Li Qingshan la rattrapa. Sa bouche s’ouvrit, mais il fut incapable de prononcer un mot.

La tornade rugit furieusement, s’écrasant sur l’Ancien Dragon Volant et l’écrasant au sol. Elle tournoya vers le bas comme une vrille, détruisant et pulvérisant le sol gelé et dur, soulevant des nuages de poussière.

La tornade se transforma de dragon blanc de neige en un dragon noir de terre.

Des rochers s’effondrèrent dans le ravin tandis que la terre volait de tous côtés.

Le visage de Gu Yanying se fit sombre. Elle s’était précipitée dès qu’elle avait reçu l’information du roi des rats de la montagne des Rats Noirs, mais elle ne pensait pas qu’elle arriverait encore un instant trop tard. Elle fixait fermement le sol que la tornade creusait. « Emmène-la loin d’ici ! »

Il était presque impossible de tuer un maître du Cœur d’Or si facilement. Elle était certaine de pouvoir l’affronter seule sans perdre l’avantage, mais protéger les deux d’entre eux serait pratiquement impossible.

Une lumière jaillit du trou profond créé par la tornade. Une dizaine de rayons de lumière déchirèrent immédiatement la tornade en morceaux. L’Ancien Dragon Volant se redressa, enveloppé d’une sphère de lumière protectrice.

« Gu Yanying, tu ne peux pas m’arrêter ! » Un filet de sang coulait de la commissure de sa bouche. Visiblement, endurer l’attaque de force était douloureux. Cependant, la détermination dans ses yeux était aussi acérée qu’une arme forgée avec soin. Rien ne pouvait l’arrêter.

« Arrête de fanfaronner ! » Gu Yanying était également furieuse. « Danse Céleste des Cent Dragons ! » D’un geste de son éventail, une centaine de tornades surgirent de toutes directions, convergeant vers l’Ancien Dragon Volant.

Tout ce qui bloquait ces tornades fut réduit en lambeaux. Elles laissèrent des marques profondes dans le sol et sur les parois rocheuses. Les arbres larges comme plusieurs hommes furent déracinés, aspirés dans les tornades et déchiquetés.

À ce moment-là, le sable se souleva tandis que les montagnes s’effondraient et que le sol se craquelait. C’était comme la fin du monde.

L’Ancien Dragon Volant devint encore plus déterminé. Mordant le bout de sa langue, il cracha une gorgée de sang sur son épée du Dragon Volant.

Le maître de la forteresse du Vent Noir, Xiong Xiangwu, avait pu utiliser son sang pour alimenter un talisman, bien qu’il fût un simple mortel, et libérer une force bien au-delà de la sienne. Alors, quelle serait la puissance d’une telle attaque si un maître du Cœur d’Or devait en faire autant ?

Recouverte de sang, l’épée se tordit aussitôt comme si elle était vivante. Sous une lumière aveuglante, elle se transforma en un dragon doré de plusieurs dizaines de mètres de long. Ce n’était pas seulement l’apparence d’un dragon ; c’était un véritable dragon, avec des griffes et tout. Agitant sa queue, il chargea vers les tornades, les affrontant toutes à lui seul sans perdre le dessus.

« Tu oses vraiment… » Gu Yanying fut stupéfaite. Pour un maître du Cœur d’Or, un tel acte n’était pas aussi simple qu’un mortel crachant un peu de sang. C’était une auto-cannibalisation. Il ne l’aurait jamais fait sans une détermination extrême.

Le dragon doré traversa les tornades, bien que sa propre lueur s’affaiblît peu à peu.

L’Ancien Dragon Volant sortit un talisman de son anneau de sumeru. « Le Vénérable Divin avait déjà prévu qu’il y aurait des obstacles durant cette mission. »

Note : Les anneaux de sumeru apparaissent également dans d’autres romans de fantasy chinois. Ils sont inspirés du concept bouddhiste selon lequel même une graine de moutarde peut contenir le puissant mont Sumeru, une montagne de la cosmologie bouddhique, impliquant ainsi qu’ils peuvent contenir des objets plus grands qu’eux-mêmes.

« Un talisman violet ! » Gu Yanying devint encore plus sévère. Parmi les talismans, les jaunes étaient de bas niveau, les écarlates de niveau moyen, et les violets de niveau supérieur. Leur puissance variait énormément selon les couleurs. Seuls les cultivateurs du stade de la Naissance d’Âme pouvaient les créer, et c’étaient des objets consommables. Ils étaient extrêmement rares pour les cultivateurs du Cœur d’Or, qui les considéraient comme des talismans de survie. Qu’il soit prêt à l’utiliser montrait sa détermination.

« Cage Mondiale, scelle ! »

Li Qingshan porta Xuanyue et bondit hors du ravin, se dirigeant vers le nord, en direction des falaises glacées.

Xiao An le suivait de près. Li Qingshan lui cria, « Pars ! Ne me suis pas ! » Si Gu Yanying ne parvenait pas à arrêter l’Ancien Dragon Volant et qu’il les rattrapait, Xiao An périrait avec lui.

Xiao An choisit de le suivre, refusant de partir. Li Qingshan dit, « T’es sourd ? » Il balança la main et le repoussa de plusieurs mètres.

