Li Qingshan remarqua bien vite le comportement étrange de Xiao An et lui demanda : « Xiao An, qu’est-ce qui ne va pas ? »
Xiao An secoua simplement la tête, confus.
Ce n’est qu’alors que Li Qingshan se détendit un peu. « Bon, Xuanyue. Explique-moi pourquoi tu ne peux pas aller seule dans la province du Dragon. M’emmener avec toi ne ferait que te ralentir. »
« Appelle-moi maitremiaou ! On me poursuit, alors je dois leur échapper. »
Et en plus, tu n’as aucun sens de l’orientation, pensa Li Qingshan sans le dire. Sa réponse était exactement ce à quoi il s’attendait. Pour que Gu Yanying soit chargée de retrouver son chat, le maître de Xuanyue, la Reine des ténèbres, devait posséder une autorité considérable. Gu Yanying ne serait sûrement pas seule à la chercher. Mais comme il s’agissait de retrouver un animal de compagnie et non de capturer un criminel, cette mission semblait moins dangereuse. Même en cas d’échec, il n’en résulterait rien de grave. Et si ce chat osait prendre la fuite, il devait sans doute avoir une bonne maîtrise de la situation. Bref, cela valait la peine de prendre le risque.
Li Qingshan répondit franchement : « Pas de problème, Xuanyue. Mais je pense que nous devrions d’abord nous préparer correctement et établir un plan avant de partir. » Il gardait un souvenir vif des sens aiguisés et terrifiants de Gu Yanying. Peut-être l’observait-elle depuis le ciel à cet instant même. Avec sa nouvelle apparence, elle risquait de l’éliminer dès qu’elle le verrait.
Un pli de colère apparut sur le front de Xuanyue. « J’ai dit : appelle-moi maitremiaou ! »
« Qu’est-ce que tu dis, Xuanyue ? »
« Miaou !!! » La queue de Xuanyue se raidit. Elle perdit enfin patience.
Li Qingshan retint Xiao An, qui s’apprêtait à répliquer, et se laissa frapper et bousculer. Il serra simplement les dents. Bien qu’elle fût extrêmement rapide, il découvrit que sa force n’était pas si grande, et il parvint à supporter ses coups.
Xuanyue se défoula, mais sans y mettre trop de force. Après tout, elle savait qu’elle aurait besoin de l’aide de Li Qingshan dans bien des situations. Elle se contenta donc de lui dire froidement : « Suis-moi ! » Elle le conduisit jusqu’à la cascade, puis l’attrapa et le précipita droit dedans.
Ils traversèrent le rideau d’eau et foncèrent vers la paroi rocheuse. Cependant, alors que Li Qingshan pensait qu’ils allaient percuter le rocher, l’épaisse couche de pierre se révéla être une illusion, et ils passèrent sans encombre.
En réalité, elle dissimulait une immense grotte. D’après les traces laissées sur la roche, il était évident qu’elle avait été creusée récemment. Il semblait que c’était là que Xuanyue s’était cachée.
L’endroit choisi par le bœuf noir pour que Li Qingshan s’entraîne était vraiment idéal.
Xuanyue sortit une petite bannière de sa clochette. Sa clochette de chat était en fait un sac de stockage.
Es-tu Doraemon ? pensa Li Qingshan, stupéfait. La bannière irradiait d’une lueur mystérieuse, dissimulant en elle-même bien des merveilles ; elle était de toute évidence un artefact spirituel extrêmement rare.
(ndt : doraemon est un personnage de manga qui possède une poche dimensionnel )
Xuanyue planta la bannière à l’entrée de la grotte, qui se referma aussitôt de manière hermétique, ne laissant échapper aucune trace de Qi spirituel ou de Qi démoniaque.
Elle sortit ensuite bien d’autres objets de sa clochette. D’abord, elle tira un tapis épais fait de la fourrure d’un animal inconnu et le déroula au sol. Puis elle sortit une petite table, suivie d’ustensiles délicats sculptés en ivoire ou en jade.
Bien qu’elle pût évidemment voir dans le noir, elle sortit une lanterne. La lumière ne provenait pas d’une flamme mais d’une perle de la taille d’un poing, qui émettait une lueur douce et apaisante, illuminant toute la grotte sans éblouir.
Pour finir, elle sortit un brûle-encens en forme de grue, qui diffusait un parfum merveilleux.
Tous ces objets brillaient d’une lumière particulière. Sous l’éclat de la perle, même la circulation du Qi de Li Qingshan devint légèrement plus rapide. En humant le parfum, il sentit son esprit se détendre et sa tête devenir plus claire.
Chacun de ces objets était inestimable. Elle n’était pas un animal de compagnie ; elle ressemblait bien plus à une princesse. Dire qu’elle se prétendait en fuite alors qu’elle avait tout ce luxe sous la main… C’était tout simplement extravagant.
