suscitèrent instantanément une vague de gémissements, l’un d’entre eux étant plus fort que les autres.

« … C’est des conneries. »

Cette voix rauque et sans filtre… Je n’eus pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s’agissait.

« Kiera Mylne. »

Le professeur parla sévèrement. Il semblait être assez grand, avec des cheveux bruns courts encadrant son visage, complétés par des lunettes à monture fine obscurcissant ses yeux verts. Il était assez jeune et son apparence était plutôt agréable.

« …. »

Il ne poursuivit pas, mais le sens de son regard était assez clair.

‘Ne jure pas.’

« ….. Tss. »

Le cours a continué à partir de là.

« Tout le monde à son poste, s’il vous plaît. »

C’était un cours particulier.

« Voici comment cuisiner le Mandrigol. Tout d’abord, vous lui ouvrez l’estomac et lui retirez les poumons. Lorsque vous retirez les organes, assurez-vous de retirer la vésicule biliaire. »

Le nom du cours était « Cours de cuisine » et il visait à enseigner aux cadets les monstres de la dimension miroir et comment les préparer.

« Vous devez l’enlever car il est très toxique pour nous. »

C’est peut-être parce que je prenais soin de moi et de mon frère depuis aussi longtemps que je me souvienne que j’ai pu suivre le cours sans problème.

Tak, tak…

Le couteau trancha sans effort l’estomac de la créature placée devant moi.

C’était difficile à décrire. Il semblait particulièrement velu, avec deux de ses yeux qui s’étendaient vers le haut depuis leurs orbites. En dessous, deux longues pattes étaient alignées, et il semblait n’avoir aucun œil.

Bref, il n’avait pas l’air appétissant.

« Veillez à ne pas jeter les yeux. Ils sont pleins de nutriments et peuvent être séchés pour servir de rations plus tard dans votre voyage dans la dimension miroir. »

Mais je suivis quand même les instructions du professeur à la lettre.

Guidé par mon couteau autour des yeux, je les retirai doucement de la créature et les plaçai dans un seau à proximité.

« Lorsque vous coupez, vous devez vous assurer de le couper en morceaux égaux… »

Tak, tak…

C’était bizarre, mais je me sentais étrangement chez moi.

Ce n’était pas plus difficile que les choses que j’avais cuisinées à la maison quand il n’y avait que moi et mon petit frère.

En coupant les morceaux en portions égales, je regardai autour de moi pour voir si j’étais le seul capable de suivre les instructions.

« Professeur, pouvez-vous ralentir… »

« … Je l’ai coupé trop court. Que dois-je faire ? »

« Zut. »

Même Aoife semblait avoir du mal, ses yeux étaient plissés.

« Bon, voici l’étape suivante. Une fois que vous avez coupé le mandrigol en morceaux, placez-le dans la marmite devant vous et laissez-le bouillir dans la soupe. C’est une viande très dure, nous devons donc la cuire à feu doux. »

Le professeur a ensuite placé les filets dans une grande marmite devant lui. J’en avais aussi un, et il était mis à mijoter depuis le début du cours.

J’avais déjà mis les ingrédients nécessaires avant le début de la leçon, il ne restait donc plus qu’à…

Ploc ploc !

Jeter les filets dans la marmite.

Et…

« C’est prêt. »

Je tapotai mes mains avec satisfaction. Je ressentis un étrange sentiment d’accomplissement.

« … Très bien ! Il faudra attendre environ jusqu’à la fin du cours pour que la viande devienne tendre. Pour ceux qui ont terminé, veuillez nettoyer vos postes et laver votre vaisselle sale. »

Le regard du professeur se promena avant de finalement se poser sur moi.

« Ah. »

C’est là que j’ai compris.

J’étais le seul à avoir réussi à suivre le rythme.

***

Mijoter ~

Aoife fixa son pot et avala sa salive. L’eau bouillonnait et les morceaux de Mandrigol flottaient à la surface.

Ce n’était pas la première fois qu’elle mangeait du « Mandrigol ».

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un mets rare, c’était tout de même une bête de rang « nourisson ». Avec plusieurs bienfaits notables pour la santé, comme l’élimination des impuretés, c’était un aliment de base parmi la population de l’Empire.

Mais…

Plo plop !

‘Je peux manger ça ?’