Xiao An le fixa, abasourdi. Li Qingshan le regarda en arrière. « Va te cacher quelque part. Ne reviens pas ! » Puis il s’éloigna résolument.

Li Qingshan porta Xuanyue et s’avança vers la falaise de l’Épée de Glace. Bien qu’il soit déjà à cinq kilomètres, il pouvait toujours sentir la lumière vive derrière lui. Sous le vent violent, ses mains devinrent moites, et la couleur du sang s’intensifia.

Xuanyue dit faiblement, le visage pâle : « Je suis une gentille maitresse. »

Li Qingshan répondit : « Tais-toi ! Arrête de parler ! »

Xuanyue dit : « Après tout, je suis quand même ton maître. Tu ne pourrais pas être un peu plus gentil ? Tu es toujours en colère et tu rends les choses difficiles. Tu es encore plus capricieux que moi. »

Il n’avait aucune idée du temps qu’il avait couru dans la tempête de neige. Peut-être un instant, ou peut-être une année. Soudain, il leva la tête, et une falaise glacée lui bloqua le chemin. Ils étaient enfin arrivés.

De loin, c’était déjà un spectacle à couper le souffle, mais maintenant qu’il se tenait juste en dessous, il était littéralement stupéfait par la grandeur naturelle de l’ouvrage. En levant la tête, il ne pouvait voir le sommet. Il n’avait aucune idée de sa hauteur. C’était comme si elle allait lui tomber dessus.

Li Qingshan serra les dents et tendit les mains. En touchant la falaise glacée, un froid mordant lui transperça les os. Ses griffes acérées, capables de déchirer l’acier comme du papier, ne laissèrent qu’une marque superficielle dans la glace. Ce n’était pas une glace ordinaire.

Xuanyue ouvrit les yeux. « On est enfin arrivés. La légende dit que la falaise de l’Épée de Glace est l’épée divine d’un dieu tombée ici. Depuis le jour de son apparition, elle n’a jamais fondu, gelant rapidement les alentours et s’étendant. C’est très difficile à escalader. Tu n’y arriveras pas. »

Li Qingshan répondit : « Tais-toi ! Accroche-toi bien ! » Il installa Xuanyue sur son dos, la faisant s’accrocher à son cou. Ensuite, il étendit ses griffes acérées pour s’accrocher à la surface de glace. Juste au moment où il s’apprêtait à lever les pieds, il réalisa que ce n’étaient plus des pieds humains, mais une paire de sabots de fer.

La falaise de glace était plus dure que l’acier, plate et lisse. C’était plus difficile à escalader que tout ce qui existait au monde. Sans le soutien de ses pieds, il lui serait impossible de grimper !

« Miaouhahaha ! » Xuanyue ria sans pitié, tout comme quand elle harcelait habituellement Li Qingshan. Cependant, son rire devint de plus en plus faible, se perdant facilement dans la tempête de neige.

Boom !

Li Qingshan frappa lourdement la falaise et tomba à genoux.

Il était arrivé ici après tant d’épreuves, et pourtant il était incapable de faire un pas de plus. La falaise de l’Épée de Glace ressemblait réellement à une gigantesque épée, tranchant tout espoir.

Je refuse !

La Méthode de Suppression de Mer de la Tortue Spirituelle circula furieusement dans son corps. Presque comme par miracle, ses pieds redevinrent des pieds humains. Bien qu’ils soient plus larges que des pieds ordinaires et que ses ongles soient longs et acérés, c’étaient véritablement des pieds, et non des griffes.

Normalement, il ne pouvait retrouver sa forme humaine qu’en atteignant la première couche, mais il avait utilisé sa seule volonté pour forcer ses pieds à reprendre leur forme humaine.

Xuanyue, surprise, dit : « Impressionnant ! »

Li Qingshan n’était pas d’humeur à célébrer. Il sauta sur la paroi de glace. « Allons-y ! »

Dans la tempête de neige, Li Qingshan porta Xuanyue sur son dos, grimpant pas à pas. Ses griffes s’agrippaient fermement à la glace.

Le froid pénétrait son corps, gelant ses os. Il ne voyait ni le ciel, ni le sol. C’était comme s’il ne restait plus qu’eux deux au monde, luttant amèrement.

« Qu’est-ce qui est si bien dans la province du Dragon ? Est-ce que l’Impératrice Renarde à Neuf Queues est belle ? Même plus belle que la Reine des ténèbres ? » Li Qingshan parla sans cesse. Lui, qui avait toujours voulu que Xuanyue se taise, bavardait maintenant à n’en plus finir pour rester éveillé, éviter d’être submergé par le froid, éviter de s’effondrer sous le désespoir.

Car le corps de Xuanyue devenait de plus en plus froid. Elle tombait peu à peu dans le silence. Elle ferma les yeux, accrochée au dos de Li Qingshan, essayant de répondre : « Bien sûr… elles sont belles… »

Sa voix était si faible qu’elle semblait se perdre dans la tempête de neige.

« Accroche-toi. Je te conduirai à la province du Dragon, coûte que coûte, » répétait sans cesse Li Qingshan.

« Il me semble… que tu ne m’as toujours pas appelé maître, n’est-ce pas ? »