Xuanyue s’assit sur le tapis épais et sortit une épaisse tranche de poisson blanc comme neige. « C’est l’heure de manger ! » Elle ne se servit même pas des ustensiles délicats, utilisant simplement ses mains pour enfouir son visage dedans.
Li Qingshan la regarda, abasourdi. Même la tranche de poisson émettait une lueur éclatante.
Xuanyue lui jeta un coup d’œil. Elle pensa à la façon dont elle se montrait souvent très capricieuse devant sa maîtresse, qui, pourtant, se montrait toujours très indulgente avec elle. En pensant au fait qu’elle se retrouvait maintenant au niveau de sa maîtresse, elle décida qu’elle devait probablement apprendre de son exemple. Elle dit alors d’un air réservé : « Grand Noir, je te donne ça à manger. » Pardonnant les caprices de Li Qingshan avec une grande tolérance, elle se sentit à nouveau fière d’elle-même.
Grand Noir ? Est-ce que je pourrais enfin avoir un vrai nom pour une fois ? pensa Li Qingshan. Cependant, il ne souhaitait pas révéler son vrai nom dans son état actuel. Tant pis, Grand Noir, soit. Il accepta un morceau de poisson et commença à manger.
Il ne s’arrêta pas un seul instant. Bien que le poisson soit cru, il était extrêmement savoureux. Il fondait sur sa langue dès qu’il le goûtait, surpassant tout ce qu’il avait mangé auparavant. En l’avalant, il sentait son Qi démoniaque croître peu à peu, comme s’il s’agissait d’une médecine spirituelle.
En temps normal, il pouvait manger un cerf entier sans se sentir vraiment rassasié, mais avec ce simple morceau de poisson, il sentit son estomac se remplir. « Qui est donc cette Reine Noire ? Elle ne te traite pas si mal, on dirait. »
Xuanyue lui lança un regard de mépris, puis répondit avec une grande révérence : « Il n’y a personne au monde qui traite Yue’er mieux que maitremiaou. Elle est belle, noble et puissante. Quand je l’ai rencontrée, je n’étais même pas encore une démone. C’est elle qui m’a donné tant, tant de pilules et de médecines spirituelles. »
« Et tu fuis quand même ? »
« Ne m’interromps pas ! » Xuanyue le regarda avec mécontentement, les yeux grands ouverts, appuyée contre sa joue. « Mais… elle est tellement collante. Elle me serre toute la journée, elle ne me lâche même pas pour dormir. Dis-moi, comment puis-je supporter ça ? »
Li Qingshan pensa : Si la Reine Noire est aussi noble et belle que tu la décris, je serais absolument ravi qu’elle me traite comme ça. En fait, je pourrais même tolérer que tu le fasses.
« Laisse tomber. Même si je te l’explique, tu ne comprendras pas. Je vois que tu es assez malin, pas aussi stupide que les autres démon, mais tu ne pourras pas saisir des émotions aussi profondes et compliquées. La liberté, comprends-tu ce mot-là ? »
Xuanyue murmura pour elle-même, sans intention de laisser Li Qingshan répondre, tandis que ses oreilles de chat bougeaient légèrement.
Malgré tout, Li Qingshan réussit à déduire des informations qu’il recherchait dans ce monologue narcissique. Dans toute la province verte, probablement seules les épouses du seigneur provincial pouvaient être appelées « reine ». Elle était donc une reine du roi féroce de Chu.
L’autorité du seigneur provincial s’étendait sur les quinze mille kilomètres de la province de la Verdure. Xuanyue s’était échappée du domaine du seigneur provincial, donc tout ce qu’elle pouvait faire était de fuir vers d’autres provinces.
Li Qingshan se remémora la carte de la province verte. « Le domaine du seigneur provincial est dans le sud. Pourquoi es-tu venue vers le nord au lieu de continuer plus au sud ? »
Xuanyue répondit : « Qu’est-ce que tu en sais ? La province de la Brume au sud, ce n’est que de la nature sauvage. Je suis censée y aller et mourir de faim ? La province du Dragon est le meilleur endroit. C’est là que réside la cour impériale. Il y a des pavillons et des palais, des luxes extravagants que tu ne pourrais même pas imaginer, toi, simple démon des campagnes. »
Li Qingshan dit : « Même s’il y a tout ça, personne ne te les offrira. » Est-ce que tu penses être un panda, à pouvoir survivre dans ce monde simplement en étant mignonne
Xuanyue répliqua : « Qu’est-ce que tu en sais ? Je vais chercher refuge auprès de l’Impératrice aux Neuf Queues. C’est la chef des dix démon. Elle est belle, noble et puissante… »