***

Traductrice : Moonkissed

Auteur : Gu Jiaqi

***

Les pixels de l’écran clignotaient dans la salle commune de la prison. Yun Xi, qui souriait sur l’écran, semblait si élégante et si au-dessus des détenus qui regardaient le téléviseur suspendu.

Liang Xiuqin regardait l’écran la tête haute. La Yun Xi qui apparaissait à l’écran semblait si glorieuse, et elle brillait de mille feux. Elle se souvint de ses années d’abandon, de négligence et de haine, et elle ne s’était jamais sentie aussi amère et malheureuse qu’aujourd’hui.

Elle n’en croyait pas ses yeux alors qu’elle courait devant l’écran de télévision, ses doigts faisant des gestes vers la fille qui remerciait les juges en s’écriant : « Regardez ! Regardez, c’est ma fille ! Ma fille est devenue une mondaine de première classe ! ».

« Tu plaisantes ? Comment peut-elle être ta fille ? Si c’est ta fille, alors ma fille est une princesse.

– Comment quelqu’un comme elle peut avoir une mère comme toi ? Tu dois être folle !

– Chut, chut, va jouer les folles ailleurs. Comment une minable comme toi peut-il avoir une fille aussi talentueuse ? Qui pourrait croire cela ? »

Liang Xiuqin ne pouvait que regarder les visages des autres détenues qui lui lançaient des insultes, mais elles ne parvenaient pas à étouffer le sentiment étrange dans son cœur. Elle se retourna vers l’écran tandis que des larmes coulaient sur son visage, ses doigts pointant sa fille qui s’était élevée au-dessus des nuages, tandis qu’elle s’écriait en pleurant : « C’est vraiment ma fille… »

Et elle l’avait été, il fut un temps.

Leur relation s’était complètement effondrée entre ses mains. Elles étaient devenues ce qu’elles étaient aujourd’hui par sa faute.

La fille qu’elle avait aimée profondément était celle qui avait contribué à ruiner sa vie.

Pourtant, la fille qu’elle avait toujours méprisée était celle qui lui avait apporté toute la gloire en devenant la première mondaine de Jingdu.

Le devin l’avait trompée, pas une seule de ses prédictions ne s’était réalisée, et il l’avait mise dans la situation où elle se trouvait aujourd’hui. Elle était passée du statut de femme de directeur à celui de moins que rien en prison.

Liang Xiuqin riait amèrement et pleurait comme une idiote. Elle avait enfin compris ce qu’elle avait fait de mal et ce qu’elle aurait dû faire toutes ces années auparavant.

***

La santé mentale de Yun Ziling ne tenait qu’à quelques fils dans l’établissement psychiatrique. Le rythme de vie et les autres pensionnaires de l’établissement étaient complètement différents de ce à quoi elle était habituée, et cela avait perturbé son sens de la réalité.

Elle était saine d’esprit, mais le fait de côtoyer d’autres personnes qui ne l’étaient pas avait des répercussions sur son état mental.

Personne ne la croyait quand elle disait qu’elle était saine d’esprit. Peu importe qui elle appelait ou qui elle demandait, personne ne lui tendait la main et ne la sortait de cet établissement.

Yun Yuanfeng lui transférait bien un peu d’argent, mais il avait juré de ne pas lui rendre visite. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était de tenir son visage abîmé et de penser à la colère qu’elle gardait au fond de son cœur. Chaque jour était une nouvelle descente dans la folie.

Pour une raison ou une autre, une force inconnue l’avait poussée à allumer la télévision aujourd’hui, et dès qu’elle l’avait fait, elle avait perdu toute forme de logique et de sang-froid qu’elle s’était battue avec acharnement pour conserver dans l’établissement.

Elle avait cru se tromper à première vue, mais en y regardant de plus près, les mots de Yun Xi qui s’affichaient à l’écran avaient confirmé ses soupçons.

« C’est toi ! C’est la poisse ! »

Dès qu’elle en eut la confirmation, elle se précipita devant la télévision, ses yeux s’écarquillèrent de surprise en regardant le personnage qui était couronné numéro un des mondains de première classe.

La Yun Xi qui apparaissait à la télévision était élégante et gracieuse, chacun de ses mouvements brillait d’une beauté radieuse. Elle n’avait rien à voir avec le bouseux couvert de poussière qui revenait de la campagne, ni avec la guigne qu’ils avaient malmenée.

Elle était la première mondaine de Jingdu. Elle était la star que tout le monde aspirait à devenir. Elle était le soleil, et Jingdu allait tourner autour d’elle comme la terre et toutes les autres planètes de la Voie lactée.

Yun Xi avait tout obtenu, la richesse, le prestige et un avenir brillant. Ils attendaient tous Yun Xi, plus que Yun Ziling ne pourrait jamais le comprendre.

Mais il n’y avait rien pour elle.

Yun Ziling voyait tout ce qui aurait dû lui revenir de droit lui être enlevé, et elle était réduite à n’être qu’une autre patiente démente d’un asile d’aliénés.

« Non… ça ne peut pas être vrai ! »

Les mains de Yun Ziling tremblaient tandis qu’elle caressait ses traits abîmés. Ses yeux étaient remplis de toute la haine de son cœur tandis qu’elle fixait la silhouette souriante sur l’écran. Tous ses rêves avaient été réduits en cendres. L’écran de télévision devint noir et elle éteignit l’appareil avec colère. Ses traits abîmés lui renvoyaient l’image, et le miroir noir était une fumée noire qui étouffait ses derniers espoirs.

« Ah ! Misérable ! Je ne te pardonnerai jamais ! »

Ses cris aigus résonnèrent dans le couloir. Les employés de l’institution étaient déjà habitués aux frasques des malades mentaux, et ils considéraient ces événements comme rien de plus qu’ordinaires. L’infirmier qui surveillait la chambre de Yun Ziling regarda le moniteur et retourna à ses messages en haussant les épaules.

____ 

N’hésitez pas à laisser vos impressions en commentaires et à laisser une réaction pour que je sache si l’histoire vous plaît.

____