Aoife déglutit secrètement. Elle avait suivi les instructions à la lettre, donc logiquement oui, mais…

« … »

Elle ferma le couvercle.

‘Peut-être pas.’

Cela n’avait pas l’air très appétissant.

Aoife regarda autour d’elle. Tous les cadets étaient encore occupés à découper le mandrigol. Seuls quelques-uns avaient terminé cette partie et plaçaient maintenant les morceaux dans la marmite.

Tous, à l’exception d’un.

‘… C’est encore toi.’

Il avait fini bien plus vite qu’eux. Neuf minutes plus vite pour être exact. L’écart entre lui et les autres était évident, et Aoife sentit son front se plisser à cette pensée.

‘Pourquoi est-il si bon à tout ?’

Pendant le temps qu’elle avait passé à l’Académie, il l’avait battue dans presque tous les domaines, à l’exception de la magie et de la force physique.

Il y avait un écart entre eux à ce sujet, mais…

‘C’est un mage émotif.’

Il était logique qu’il soit à la traîne dans ce domaine alors qu’il était si compétent dans un autre. C’était une pensée frustrante, mais il était… compétent.

Cette pensée fit s’enflammer son esprit de compétition.

‘… Il était peut-être plus rapide, mais cela ne veut pas dire qu’il est meilleur.’

Ouais.

La vitesse n’était pas importante. Ce qui était important, c’était le goût.

« … »

L’image du contenu de sa casserole lui traversa l’esprit et son expression vide se fissura.

Aoife regarda autour d’elle. Julien était toujours parti faire la vaisselle, tout comme le professeur qui était sorti chercher un nouveau stock de Mandrigol pour les étudiants qui n’avaient pas réussi à le couper du premier coup.

Une pensée lui traversa l’esprit.

Peut-être que…

« … Juste un petit goût. »

D’accord.

Elle voulait juste vérifier si l’assaissonnement était bonne.

S’assurant que personne ne faisait attention à elle, elle emporta quelques plateaux avec elle et se dirigea vers le bureau de Julien.

C’était sur le chemin de la station de nettoyage à l’extérieur et à quelques pas de son poste…

Elle pouvait bien jouer la scène.

« … »

Ses pas s’arrêtèrent à la station. Tout était propre, il ne restait que la marmite et le réchaud.

Pincant les lèvres, elle regarda autour d’elle avant d’ouvrir prudemment le couvercle de la marmite.

Plop !

« … ! »

Une agréable odeur se répandit dès qu’elle ouvrit le couvercle et son front se plissa.

« Ça peut… »

« Que fais-tu ? »

Une voix froide résonna derrière elle et Aoife sursauta presque. Heureusement, elle parvint à garder son calme et se retourna.

De longs cheveux platine, des yeux d’un rouge profond et un regard qui ne contenait que du mépris.

Avec un regard qui suggérait qu’elle avait attrapé un rat, Kiera sourit d’un air narquois.

« … Essaies-tu de saboter la compétition ? »

Elle n’essaya même pas de cacher le dédain dans sa voix.

« Tu n’as pas changé, n’est-ce pas ? Tu es toujours la même. Chaque fois que quelqu’un de meilleur que toi apparaît, tu essaies de le rabaisser. N’est-ce pas ? »

Aoife fronça les sourcils.

‘De quoi parle-t-elle ?’

Elle ne comprenait pas de quoi elle parlait. Et peut-être remarquant sa confusion, Kiera eut soudain un sourire narquois tout en secouant la tête.

« … Putain de salope. Tu ne changes jamais. »

Le visage d’Aoife se figea.

« Comment tu m’as appelée ? »

« Salope. »

Kiera insista en penchant la tête plus près.

« Quoi ? La princesse protégée est en colère ? »

« … »

Une petite fissure apparut sur l’expression vide d’Aoife.

« Tu pensais que je ne t’aurais pas appelée sur tes conneries ? Que je te laisserais faire ce que tu veux juste parce que tu es la putain de princesse ? »

Les rides sur son visage s’élargirent. Sa façade bien entretenue s’effritait lentement…

« Toujours rien ? »

Les yeux de Kiera plissèrent tandis que son sourire narquois s’accentuait.

« … Pathétique. »

Aoife serra les dents et son expression faillit s’effondrer. Cependant, avec le peu de rationalité qu’il lui restait, elle détourna le regard et reporta son attention sur la marmite.

« … »

Soudain, elle n’eut plus envie de la goûter.

Elle était sur le point de refermer le couvercle quand un doigt plongea dans la soupe.

« Oh ? Ce n’est pas mauvais. »

En se léchant les lèvres, Kiera regarda Aoife avant de prendre le sel et de le saupoudrer sur la soupe.

« … ! »

Ses yeux s’écarquillèrent et elle se retourna.

« Il manque un peu de sel. »

Sa main tendue vers le sel, mais Kiera l’évita habilement et continua à saupoudrer.

« Ou quoi ? »

« Ce n’est pas ma soupe. »

« Et alors ? J’aide juste une camarade de classe. »

« Arrête. »

La voix d’Aoife se fit plus froide, mais cela ne fit qu’encourager Kiera qui doubla la dose de sel.

D’abord le majeur le premier jour, puis ça…

Aoife commençait à perdre patience. Son mana se mit à couler et la main de Kiera se raidit.

« Espèce de… »

Sans se soucier du regard qu’elle recevait, Aoife tendit la main vers le sel quand…

« Kkh… ! »

Sa télékinésie s’effondra et la main de Kiera se balança dans les airs.

« Sale pute. Qui t’a dit que tu pouvais… »

Plop !

Ses mots furent interrompus par un bruit sourd et les deux femmes se figèrent sur place.

Surtout Aoife qui s’aperçut que sa bouche s’était ouverte à cette vue.

« … Oh. »

Un seul mot sortit de ses lèvres. Lorsqu’elle leva de nouveau les yeux, elle trouva Kiera debout, immobile, à côté d’elle.

Une voix froide suivit quelques secondes plus tard.

« … Que fais-tu ici ? »

« Je… »

Pendant un bref instant, Aoife paniqua.

« Ta nourriture… Elle débordait. »

« Débordait ? »

Le regard de Julien s’accrocha au sien et Aoife sentit sa bouche se dessécher. Finalement, cependant, il détourna son regard et le fixa sur la marmite.

Son nez se plissa à la vue de la soupe.

Le visage d’Aoife se crispa.

« Où est le sel ? »

Son regard se posa à nouveau sur elle et elle faillit tressaillir. Heureusement, elle eut la présence d’esprit de réagir.

« Kiera l’a emprunté. »

Elle désigna Kiera et la jeta sous le bus. Sentant son doigt, Kiera ouvrit les yeux pour la réprimander, mais finalement s’arrêta et hocha la tête.

« Tu avais fini, alors… »

« Oh. »

Les deux soupirèrent simultanément de soulagement à ce moment-là et Kiera lança un regard noir à Aoife qui sentit en silence le coin de ses lèvres se tendre.

La jeter sous le bus comme ça… C’était étrangement agréable.

« … Rends-le-moi quand tu auras fini. »

« Je le ferai. »

Avec un léger signe de tête, Julien reporta son attention sur la marmite. Ce qu’il ne remarqua pas, c’est le changement soudain d’expression d’Aoife et de Kiera.

« Ça devrait être prêt. »

« … ! »

Surtout quand il prit la cuillère de sa main droite.

Ne remarquant rien d’anormal, Julien souleva la cuillère pour révéler un liquide brun épais et visqueux.

« Ça a l’air bon. »

Aoife sentit chaque partie de son corps se tendre. Il en était de même pour Kiera dont tout le visage se contractait.

Et puis, sous les yeux horrifiés des deux femmes…

Julien porta la cuillère à sa bouche.

« … Hum ! »

Son expression changea immédiatement au moment où la cuillère toucha sa bouche et sa tête se tourna dans leur direction. Une étrange tension régnait dans la pièce alors que sa voix, plus froide qu’à l’accoutumée, demanda :

« … Avez-vous fait quelque chose à la soupe ? »

« Non… »

« Non. »

Tous deux secouèrent la tête en même temps, bien que leur refus ne semblait pas convaincant.

Malgré tout…

« Ah bon ? »

Étrangement, Julien ne semblait pas trop perturbé.

Posant la cuillère, il fronça les sourcils. Comme s’il était indécis sur quelque chose.

Puis…

Juste au moment où ils craignaient le pire, ils l’entendirent marmonner doucement :

« … Depuis quand suis-je si bon cuisinier ? »



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